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Un roman post-apocalyptique de 1979 qui n'a guère vieilli malgré quelques éléments très datés dans les références des personnages. C'est dire l'intérêt de ce roman : l'accident de Three Miles Island vient d'avoir lieu, c'est assez terrifiant, mais sans conséquence. Andrevon imagine un accident, peut-être d'origine nucléaire mais sans en être absolument certain, les circonstances sont laissées dans le flou, ce qui augmente les possibles et l'angoisse. Car l'ignorance est ici un élément majeur, qui accentue l'angoisse. le personnage principal, François, un individu ordinaire, ignore, comme les autres protagonistes , ce qui s'est passé. On comprend qu'il pense à un accident nucléaire, civil ou militaire (mais d'autres personnages n'en sont pas là). L'armée vient à leur secours, mais les traite comme des numéros, ils sont parqués dans un camp, qui évoque les camps de concentration par certains aspects. Surtout, ils restent dans une ignorance totale de ce qu'il se passe, de la situation, de ce qu'ils risquent. le lecteur ressent avec eux leurs interrogations et leurs incompréhensions, il baigne dans un climat étouffant, une ambiance anxiogène très réaliste. Après Tchernobyl et Fukushima ce récit n'a rien perdu de sa force tant il a pressenti l'attitude des autorités, incapables de sérieusement faire face et, du coup, choisissant de dissimuler la vérité, ce qui accentue l'angoisse autant que la situation et réduit les gens à des préoccupations immédiates faute de pouvoir les rassurer. La fin du récit, très ouverte, déçoit sur le coup, mais c'est la fin parfaite, sans issue avec au-delà le néant. Un roman d'anticipation très réussi !
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Je viens de lire encore un petit bouquin de cette collection ("Le passager clandestin") si bien faite, qui comporte des annexes remettant l'oeuvre en place dans le contexte de l'époque et avant.
Dans ce court récit de 1979, nous suivons quelques rescapés (un en particulier, François) d'une explosion nucléaire, rapidement parqués dans un vaste camp militaire, avec miradors et soldats bien armés. Cela ne vous rappelle rien ? La référence aux camps de concentration de la seconde guerre mondiale est récurrente tout au long du roman.
Ce livre, malgré quelques défauts (pas très féministe, François), nous permet de nous interroger sur ce que nous ferions et ce qui risquerait de nous arriver en de pareilles circonstances (une explosion nucléaire hélas tout-à-fait plausible à l'heure actuelle, qu'elle soit d'origine militaire ou industrielle - ce qui n'est pas non plus précisé dans le bouquin).
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Dans le sud de la France, à la fin des années 70, un éclair bleu illumine soudain le ciel. François, éberlué, est jeté sur la route avec quelques personnes qui se trouvent là, se demandant ce qui est arrivé. Une explosion nucléaire...le déclenchement d'une guerre atomique, ou...un accident à la centrale toute proche ?

Très vite va se mettre en marche une petite machine militaro-civile qui va gérer la situation...

Manipulation des masses, dissimulation de la vérité, dérive autoritaire du pouvoir, incapacité des autorités à faire face à la catastrophe...Ce récit est captivant dans la description de chaque instant de ces personnes à la fois angoissées et inconscientes de la gravité de ce qu'elles vivent. Le propos est rendu crédible parce que les personnages restent toujours dans des préoccupations immédiates et très terre à terre (la vague excitation causée par la proximité d'une femme, les envies d'uriner, les problèmes d'intimité liés à la promiscuité d'un camp...). L'absurdité de la situation et de son traitement par les autorités est bien suggérée, avec même une pincée d'humour par moment, juste pour mieux mettre encore en relief son caractère hautement réaliste.

La vision d'Andrevon, dès 1979, alors que vient de se produire l'accident de Three Miles Island, est assez terrifiante. A cette époque, cet accident a montré les risques du nucléaire civil, mais l'accident tueur massif ou hautement impactant pour l'environnement mondial n'est pas encore arrivé...Du coup, Andrevon axe peut-être davantage son propos sur les travers de nos démocraties, bien vite enclines à restreindre les libertés publiques et désinformer au nom de la sécurité nationale, l'intérêt supérieur de la nation ou d'autres totems de ce genre, que sur les pures problématiques écologiques. En 1979, ses personnages ont encore la hantise du nazisme, de l'univers des camps de concentration, palpable jusqu'au moment d'aller prendre une douche...

