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J' HALLUCINE

Nous sommes le 20 septembre 2022 sur Balelio à 23 heures. Kent Anderson, un écrivain américain de roman policier majeur, même un écrivain tout court avec un grand E, fait l'objet de seulement 52 critiques.

Dans le même temps :
Thilliez - 9500
Fred Vargas - 3300
Giebel - 5800

Trouvez l'erreur. Serait-ce le résultat d'une lobotomisation médiatique ?
Cela me fait peur.



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En France, on connaît surtout la guerre du Vietnam à travers le cinéma et les nombreux films cultes qui lui ont été dédié mais on connaît beaucoup moins la littérature romanesque sur le sujet. C'est d'autant plus dommage qu'elle est souvent le fait des vétérans et de ceux qui ont vécu cette guerre en son coeur. Sympathy for the devil est de ceux-là. Son auteur Kent Anderson était sergent-chef au sein des Forces Spéciales, il se base sur sa propre expérience pour donner vie à son personnage principal et alter ego Hanson et écrire ce roman en partie autobiographique.

Kent Anderson retrace alors le parcours de Hanson depuis son incorporation. Fraîchement sorti du lycée, Hanson est plutôt un intellectuel, il aime particulièrement la littérature et la philosophie. Mais son tempérament et sa robustesse physique lui permettent de passer sans dommages l'étape des classes là où d'autres subissent un véritable calvaire. La première sélection est impitoyable, il n'y a pas de place ni de répit pour les faibles soumis à l'humiliation et les persécutions de leurs camarades.
Hanson prend rapidement goût à l'art du combat. Il se découvre même une passion pour la discipline au point de rejoindre l'entraînement spécial réservé aux Bérets Verts : le voilà à présent membre des Forces Spéciales.

« Hanson ignorait encore qu'il venait de décider de faire ce que l'armée attend précisément de certains de ses hommes, des meilleurs des siens – tenter de la battre à son propre jeu. Guerre était le nom de ce jeu et, lorsqu'on frôle la guerre de trop près, qu'on la regarde au fond des yeux, elle peut vous entraîner tout entier, muscles, cervelle et sang, jusqu'au plus profond de son coeur, et jamais plus vous ne trouverez la joie en dehors d'elle. Hors d'elle, amour, travail et amitié ne sont plus que déboires. »




L'année de préparation s'achève et c'est l'heure d'affronter le terrain et les tirs à balles réelles.
Kent Anderson nous décrit alors l'arrivée de Hanson au Vietnam. D'abord destiné à être affecté au renseignement ( donc dans un bureau), Hanson se débrouille pour y échapper et obtient d'aller au feu. Car c'est cela qu'il veut, faire la guerre pour de vrai et combattre. L'accueil qui lui est réservé n'est pas des plus chaleureux. Considéré comme un des innombrables bleus sans expérience catapulté ici par une armée peu regardante sur la psychologie et les facultés de ses recrues, Hanson doit faire ses preuves mais obtient rapidement la considération et le respect de ses camarades.
Son baptême du feu et sa première sortie en intervention le font douter, la peur est si violente qu'il pense à renoncer. Mais il persiste, l'adrénaline le dope et il commence à y prendre goût.
Son premier retour au pays est un désastre. Il se rend compte qu'il est à présent inadapté et en décalage complet avec la vie et les préoccupations des civils. Conditionné pendant son séjour à la guerre, habitué à être sans cesse sur ses gardes, à survivre, il prend chaque interaction avec un autre être humain comme une agression.

« Tout en marchant, ses yeux furetaient, de droite et de gauche, et de haut en bas, épiant le moindre mouvement. Simultanément, il repérait toutes les planques possibles susceptibles de le mettre à couvert. […] Son regard cherchait des objets qui pourraient lui servir d'arme : pierres, briques, poubelles, tessons de bouteille […] Lorsqu'il croisait quelqu'un sur le trottoir, sa main se refermait en poing, le long de son flanc, prête à frapper. »


Cette peur le pousse à la violence, elle est instinctive et il n'hésite pas à cogner à la moindre occasion.

