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EAN : 9782072838552
448 pages
Gallimard (16/01/2020)
3.77/5   46 notes
Résumé :
Le regard bouleversant et terriblement humain d'un vétéran du Vietnam sur le quotidien d'un commissariat d'Oakland.Par l'auteur du roman culte Sympathy For The DevilAprès plusieurs années d'enseignement, Hanson, le héros de ce roman si émouvant, rejoint la police dans un quartier d'East Oakland économiquement dévasté. Ancien des Forces spéciales au Vietnam, la pureté des situations de vie et de mort de la guerre lui manque. Il se moque bien de vivre ou de mourir, et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Hanson, c'est le genre de flic que tout le monde rêve de rencontrer sur sa route, enfin presque. Ce vétéran du Vietnam, ancien prof de littérature s'ennuie ferme et décide de repasser à l'action direction Oakland, police de Californie. Coté positif, il y fait chaud, y'a des palmiers, il peut mettre ses Rayban et mâchouiller du chewing-gum mais il n'en a guère le temps car les appels d'intervention couinent non stop ainsi que ses acouphènes...Coté négatif, la criminalité est au top, la hiérarchie lui tape sur les nerfs les flics lourds et racistes pullulent, les paperasses et les statistiques lui empoisonnent la vie. Alors Hanson patrouille seul de jour comme de nuit en avalant des burgers rassis et en se récitant, entre les interventions, des brins de poésie..Pas le temps de s'ennuyer avec Hans, on arpente en sa compagnie, les coins les plus sombres d'Oakland, on côtoie de gros dealers avec des rolls , des Hell's Angels et des Black Muslim qui pétaradent et on assiste à des scènes de ménages extravagantes entre une fan d'Elvis et un souleveur de fonte tendance gros nazi et bien d'autres faits divers...Ce qui change avec ce policier, c'est son fair-play, son ouverture d'esprit et sa politesse mais ne vous y fiez pas, si vous lui cherchez des noises, il vous ratiboise...avec le sourire !
Hanson, c'est l'alter ego de Kent Anderson qui a vécu à peu près tout ce qu'il a écrit sauf peut-être son histoire de coeur avec Lybia , allez savoir ...
Un soleil sans espoir, c'est un bon roman noir avec un chic flic, oui ça existe !
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Si l'on me demandais de citer une préférence parmi tous les policiers qui se sont lancés dans l'écriture, je mentionnerais sans hésiter Kent Anderson, un auteur peu prolifique qui, après une vingtaine d'années de silence, fait son retour en nous proposant, avec Un Soleil Sans Espoir, un roman où l'on retrouve Hanson, double de papier de l'auteur. Intrinsèquement lié au parcours de Kent Anderson, on rencontre Hanson dans Sympathy For The Devil (Gallimard 1993), un brûlot virulent retraçant l'expérience hallucinante d'un membre des forces spéciales engagé au Vietnam dans ce qui apparaît désormais, ni plus ni moins, comme l'ouvrage de référence pour tout ce qui a trait à cette période de conflit qui a ravagé le coeur de toute une génération de soldats embarqués dans les tréfonds d'un enfer meurtrier au coeur du sud-est asiatique. L'adrénaline de la violence, l'antagonisme avec la hiérarchie, on retrouve ces sensations et ces thématiques avec Chiens de la Nuit (Calmann-Levy 1998) où Hanson revient dans un récit relatant la période durant laquelle l'auteur, après sa démobilisation, a travaillé pour les forces de police de Portland (Oregon) en tant qu'agent en uniforme patrouillant à North Precinct, un quartier défavorisé de la ville. Une remarquable mise en perspective des difficultés inhérentes au travail d'un flic de rue confronté à une inextricable misère sociale que l'auteur dépeint avec une authenticité bouleversante. Autre lieu, mais même contexte professionnel, Un Soleil Sans Espoir permet donc à l'auteur de mettre en scène Hanson une nouvelle fois afin d'évoquer son expérience de policier, toujours en uniforme, durant la période où il a été engagé au sein de la police d'Oakland (Californie).

