À nous la liberté !

Ma première impression, ayant lu en son temps trois amis en quête de sagesse, a été que les trois compères surfaient sur la vague du succès des ouvrages de développement personnel et de leur premier opus commun. Mais c'est mal les connaitre finalement car ils n'ont pas besoin du succès, ils l'ont déjà largement acquis, si tant est qu'ils le recherchent, ce dont je doute. Leur démarche est exclusivement altruiste, du moins, j'aime à le croire. Bref, ce n'est pas loin de là une redite car ils explorent de nouveaux chemins comme l'acrasie (faiblesse de la volonté), la dépendance, la peur et le découragement, l'égocentrisme, l'égarement, l'humilité, l'effort, la méditation et j'en passe tant la liste est longue. Bref, ils en ont sous le capot : quelle connaissance, chacun dans son domaine, quelle clarté dans leurs échanges, quelle complicité entre eux ! Un régal. Depuis que je les lis, aussi dans leurs ouvrages solos, j'ai l'impression que ce sont des potes. Ils déroulent leurs réflexions en toute simplicité, sans nous faire une quelconque leçon car ils ont aussi leurs failles, tout au moins pour deux d'entre eux (car pour Matthieu Ricard, franchement je n'ai pas trouvé !), et c'est peut-être pour ça que ça les rend si sympathiques. le problème avec eux, c'est que je n'arrête pas de noter ou de surligner sur ma liseuse, que je reprends ces notes, que j'en recopie certaines, bref, c'est qu'ils me donnent beaucoup de travail tout en m'expliquant les bienfaits de l'ennui, de la nécessité de ralentir et du lâcher prise, puis d'enfoncer le clou en disant que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre !
Matthieu Ricard citant Le Dalaï-lama
« Pourquoi se faire du souci ? S'il y a une solution, ce n'est pas la peine de s'inquiéter. Et s'il n'y en a pas, ce n'est pas la peine non plus ! »
Challenge multi-défis 2021.

En quatre parties, Christophe André (psychiatre), Alexandre Jollien (philosophe) et Matthieu Ricard (bouddhiste) se risquent à définir, comprendre, analyser la notion de liberté intérieure. Dans le premier chapitre, les trois hommes abordent le concept d'acrasie qui est une sorte de faiblesse de la volonté, une servitude, une souffrance de notre mental. D'après Christophe André, l'acrasie se nourrit de l'absence de projets. Pour Mathieu Ricard, il s'agit des états mentaux et des émotions perturbatrices qui nous affectent. Pour Alexandre Jollien, ceux sont les peurs au coeur de nos vies.
Etudier ce qui nous enchaîne, explorer nos faiblesses sont une ouverture possible vers la liberté, vers le bonheur. C'est un beau projet que l'accomplissement de soi, vers la profondeur. La liberté est synonyme de créativité. Être le témoin d'une nouvelle sensibilité à soi, aux autres, au monde, "aux amis dans le bien" comme le dit si bien Alexandre Jollien. Se détacher des pensées, des actions, de nos références culturelles toxiques. Depuis l'industrialisation de nos sociétés, de nouveaux besoins ont été artificiellement créés au dépend des ressources de notre planète qui s'épuisent. Les médias, les réseaux sociaux fabriquent de nouveaux attachements.
Faire l'expérience de la liberté exige des efforts constants et de l'enthousiasme.
Mathieu Ricard nous invite à la méditation qu'il pratique depuis plusieurs décennies. Elle nourrit notre conscience. Cette liberté nous permet-elle une attitude plus sereine vis-à-vis de la vie et de la mort ?
Être libre ? J'adhère pleinement.

Pas facile de dire brièvement ce qu'on pense d'un livre si imposant (569 pages) !

Déjà, il est accessible et compréhensible pour tous, il est coécrit par un trio très sympathique : moine-philosophe-psychiatre. Cela traite de la liberté mais aussi de tout ce qui peut la menacer ou y contribuer, donc à peu près tout !

C'est un ouvrage toujours positif et intelligent. Ce qui domine, c'est la sagesse et la bienveillance avec l'importance des petits efforts quotidiens pour s'entraîner à s'affranchir des facteurs risquant d'entraver notre liberté, préjugés, modes, incitations à consommer, addictions…
Notre bonheur et notre liberté ne dépendent pas de notre statut social, de notre richesse et de notre pouvoir sur les autres mais au contraire de notre harmonie relationnelle avec ceux qui nous entourent et de notre humilité vis-à-vis de la nature.

Tout petit bémol : orthographe ou coquilles d'impression… Un manque certain de relecture.

J'ai bien aimé ce livre même s'il est un peu long par moments. J'ai donc mis un petit moment à le lire. Il reprend de nombreux préceptes mis en avant par les trois co-auteurs dans leurs précédents ouvrages et nous amène encore et toujours à réfléchir à nos propres chaînes sur différents plans. Les auteurs nous proposent ici quelques pistes pour nous en libérer. Si vous avez lu leurs ouvrages précédents, vous n'apprendrez rien de bien nouveau mais pour intégrer les concepts et les appliquer de façon durable à nos propres vies, il n'est jamais superflu de se répéter.