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Petit recueil de 5 nouvelles datant du milieu des années 1950.
Le point de départ d'une légende de la sf que l'auteur poursuivra jusqu'en 1990 et que nous pourrons suivre avec le patrouilleur, la rançon et le bouclier du temps (ou sous forme de deux livres en intégrale).

Manse Everard est recruté au milieu du 20ième siècle. Il a les capacités pour devenir un patrouilleur du temps. La patrouille a été crée par de lointains descendants de l'humanité en l'an 19000 et des poussières, les mystérieux Danelliens, pour maintenir la continuité et éviter les uchronies qui pourraient nuire à l'existence même de ces créateurs. le temps est un concept non linéaire et discontinu. Il a de plus tendance à être rigide.Vous pouvez tuer votre père avant votre conception si cela vous chante, il y a peu de chance que cela modifie le cours général de l'histoire, vous continuerez d'exister sans être né. Mais qu'on touche à certains éléments clés et l'avenir peut être totalement chamboulé. Vous en aurez un aperçu à travers ces cinq petits récits.

Format cour oblige, on sait aller à l'essentiel. Là où maintenant, il faudrait 500 pages d'explications, en quelques feuillets vous êtes dans le bain. Donc les amateurs de hard science, oubliez. On garde les facilités de l'époque (conditionneur hypnotique, moto temporelle ect) et on est rapidement plongé dans les récits des aventures d'Everard. Cinquième siècle, douzième siècle, on a même l'impression que l'auteur est plus à l'aise avec L Histoire qu'avec la SF ce qui donne finalement une excellente impression de sérieux (historique).

On pardonnera facilement les redites, passage quasi obligé du recueil de nouvelles et ce petit livre au charme désuet nous fera passer une excellent soirée de lecture.
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Quelle joie que cette relecture ! Encore mieux que la première fois.

Mieux car, si le récit n'a pas changé en trente ans, moi j'ai changé. Je cherche moins (moins souvent) l'action à tout prix et je m'intéresse aussi plus à la psychologie des personnages.
Poul Anderson nous offre un recueil de nouvelles qui dose à merveille ces éléments. le thème est simple : le voyage dans le temps est possible, changer l'Histoire est possible, on crée donc une espèce de police du temps chargée de traquer les délinquants qui veulent effacer la seule ligne temporelle réelle : la nôtre. Les nouvelles nous envoient dans divers temps et lieux, presque toujours dans le passé, assurant des voyages en esprit absolument lumineux pour qui aime l'Histoire (personnellement c'est un des livres qui m'a réconcilié avec cette matière, là où l'école m'avait plutôt laissé indifférent).

Avec un pitch pareil, on aurait pu se contenter d'histoires manichéennes avec les gentils policiers du temps pourchassant les vilains modificateurs de notre histoire. Voire. Poul Anderson est d'une autre stature. Son personnage principal ‒ le patrouilleur Manse Everard ‒ se retrouve souvent déchiré entre son devoir de rétablir l'Histoire ou d'empêcher sa modification, et ses émotions qui peuvent tenir de l'amour pour une femme ou de la culpabilité liée à la destruction des vies humaines de toute une ligne temporelle. Les choix ne sont jamais simples.

Il est vrai qu'Everard est solide. Il résiste mieux que d'autres à ces déchirements. Dans les nouvelles, il est toujours accompagné d'un comparse moins armé sur le plan émotionnel, plus enclin à faire pencher la balance du « mauvais côté ». Pourtant, on sent qu'il cesse rapidement d'être dupe. Lors de son engagement, on lui a fixé les règles : sauvegarder notre ligne temporelle. Ce sont les descendants des humains dans un lointain futur ‒ les Danelliens ‒ qui ont créé la Patrouille dans ce but. Mais le vrai objectif est en fait de préserver la ligne temporelle qui aboutit à l'existence des Danelliens. Il se trouve que cette ligne est celle que nous connaissons, et donc il nous est facile de l'épingler du qualificatif « vraie ». La Patrouille doit bien sûr neutraliser ceux qui veulent modifier cette ligne, mais on voit en particulier dans une nouvelle qu'elle est aussi là pour provoquer les changements qui établissent cette ligne qui n'a rien de plus « naturelle » que l'infinité d'autres possibles. de sorte qu'Everard sait qu'il doit parfois se comporter comme les délinquants qu'il pourchasse, ni mieux ni moins bien.
Comment ne pas perdre la foi en son travail après cela ?
Mais Everard est solide.