La fin ouverte pourrait décevoir à chaud, mais elle traduit aussi l'absence d'issue et une fatalité absolue, un noir sidéral. C'est très pessimiste sur l'humanité.

Mais ce texte garde aujourd'hui une actualité et une puissance d'évocation incroyable à plus d'un titre. Si l'on retient les menaces sur la démocratie, les libertés, la fraternité et l'humanité entre les gens, il offre une idée de ce que peut être la vie dans des camps de réfugiés, désormais multiples dans notre Europe impuissante...
Et si on se recentre sur la sphère du nucléaire, que dire ? Andrevon avait parfaitement vu ce qui s'est finalement passé tant pour Tchernobyl que Fukushima, les mensonges d'Etat éhontés, et le petit discours bien rôdé et quasi-unanime dans notre pays sur l'absence de risque en France...Nous voici complètement rassurés...en croisant les doigts, peut-être ?

Pour moi un des meilleurs textes, écrit dans un style d'une grande finesse, de cette sympathique collection dyschroniques parue au Passager clandestin, qui prend intelligemment le contre-pied du tout fantasy actuel pour revenir à la source de la SF d'anticipation, en nous présentant des textes peu connus du grand public.




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Publié initialement dans le recueil Dans les décors truqués en 1979 chez Présence du futur, la novella fut rééditée chez le Passager clandestin en 2015. L'histoire narre le destin de François et de quelques autres suite à un événement mystérieux : guerre, accident, attentat nucléaire ?
Alors qu'un petit groupe d'individus errent dans les paysages post apocalyptiques, ils sont recueillis par l'armée et envoyés dans un camp.

Que s'est il passé, pourquoi parquent-on la population ? Face aux éléments qu'ils ont vécu et devant le silence des institutions, chacun réagit comme il peut, et les réminiscences du passé reviennent en mémoire.
Une tranche de vie extraordinaire abordé d'une manière ordinaire : le quotidien. Comment réagirions nous face à l'impensable ? Dans abasourdissement du choc, la confiance en l'état et l'armée pour protéger est évident. Mais ...
Une écriture très visuelle, l'auteur nous immerge très rapidement dans la vie de notre protagoniste et arrive à faire monter la tension sur ce silence de ce qui s'est passé. La force du texte est de ne rien en dévoiler, qui en fait un récit très réaliste. Et cela force le lecteur à remplir les blancs, et à réfléchir.
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J'avais très envie de lire cette nouvelle de Jean-Pierre Andrevon, "Les Retombées". Il s'agit bien d'anticipation sur les solutions proposées par le gouvernement de la France en cas de catastrophe nucléaire. Cela m'a bien secouée car les citoyens irradiés sont secourus par l'armée et traités comme dans les camps de concentration. Avant le point final le personnage principal continue "à marcher, à marcher, à marcher". C'est ce qui s'appelle une fin ouverte ! Depuis j'ai découvert comme une suite possible dans la courte nouvelle de Fred Guichen "Pigeon Canard et Patinette", ici une forme d'humanisme reste possible. Lisez-la aussi, cela réchauffe un peu le coeur.
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"En 1979, Jean-Pierre Andrevon imagine un coin de France, le jour d'Après."

