Les abîmes angoissants de Poul Anderson : Six récits de fantastique et de science-fiction

Je ne parviens pas à comprendre ce qu'il y a de viril à massacrer ceux qui sont trop faibles pour se défendre.
(La Saga de Hauk)

Q : Vous aimez aussi le fantastique...
PA : Oh! oui, autant que la science-fiction! En fait, je ne crois pas qu'il existe de différences essentielles entre ces genres. Toute fiction est fantastique dans la mesure où elle traite de choses imaginaires. La fiction dite "réaliste" a un imaginaire beaucoup plus vulgaire que ce qui est étiqueté fantastique ou science-fiction. Quant au fantastique, dans ses meilleurs moments, il est capable d'évoquer des émotions d'une manière absolument unique en littérature. J'ai choisi de n'écrire que ce que j'aimais en tant que lecteur et j'ai donc inclus le fantastique dans mon oeuvre. La même démarche est à la base de mes histoires de science-fiction, policières, historiques et de tout ce que j'ai pu faire d'autre.
(Extrait de l'interview)

J'étais donc au lit, m'endormant sur un bouquin de... Berdiaev, pour être exact, parce que je venais de lire Lenau, qui est farouche, triste, délirant, vous devez savoir qu'il est mort fou ; pas le genre de lecture pour s'endormir.
(Le visiteur)

"Voici donc la machine à voyager dans le temps?"
"S'il vous plaît..." le reprit Cohen en tressaillant. "Le Tempotron."
De sa canne, McMurrie frappa le sol de béton. "Vous croyez qu'un appareil peut paraître plus scientifique si on l'affuble d'un nom hybride composé de mauvais latin et de grec encore plus lamentable? J'ai dit : machine à voyager dans le temps."
(Un moment difficile à passer)

Et Froad revint à ses mesures. Fastidieuse occupation, pensaient les autres officiers mais j'en avais, à présent, suffisamment appris sur les arts mathématiques pour comprendre que ces calculs interminables pouvaient nous renseigner sur les dimensions réelles de la Terre, de Tambur, du soleil, des lunes et des étoiles, nous dire quel était leur cheminement dans l'espace et dans quelle direction se trouvait le Paradis.

A la fin des années 50 et au début des années 60, les participations de Poul Anderson au magazine Analog étaient si nombreuses qu'il prit deux pseudonymes dont se servit relativement souvent : Winston P. Sanders et Michael Karageorge. Loin de n'être réservés qu'à des textes de moindre qualité, ces deux noms signèrent des histoires quelquefois excellentes et "Winston P. Sanders" eut plusieurs fois l'honneur de la couverture du magazine. (Richard D. Nolane)

Una lui avait appris que les anciens... Perses, c'était ça ?... discutaient toujours deux fois des questions importantes avant de prendre une décision : ivres et à jeun. Il sourit.

Le chaton s'était réfugié dans un recoin de la pièce. Il semblait blessé, non physiquement mais d'une façon surnaturellement humaine.
(Le chaton)

Les idées défendues par le créateur de Nicholas Van Rijn et Dominic Flandry étant plutôt mal vues dans les milieux de gauche qui mirent la main sur les commandes de l'édition française après 1968, on peut voir là une des raisons majeures de l'abandon pur et simple qu'a subi cet auteur chez nous, au moment même où il produisait des chefs-d'oeuvre comme Tau zéro (1970), Hrolf Kraki's saga (1973) ou The avatar (1978).

(Richard D. Nolane, extrait de la préface.)

Ce recueil est dédié à Jean-Daniel Brèque, grand admirateur de Poul Anderson devant l'Eternel... (Richard D. Nolane)