Après le Vietnam et la police de Portland, la pause en tant qu'enseignant dans une université de l'Idaho a été de courte de durée pour Hanson toujours en quête d'adrénaline et de sensations fortes. A 38 ans, il entame donc une formation de cinq mois pour intégrer les forces de police d'Oakland et se retrouve déjà en butte avec la hiérarchie qui n'apprécie pas cette recrue trop expérimentée à qui on ne peut pas raconter n'importe quoi. C'est probablement pour cette raison qu'Hanson est affecté dans le quartier difficile d'East Oakland en tant que patrouilleur. Un quotidien sous tension où il exerce son métier « d'assistant social armé » en se moquant bien du danger et des risques au sein d'une communauté pauvre composée essentiellement d'afro-américains marginalisés qui a tout du ghetto conformément à cette politique d'endiguement prônée par les autorités. Privilégiant le dialogue plutôt que la confrontation, Hanson fait figure de flic original et suscite l'intérêt de quelques figures du quartier dont Felix Maxwell, caïd de la drogue qui approvisionne tout le secteur.

On ne s'attendait pas du tout à retrouver Hanson et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on prend toujours autant de plaisir à suivre les aventures de ce jeune vétéran fracassé par les réminiscences des combats en pensant pourtant qu'au terme de son engagement à la police de Portland, Hanson se serait rangé en trouvant une certaine forme d'apaisement dans l'enseignement. Mais on sent bien que le personnage est toujours perturbé et ne trouve de sens dans sa vie que lorsqu'il est confronté au danger en se gardant pourtant bien d'agir comme une tête brûlée avide de sensation. Parce qu'il est toujours en quête de sens dans sa vie, Hanson ne manque pas de s'interroger et d'observer avec une rare acuité son environnement et de relever avec pertinence les disfonctionnements au sein des forces de police. Inadapté socialement, et très souvent imbibé d'alcool, Hanson est loin d'être un chantre des bonnes pratiques professionnelles mais il se révèle suffisamment lucide pour percevoir quelques similitudes auprès des gens qu'il côtoie dans le cadre de ses interventions avec ce sentiment de rejet qui prévaut au sein de la communauté afro-américaine. Et c'est parce qu'il est dénué de tout sentiment de peur, que le policier peut privilégier le dialogue en dépit de toutes les règles de sécurité qu'on lui a inculqué durant sa formation et dont il se moque bien. Chance, inconscience ou volonté de comprendre les mécanismes sociaux qui régissent le quartier, Hanson parvient à côtoyer quelques membres attachants de la communauté comme Weege, ce jeune garçon qui arpente les rues au guidon de son vélo ou Libya, cette jeune femme farouche avec qui il noue une relation fragile.

Dans ce qui apparaît désormais comme la trilogie Hanson, Un Soleil Sans Espoir présente quelques similitudes avec Chiens de la Nuit puisque l'intrigue se décline sous la forme d'une main courante où l'auteur dépeint toutes sortes d'intervention qu'Hanson est amené à gérer. le lecteur se plaira à imaginer la part du réel qui agrémente ces réquisitions prenant parfois une tournure complètement ahurissante emprunte d'une violence singulière, voire déroutante. Loin de se présenter comme une succession de scènes sans lien, le lecteur trouvera un fil conducteur au travers des personnages de Weege et de Libya qui apportent une certaine forme de fraîcheur et d'optimisme à l'image de cette scène où Hanson emmène son jeune protégé dans une librairie où il a ses habitude afin de lui acheter quelques livres. Mais c'est sans doute dans les relations troubles qu'entretien Hanson avec Felix Maxwell, un des caïds du trafic de drogue de la cité, que le récit va prendre une tournure tragique au fur et à mesure des règlements de compte qui secouent le quartier.

Une nouvelle fois, Kent Anderson se livre avec une sincérité confondante en nous proposant un texte saisissant, d'une rare beauté où l'ombre de la violence et du désespoir de la rue se dissipe parfois à la lumière de cette humanité qui parvient également à éclairer le coeur d'un homme souhaitant retrouver sa place dans un monde qui ne lui correspond plus. Une quête aussi vaine que bouleversante.

Kent Anderson : Un Soleil Sans Espoir (Green Sun). Editions Calmann-Lévy 2018. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Elsa Maggion.

A lire en écoutant : Under The Bridge de Red Hot Chili Peppers. Album : Blood Sugar Sex Magic. 1991 Warner Bros. Records Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Hanson, double romanesque de Kent Anderson que l'on avait suivi durant son temps au Vietnam dans Sympathy for the Devil, puis au sein de la police de Portland dans Chiens de la nuit, est de retour. Après une expérience d'enseignant de littérature dans une université de l'Idaho dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'a pas suffit à le satisfaire, le vétéran en quête de violence et de mort décide de s'engager à 38 ans dans les forces de police d'Oakland.