J'ai effectué un petit retour par la science-fiction depuis peu après des lectures des plus variées. le Nuage noir en était certes, mais plus de la Hard-Science dont le style un peu trop chargé de descriptions ne s'accordait que peu avec mes préférences. La petite ogresse était du fantastique intimiste et poétique. Et puis entre-temps entre ces lectures "officielles" chroniquées pour le blog (lien en dessous) et le présent petit livre dont je vais parler, il y a eu un peu de tout. Je cite pêle-mêle en vrac du policier doublé de chronique rurale (Rouge ballast), des BDs érotiques (dont l'excellent Deviances de Bernardo Munoz et le rigolo Couvent infernal), du classique littéraire (L'amant de Lady Chatterley), du classique de la BD (des astérix), une biographie romancée du pianiste Thelonious Monk, la première BD officielle de Tim (Quotidien survival), une autobiographie d'Haruki Murakami par lui-même (Autoportrait de l'auteur en coureur de fond en audio-livre, que je termine tranquillement là, au compte-goutte sur l'ipod), une étrange histoire d'amour déviante entre une jeune femme et un ordinateur mégalomane (La semence du démon de Dean Koontz. le titre est un peu ridicule mais le bouquin est très bien. Une adaptation en avait été faite en film en 1977 avec Julie Christie, Generation Proteus que je brûle maintenant de voir. Dans la même lignée que Rosemary's baby ce bouquin). Pfiouuuu, je crois que le compte est bon.

Et donc Les retombées où, je ne le cache pas, c'est sa couverture de nuage radioactif sur fond gris qui m'a tout de suite intrigué, surtout avec la 4ème de couverture se réduisant à une seule ligne énigmatique, telle que je la livre également. La science-fiction à la française est moins répandue que sa cousine anglo-saxonne et c'est un tort au vu de la richesse du langage exploité par les écrivains de nos contrées, sans compter l'imagination assez folledingue que ces derniers emploient généralement. C'est bien connu, en France, on a pas les moyens, mais on a les idées, alors côté livres, on a de quoi être servi et on a de grands auteurs même si généralement on passe toujours à côté (l'effet "nul n'est prophète en son pays" qui marche très bien avec les cinéastes aussi). Autant prévenir, Les retombées ne dépeindra pas un futur bourdonnant d'inventions fabuleuses et propre à mille rêveries de ce côté là. Non, ici, on est dans un futur pas si éloigné, voire un présent parallèle en ce sens que ce qui arrive dans le livre pourrait très bien arriver n'importe quand et c'est inquiétant.

La nouvelle, courte et implacable, met en scène dès le début, 5 personnages d'âges et de sexes différents tous situés dans le même coin de campagne, qui, à divers distances, voient au loin l'éclair et le nuage avant d'être frappés par le fameux souffle brûlant. Des gens qui ne se connaissent pas et se retrouvent, perdus, haletant et tentent de lier connaissance malgré le choc de la situation. Par la suite, ils sont récupérés par l'armée et parqués comme bon nombre d'autres, dans un camp vite construit à la va-vite mais la situation ne s'arrange guère. Avec une écriture simple mais nette, Andrevon décrit les sensations et sentiments mêlés de François, le narrateur, jeune ingénieur d'une trentaine d'années, pris dans la tourmente. Ce qu'il ressent et voit chez les autres, ses pensées et peur d'être irradiée tout comme de la situation qu'il tente de rationnaliser sans jamais y arriver.

Et Andrevon fait assez fort pour rester dans un sentiment de flou qui ne se relâchera pas du long. On ne montre pas les symptômes, on ne peux que les imaginer. le narrateur lui-même n'inspecte pas son corps, au lecteur de se poser des questions hors-champs (le fait que des gardes rient en lisant son dossier n'augure pas forcément quelque chose de bon) ou d'imaginer des horreurs. de même, comme l'on est embarqué avec le personnage, on a une vision forcément restreinte des lieux et de ce qui se passe. On dit aux "rescapés" du camp que le président va faire une allocution, il y a des haut-parleurs mais finalement, on entend rien. Comme si même tout le pays lui-même était à la dérive. A un moment, on bute dans un corps au sol dans le brouillard, corps qu'on a même pas pris la peine d'enterrer. On imagine des tirs de fusils et un rappel douloureux de situations étant déjà arrivées dans les camps au cours de la seconde guerre mondiale, mais comme le héros, on ne peut que spéculer et la fin ouverte ne peut que nous laisser intrigués. Et c'est tout à l'honneur d'Andrevon puisque vu la teneur de ce court récit, on imaginait mal une fin heureuse, pas plus qu'une fin pessimiste qui n'aurait fait qu'entrer l'histoire dans une dimension glauque et sordide là où tout le reste est des plus sobres.