Les voyages sont merveilleux : l'Angleterre du haut moyen-âge, la Perse de Cyrus le Grand (la nouvelle « le Grand Roi » est responsable en grande partie de mon intérêt pour Hérodote), l'Amérique précolombienne, Gibraltar à l'ère tertiaire qui nous offre un spectacle géologique proprement fascinant, et une splendide uchronie que l'on aurait rêvé de voir développée dans un roman spin off. C'était magique.

Je ne suis pas toujours d'accord avec les prises de position de (des personnes de) Poul Anderson ‒ je ne peux adhérer à l'idée que le monothéisme était nécessaire au développement de la science par exemple ‒ mais malheureusement, je ne pourrais jamais en discuter avec lui.
Tout ce que je peux faire, c'est poursuivre ‒ et cette fois découvrir ‒ les aventures de la Patrouille du Temps. Cela arrivera… en son temps.
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De l'immense auteur SFFF Poul Anderson je n'ai lu que "Roma Mater" (série qui n'est toujours éditée en entier en VF, une honte pour les éditeurs concernés !) et "La Patrouille du temps", (une des rares séries de l'auteur a avoir été éditée en entier...) pourtant j'ai immédiatement cerné l'auteur : il met tellement de lui-même dans ses créations que ses personnages sont peu prou un extension de lui-même quand ils ne lorgnent pas carrément du côté de ses bons vieux Gary Stu... Poul Anderson était un fils d'immigré scandinave qui vécu 10 ans au Texas avant que sa mère ne le ramène en Europe puis ne le rapatrie en Amérique pour cause de WWII, dans un middle-west conservateur, pour ne pas dire fondamentaliste (voire carrément christianiste !). Au contraire d'un Robert A. Heinlein qui faisait un peu la même chose avec ses personnages principaux mais en ayant rompu définitivement avec le milieu dont il était issu, Poul Anderson savant et croyant a toujours été un individu partagé entre deux cultures et deux visions du monde, et cela se ressent dans sa production prolifique tantôt hardcore reader tantôt easy reader, tantôt résolument Science-Fiction (il a été membre éminent Science Fiction and Fantasy Writers of America), tantôt résolument Fantasy (il a été membre éminent de Swordsmen and Sorcerers' Guild of America)... Toutefois l'auteur n'a jamais oublié ses ses premières amours car outre la SF de l'Âge d'Or à laquelle il contribua tant à son zénith qu'à son crépuscule, il n'a jamais oublié qu'il avait toujours été fan du Sword & Planet d'Edgar Rice Burroughs et de la Sword & Sorcery de R.E. Howard (il faudra que je lise ses contributions aux univers créées par ces fabuleux auteurs, maîtres du sens of wonder !)
C'est donc un auteur érudit et sensible, véritable touche-à-tout humaniste parfois piégé par les préjugés du passé. Malheureusement les commissaires littéraires bobos-hipsters qui font la pluie et le beau temps dans le milieu de l'édition française ont décidé pour des raisons que la raison ignore de le mettre sur leur liste noire... (oui ces prises de positions libertariennes et/ou conservatrices sont plus ou moins horripilantes, mais ce n'est pas un criminel contrairement à certaines et certaines mis et mises en avant par ces mêmes bobos-hipsters)


