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Critique de RosenDero


Le furet est un animal domestique. Et comme tous les animaux domestiques, il écoute la voix de son maître. Même quand celui-ci l'emploie à assassiner, de sang froid, sans réflexion, sans pouvoir mot dire, certains de ses concitoyens tirés au sort, soi-disant équitablement et sans parti pris. Les furets font quand même un sale boulot… mais ils ont la sécurité de l'emploi !

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Premier livre de Jean-Pierre Andrevon que je lis (alors que j'en ai beaucoup entendu parler) et je me dis que le bonhomme à quand même un sacré talent. le bouquin entier est un exercice de style délicat et très particulier, en ce sens qu'il est écrit à la première personne et fait parler un personnage qui se passionne pour le cinéma et n'a jamais lu un seul livre de sa vie. Et bien pour le coup, c'est un coup de maître !
Ce style est certes ordurier, noir, cynique, violent, caustique, gore, irrespectueux, grossier, tout ce que vous voudrez, mais il n'y a pas une seconde où le lecteur ne vivra pas par les yeux de ce héros particulier.
Et figurez vous que M. Andrevon a même réussi à me faire venir maboulalagorge (merci @Luria pour l'expression) alors qu'elle n'était pas prévue ! Oui, la nausée je pouvais m'y attendre, mais l'émotion ? C'était pas prévu, non, non .

Bref, mis à part la crudité des scènes d'effacement (on ne dira pas meurtre puisque c'est « légal ») j'ai trouvé ce bouquin très bien. Tout d'abord car je me suis attaché à ce héros, justement car ce n'est pas un héros. C'est juste un clampin normal, pas très très futé (on voit venir la « révélation » à des Kms, et je pense que c'est fait exprès, justement), qui fait son job et rêve de sa petite vie tranquille. Bien sûr il a un des pires jobs qui soit, mais le Monde est comme ça (SF d'une France des années 2020) et il n'est pas pire que les autres, et on verra qu'il n'a pas un coeur de pierre. D'ailleurs, j'ai aimé qu'il soit pris dans l'engrenage, j'ai beaucoup apprécié la second moitié du roman avec le côté paranoïaque qui prend le dessus, le chat qui devient la souris et la dure réalité du pouvoir absolu.
J'ai également beaucoup apprécié l'univers, ce mélange du connu et de l'inconnu voir incongru (cette réutilisation des marques et des modèles pour leur fournir un avenir totalement barré), cette ville sombre et crade, ces quartiers huppés (avec soleil toute l'année) protégés des masses laborieuses, ce côté cyber-punk des mecs sans jambes ou avec des modifications physiques totalement dingues (un casque en guise de crane, une lame à la place des dents, etc.).
J'ai trouvé la construction du récit très bien faite, je suis passé de haine à pitié en passant par mépris et compassion. Et même si la fin est fataliste, elle est très « réaliste » et colle parfaitement avec le personnage.

Critique de la société. Critique du politique. Critique de l'obéissance aveugle. Critique de la violence. Critique du consumérisme. J'en passe.

Si vous n'êtes pas hypocondriaque (!) et que vous n'avez pas froid aux yeux, je recommande :)

Et je remercie chaleureusement les Trolls de Babel et leur magnifique forum de partage pour cette lecture commune ! @Foxfire @ludi33 @Masa @Shan_Ze ;)
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