« Alors voyons voir. Cette raison », dit-il, la sueur dégoulinant sur ses joues. Il engloba la salle d'un bref coup d'oeil circulaire. « Je me réveille la trouille au bide, poursuivit-il, baissant la voix et se rapprochant du gosse, et d'avoir la trouille me fout en rogne, si bien que je crève d'envie de botter son cul à quelqu'un. Je ne fais plus la différence entre avoir la trouille et être en rogne. Tout est lié, tout communique. »


Le constat est sans appel : il aime se battre, il aime tuer. A présent, une unique chose compte pour lui : retourner au combat. La guerre le rend heureux, elle est devenue son unique raison de vivre.

« Hanson avait été entraîné à tuer, c'était là le grand art qu'avait su maîtriser sa jeune vie et, lorsqu'il se sentait bien, une partie de lui-même aspirait à tuer quelqu'un, comme d'autres mouraient d'envie de courir, de skier, de danser ou de déclencher une bagarre dans une rade. »




Kent Anderson nous explique clairement dans quel état d'esprit sont les jeunes soldats envoyés au casse-pipe. Toutefois, il faut quand même reconnaître que Hanson était un cas particulier et donc pas forcément représentatif mais Anderson passe en revue les différentes catégories d'hommes qu'on retrouvait au sein des rangs de l'US army. L'auteur nous détaille également tout le processus de recrutement et de préparation, les relations avec les autres recrues et avec les instructeurs, les exercices et les différentes méthodes de combat enseignées, les trucs et astuces indispensables pour assurer sa survie. Sur le terrain, tout se passe comme on peut le voir dans les films mais Kent Anderson insiste surtout sur la rancoeur des soldats, d'abord la haine envers l'ennemi puis le mépris et la colère envers les civils, le gouvernement et les gradés qui ne cherchent qu'à satisfaire leurs propres ambitions et intérêts.

« Les gradés et les officiers généraux de l'armée régulière qui souhaitaient voir mettre fin à toutes les activités des Forces Spéciales – ils constituaient la majorité, l'armée régulière s'étant toujours méfiée des unités d'élite – se heurtaient aux mêmes difficultés que les sénateurs. N'ayant qu'une seule année à passer au Vietnam, il leur fallait consacrer la quasi-totalité de leur temps à l'improvisation d'une tactique suffisamment nouvelle et brillante pour justifier leur promotion, ou bien orchestrer une opération assez sanglante et spectaculaire pour faire la une de tous les journaux, leur garantissant ainsi, dans le même temps, promotion et décoration. »


Il dénonce aussi sans détours l'hypocrisie d'un gouvernement qui prône un certain discours tout en faisant le contraire sur le terrain. La moralité n'est qu'une préoccupation de façade et si par malheur un manquement vient à leur être reproché, on s'empresse d'en détourner la responsabilité. Il faut renvoyer au monde une image propre et vertueuse de l'Amérique.

Sympathy for the devil est le roman de ces soldats, simples jouets de politiques irresponsables, d'une guerre qui aura abattu la confiance et le sentiment de supériorité d'une nation qui n'avait encore jamais connu un tel échec. Kent Anderson a su nous transmettre son vécu et son sentiment avec une grande force, odeurs, couleurs, bruits, il retranscrit tout avec précision, on s'y croirait. Son amour pour la littérature et la culture transparaît à travers son style, tour à tour cru à l'image du langage vulgaire des combattants et poétique dans son évocation des paysages et des sensations. On y trouve même une référence au contrat social de Rousseau. A la guerre, le droit et les lois qui fondent une société n'existent plus, c'est le retour à l'état de nature : seule compte la survie.
On peut parfois être horrifié par le manque de moralité dans ce récit mais la grande force de Kent Anderson est d'être parvenu à nous faire comprendre la mentalité de ses soldats et toute l'absurdité d'une guerre qui n'est pas la leur.
C'est dans l'écriture que Kent Anderson a réussi son retour à la vie civile. Il est dommage de constater que son expérience, son témoignage et celui de nombreux vétérans n'aient pas servi de leçon.