Pour rentrer dans le cœur du sujet, "La Patrouille du temps" est une série de nouvelles / novelas écrites de 1955 à 1995 qui explore avec maturité, érudition, humanisme et sens of wonder le thème des voyages dans le temps. Ce qui m'a frappé de prime abord, c'est la grande maturité avec laquelle l'auteur aborde son sujet : le temps est malléable, plastique, et résilient... En bref il a tendance à toujours retrouver sa trame originelle, donc il en faut beaucoup pour le faire bifurquer... le Doctor Who au meilleur de sa forme ne l'aurait pas mieux expliqué ! ^^

"La Patrouille du temps" ("Time Patrol", 1955) :
La mise en place du récit est un modèle du genre, aussi courte qu'efficace ! (remember "Cobra" du Buichi Terasawa qui empruntait tout au presque à Philip K. Dick et Edmond Hamilton ^^) Manson Emmert Everard est un américain d'origine scandinave (^^), ingénieur mécanicien démobilisé de la WWII (^^), et à New York une étrange entreprise lui fait subir d'étranges tests lors de son entretien d'embauche... S'il signe la clause de confidentialité, à lui la Grande Aventure !
Nous découvrons en même temps que lui les us et coutumes de la Patrouille du Temps à l'Ouest de l'Amérique à l'époque de l'Oligocène, agence de contrôle spatio-temporelle dirigé par les Danéliens (une post-humanité du futur qui a évolué tellement loin qu'il est bien difficile de les comprendre, voire très difficile de les côtoyer). On passe vite sur les entraînement physiques, comme sur les enseignement techniques par conditionneur hypnotique (ah ce bon vieux gimmick de la SF de l'Âge d'Or ^^)...
Il se lie rapidement d'amitié avec son conscrit et collègue britannique Charles Whitcomb marqué par la mort de la femme de sa vie lors de la WWII. Ils investiguent ensemble sur une histoire de tumulus maudit, et après avoir découvert un carburant radioactif du futur ils remontent le temps et procèdent par tâtonnement pour découvrir dans l'Angleterre des Âges Obscurs un bon samaritain qui a pété un câble en rejouant l'histoire du magicien Merlin et du roi Arthur. Les deux compères rétablissent la situation, mais Charles Whitcomb décide de changer L Histoire non pour le bien de l'humanité mais pour son bien à lui : Manse Everard tente de raisonner son ami quand déboulent les nettoyeurs de la Patrouille du Temps... L'un est l'autre veulent plaider leur cause auprès des big boss danéliens, mais tout était déjà écrit à l'avance : ne reste plus qu'aux dits big boss à effectuer le choix qui causera le moindre mal (pour eux, pour la trame du temps, ou pour les personne concernées ?)

"Le Grand Roi" ("Brave to be a King", 1959) :
Parce qu'il en pince toujours pour son ancien flirt Cynthia Cunningham, Manse Everard enquête sur la disparition de son collègue Keith Denison spécialiste de l'Iran ancien jugée cause perdue pour la Patrouille du Temps... Cette nouvelle est excellente à tous les niveaux ! Pour enquêter en toute tranquillité Manse Everard se fait passer pour Hérodote, et se retrouve dans un étrange remake de "L'Homme qui voulut être roi" De Rudyard Kipling qui passe à la moulinette les mythes fondateurs de la Perse des Achéménides et les archétypes du peplum hollywoodien ! Grâce à Poul Anderson je comprend désormais que "Les Chroniques d'Arslan" de Yoshiki Tanaka / Hiromu Arakawa n'est pas une saga fantasy mais une saga chronique, un Moyen-Orient uchronique dans lequel le prophète Mahomet / Mohammed n'a jamais prêché...

C'est la nouvelle qui transpire le plus la dualité de l'auteur... Après avoir décrit avec une nostalgie bienveillante les campagnes barbares de l'Angleterre des Âges Obscurs, il crache tout le venin suprématiste possible et imaginable sur un Orient jugé arriéré, décadent et immoral, puis il rétropédale fortement en mettant en avant toutes les avancées de la Perse des Achéménides et ses apports incommensurables à la civilisation mondiale (l'Iran ayant été pour l'Orient ce que la Grèce a été l'Occident), mais au final il en remet une couche sur la supériorité intrinsèque de l'Occidental sur l'Oriental... Putain, il faut choisir son camp ou mettre de l'eau dans son vin !!!

