Un métier comme celui de Martine Garcin, le plus vieux du monde, dit-on, ne peut rester longtemps secret dans une petite ville comme La Carguat. Ça se sait vite, ça entraîne la confidence, engrène sur le quolibet, l’insulte, la malveillance. Envie rentrée pour les hommes, haineuse jalousie des femmes, le métier de prostituée développe chez l’humain ce qu’il a de plus vil. Rentrant chez elle par des nuits bien sombres, il arrivait à Martine d’entendre derrière elle des voix mal étouffées lui enjoignant, en termes anatomiquement très choisis, d’aller se livrer d’urgence à une toilette intime.
Qu’on n’aille pourtant pas croire que tout soit négatif dans ce triste bilan de l’humanité. Les progrès foudroyants de la médecine ont permis à la Terre de passer d’environ un milliard d’habitants à la fin du siècle dernier à plus de six milliards à l’horizon de l’an 2000. Dans cinquante ans, nous serons dix ou onze milliards, sur une planète où, il est vrai, l’air, l’eau, l’espace, la nourriture seront des denrées plus précieuses que le dollar. Mais, après tout, chacun sera connecté sur l’internet et aura droit à sa réalité virtuelle, qui vaut bien l’autre.
On n’a rien sans rien.
Le général Franco déclara : « S’il le faut, je ferai fusiller la moitié de l’Espagne. » En Afrique, l’empereur Bokassa confessait : « J’ai tué moins d’enfants qu’on l’a dit, et ils étaient plus âgés qu’on l’a prétendu. » Et l’on doit à son confrère ldi Amin Dada cette remarque dont la justesse n’est pas près de se démentir : « Un homme ne court jamais aussi vite qu’une balle de fusil. »
En ce bas monde, il y a tout de même une justice : tous ceux-là sont morts, aujourd’hui.
Si, postérieurement à 1945, aucun ne fut en mesure d’approcher, même de loin, le score de la Seconde Guerre mondiale, le globe terrestre resta le terrain d’une grande quantité de conflits localisés – plus de quatre-vingts en un peu plus de cinquante ans – qui n’épargnèrent aucune partie du monde et couvrent toutes les lettres de l’alphabet, de A comme Afghanistan à Z comme Zaïre. Ces guerres firent la fortune des marchands d’armes, lesquels n’étaient pas des voyageurs de commerce nantis d’une petite valise en carton, mais des États le plus souvent épargnés par le feu qu’ils soufflaient, USA, URSS et France se trouvant au premier rang des pompiers pyromanes.
Le « Rideau de fer », abattu en 1989, révéla du même coup que la Patrie du Prolétariat, ou l’Empire du Mal, comme on voudra, cachait des hordes de travailleurs incompétents payés à ne rien faire en roupies de sansonnet (qui valent à peine mieux que la roupie indonésienne) ; que l’industrie lourde se résumait en tuyaux crevés perdant leur fioul dans la toundra ; que l’armée faisant trembler la Terre était constituée d’une bande d’éthyliques montés sur du matériel rouillé, prompts à la désertion et incapables, quand on le leur demandait, de prendre un immeuble en plein Moscou ou de mater une bande de pouilleux en Tchétchénie.
15 mars 2021
Rencontre avec Jean-Pierre Andrevon, Romancier et Scénariste de Science-Fiction.
Modération : Julien de la Jal
Un entretien où il est question de "Gandahar", de René Laloux, Philippe Caza, un peu de Roland Topor et de Arthur C.Clarke, Le travail du Furet et du dernier ouvrage de JP. Andrevon "100 ans et plus de cinéma Fantastique et de Science-Fiction" donc de cinéma en général.