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Critiques filtrées sur 3 étoiles  


L’empire ottoman est né au 13ème, 14ème siècle. Son fondateur Orhan Gazi créa une armée de métier dont les soldats de l’infanterie, les janissaires, étaient enlevés enfants à leur famille chrétienne, pour être convertis à l’islam et formés à leur futur métier. Au siècle suivant la Serbie puis la Bosnie y sont intégrées, provoquant la conversion à l’islam de certains habitants orthodoxes. C’est l’un des enfants « cueillis » de cette région, Mehmed pacha Sokolovic, qui devenu vizir de Soliman le magnifique, le grand souverain ottoman du 16ème siècle, décidera de créer un véritable pont, une œuvre d’art pour remplacer un vieux pont de bois qui franchissait la Drina, près de la ville de Visegrad.
Le congrès de Berlin de 1878 confia la Bosnie Herzégovine faisant toujours partie de l’empire turc à l’empire austro hongrois, qui l’annexera en 1907.
C’est donc l’histoire de ce pont qu’Ivo Andric nous conte à travers les portraits de quelques habitants sur quatre siècles. Histoire complexe, que l’on ne perçoit que par les yeux des habitants qui semblent assez fatalistes. Il est donc difficile de vraiment suivre les évènements si l’on n’est pas déjà au fait de l’histoire des Balkans. Cependant Andric est un excellent conteur et le livre très agréable à lire.
Le premier chapitre offre une description précise de ce pont que l’on n’a pas par la suite de mal à se représenter. Une particularité de ce pont est qu’il offre en son milieu un débordement de chaque côté, et c’est sur cette terrasse, la kapia, suspendue sur l’eau que les hommes se réunissent pour discuter, fumer, boire et beaucoup d’autres choses.
Je ne mets cependant que trois étoiles car j'ai été un peu frustrée par l'absence de références à l'Histoire, encore que je comprenne que ce n'était pas là le propos.
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Je n'avais jamais entendu parler de ce livre, et en consultant la liste des Nobel ce titre m'a fait tilt. Dans la même semaine, je tombe dessus par hasard à la bibliothèque avec l'étiquette "coup de coeur".

Me voilà lisant pour la première fois un auteur serbe. Tout d'abord j'avoue ma totale inculture de l'histoire de la Bosnie-Herzégovine et je ne savais même pas qu'il existait une rivière du nom de Drina.

Le personnage principal est donc le pont Mehmed Pacha Sokolovic, du nom de son constructeur, situé près de la petite commune de Visegrad. Ce pont en pierre, gigantesque et magnifique, est construit avec une petite terrasse en son centre, nommée la Kapia. Et cette Kapia est le lieu de rencontres des villageois pendant près de quatre siècles.

Nous suivons donc la construction de ce pont, puis tout ce qui se joue et se déjoue sur cette Kapia, et dans le village proche.
Nous découvrons les légendes liées à ce pont, les inondations, les mariages, les déconvenues amoureuses, les discussions religieuses, les discussions politiques, les fêtes, les arrestations, les scènes de torture, les suicides, les joueurs, l'hostellerie de pierre, l'hôtel de Lotika, les trahisons mais et surtout l'oisiveté propre aux habitants de ce petit bourg.

Nous découvrons aussi sous nos yeux tous les conflits qui ont eu lieu près de la frontière actuelle serbe, et le lot de soldats que le pont et la ville ont accueilli au fur et à mesure des années. Les turcs, les autrichiens, les serbes, les musulmans, des juifs se sont cotoyés au cours des siècles. Nous suivons l'avancée des progrès industriels, et l'arrivée du chemin de fer qui rend caduque l'utilisation du pont.
Puis les bombardements finaux et la destruction du pont. (réparé depuis et inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco).

Ce livre est un livre marathon. C'est une succession de petites histoires, de petites anecdotes, et il n'est pas toujours facile de suivre entre les différents noms.
Ce qui m'a semblé perturbant c'est cette sensation de ne pas être en terrain familier. Je ne connais ni l'histoire politique de cette région, ni les relations entre musulmans et chrétiens de ce coin, ni les tenants et les aboutissants de l'occupation autrichienne, ne suis pas familière des paysages, des lieux, des armées locales, des noms locaux.
Je ne sais pas si j'ai aimé, mais la traduction est, paraît-il, très fidèle et très belle et j'ai aimé le style. Je ne suis pas très friande des histoires sans intrigue centrale et de ce type de juxtaposition d'intrigues (parfois quelques personnages récurrents pourtant). J'ai néanmoins compris la puissance de l'oeuvre et le style de ce prix Nobel, mais peut-etre suis restée à l'orée de cette oeuvre magistrale.
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LC avec Bellonzo :-)

La première partie raconte la construction au 16ème siècle de ce pont situé dans une région entre Turquie, Autriche, Serbie et Bosnie. L'auteur sait retranscrire l'ambiance d'une place grouillante de monde, d'un pont à la fois lieu d'échange mais aussi de séparation. La nature ne se laisse pas dompter si facilement et la construction sera longue et laborieuse.

L'écriture m'a intéressée mais l'histoire moins : en effet il s'agit plus de chroniques (qui s'étendent du 16ème siècle au 20ème siècle) que d'un roman avec des personnages que l'on prend plaisir à suivre (d'autant plus que les personnages mis en avant meurent souvent jeunes et dans des circonstances tragiques : empalement, suicide, tortures…)

Turcs, musulmans, chrétiens, juifs se croisent sur la kapia (terrasse sur le pont où est installé une sorte d'auberge), à la fin du 19eme siècle l'occupant se fait autrichien.
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C'est avec beaucoup d'enthousiasme que j'ai débuté la lecture du pont sur la Drina, qui narre l'histoire d'un pont (on aurait pu s'en douter) reliant les deux rives de la ville de Visegrad, située aujourd'hui en Bosnie-Herzégovine.