"Les Chutes de Gibraltar" ("Gibraltar Falls", 1975) :
Plus un poème en prose qu'une nouvelle, comme "La Patrouille du temps" ce court texte est une variation sur le thème de la jeune fille et la mort... Il y a cinq millions et demi d'années l'Océan Atlantique se déversait dans la dépression qui séparait l'Afrique et l'Europe, et Manse Everard chaperonne Tom Nomura le terrien des années 1970 et Feliz a Rach la vénusienne d'un futur indéterministe qui doivent immortaliser artistiquement l'événement... La jeune fille décède lors d'un accident, et Manse Everard enfreint le protocole au nez et à la barbe de ses collègues pour les tourtereaux puisse vivre leur amour. Dommage que le texte soit si simple, car comme ne suit pas réfractaires à une dose d'eau de rose j'estime qu'il y avait à faire avec la romance entre le roturier du passé issu d'une culture patriarcale et l'aristocrate du futur issue d'une culture matriarcale ^^

"Échec aux Mongols" ("The Only Game in Town", 1960) :
Une nouvelle simple et un peu décevante qui vaut davantage pour ses dialogues que pour ses situations. Manse Everard et son collègue amérindien John Sandoval sont chargés de vérifier que l'expédition vers l'Amérique commanditée par le Khan Kubilai et commandée par le mongol Toktai et le chinois Litai-Tsung se perde effectivement dans les méandres de l'Histoire... Ils papotent autour des avenirs qui auraient pu se créer si les Mongols avaient pu atteindre et exploiter les Grandes Plaines américaines, et ils sont bien près de voir ces hypothèses devenir réalité après avoir échoué à décourager les explorateurs en leur servant les mêmes bobards que ceux qui furent servis aux Conquistadores et en recourant à ce bon vieux Gambit de Dieu...

"L'Autre Univers" ("Delenda Est", 1955) :
Clairement une nouvelle des plus intéressantes, et mine de rien sa postérité est immense !!! (toutefois je ne suis pas du tout d'accord avec l'auteur, et Léonard de Vinci, Michel Servet, Galileo Galilei et Tycho Brahé aussi, sur le fait que la religion chrétienne soit le préalable indispensable aux sciences modernes... Soupirs...)
En permission Manse Everard et son collègue du futur van Sarawak partent faire la teuf dans le New York des années 1950, sauf qu'il atterrissent clairement dans une réalité alternative...
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/af/World-of-Delenda-Est.PNG
A partir d'une New York renommée Catuvellaunan, les deux compères soumis aux autorités locales et aux interrogatoires en grec ancien de la bimbo aux cheveux roux Deirdre MacMorn découvrent une Amérique alternative / uchronique (pour ne pas dire steampunk / dieselpunk) où Celtes et Amérindiens cohabitent de manière pacifique et paritaire... Les monothéismes ne se sont jamais développés certes, mais l'Europe s'est de nouveau suicidée dans un conflit mondial opposant Celtes, Huns, Slaves et Teutons, tandis que Carthaginois et indigènes se disputent l'Afrique, tandis que Parthes et Arabes se disputent le Moyen-Orient, et tandis qu'Incas, Indiens et Chinois se disputent la suprématie mondiale alors que les Îles Hawaï / Ynys Yr Lionnach font figure de terres irrédentes pour les uns et pour les autres !



Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) 2018
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Un petit recueil de 4 histoires bien sympathiques , qui nous font remonter le temps grace aux patrouilleurs du temps.

