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Critique de domi_troizarsouilles


J'ai eu un coup de foudre pour la couverture de ce roman, quand je l'ai vue pour la première fois en librairie ! Elle n'est pas particulièrement belle, et je ne suis pourtant pas particulièrement fan de croissants (d'ailleurs, tant qu'à faire cliché, je ne suis même pas française ! et le croissant n'a pas la même « valeur symbolique » en Belgique…), pour tout dire je préfère les pains au chocolat (ou chocolatines pour ne pas faire débat), mais c'est vrai que ce croissant a l'air réellement souriant et dès lors comme lumineux. Avec en plus le titre, il est très attirant, vraiment… Et puis, de toute façon, par définition les coups de foudre ne s'expliquent pas !
Là-dessus, j'ai quand même vérifié son prix en Kindle plutôt qu'en broché : sans surprise, en format électronique il est plus de 3 fois et demie moins cher. Ainsi, sans avoir encore regardé le 4e de couverture jusqu'à présent, j'ai fait une chose que je n'avais jamais faite auparavant, et m'abstiendrai sans doute de faire à l'avenir : alors que j'étais toujours en librairie, au lieu de photographier ce livre « pour mémoire » comme je fais généralement et décider ensuite tranquillement de l'achat ou pas à la maison, je l'ai [i]aussitôt[/i] acheté… en format ebook !
Évidemment, depuis lors il est resté dans ma bibliothèque-PAL interminable, plus ou moins oublié ; il fallait un challenge en particulier pour que je le ressorte tout à coup. Et c'est seulement là que j'ai – enfin ! – regardé le synopsis, et commencé à déchanter…

C'est que, bien loin de la littérature contemporaine telle qu'annoncée sur les divers sites de vente (ou dans ma librairie : il se trouvait dans ce rayon-là), ce livre est surtout un ouvrage de développement personnel aromatisé au feel-good, sous couvert d'un roman narrant les aventures d'un boulanger français, nommé bien à-propos Pierre Boulanger, devenu un richissime industriel, patron dans le domaine du croissant surgelé. Il achète usine sur usine, ne peut plus s'arrêter, amasse de plus en plus de fric, fortune croissant (sans mauvais jeu de mots) à mesure que s'approfondit sa déshumanisation. Une rencontre fortuite avec un vieux sage vendeur de hot-dogs va changer sa vie…

On entre ainsi typiquement dans une histoire de cheminement intérieur, que ce vieux sage va servir à notre Boulanger à coups de maximes et autres théorèmes, syndromes et citations – c'est du vu, vu, vu et revu dans le genre, que ce soit dans la littérature ou au cinéma. La seule originalité (et encore), c'est que c'est concentré en une seule histoire plus ou moins crédible, que le personnage principal ne paraît jamais aussi antipathique qu'il pourrait l'être et que le vieux sage tout à fait improbable finit par devenir sympathique. Il y a en outre des touches d'humour çà et là, qui m'ont parfois fait réellement sourire malgré l'ennui sous-jacent, et clairement l'auteur assume les côtés ultra-cliché de son récit, il y a des allusions-clin d'oeil à ce sujet, assez subtiles toutefois, ici ou là.

Il n'en reste pas moins que c'est typiquement le genre de livre qui ne m'attire pas du tout normalement, et qui m'insupporte très vite si je le lis ou, au mieux, que je trouve très vite ennuyeux au possible. Celui-ci n'a pas dérogé à la règle, et seule l'intrigue centrale (à la recherche du meilleur café du monde) donne envie de tourner les pages, mais franchement sans précipitation ni réel enthousiasme ; c'est plutôt une espèce de curiosité : mais qu'est-ce qu'il va bien pouvoir inventer pour nous convaincre ? Vous pourrez me dire : peut-être ai-je ce sentiment plutôt négatif, parce que je n'ai pas besoin d'un tel livre à ce moment précis de ma vie, et qu'il y a peut-être l'une ou l'autre chose à en retirer quand même ? Mouais… Pourtant, dans des moments moins heureux de mes « quelques » années (presque un demi-siècle quand même), je n'ai jamais ressenti le besoin de lire ce genre d'ouvrage, et si l'une ou l'autre âme bien-intentionnée m'en mettait alors un entre les mains, ça m'a toujours très vite agacée. Ce n'est pas une littérature que j'affectionne, voilà tout, et ce récit à l'allure pourtant sympathique ne m'a pas réconciliée avec le genre.

Et puis bon, soyons sérieux : c'est facile de prêcher que l'essentiel est ailleurs que dans l'argent, quand on a de l'argent à ne savoir qu'en faire et qu'il reste juste à se « recentrer » tranquille, puisque par ailleurs on peut vivre de ses rentes pour le restant de ses jours, ce que l'auteur souligne à plusieurs reprises. Oh ! on a aussi l'exemple du vendeur de hot-dogs, pauvre comme job et édenté (détail sur lequel on insiste beaucoup), mais qui se dit parfaitement heureux… sauf qu'il n'est pas convaincant un seul instant ! il n'est qu'un vieux sage (je sais, je me répète) que le lecteur considère comme tel, c'est-à-dire un peu illuminé, déconnecté de la réalité ; le vrai « héros » est l'industriel, pour qui les choses sont bien différentes, et qui peut se permettre d'être enfin « libre », puisqu'il a de toute façon déjà tout !
Attention : ne croyez pas non plus que je serais jalouse de cet homme et que j'écris ce qui précède par dépit. Oh que non ! Si – comme tout le monde au fond – j'aimerais avoir de l'argent à ne plus savoir qu'en faire, je reste aussi trop bien consciente que ce n'est jamais qu'un rêve flou qu'on sait aussi improbable que gagner au Lotto (oui oui, deux t en Belgique ;) . Et, dans tous les cas, même si ce type de « réussite sociale » reste ce qui nous est tellement souvent présenté comme une voie royale pour arriver à cette richesse rêvée, eh bien tant pis : je n'envie en aucune façon la vie d'un chef d'entreprise détaché des réalités au point de ne jamais emmener son enfant unique à la crèche, de ne même pas connaître le nom de sa secrétaire, et de ne plus savoir sourire alors que c'est la marque de fabrique de ses croissants… Sérieusement, quels que soient nos rêves de richesse.s, qui a vraiment envie de devenir un robot vaguement humain à faire du fric ?...

Quoi qu'il en soit, et malgré la sympathie qu'il finit par susciter, le personnage principal n'est pas représentatif du lecteur lambda, et ne m'a touchée à aucun moment. Certes oui, ce livre a le mérite de rappeler l'essentiel : l'argent ne fait pas le bonheur (du moins à partir d'un certain niveau de richesse), l'essentiel est ailleurs, à savoir dans un « vrai » bonheur qui est propre à chacun, et auquel on peut accéder lorsqu'on prend la peine de se retrouver soi-même et qu'on prend du temps pour ceux qu'on aime. En un mot : ce livre nous invite à nous recentrer, et propose même une pseudo-solution pour aider à sauver le monde.
Mais justement : le bonheur est propre à chacun, et clairement, non seulement le cheminement de ce héros de pacotille (hum, pardon, je voulais dire : le héros de ce pseudo-roman) ne m'a pas touchée un seul instant, mais je pense être capable – grâce à l'amour de mes proches notamment – de trouver le bonheur, ou ce qui y ressemble mais qui me convient (même si un vieux sage venait tout à coup me prétendre le contraire), sans avoir besoin de lire ce livre qui m'a plus ennuyée qu'autre chose, malgré quelques qualités narratives.
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