– Excusez-moi. C’est une mauvaise gouache que je vous présente-là, l’excursion sera à refaire un de ces jours. ...
Après une longue ascension, Thierry, le premier, s’avança dans la clairière qui formait comme une loge dominant plusieurs vallées. Mais, appuyé des deux mains à la balustrade de roc naturels, il ne put retenir un mouvement de déconvenue.
Durant le séjour des deux jeunes gens sous bois, la tourmente de neige s’était accrue. L’approche de la nuit jetait ses brumes sur le paysage, habillant funèbrement le moindre pli de terrain. Les flocons, qui tombaient maintenant lourds et serrés, noyaient toutes choses. A peine distinguait-on les courbes des vallonnements, quelques arêtes de montagne. Mais le pain de sucre de Montgaillard, mais les ruines de Roquefixade, mais, surtout, le sombre château de Montségur, dont le duc de Lévis Mirepoix évoqua si magnifiquement l’âme passionnée et indomptable, disparaissaient dans le brouillard.
Thierry se tourna vers Claire.
– Excusez-moi. C’est une mauvaise gouache que je vous présente-là, l’excursion sera à refaire un de ces jours.
L’automne, sur ces hauteurs, était déjà venu. Aux toits de chaume, fortement inclinés afin de donner moins de prise aux neiges, des feuilles mortes s’accrochaient ; d’autres, en tas, bordaient le chemin et, happées par les remous de la voiture, tourbillonnaient, affolées, avant de s’abattre un peu plus loin. Les fougères qui, l’été durant, avaient crû sur les talus, n’étaient plus que des squelettes friables ; Marie-Claire croisa une vieille femme qui, à l’aide d’une serpe, coupait les tristes brindilles et les jetait dans un grand sac, sur son dos.