Les hirondelles n’avaient rien vu, mais une cigogne, après réflexion, leva la tête et dit : « Je crois savoir ce qui en est. L’autre jour j’ai rencontré en mer, à quelques lieues de la côte d’Égypte, des navires nouvellement construits. J’étais fatiguée, je me suis reposée un instant sur le grand mât de l’un d’eux. Il avait une forte odeur de sapin. C’était un de ces arbres sans doute. Comme ils ont fière mine au milieu des voiles et des cordages, la pointe ornée de pavillons aux couleurs brillantes !
— Que ne suis-je assez grand, murmura le sapin dont la vanité fut aussitôt excitée, que n’ai-je une taille assez haute pour qu’on me prenne ainsi et que l’on me pare comme eux ! Mais, s’il vous plaît, qu’est-ce que la mer et à quoi ressemble-t-elle ?
LE SAPIN
Bien loin, bien loin en plein Océan, l’eau de la mer est bleue comme la corolle des plus frais bluets et claire comme le plus pur cristal. Mais aussi elle est bien profonde ; aucune ancre n’en atteint le fond ; il faudrait, pour arriver à la surface, entasser les clochers de bien des cathédrales. Tout en bas habite le peuple marin.
Ne croyez pas qu’il n’y ait là que du sable gris ; là poussent les plantes, les végétaux les plus singuliers, aux branches et aux feuillages si souples, qu’à la moindre agitation de l’eau ils remuent et se meuvent comme s’ils étaient vivants. Les poissons, grands et petits, glissent ou se reposent entre ces rameaux, comme sur terre les oiseaux parmi les arbres.
LA PETITE SIRENE
Plongé dans ces vains regrets, il ne savait pas se réjouir de la lumière du ciel, du chant des oiseaux, de la fraîcheur des nuits. L’hiver étendit autour de lui une blanche nappe de neige. Un lièvre qui passait en courant franchit d’un bond le petit arbre qui en fut cruellement humilié. Trois ans après, le lièvre voulut recommencer le saut, il manqua son coup et roula par terre, à la grande satisfaction du sapin qui pensait : « Quel bon-heur de grandir enfin ! Prendre de l’âge et devenir respectable, n’est-ce pas tout ce qu’on peut souhaiter de mieux ? »
LE SAPIN
Lorsque je partis pour parcourir le monde, dit la petite sou-ris, je pensais, comme presque toutes les souris de mon âge, que j’avais déjà dévoré toute la science. Quelle illusion !
II - LA SOUPE À LA BROCHETTE
« Comment as-tu pu trouver le chemin jusqu’ici ? demanda en effet la Mort. Arriver encore plus vite que moi ? Comment as-tu fait ? — Je suis une mère, »
L’HISTOIRE D’UNE MÈRE
Lauréate du prix Hans-Christian-Andersen, Marie-Aude Murail est notamment l'autrice du succès Oh, boy ! (école des loisirs), mais aussi de la série Sauveur & Fils.
Des confidences sensibles de créatrices et créateurs jeunesse sur leurs souvenirs de lecture et leurs sources d'inspiration.
La pause Kibookin est une production du Salon du livre et de la presse jeunesse avec le soutien de la Sofia et du Centre Français d'exploitation du droit de Copie.