En effet dans un futur lointain, la machine a remonter le temps sera créé, mais pour éviter les problèmes liés a des distorsions de temps et a des abus de tous genres les hommes ont besoin de sentinelles.
C'est pourquoi Manse Everard sera recruté et nous pourrons donc suivre ses différentes missions.

il ne faut pas s'attendre dans ce recueil a tout un arsenal scientifique, la simplicité est de mise. C'est toujours bien agréable parfois des lectures simplistes. ici l'auteur a bien évidemment traité de l'histoire et des uchronies possibles mais tout en gardant un oeil et une opinion très humaine. Il est vrai que même si la loi interdit certaines choses, parfois la morale et la justice pensée par l'homme nous emmènent dans d'autres directions.
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Manse Everard est recruté par la patrouille du temps pour veiller à ce que l'Histoire reste bien telle qu'elle l'est. Un travail comme un autre sauf qu'il faut rester discret et respecter quelques règles. Cinq nouvelles dans ce premier tome, toutes avec Manse Everard, oeuvrant avec un autre patrouilleur. Les nouvelles sont plus ou moins longues, mais toutes avec un travail de recherche très important sur l'Histoire. Chaque mission emmène le lecteur dans un passé proche ou lointain pour rétablir une situation d'origine, trouver un disparu… il y a de l'action car Manse Everard a de la ressource pour s'extirper des situations difficiles. Mes préférées ? le grand roi et l'autre univers qui ont des scénarios assez captivants.
L'idée d'une patrouille du temps a fait des petits : dans 22/11/1963 de Stephen King, il y a ce passé qui ne veut pas être modifier. Aussi, dans les Time Riders de John Scarrow, il y a une équipe de jeunes qui réparent les erreurs du passé. Il y a sans doute d'autres ouvrages…
Manse Everard sera-t-il dans le deuxième tome ? C'est que… je me suis attachée à ce patrouilleur ! Je regarderai aussi s'il reste d'autres romans de Poul Anderson sur mes étagères, j'aime beaucoup son style qui n'a pas si mal vieilli.
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Je continue mon petit bout de chemin dans la découverte de l'oeuvre de Poul Anderson.
Après L'épée brisée et La main tendue, je me suis cette fois ci lancée dans le voyage dans le temps avec La patrouille du temps.
Ce livre comporte cinq nouvelles, mettant toutes en scène le même personnage central, Manse Everard. Ce dernier, américain vivant au vingtième siècle va être embauché pour faire partie de la patrouille du temps qui a pour mission d'empêcher l'histoire d'être réécrite par des personnes plus ou moins bien intentionnées.
Les cinq histoires se lisent sans déplaisir, ce qui m'a permis de me promener dans différentes époques, que ce soit le dix-neuvième siècle, ou l'empire perse par exemple.
Cependant, alors qu'en général, j'adhère bien au concept de voyage dans le temps, je n'ai pas été plus emballée que cela. Je suis cependant incapable d'expliquer pourquoi. Peut-être que je n'ai tout simplement pas lu ce livre au bon moment...
En tout cas, j'avoue ne pas avoir envie de continuer à lire les autres tomes de la patrouille du temps, préférant poursuivre ma découverte de cet auteur avec d'autres livres...Son oeuvre étant suffisamment étoffée pour que je n'ai que l'embarras du choix...

Challenge Poul Anderson / Ursula le Guin
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Je n'arrive pas à comprendre comment la Patrouille du Temps a pu obtenir le statut de classique de la science-fiction.

C'est une version basique de ces dessins animés pour enfants où le voyage dans le temps est utilisé à des fins pédagogiques pour enseigner certaines périodes ou événements historiques.

Le protagoniste est ce héros typiquement américain, qui est embauché parce qu'il a tout les talents, mais qui méprise les règles et l'autorité. Autrement dit : une tête brûlée à qui on donne la responsabilité de surveiller le sort de l'humanité à toutes les époques. Dès sa première mission, tout ce qu'il fait est exactement le contraire de ce qu'il devrait faire. Ça cause évidemment un paquet de problèmes mais, hey, c'est notre héros, il ne peut quand même pas subir de conséquences.