Bref, un récit à lire au plus vite (et à conseiller même dans les écoles et collèges).



En bonus, quelques pages qui ont le mérite d'évoquer l'auteur ainsi que le contexte d'écriture de la nouvelle, dates historiques liées à la bombe atomique en main (et ce n'est pas plus rassurant pour notre époque actuelle) avec aussi quelques films et ouvrages à voir et lire (j'en connais quelques uns là-dedans tiens).
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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Ce roman court, récemment rééditée à part entière, est mon premier livre de Jean-Pierre Andrevon mais certainement pas le dernier.

J'ai voulu essayer de la science-fiction francophone en commençant par un petit livre de poche et comme plusieurs me tentaient j'ai laissé la couverture me convaincre. Comment ne pas être charmé par la puissance suggérée par ce champignon atomique qui contraste avec la sobriété du fond grisâtre à la texture de papier au tressage apparent ?
C'est assez évocateur de l’œuvre elle-même. On sait qu'une catastrophe est arrivée, peut-être d'origine nucléaire mais sans en être absolument certain, car les circonstances de l'évènement sont floues. Même la quatrième de couverture est très laconique, la seule phrase qui y est inscrite est :

"En 1979, Jean-Pierre Andrevon imagine un coin de France, le jour d’Après."

En effet, l'ignorance est un élément important de l'histoire. On suit notre protagoniste, François, après la catastrophe. Un type tout ce qu'il y a de plus normal à travers lequel le lecteur ressent toute son incompréhension face à un évènement inimaginable. On est jamais sur de rien ; où l'explosion a-t-elle eu lieu ? Une centrale a-t-elle explosé ou est-ce la guerre nucléaire ? Où va-t-on ? Où nous emmènent ces militaires ? Peut-on leur faire confiance ? Ces procédures sont-elles normales ?
Qu'il s'agisse de l'évènement passé, du présent ou du futur, l'incertitude omniprésente plonge ce récit d'anticipation dans une atmosphère anxiogène et réaliste.
Un style concis et fluide rend ces 108 pages très rapides à lire.
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Petite improvisation sur « les retombées » :

Marcher… marcher encore et toujours.
Marcher pour remonter le cours du temps, marcher pour oublier, effacer ce que l'on voit et retrouver les souvenirs et les traces du passé,
pour fuir le gris, pour fuir une autorité qui prend insidieusement possession de tout.
Marcher… marcher et espérer toujours
pour retrouver les femmes disparues, et là on commence à comprendre,
pour retrouver la lumière et le bleu du ciel d'avant,
le cours normal de la vie, des choses,
le concret et le construit que nous sommes en train de perdre en échange du chaos que l'on nous inflige par injonctions et injections.

Cette courte histoire, brève vision d'un nouveau monde en gestation, vu par l'entrebâillement d'une porte laissée entr'ouverte, pourrait être interprétée sur une scène de théâtre.
Le théâtre d'une vague opération militaire en cours : « Les Russes arrivent ! », lança d'ailleurs quelqu'un (page 144).
Pas ou peu de descriptions de quelconques manifestations pathologiques ni sur des séquelles de lésions par irradiations. L'auteur décrit plutôt l'angoisse, les douleurs morales lancinantes et l'atmosphère étouffante de l'enfermement. L'être humain n'est que poussière.

Le cataclysme a finalement eu lieu mais personne ne sait vraiment ni comment ni pourquoi. Entre attaque ou accident nucléaire et déportation sous dictature, le lecteur finit par croire, finit par adhérer à la manipulation, à la suprématie de l'occupant, finit par accepter l'impensable et l'horreur qui se lit entre les lignes et continue de marcher jusqu'au bout de la nuit dans l'espoir d'une lueur.