Lien : http://cherrylivres.blogspot..
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Je persévère dans ma lecture de livres sur la guerre du Vietnam, sujet qui me passionne. Ici on suit particulièrement le soldat Hanson, qui fait partie des Bérets verts.
La chronologie est assez originale, il y a des allers-retours. Après la première partie se déroulant au Vietnam, on est transporté dans le passé, au moment où Hanson s'engage dans l'armée et effectue sa formation. Cette partie sur la préparation à la guerre est probablement l'une de mes préférées. Si vous avez vu Full Metal Jacket de Kubrick, vous verrez les similitudes !
Il y a également un passage où Hanson revient au bercail après avoir servi au Vietnam, et il est tout simplement incapable de s'intégrer à la société et de revenir à son ancienne vie. En fait, j'ai beaucoup aimé tout l'aspect périphérique au Vietnam, l'avant et l'après. Sinon, les passages parlant du Vietnam en lui-même m'ont moins marquée, par rapport aux autres oeuvres que j'ai déjà lues.
Cependant, intéressante est la rivalité entre les différents corps de l'armée. On voit également que les américains ont bien du mal à intégrer les vietnamiens - ceux qui sont de leur côté, j'entend - à la guerre. Il y a une vraie atmosphère de folie aussi, les soldats perdent carrément les pédales et se révèlent assez violents. J'ai beaucoup aimé le trio Hanson, Silver et Quinn, leur amitié est très belle.
Enfin, j'ai adoré les dernières pages. Je ne vais pas vous spoiler, mais j'ai trouvé ça très original et la description de cette dernière scène de combat est à couper le souffle.
Mention spéciale au style, il faut s'y habituer mais je l'ai trouvé assez recherché. Je vous conseille ce livre si vous voulez un aperçu brut et très réaliste de la guerre, et plus spécialement du Vietnam.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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"Hanson ignorait encore qu'il venait de décider de faire ce que l'armée attend précisément de certains de ses hommes, des meilleurs des siens - tenter de la battre à son propre jeu. Guerre était le nom de ce jeu et, lorsqu'on frôle la guerre de trop près, qu'on la regarde au fond des yeux, elle peut vous entraîner tout entier muscles, cervelle et sang, jusqu'au plus profond de son coeur, et jamais plus vous ne trouverez la joie en dehors d'elle (...) Hanson ne s'en rendait pas encore compte, cette nuit-là, mais un jour viendrait où il réaliserait qu'il est impossible de fraterniser avec les seuls hommes libres d'une armée, avec les meilleurs de ses assassins, sans devenir soi-même l'un d'entre eux." (p.209-210). Guerre du Vietnam. le commando des Green Berets (bérets verts) composée de Hanson, Quinn et Silver, accompagné de Minh le montagnard, est affectée aux dangereuses et délicates opérations de ratissage. Seules les forces spéciales de l'US Army sont habilités à débusquer le VC (Viet-cong). Car il s'agit d'une mission périlleuse qui exige stratégie, hablité et coriacité. Hanson ne se destinait pourtant pas à intégrer cette unité d'élite de l'armée américaine. Avant d'intégrer le commando des durs à cuire, il faisait des études au lycée. Comme beaucoup de jeunes de son âge, il décide de s'engager dans l'armée avant d'être appelé au front. Mais la réalité, loin des discours patriotiques, a un goût amer. Alors que l'opinion publique américaine commence à se mobiliser contre cette guerre absurde, les autorités qui maintiennent leurs positions sur son issue victorieuse, compte parmi ses hauts dirigeants des opportunistes dont l'intérêt n'est autre que d'obtenir une place au soleil. Hanson vomit l'administration militaire et son ingérence. Dès lors, il décide de mener une guerre très personnelle dont l'ironie est désarmante. de la devise In God we trust à Sympathy for the devil, Hanson fait le plus grand écart de sa vie : il choisit d'être un homme libre...