Mais je vous entends "Tu le juges selon les critères de notre époque!"

Non. Dans la même période, Asimov publiait La Fin de l'éternité qui explorait comment devait fonctionner une organisation comme La Patrouille du Temps. Bradbury avait déjà publié Un Coup de Tonnerre qui définissait "l'effet papillon". Des tas de nouvelles exploraient le paradoxe du grand-père et autres anomalies temporelles. Et puis, on était déjà un demi-siècle après la Machine à Explorer le Temps de Wells.

Bref : La Patrouille du Temps est ce qu'elle est. Un recueil de nouvelles d'aventures. le voyage dans le temps est un prétexte pour aborder brièvement L Histoire. Et l'Histoire est un prétexte pour enchaîner les scènes de baston et les demoiselles en détresse.

Si c'est ce que vous cherchez, ce livre est pour vous. Mais bon sang, je ne vois pas pourquoi ça a le statut de classique de la SF.
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Formidable Poul Anderson !

Mais que je l'aime cet auteur éclectique et touche à tout de génie !

Et voilà qu'il s'attaque au voyage dans le temps, et avec le voyage dans le temps, à notre Histoire. Histoire que je n'ai découvert et appréciée que sur le tard de ma vie (et pas du tout à l'école quand j'étions jeune, entendons-nous bien, sauf pour les périodes antiques qui, malheureusement, étaient brièvement survolées en un an). J'avoue que je n'ai même pas assez de connaissances dans le domaine pour apprécier à sa juste valeur le génie d'Anderson ici, c'est dommage, mais bon, l'art des choix est difficile, et je ne peux pas tout lire ni savoir, c'est ainsi. ;)

Le personnage de Manse Everard n'est pas du tout manichéen, quoi que très fidèle à la tâche qui lui a été donnée par les créateurs de la Patrouille du Temps, les Danelliens (les humains dans très très très très longtemps, si j'ai tout bien compris). Et cette tâche c'est maintenir à tout prix l'Histoire de la ligne temporelle qui a mené à leur existence et à la création de la Patrouille du temps.
Sous peine de voir disparaître tout ce qu'il connait en un clin d'oeil. Ce qui bien évidemment va finir par arriver dans la dernière nouvelle de ce tome qui le clôt d'une façon magistrale.

La première nouvelle, de mise en place et où l'on s'habitue au fonctionnement de la Patrouille du temps, n'est pas la meilleure de mon point de vue, mais elle est indispensable à comprendre la suite, qui fait d'Everard un voyageur temporel non attaché à une époque, mais qui va aller et venir un peu partout dans le temps, les pays et l'Histoire de notre monde. Forcément.

Dans chaque nouvelle, Manse est accompagné d'une sorte de faire-valoir moins droit et moins sûr de lui, qui donne un contrepoint intéressant à ses réflexions.

J'ai adoré "Le Grand Roi", dont la morale finale pourrait être "fais attention à ce que tu désires, tu pourrais l'obtenir".
Outre l'idée géniale qui la sous-tend, c'est vraiment un formidable moment passé dans la Perse Antique.

J'ai adoré "les chutes de Gibraltar" dont je ne sais si elles décrivent la réalité de ce qu'il s'est passé ou si c'est juste sorti de l'imagination de l'auteur, mais que c'est beau, que c'est poétique, que c'est immense de talent. Tellement bien écrit qu'on s'y croirait.

Dans "échec aux Mongols", on attaque les choses sérieuses, à savoir les modifications potentielles de la "ligne temporelle à ne pas modifier"... Une superbe nouvelle qui laisse songeur avec des "et si" plein la tête...

Bref, j'adore Poul Anderson, depuis le premier livre que j'ai lu de lui et que je dois à une opération Masse Critique Babelio et aux éditions le Bélial,c'était "l'épée brisée", et je ne les remercierai jamais assez pour ça...
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Quand l'humain inventa le voyage temporel, il eut rapidement conscience de la nécessité de réglementer la chose. D'où la création de la Patrouille du temps, chargée de surveiller le bon déroulement de différentes plages temporelles et de, le cas échéant, corriger les modifications pouvant altérer le futur...