« Quand les futurs d'hier rencontrent notre présent… ».
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La quatrième de couverture est sibylline, mais associée à la couverture, on comprend exactement à quel jour d'après l'histoire fait allusion. C'est ce qui m'a intéressé dans cette novella, publiée à nouveau près de 30 ans après sa parution, mais toujours d'actualité. Que ce passerait-il le lendemain d'un incident nucléaire ? On peut se poser la question après ce qui c'est passé au Japon, à Tchernobyl... Elle est sans doute encore plus réaliste qu'à l'époque où a été écrit ce texte. Même si l'histoire semble évidente, voir toute tracée, elle ne l'est pas! L'auteur nous attache aux pas de François, pas le jour d'après mais les minutes après une violente explosion, qui laisse supposer un accident ou une attaque nucléaire. Comme les protagonistes du récit, nous sommes dans l'interrogation : que s'est-il passé? Accident? Guerre ? Que faire ? Nous allons suivre plusieurs personnages d'abord dans une course instinctive de survie, puis à travers leur premiers contacts ente rescapés, puis avec les autorités. Comme eux on ne saura pas ce qu'il en est, l'auteur nous laisse dans le brouillard le plus complet.
(...)
Lien : http://booksandme.canalblog...
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Au commencement, il y eut l'éclair, puis le grondement sourd de l'explosion, et, après le bruit, le souffle. Dès lors, l'espace-temps de la Terre s'est considérablement restreint à une sphère d'opacité et d'étouffement : le monde s'est obscurci sous l'amas de cendres et de sable s'égouttant d'un ciel mutique. Au beau milieu du chaos, il y a François, 31 ans, ingénieur. Dans ce décor aux contours fuyants, sa route croise celle d'autres fantômes égarés, puis des militaires viennent les embarquer dans un camion vers un camp. Une nouvelle apocalypse commence dans ce camp où chacun interroge ce qui a pu se passer, où François questionne, la peur au ventre, ce qu'il en est des retombées du cataclysme…

Comme l'indiquent les notes à la fin de la nouvelle, « « Les Retombées » paraît pour la première fois en 1979 dans le recueil Dans les décors truqués (Denoël, « Présence du futur »), avant d'être repris en 1983 pour le livre d'or de la Science Fiction consacré à Jean-Pierre Andrevon. » (p. 105.)
Dans cette nouvelle d'anticipation, Jean-Pierre Andrevon met en scène les questions essentielles de son époque (qui restent d'ailleurs d'actualité quelque 35 ans plus tard) dans un huis clos oppressant où domine la peur. C'est un personnage notamment qui va la porter, celui de François, l'ingénieur au fait de la menace nucléaire. le cataclysme, dont on ne sait rien, vient raviver des peurs anciennes et, au détour d'événements, c'est l'Histoire qui semble se jouer de nouveau en une parodie macabre : les camps de déportation se profilent lorsque soudain on vient demander aux réfugiés de se doucher pour se décontaminer. Quand des miradors sont érigés, Auschwitz semble reprendre vie, d'autant que François entend au loin des détonations sèches, en rafales discrètes. Et quand un civil en blouse blanche vient leur dire en bafouillant : « Dans l'immédiat, on va vous demander de bien vouloir vous rendre aux douches. C'est une première mesure de décontamination externe, heu… valable pour tout le monde. Cela ne veut naturellement pas dire que vous soyez contaminés. Il est même très probable que la plupart d'entre vous ne présentiez pas le moindre degré d'irradiation, les retombées ayant été très… quasiment inexistantes » (p. 46.), la minimisation à outrance rappelle étrangement la catastrophe de Tchernobyl qui aura lieu près de 7 ans après l'écriture de la nouvelle. Mais aucune preuve tangible ne peut apaiser les craintes de François, dans un sens ou l'autre. Alors l'angoisse le ronge peu à peu…

On peut louer ici le génie visionnaire de Jean-Pierre Andrevon, sa plume au style soigné, peignant à son lecteur un monde apocalyptique à grand renfort de métaphores aussi glaçantes qu'esthétiques.
Cette nouvelle joue habilement avec la peur, sait en rendre compte ligne après ligne, et toute sa force tient en ce qu'aucune certitude ne filtre au-delà des échos de l'Histoire qui ressurgissent çà et là. Et en même temps, comme aucune certitude tangible n'est donnée au lecteur, on referme la nouvelle sur un sentiment de frustration…
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