Platoon, Full Metal Jacket, Good Morning Vietnam... Sympathy for the Devil reprend toutes les images véhiculées par ces films : la drogue, l'alcool, la peur, la violence, la mort... La jungle moite et ses dangers, le croisement des tirs bleus et rouges des M-16 et AK-47, l'odeur âcre des poudres d'artillerie, celle de la terre rouge et celle du sang... le bourbier vietnamien décrit par Kent Anderson transpire le vécu : les détails sur Mai Loc (base d'appui feu), sur les embuscades des VC, les altercations entre les militaires, la précision des descriptions des missions commandos, les combats, l'auteur convie son lecteur à un véritable Voyage au bout de l'enfer. En compagnie de Hanson et sa fine équipe, on pénètre au coeur de la jungle, on sent les vibrations des hélicoptères, on est assourdi par les explosions, on est aveuglé par les tirs, on se prend à vouloir tirer sur tout ce qui bouge tant l'histoire est captivante et bouleversante. Puis on termine sa lecture sur un sentiment étrange. Réglant peut-être ses comptes avec sa propre guerre, Kent Anderson remet en cause la perception que l'Amérique a d'elle-même en prêtant ces quelques mots à son héros rebelle : "Les américains étaient des dilletantes, plus préoccupés par leur propre vie que motivés pour tuer l'ennemi. La plupart d'entre eux n'avaient pas appris que c'est dans l'agression qu'il faut chercher le salut, et non dans la prudence." Et la force du récit tient dans ce constat vertigineux que l'ennemi n'est parfois autre que nous-mêmes. Décriant l'absurdité bureaucratique de l'armée et l'hypocrisie du gouvernement américain, Kent Anderson, qui a servi comme sergent aux forces spéciales, rapporte de son séjour au Nam un roman d'une profonde portée... Génial !
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Moi j'appellerais ça "La guerre du Vietnam d'un jeune américain", c'est certes moins flashy que le très stonien "Sympathy for the Devil" mais plus représentatif de ce qu'on y trouve.

Kent Anderson ne nous raconte pas la guerre du Vietnam, il nous raconte sa guerre, comment il l'a perçue, subie, intériorisée, vécue.
Point de géostratégie ni d'idéologie ici, ou si peu, mais la transformation radicale d'un intellectuel en une sorte de machine à tuer.
L'appareil militaire, vite relayé par le baptême du feu, amorce comme il se doit cet embrigadement aveugle mais la mutation échappe progressivement à tout contrôle hiérarchique.

Le personnage central, fort de caractère, plongé dans des situations de tension et de violence extrêmes, soumis à l'indifférence hostile de ses compatriotes et sidéré par l'incroyable gabegie qui régit la chaine de commandement, trouve une forme de refuge psychologique auprès de ses frères d'arme.

Ce groupe d'hommes, quasiment livré à lui-même, ne participe pas à la guerre officielle des état-majors dont il se considère d'ailleurs comme chair à canon. Il mène une existence autonome faite d'abjecte rapine et de course aux trophées les plus macabres. L'ennemi n'est pas plus craint que l'allié sud-vietnamien qui l'est moins que les initiatives ubuesques du commandement suprême.

Presque rien sur la population autochtone qui n'apparait qu'à l'état de cadavres ou soupçonnée de "cinquième colonne" lorsqu'elle vit encore. Pas plus sur le pays si ce n'est quelques considérations sur la dureté du climat et la vigueur de la flore.

Ces soldats n'y prêtent aucune attention, en ont-ils eu le loisir d'ailleurs ? eux qui, jusque là, ne connaissaient que leur bourgade de l'Iowa ou de l'Illinois, le breakfast bacon oeufs brouillés et la cuite hebdomadaire à la bière.
Eux qu'on à parachutés dans ce show effroyablement ridicule après une formation militaire symbolique, pour une spécieuse mission de sauvetage du monde libre.