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"Ils sont partiiiiiiiiiis, dans les couloiiiiiiiiiiirs du teeeeeeeeeeeeemps !"
Mais rassurez-vous, cette fois-ci, Eusebius n'a pas omis les oeufs de caille ;)

C'est une lecture très stimulante que ce premier tome des aventures de Manse Everard, patrouilleur du temps devenant rapidement un "non attaché" temporel.
Découpé en nouvelles, ce tome tient le lecteur en haleine car les histoires courtes ne laissent pas de place à l'ennui.
Après une introduction phénoménale qui m'a bluffé par les possibilités qu'elle induit en terme de voyage temporel et de conséquences actives, rétroactives, induites ou je ne sais quoi d'autre, elle m'a laissé avec un cerveau bouillonnant et des étoiles plein les mirettes.
Mais là où c'est très fort, c'est dans le fait de rendre notre héros "non attaché". Autrement dit, fini le contemporain ou le futuriste et bienvenue dans la SF historique ! Un combo vraiment sympathique, d'autant que Poul Anderson est bien documenté (ou, en tout cas, donne le change).

Les nouvelles, assimilables à des missions d'Everard, partent généralement du principe que la continuité temporelle a été bouleversée et qu'il faut que la patrouille agisse pour rétablir les choses. Et si parfois les raisons de l'envoi d'un non attaché sont faiblardes, et qu'une fois je n'ai pas réussi à comprendre la logique de la mission , le tout est tout de même très bon, avec parfois quelques noeuds au cerveau et dans l'espace-temps ^^
J'ai trouvé la nouvelle Les chutes de Gibraltar de moins d'intérêt (aucun contexte historique - mis à part la géniale vision de la Méditerranée se remplissant - ; sauvetage de la demoiselle en détresse ; chaperonnage et paternalisme ; elle n'est là que pour nous en montrer plus sur notre héros) car ce n'est pas le genre d'histoire que je lis pour son héros récurrent, mais pour les situations, les scénarios et le contexte. Avec ou sans Everard, je pense que la Patrouille du temps me plairait de la même manière, car il ne faut pas oublier que tous les patrouilleurs sont des "sur-hommes" à la longévité augmentée, aux capacités cognitives sur-développées, etc.

En conclusion, une super belle découverte, et je remercie BazaR et les autres membres du forum des Trolls de Babel sans qui ne n'aurai jamais sauté le pas de lire ce livre, et de découvrir cette série et cet auteur !
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Deux choses m'ont surprise à la lecture de ce livre.
La première surprise vient de mon peu de connaissances sur la science-fiction américaine de "l'âge d'or" : "La patrouille du temps" est un recueil de nouvelles ! Et cela a changé radicalement ma perception de la chose, voyez-vous, parce que j'ai immédiatement pensé aux cycles d'Asimov. Ce qui, je pense, m'a placée dans de bonnes dispositions à son égard.

La deuxième vient de mes préjugés quant à la qualité des textes de science-fiction américaine de "l'âge d'or", la faute sûrement aux couvertures dégueulasses et kitschissimes des pulps (humble avis d'une lectrice trentenaire, pas d'offense...). C'était vraiment bien ! Les différentes histoires étaient bien ficelées. Ça n'a pas mal vieilli malgré l'époque d'écriture (début des années cinquante), un poil sexiste peut-être mais pas beaucoup plus qu'aujourd'hui. J'ai bien aimé le personnage qui fait le lien entre toutes les nouvelles.

Bref, pour une lecture que je ne comptais pas faire, c'était plutôt chouette. J'ai pris ce bouquin et je l'ai commencé sur un coup de tête. Parfois cela me réussit : c'est une sensation assez étrange, l'impression d'avoir laissé le hasard s'introduire dans ma vie pour ma propre édification.
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