« Il se fiche de vivre ou de mourir. La plupart des gens le lisent dans ses yeux et se ravisent, hésitent, tentent de s'expliquer. Quant à ceux qui ne le voient pas, il a survécu si longtemps quand d'autres sont morts que sa réaction à la menace est instinctive, plus rapide que la pensée. Cette force de vie dépasse sa volonté. Certaines nuits, il sait qu'on ne peut pas le tuer. Il craint de vivre pour toujours. »
Mû par une envie de mort contrebalancée par un instinct de vie profondément ancré en lui, ce militaire et flic revenu de tout, trouve en Oakland un lieu qui tient pour lui autant du paradis que de l'enfer. L'enfer, plus que tout, ce sont ses collègues et sa hiérarchie : racistes, agités de la gâchette ou trop occupés par les statistiques et les stratégies politiciennes, ils amènent Hanson à se demander bien souvent ce qu'il fait là. le paradis, c'est donc Oakland, sa population de repris de justice qui n'ont plus rien à perdre, ses gangs et ses quartiers abandonnés qu'a si bien décrit par ailleurs Eric Miles Williamson, et donc autant d'occasions pour Hanson de jouer de son regard de fou, de courir après la mort, de la frôler parfois, de la donner à d'autres moments, de la chercher toujours.
On retrouve dans Un soleil sans espoir tout ce que l'on aime chez Kent Anderson : la précision de chaque phrase, la poésie de la violence, ces moments troubles dont on ne sait pas plus qu'Hanson s'ils sont réels où seulement des constructions de son imagination vérolée à jamais par les traumatismes de la guerre. Au coeur des ténèbres dans lesquelles erre Hanson durant ses rondes de nuit solitaires, Anderson place toutefois quelques moments et personnages lumineux qui, s'ils ne permettront peut-être pas sa rédemption, le rattachent à la vie : c'est une jument qu'il se plaît à croiser au petit matin, les oiseaux qu'il observe, Libya, dont il pourrait tomber amoureux et surtout Weegee, le gamin à vélo qui semble suivre ses pas et se fait parfois son guide dans le dédale d'Oakland. Un gamin face auquel surtout Hanson peut être lui-même et envisager de vivre.
Sur la trame d'une intrigue qui voit Hanson développer une relation étrange avec Felix, le dealer maître d'Oakland, et avec Weegee, Kent Anderson, comme dans ses romans précédents, rattachent des chapitres qui pourraient être autant de nouvelles fulgurantes, sur le quotidien de son héros, mais aussi sur les souvenirs qui le hantent tandis qu'un gros lapin noir, matérialisation de sa conscience autant que de son instinct de survie, lui colle aux basques.
Tout cela a la beauté d'un désespoir qui se fait ici vacillant face à la possibilité d'une autre vie et, peut-être d'une échappatoire. C'est souvent violent, toujours d'une trouble poésie que l'on ne trouve que chez ceux qui se livrent totalement sans chercher à apitoyer, fait autant de moments de grâce que de chutes violentes et d'un humour absurde que seule la vraie vie peut offrir. C'est encore une fois, sous la plume d'Anderson, un texte sublime.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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'Un Soleil sans Espoir' coche les cases du roman noir mais ne peut être qualifié de roman policier. Espérant une intrigue policière me tenant en haleine, sa lecture me fut donc plutôt laborieuse.

Le roman suit la vie de l'agent de police Hanson: le récit est une succession de ses multiples interventions dans la ville d'Oakland, agrémenté de ses quelques relations sociales. On attend un véritable élément déclencheur qui ne vient jamais. L'intrigue est assez inexistante et le récit se révèle redondant: les différentes interventions contées finissent par se ressembler.
L'auteur met une emphase particulière à décrire régulièrement le temps (météo), sans que cela serve réellement le récit. J'ai du mal à croire au personnage de Hanson qui est plein de paradoxes: il est à la fois traumatisé par sa participation à la guerre du Vietnam et empreint d'un réel attrait pour la violence mais étonamment humain et sensible dans sa façon de régler les cas sur lesquels il intervient; à la fois alcoolique mais aussi sportif qui s'entretient via la pratique régulière du jogging; à la fois dans l'exercice d'un métier peu stimulant intellectuellement mais aussi ex-professeur de littérature anglaise en université.
Souvent, le récit est empreint d'un certain surréalisme poétique, la frontière entre le réel et l'imagination du protagoniste s'en retrouve dès lors floue (personnification de la 'Mort' et du soleil, apparitions d'un même lapin noir auquel il parle, ...). On alterne entre moments de grâce et moments d'une grande violence - ce qui est plutôt beau - mais sans vraiment comprendre comment cela affecte notre (anti)héro.
