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EAN : 9782862313047
188 pages
Maurice Nadeau (10/09/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Au début, elles étaient trois, une trinité niée, une trinité sans autre lien que la souffrance et le lieu de souffrance où elles se trouvaient rassemblées, l’hôpital. Elles n’ont pas de nom : elles en ont si peu pour les autres, comment en auraient-elles un pour elles-mêmes ? Mises bout à bout, les bribes de leur destin se sont constituées en un continent sinistré : paroles de femmes jamais dites, bruits intérieurs aux femmes quand elles se taisent, quand elles devi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'état de femme dans ses silences, ses tacites acceptations comme autant d'acceptations tues, de douleurs et de béances face au vide du quotidien auxquelles Paule Andrau donne voix. Livre assez oppressant, tendu dans une écriture qui laisse entendre le ressassement et le désespoir de trois femmes captives (sans soumission) de leur condition, de leur quotidien, Violence(s) est un livre sans fard, sur l'intime, son usure et ses désillusions. La vie dans ses contondantes vacuités.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
YY.1



extrait 1

Il était en train de mourir derrière cette porte. Elle, elle était morte depuis si longtemps. Elle restait là assise sur cette chaise dans ce hall qui glaçait la porte des urgences chaque fois qu’elle s’ouvrait sur des brancards. Personne ne lui jetait un regard. Elle s’en moquait. Elle se sentait pierre, les yeux fixés à ses deux mains posées sur ses genoux. C’était toujours ainsi désormais, comme si elle transportait partout avec elle le silence et l’invisibilité du placard. Le placard. Elle y avait trouvé tant de sérénité, tant de force dans sa faiblesse, tant de recueillement face au néant de toute vie, tant de détachement aussi, ni rancœur, ni regrets, ni rêve de recommencement, qu’elle traversait désormais la vie avec son apparence anodine de petite vieille dame vide aussi légère et insignifiante qu’une coquille de noix.
...

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« Mon employeur. J’avais quinze ans. Il m’avait presque achetée à mes parents. Il avait payé. Un soir il m’a dit « Viens là?», je n’ai pas compris. Il m’a couchée sous lui sur les ballots du hangar. J’ai cru à un jeu. Son grand corps foulait le mien. Je ne savais pas et puis d’un coup cette douleur. Cet arrachement. Il s’était enfoncé en moi, planté, d’un coup de rein brusque, son membre raide en moi comme un soc, comme une corne qui prend bas et remonte. Un éclair de douleur sèche, un ébranlement de tout le corps. Emmanché en moi, bien profond comme un poignard sur lequel on pèse jusqu’au cœur. J’ai crié tandis qu’un peu dressé au-dessus de moi, il triomphait d’un air faraud « Tu as su ce que c’est un homme, hein ? » Tu l’as senti passer l’homme, il a tracé son sillon, croché son plaisir en toi hein. Cet éclair rouge sous mes paupières, ce feu de la haine qui brûlait tout en moi, ça m’a réveillée toutes les nuits. Surtout quand mon ventre a poussé en avant, quand j’ai perdu l’enfant toute seule comme une bête, en silence, cramponnée des pieds et des mains aux caisses, arc-boutée contre les planches raboteuses du hangar. L’éclair rouge sous mes paupières chaque fois qu’il passait à ma portée. »
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« Nous sommes le peuple de la fente, peuple rallié à elle : pas une démarcation entre le connu et l’obscur, pas une limite entre masculin et féminin, mais le passage vers la matrice universelle, la seule vérité pour tous. À la jointure du bassin et des jambes si clairement dessinés, la fente et son mystère sous le duvet pubien : aboutissement de la main qui caresse le torse, de la bouche qui s’attarde au creux des cuisses, point central autour duquel se construit et s’équilibre le corps féminin, port où viennent échouer tous les combats et où s’abolissent toutes les tensions, puits sans fond où vient se perdre le désir, où se conquiert le plaisir. Mystère rémanent au-delà de toute possession.

Toutes les femmes portent au creux d’elles-mêmes cet univers intérieur et sa complexe alchimie qui distille l’harmonie du couple, fond au creuset de chair l’enfant à venir. Et c’est ça notre force, notre irréductible pouvoir de vivre : la conscience de porter en nous les origines de tout. La conscience d’être la vie. »
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YY.1



extrait 2

Il était en train de mourir derrière cette porte et elle scrutait en elle cette indifférence de minéral que l’approche de la mort n’arrivait pas à ébranler. Elle entrevoyait comme dans les lointains définitivement inaccessibles quelques échos de la passion qu’elle avait eue pour lui. Est-ce qu’on est encore soi après soixante ans de solitude et d’usure ? Pourtant je l’ai aimé d’un tel amour. Comme dans les livres. À en perdre et le boire et le manger. À me damner pour lui.
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