L'auteur met en scènes ces souvenirs de guerre de façon convaincante sauf pour le combat final ou son double romanesque, dans une geste à la Rambo règle en littérature les comptes qui lui pèsent depuis sa démobilisation.

A lire évidemment.

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« Hanson était allongé sur le dos et regardait les nuages défiler à travers le toit d'épineux, en souriant dans le noir. Il était à près de quinze mille bornes de chez lui, en plein milieu d'un carré de broussailles, en train de participer à une opération transfrontalière illicite, cerné de toutes parts par l'ennemi, et il était heureux. Bien sûr, il y avait la peur, mais il était aussi heureux que possible, aussi heureux qu'il avait jamais rêvé de l'être. La seule chose dont il avait à s'inquiéter, c'était de rester en vie. S'il se plantait, il mourrait, et tous ses problèmes seraient terminés. »

Avec Sympathy for the devil, Kent Anderson présente le parcours de son double, Hanson, appelé sous les drapeaux en pleine guerre du Vietnam et qui a fait le choix de s'engager dans les forces spéciales, les fameux bérets verts, pour ne pas devenir une simple piétaille destinée à servir de chair à canon. Pour pouvoir choisir sa mort, en quelque sorte. Ainsi de ses classes à son deuxième séjour au Vietnam en passant par un retour écourté au pays pour cause de paranoïa aigüe et d'incapacité à retrouver la vie civile, on suit pas à pas ce soldat entré dans l'armée sans le vouloir et qui s'est mis a aimer la guerre.

« Hanson avait été entraîné à tuer, c'était là le grand art qu'avait su maîtriser sa jeune vie et, lorsqu'il se sentait bien, une partie de lui-même aspirait à tuer quelqu'un, comme d'autres mouraient d'envie de courir, de skier, de danser ou de déclencher une bagarre dans un rade. »

Autant dire que le roman d'Anderson apparaît de prime abord peu moral – ce que confirme rapidement la suite – avec ce héros qui s'est découvert un talent pour le moins dérangeant, ainsi qu'il s'en aperçoit lorsqu'il revient aux États-Unis après son premier tour au Vietnam, et qui, conscient de son statut de soldat d'élite, méprise plus encore le reste de son armée que les soldats adversaires. Ce que dépeint Anderson, c'est au-delà de la camaraderie, des liens qui se tissent entre Hanson, ses amis bérets verts et les Montagnards qui les accompagnent, c'est toute l'absurdité d'une guerre – la première guerre « rock'n'roll », comme le dit un personnage – menée avec une incompétence confondante et des hommes inexpérimentés (« Les recrues qu'on leur balançait était de plus en plus souvent des criminels analphabètes ou des drogués incapables d'obéir aux ordres. Les gradés n'avaient d'ailleurs rien à leur envier. Certains de ces jeunes sous-lieutenants appelés n'avaient même pas les compétences suffisantes pour gérer un magasin 7-Eleven, pour ne rien dire d'une unité combattante. ») destinés à mourir ou à flirter dangereusement avec la folie meurtrière.