La critique sociale du roman est attendue et traitée de manière peu originale: une population majoritairement noire et défavorisée dans une ville américaine pauvre, d'où un nombre de délits et crimes élevés, des flics incités par le management à la malhonnêteté et à la violence gratuite, le racisme et le port d'arme trop répandu qui favorisent grandement les bavures, ... Bref, rien de bien excitant.

L'intérêt du récit réside avant tout dans la différence de Hanson par rapport à ses pairs: sa volonté d'être un 'assistant social armé' et de se moquer de faire du chiffre, sa manière de faire justice avec bienveillance et politesse plutôt que d'appliquer la loi bêtement ; mais cette différence seule n'a pas suffit à me rendre le roman intéressant. Peut être qu'avoir lu les deux livres précédents de K. Anderson (mettant aussi en scène Hanson) m'aurait aidé à apprécier celui-ci.
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Après le Vietnam (Sympathy For The Devil) et un premier passage dans la police (Chiens de la Nuit), on retrouve Hanson, l'ancien des forces spéciales, le double d'Anderson. Il a obtenu une bourse de littérature, il a même enseigné à la fac… mais le décalage est toujours là, les pieds ici, la tête dans les nuages. Il démissionne pour retrouver la tension, le danger et l'imprévu des patrouilles. Il repart donc à zéro, intègre une école de police où personne ne connaît son passé, puis est affecté dans un quartier d'East Oakland où il doit effectuer une année d'essai pour valider son diplôme.
Après le Nam, il connaissait sa ville, en proie aux émeutes raciales des années 70.
15 ans plus tard, on lui demande d'arpenter une zone géographique immense où il ne peut s'attacher à rien ni personne, brinquebalé dans les résidences, les blocs et les cités dévastées dont les rues ne sont même pas mentionnées sur les plans de la ville.
Sa mission, faire du chiffre, arrêter des junkies qui partent ainsi pour 10 ans de taule parce qu'il manque 5 arrestations à la fin du mois…les consignes, ne pas hésiter à tirer, vous serez couverts.
Hanson est un fêlé qui n'a pas peur de mourir, qui boit comme un trou pour s'oublier dès que le service est fini. Tiraillé entre son devoir et les méthodes qu'il reprouve, vivant dans les souvenir du Vietnam tout en arpentant les rues à la façon d'un Travis, le chauffeur de Taxi Driver. Il s'attache progressivement à quelques habitants qui reconnaissent instinctivement un flic pas comme les autres. Solitaire, courageux, un peu ailleurs, violent.
Il va donc à l'encontre de toutes les consignes, et touche ainsi l'humanité des femmes, enfants, trafiquants à l'espérance de vie de 20 ans, nains défoncés au crack…noirs du ghetto qui vont devenir ses seuls points d'ancrage, alors qu'il plonge dans une réalité dangereuse tout en essayant de s'y fondre, de faire corps avec elle, ne se nourrissant que de tequila et de shakers protéinés, tout en tension, en nerfs et en muscle.
Kent Anderson atteint ici la grâce et l'épure dans une Amérique où les ghettos sont dévastés par la violence et des années de politiques publiques calamiteuses.
Bien sûr, Hanson n'est pas apprécié de sa hiérarchie pas assez docile, trop compétent, toujours un peu distant.
Hanson va-t-il tenir et surtout enfin connaître la paix intérieure ?
Comme vous vous en doutez, j'ai adoré. Anderson a atteint un sommet avec son style précis et sensible ; la description du fonctionnement de la police est effrayant et cela vient d'un écrivain qui n'est pas spécialement classé à gauche.
En 2014, j'avais relevé cette citation après de la photo de couverture de Pas de saison pour l'enfer (recueil de nouvelles et d'inédits édité par 13ème Note Editions) « Regardez ce mec de 24 ans que j'étais alors. Observez ses yeux. Vous voyez ? Il est passé de l'autre coté du miroir et ne pourra plus revenir. Aujourd'hui, je fais semblant d'être revenu, je n'ai pas le choix. En réalité, je vis toujours dans ces yeux-là. Je les habite à volonté, je n'ai qu'à me laisser aller et je me sens bien, comme si j'étais rentré à la maison. »
Green Sun, c'est enfin l'histoire du mec qui essaye de revenir de l'autre côté du miroir.
