Citations sur L'obsolescence de l'homme, Tome 2 : Sur la destructio.. (8)
Il ne suffit pas de changer le monde. Nous le changeons de toute façon. Il change même considérablement sans notre intervention. Nous devons aussi interpréter ce changement pour pouvoir le changer à son tour. Afin que le monde ne continue pas ainsi à changer sans nous. Et que nous ne nous retrouvions pas à la fin dans un monde sans hommes.
La mode est la mesure à laquelle l'industrie a recours pour faire en sorte que ses propres produits aient besoin d'être remplacés.
Je ne sais pas si l'on a déjà cloné des gènes humains. Mais, comme nous savons que l'impératif actuel est : « Ce qu'on peut faire, on doit le faire », ou : « Ce qui est faisable est obligatoire », ce qui n'est pour l'instant encore qu'e possibilité est déjà là aujourd'hui comme un présage qui nous coupe le souffle.
Toute réclame est un appel à la destruction.
Le diable s'est installé dans un nouveau logis. Et même si nous sommes incapables de le faire sortir de son repaire du jour au lendemain — pour autant que nous voulions l’en faire sortir —, il nous faut au moins savoir où il se cache et où nous pouvons le débusquer : pour ne pas le combattre dans un coin où il ne se réfugie plus depuis longtemps et afin qu’il ne se paie pas notre tête depuis la pièce d’à côté.
Affirmer solennellement que l'on devrait utiliser la technique à des fins bonnes au lieu de l'utiliser à des fins mauvaises, pour des tâches constructives et non pour des tâches destructrices n'est pas suffisant. Il est incontestable que cet argument, que l'on entend sortir à satiété de la bouche de beaucoup d'hommes de bonne volonté, ne voit pas très loin. Ce qu'il faut se demander aujourd'hui, c'est si nous pouvons disposer si librement de la technique. On ne peut se contenter de supposer que nous pouvons disposer effectivement de la technique. Autrement dit, on peut parfaitement penser que le danger qui nous menace ne réside pas dans un mauvais usage de la technique, mais dans son essence même.
S'il n'y avait pas eu ce troisième stade, nous pourrions, non : nous devrions considérer comme des révolutions à part entière les bouleversements vers lesquels je vais maintenant me tourner. Je pense surtout à deux d'entre eux : au fait monstrueux que l'homme ait pu se transformer en homo creator et à celui, pas moins inouï, qu'il ait pu se transformer lui-même en matière première, c'est-à-dire en homo materia.
Car celui qui ne fait pas ce qu'on lui dit / est un saboteur (Chant molussien des produits)