Tout cela décrit non pas froidement mais avec au contraire une fascination pour la guerre et la mort que l'auteur amène le lecteur à partager par le biais d'une écriture non dénuée d'humour, à travers des scènes de combats efficaces, et, surtout, des dialogues et des réflexions qui peuvent apparaître moralement choquants mais contrebalancés par le sentiment de camaraderie qu'arrive à faire passer Anderson. C'est toute cette ambigüité troublante qui, par ailleurs, donne à ce roman une réelle épaisseur et en fait un témoignage fort sur l'absurdité d'une guerre vécue comme telle par ceux qui la font.
On pense évidemment en lisant Sympathy for the devil aux films que l'on a vus à ce sujet, de Platoon (pour la peinture du quotidien des soldats et des conflits internes) à Full Metal Jacket (pour les classes, notamment) en passant par Apocalypse Now (pour la folie de Kurtz) ou Rambo (le premier, tiré du Premier sang de David Morrell, pour le difficile retour à la vie civile) ; mais il y a chez Anderson un supplément d'âme, cette capacité à créer un véritable malaise face à la fascination qu'exerce son récit sans pour autant vous pousser à le lâcher. Un roman d'une rare puissance.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Critique de Sympathy for the Devil de Kent Anderson. Mon second livre préféré (derrière "Hello Fucktopia" de Souillon). On parle de la guerre du Viêt-Nam. En gros les Viets sont divisés, et un des groupes est soutenu par les USA... Et ce n'est pas un spoil de vous dire que l'oncle Sam a perdu a cause des bayoux, jungles tropicales, etc... Les personnages principaux sont de bonnes vieilles brutes alcooliques et débiles, et y'a un drôle de retournement à la fin qui vaut le coup d'être lu! Ca part en cacahuètes et c'est ce qu'on adore. Il faut considérer aussi la dimension chamanique du livre "Mais bon Dieu qu'est ce que tu as fait a ces escargots?! Ils savaient exactement ce qu'ils faisaient" (cette phrase m'a touché). Comme quoi on peut descendre du Viet à la pelle et aussi avoir de l'empathie pour les escargots. En tant qu'alcoolique abstinent depuis 4 ans maintenant, j'ai beaucoup aimé lire leurs histoires de beuverie du temps où j'en avais aussi. Je conçois que les hommes ne puissent pas faire une chose aussi horrible sans s'anesthésier l'esprit. Sympathie pour le diable, car au final, être un soldat, ce n'est ni bien ni mal. Et c'est écrit d'une plume... Un (long) chef d'oeuvre. Jamais lu ou vu de film aussi palpitant sur la guerre en général! Même pas le très bon Indigènes avec Jamel Debouz. 5/5. Evidement.
Lien : https://www.instagram.com/ha..
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Une évidence m'a sauté aux yeux, au cours de ma lecture de "Sympathy for the Devil", de Kent Anderson. La même que celle ressentie lors de ma découverte de cet auteur avec son recueil "Pas de saison pour l'enfer".

Cette évidence, c'est son exigence de sincérité.

Il laisse ici la parole à Hanson -mais on devine, à la lumière de la biographie de l'écrivain, qu'Hanson est son alter ego-, au moment où, étudiant, il quitte l'université pour combattre au Vietnam dans Les Forces spéciales (les fameux "bérets verts").

Sur place, le jeune homme affronte une dure réalité, que les journaux télévisés qui retracent le conflit occultent sciemment, désireux d'épargner des citoyens nourris au patriotisme anti-rouges et convaincus du caractère noble et nécessaire de cette guerre lointaine.

Le monde qu'Hanson découvre est un monde cynique et sanglant, où l'on oublie bien vite le caractère policé de la vie occidentale, où l'on piétine chaque jour les accords de Genève. On y tue des civils et on y frappe des femmes, avec les encouragements à peine voilés d'une administration militaire corrompue.
Dans la jungle vietnamienne, les idéologies ou l'héroïsme ne font pas long feu. Seuls comptent l'instinct de survie, et votre propension à éliminer froidement le plus d'individus possible. Gouvernés par la peur, puissante, qu'ils refoulent -ou pas- à coups de drogues généreusement distribuées par les autorités, dopés par la violence ambiante et l'omniprésence de la mort, les soldats se métamorphosent en machines à tuer. Pas par haine ou par conviction, mais parce que c'est le seul moyen de ne pas y laisser sa peau.

La volonté de Kent Anderson de s'exprimer sans censure, en éradiquant toute tentation moralisatrice, rend son roman crédible, et lui donne une dimension quasi palpable. Car à ce souci d'authenticité s'ajoute celui d'une forme d'exhaustivité descriptive, qui consiste à détailler non seulement la manière dont se déroulent les événements, mais aussi toutes les composantes de l'environnement dans lequel se situe l'action, de façon imagée et précise. Ainsi, les embuscades comme les scènes du quotidien au campement, les méthodes d'entraînement et de combat sont minutieusement dépeintes, mais pas seulement : les sons et les odeurs sont omniprésents, qu'il s'agisse de ceux du matériel de guerre, de la nature environnante, ou de la nourriture vietnamienne qui impose ses forts relents.