A lire après les cultissimes Chiens de la Nuit et Sympathy For The Devil.
Lien : http://polaroides.blog.lemon..
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critiques presse (3)
LeMonde
30 novembre 2018
Unique rescapé d’une unité spécialisée dans les missions d’infiltration en territoire vietcong, [Hanson] est un solitaire porté sur les livres, la tequila et l’observation des oiseaux, un spécimen progressiste au sein d’une police méprisant toujours les Noirs et les pauvres et d’abord préoccupée de statistiques.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
09 novembre 2018
Nouvelle décharge d'adrénaline de l'Américain Kent Anderson avec «Un Soleil sans espoir», récit largement autobiographique autour d'un flic tête brûlée.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
29 octobre 2018
Kent Anderson laboure ses souvenirs dans Un soleil sans espoir, retranché dans une forme de merveilleux pour conjurer ses déchirements et ses hargnes. Ses véhémences autobiographiques, intactes, composent une ode sublime aux fracassés, toute de violence éthérée, où guinchent des colibris et des averses au goût d'océan.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il portait un short bleu marine en élasthanne longueur genoux et un Marcel avec des éclairs SS de chaque côté du mot Blitzkrieg ! Yeux bleus, QI de quatre-vingt-cinq. Blond. Coupe en brosse et, évidemment, moustache à la Fu Manchu. Dans les un mètre quatre-vingts. Des bras aussi longs que les jambes de Hanson. Gros trapèze, pas de cou.
- Bonjour, lui lança Hanson la bouche sèche.
Ses crampes d'estomac revenaient à l'attaque.
- Bonjour ? C'est tout ce qu'y a à dire ? Lui cracha Paul en essayant de ne pas paraître essoufflé. Bonjour, ça marche pas. T'as un mandat, mec ?
- Je n'ai pas besoin de mandat, monsieur. On n'est pas dans une série télé. Votre femme a appelé la police et m'a laissé entrer.
- Ma femme ? C'est ce qu'elle a dit ? Je suis pas marié à cette conne.
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Il sortit de sa chemise un objet pendu à sa chaîne d'or, un petit sablier taillé dans un cristal de quartz clair, serti d'or, rempli au lieu du sable, de minuscules pépites de diamants. Il rouvrit les yeux, le prit entre le pouce et l'index, le retourna et observa les grains étincelants couler par le goulet et s'amonceler au fond.
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Hanson, les bras chargés de bois de chauffage, retourne au chalet. Dans l’arbre où le vent ne semble pas l’atteindre, un hibou aux grands yeux jaunes le regarde déposer près de l’entrée les bûches qui s’entrechoquent. Hanson ouvre la porte, entre, la referme contre le vent, suspend son manteau, enfourne dans le poêle en fonte des rondins fendus de robinier, observe les flammes qui jaillissent, puis rabat le loquet. L’éclairage du chalet se limite à leur lueur dansante projetée sur les murs à travers la vitre en mica craquelé du poêle. On se croirait en avril, au début du printemps, quand la tempête souffle depuis le nord du Montana. Assis en tailleur devant la cheminée, Hanson boit de la tequila à la bouteille et contemple sur les étagères ses livres dont les titres scintillent à la lumière du feu.
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Il se fiche de vivre ou de mourir. La plupart des gens le lisent dans ses yeux et se ravisent, hésitent, tentent de s’expliquer. Quant à ceux qui ne le voient pas, il a survécu si longtemps quand d’autres sont morts que sa réaction à la menace est instinctive, plus rapide que la pensée. Cette force de vie dépasse sa volonté. Certaines nuits, il sait qu’on ne peut pas le tuer. Il craint de vivre pour toujours.
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Il va partir dans un mois et demi, dès la fin du trimestre, quand il aura remis leurs notes à ses étudiants. Ils vont lui manquer, il le sait, et ce chalet un kilomètre au nord de Boise8 aussi. En toutes saisons, Hanson arpente les collines, guettant les phénomènes météo qui arrivent du nord-ouest. Mais après trois ans comme assistant à la fac de la ville, il s’en va. Ses collègues du département d’anglais se réjouiront de son départ. Il n’a rien à voir avec eux et se demande comment il a pu penser leur ressembler. Il va reprendre le seul métier qu’il a trouvé après la guerre, un métier où l’on comprend mieux la douleur que la rhétorique. Tant pis pour la vie de l’esprit, songe-t-il en souriant. Le moment est venu de retourner à ce qu’il faisait bien.
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