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Jamais la lumière ne sera plus belle que dans son ombre. Tel est le chant du poète portugais Eugénio de Andrade. Une poésie de chaleur et de parfums enivrants, de citronniers et de lauriers en fleurs. Des poèmes courts et lumineux, tels des rayons de soleil, viennent frapper notre esprit. Nous sommes invités au voyage et c'est une explosion de couleurs dans nos yeux. le bleu infini du ciel et de l'océan, le sable fin, les falaises qui vont de l'ocre au rouge sang. Toute la générosité du Portugal est là. Il nous suffit de mordre aux fruits de son été. "Avec le soleil grimpant aux arbres, sans retard le matin s'élancera plus pur et pourra se boire." Rares sont les poésies si sensorielles, qui ne se nimbent pas de mystère mais chantent la beauté pure, la fulgurance de l'instant. Désir d'arbres et de caresses, tout ici est sensualité et pulsion de vie. La poésie devient brûlante comme un après-midi de juillet, urgente comme si la mort allait venir. "Les doigts jouent avec la lumière de mars la mort n'a pas de prise sur le corps lorsqu'on tient le soleil endormi dans ses bras." Puis lentement, au fil des pages, cet été de la jeunesse et du corps cède la place à la douce nostalgie de l'automne. C'est un peu d'ombre qui s'étend sur le sable et sur le coeur des hommes, mêlant le goût des pommes sures à celui des regrets. Avant l'hiver, le temps est venu d'une solitude douce-amère. "Dans les cours de l'automne la nuit a déjà lâché ses chiens" écrit le poète. "La poussière; peu à peu nous brûle la voix; et fuit ainsi le goût de porter à la bouche la lumière mise à nu. Ce qui manque ici ce sont des bras ouverts au fond de l'eau; une ardeur dans la cendre." "Le poids de l'ombre" est un recueil de la maturité, certes, mais qui nous invite à revivre les joies simples de l'enfance et les emportements de l'amour. La vie passe aussi vite qu'un été nous souffle Eugénio de Andrade. C'est pour cela qu'il faut en saisir chaque petit grain de lumière et le garder. + Lire la suite |