J'ai retrouvé dans ce roman l'écriture tantôt crue et percutante de l'auteur, notamment lors des échanges entre ses héros, et tantôt étrangement (compte-tenu du fond du récit) poétique. Mais c'est à l'image de son personnage principal, capable de tuer de sang-froid avec un recueil de Yeats dissimulé dans son uniforme...

"Sympathy for the devil" est un texte glaçant, où l'absence de tout moralisme ramène la réalité de la guerre à sa véritable nature : un non-sens barbare.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Ce livre est une sorte de version littéraire de "Platoon" le film d'Oliver Stone.

On y suit le jeune Hanson de son enrolement à son entrainement jusqu'à sa guerre du Vietnam. Les soldats y sont tous morts de peur et/ou à moitié fou. Les destins y sont souvent tragiques. La drogue et l'alcool polluent les cerveaux et les coeurs.

Le jeune conscrit Hanson se trouvera dans ce métier des armes jusqu'à intégrer les forces spéciales et se perdra au Vietnam même si ses retours au pays ne seront pas glorieux. Jusqu'à un final apocalyptique et -à l'image de bien des scènes du roman et de cette guerre- violemment absurde.

Un roman qu'on pourrait prendre pour un récit auto-biographique quand on sait que l'auteur à suivi le même chemin que son (anti?-) héros.

A éviter si l'on aime les récits de héros purs et durs.

A ne pas manquer si on recherche des héros attachants et troubles.
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Les péripéties de Hanson, étudiant en lettre et tout jeune engagé volontaire pour la guerre du Vietnam. Intelligent et doté d'une bonne force physique, Hanson intègre les Forces Spéciales - les "Bérets Verts" - une unité d'élite de l'armée Américaine. Après une formation à la dure, prodiguée par un sergent-instructeur digne du sergent Hartman dans Full Metal Jacket, il rejoint le terrain pour participer à la plus grande déconfiture de l'Histoire militaire des Etats-Unis. Sur place, il manque de perdre la vie à de nombreuses reprises, sauvé par la chance, une balle qui ricoche au bon endroit, un éclat de shrapnel à quelques centimètres de son visage. On se rend compte de la part d'aléa à laquelle la vie de l'homme est soumise dans la jungle obscure.
Brisé par le conflit, shooté aux emphet', à l'adrénaline et à la violence, Hanson revient de la guerre dans une Amérique pacifiste, de plus en plus opposé au conflit, qui ne témoigne aucune gratitude à ses vétérans. Il enchaîne alors les soûleries, les bagarres et les comportements asociaux. Il repart finalement pour le Vietnam pour un baroud d'honneur ...

Kent Anderson, ancien sergent-chef dans les Forces spéciales offre dans Sympathy for the devil un récit de sa propre expérience de vétéran. Les scènes de guerre sont donc d'un réalisme cru, parsemées d'anecdotes tantôt humoristiques, tantôt pessimistes. Il dresse un tableau des différents caractères rencontrés au front : les "bleus" terrorisés, débarqués sans entraînement, dont l'espérance de vie ne dépasse pas un petit mois, les gradés, couards et iniques, bien planqués derrière les lignes, les gouvernants hypocrites, intéressé par le conflit seulement pour l'avancement ou la célébrité qu'il pourrait leur procurer. Seuls semblent trouver grâce à ses yeux quelques compagnons d'infortunes, des grandes gueules violentes et sanguinaires, pour lesquels la guerre est presque devenue un jeu : tuer pour ne pas mourir.
L'auteur remettra Hanson en scène , vingt ans plus tard, devenu flic de patrouille à Portland, Oregon, dans le cultissime Chiens de la nuit.
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