Un livre dense mais très intéressant, qui propose le point de vue d'un américain, marxiste qui plus est, sur la question de la création de l'idée de nation et de l'imaginaire qui s'y rattache.
J'ai beaucoup aimé ma lecture, même si elle fut plus longue que j'aurais cru (et plus difficile aussi). L'auteur n'écrit pas pour être lu du grand public, ça se sent, et le tout sent plus l'exposé ou l'article précis que la démonstration grand public comme peuvent l'être d'autres livres sur le sujet (cf ceux de
William Blanc ou de
Nicolas Offenstadt). Mais l'ensemble est passionnant, notamment parce qu'il parle d'une façon de considérer la naissance de l'idée de nation non pas au travers du prisme d'une histoire nationale (comme on le fait très souvent en France) mais en le faisant à l'échelle du monde. C'est d'autant plus intéressant que ça donne lieu à une réflexion non dénuée d'intérêt autour de l'apparition de l'imprimerie, du langage et de la considération d'appartenance à un groupe identifiée soudainement autour de valeurs véhiculées par ces deux premiers points.
L'ensemble du livre est structuré par différents chapitres décortiquant les aspects de cette idée de nation. C'est pas joli, c'est même souvent triste de découvrir comment se crée cette idée d'union d'un groupe qui n'existait pas au préalable (et n'as d'ailleurs aucune cohérence réelle). Ce livre démontre l'absurdité de la nation sous toute ses formes, quelle que soit sa naissance. Et surtout, la façon dont elle récupère et instrumentalise
L Histoire à son propre profit.
J'ai bien aimé cette incursion dans un domaine différent de mon champ habituel de recherche sur la nation. Et franchement, j'ai beaucoup aimé la façon dont c'est mené, l'organisation des chapitres et ce qui en ressort. C'est un excellent complément aux livres d'Histoire sur le Roman national et la façon dont ces idées nous empoisonnent. Revenir aux sources de cette horreur nous permets aussi de généraliser : ce n'est pas un mal français, c'est un mal universel, qu'il faudra expurger de partout.