Citations sur Dans la chaleur vacante - Ou le Soleil (33)
Sol de la montagne
MÉTÉORE
L'absence qui me tient lieu de souffle recommence à
tomber sur les papiers comme de la neige. La nuit
apparaît. J'écris aussi loin que possible de moi.
p.38
Sur le pas
LOIN DU SOUFFLE
M'étant heurté, sans l'avoir reconnu, à l'air, je sais,
maintenant, descendre vers le jour.
Comme une voix, qui, sur ses lèvres même,
assécherait l'éclat.
Les tenailles de cette étendue,
perdue pour nous,
mais jusqu'ici.
J'accède à ce sol qui ne parvient pas à notre bouche, le
sol qui étreint la rosée.
Ce que je foule ne se déplace pas, l'étendue grandit.
p.104
LE MOTEUR BLANC
J'ai vite enlevé
cette espèce de pansement arbitraire
je me suis retrouvé
libre
et sans espoir
comme un fagot
ou une pierre
je rayonne
avec la chaleur de la pierre
qui ressemble à du froid
contre le corps du champ
mais je connais la chaleur et le froid
la membrure du feu
le feu
dont je vois
la tête
les membres blancs.
LE MOTEUR BLANC, XIII
Ce feu comme une main ouverte auquel
je renonce à donner un nom. Si la réalité
est venue entre nous comme un coin et
nous a séparés, c’est que j’étais trop près
de cette chaleur, de ce feu.
L’absence qui me tient lieu de souffle recommence à tomber sur les papiers comme de la neige. La nuit apparaît. J’écris aussi loin que possible de moi.
Pourquoi... j’oublie..., la parole en déplacement
s’oublie.., pour aveugler... Et le sol — toujours
un peu plus haut, à hauteur de la tête forée par ce qu’elle
profère autant que par ce qu’elle a sans mot dire
perçu déjà... à hauteur de la tête levée, là
— et pour l’aveugler..., jusqu’à un fond où quelque
ajour sans fin, comme on avance, criblant, aura tout
emporté même emporté la question.
Ce qui au plus profond comme au centre — du
sommeil (où le rêve sera resté d’un tenant) se
découvre soustrait toujours, silence dans la mutité du
rêve, est à nouveau parole opaque, parole qui insiste,
substrat épais, compacité de parole sur-le-champ
réfractaire à ce qui est dit, que la parole à prononcer soit
émise ou tue de nouveau - jour qui froisse.., au
plus près.
Poussière sculptée
L'absence qui me tient lieu de souffle recommence à tomber sur les papiers comme de la neige. La nuit apparaît. J'écris aussi loin que possible de moi.
PORTEUR D'UN LIVRE
DANS LA MONTAGNE
...chute de neige, vers
la fin du jour, de plus en plus épaisse, dans laquelle
vient s'immobiliser un convoi sans destination — je
tiens le jour... La paupière du nuage porteur de la
neige se levant, je me retrouve inclus dans le bleu de
l'autre jour.
p.205
Cession
Le vent,
dans les terres sans eau de l'été, nous
quitte sur une lame,
ce qui subsiste du ciel.
En plusieurs fractures, la terre se précise. La terre
demeure stable dans le souffle qui nous dénude.
Ici, dans le monde immobile et bleu, j'ai presque
atteint ce mur. Le fond du jour est encore devant nous.
Le fond embrasé de la terre. Le fond
et la surface du front,
aplani par le même souffle,
ce froid.
Je me recompose au pied de la façade comme l'air bleu
au pied des labours.
Rien ne désaltère mon pas.
p.107
Sur le pas
EXTINCTION
Le nœud du souffle qui rejoint,
plus haut, l'air lié,
et perdu.
Ce lit dispersé avec le torrent,
plus haut, par ce
souffle.
Pour nous rêver torrent, ou inviter le froid, à travers
tout lieu habité.
De la montagne, ce souffle, peut-être, au début du jour.
L'air perdu m'éblouit, se fermant sur mon pas.
p.103