Ce vaste édifice en pierre est le témoin des siècles qui passent, et le point de départ d'un long conte que nous partage Ivo Andric, faisant défiler de multiples personnages (notables, étudiants, soldats, commerçants, jeunes femmes, tenancières, amoureux, bosniaques, serbes, autrichiens, ottomans...) et de nombreuses époques... ... ...rendant ce bouquin malheureusement un peu (beaucoup) chiant. le temps y est comme suspendu, presqu'immuable, rendant les milliers de petites vies grouillantes autour du pont bien insignifiantes.

Au-delà de cette narration soporifique, on capte toute de même quelques éléments sur la place des femmes dans les Balkans, l'évolution des rapports en Serbes et musulmans (ou plutôt entre orthodoxes et musulmans, ou entre Serbes et Bosniaques), la longue domination ottomane et celle plus courte et moins connue mais non moins importante des Autrichiens, ou encore sur les idéologies naissantes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle et leur propagation depuis les grandes capitales jusqu'aux tréfonds des Balkans.

Une longue fresque sur l'histoire de la Bosnie-Herzégovine, accessible à condition de se faire un peu violence face aux longues descriptions de l'auteur.
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L’auteur, Ivo Andric, prix Nobel de littérature en 1961, est désormais peu connu. "Le pont sur la Drina", qui est sans doute son meilleur roman, est également presque oublié. Pour ma part, je l’ai lu deux fois: d’abord quand j’étais jeune, puis après les guerres dans l’ex- Yougoslavie. Cette seconde fois, j’ai trouvé que ce livre donnait un éclairage pertinent sur l’histoire et les moeurs de cette nation aux visages multiples, divisée en raison de leurs religions différentes: Bosniaques musulmans, Serbes chrétiens orthodoxes. Juifs…
L’idée directrice du romancier, c’est d’ordonner le récit autour du pont sur la rivière Drina, à Visegrad, dans la région frontière entre Serbie et Bosnie. Il a été construit au XVIème siècle sur l’ordre du grand vizir de Soliman le Magnifique, contraint de devenir musulman pendant son enfance. Le lecteur assiste à divers moments de l’Histoire des peuples qui vivent près du pont. L’un des premiers chapitres relate un épisode particulièrement horrible survenu au cours de la construction de l’ouvrage: l’occupant turc tout-puissant condamne un Serbe au supplice de l’empalement (de ma première lecture, j’avais retenu uniquement ceci). La suite du roman est bien moins éprouvante pour le lecteur et d’autres épisodes illustrent les moeurs d’autrefois, ainsi que les oppositions entre ethnies. Mais, à vrai dire, j’y ai trouvé quelques longueurs... L’horloge de l’Histoire se remet en marche quand les Autrichiens mettent la main sur la région et imposent une certaine modernité à une contrée restée longtemps réfractaire aux idées nouvelles. Bientôt, ce sera la première guerre mondiale et tous ses bouleversements: le pont sera détruit.
Malgré quelques imperfections, ce grand roman mérite d’être lu pour les raisons que j’ai indiquées au début de ce commentaire.
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Le pont de Visegrad, achevé en 1577, fut construit par ordre de Mehmed Pacha Sokolović, enfant du pays enlevé dans sa jeunesse par les ottomans, pour être islamisé de force, et qui fut à l'âge adulte grand visir de Soliman le Magnifique. Il est situé en l'actuelle Bosnie-Herzégovine et a été consacré par son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco en 2007.

Le Pont sur la Drina, est une fresque sous forme de chronique, qui retrace l'histoire de cette contrée d'Europe marquée par les nombreuses invasions, occupations et conflits en évoquant la figure imposante, stable et durable d'un pont, repère d'une société sujette à de réguliers bouleversements. Lieu d'unité, de passage mais aussi lieu frontière, ce pont est un symbole, il est l'objet de légende, de contes; lieu d'échanges économiques et sociaux il représente une sorte de lien entre les communautés confessionnelles et ethniques qui vécurent en Bosnie plus ou moins en bonne intelligence, sur cette terre à cheval entre l'orient et l'occident. le pont de Visegrad fut le théâtre et le témoin privilégié de la domination sans partage des ottomans, de l'occupation austro-hongroise, des guerres balkaniques et des conflit mondiaux qui suivirent. L'oeuvre de Ivo Andric se présente comme une collection de chapitres séparés par de longs intervalles de décennies allant toujours plus en diminuant, couvrant une période de temps s'écoulant entre la construction du pont et la Grande Guerre. La première sensation qu'on éprouve est un manque d'unité du livre à cause de l'important laps de temps qui sépare les chapitres et à l'évocation de personnages qu'on ne retrouve plus à la section d'après. Ainsi les générations défilent ne laissant guerre de trace dans la mémoire, seul subsiste dans son apparente immutabilité le pont, souverain et solide. Fort heureusement, au fil du déroulement de la chronique, une certaine continuité s'instaure et on arrive à suivre les destinées des personnages et de leurs descendants. On y perçoit la montée progressive des conflits et des divergences de vue et d'espoir entre les communautés, jusqu'à l'attentat perpétré par Gavrilo Princip sur les personnes de l'Archiduc François-Ferdinand et de sa femme à Sarajevo.

Le livre a le mérite de faire connaître au lecteur sa vérité ethnographique et les particularismes d'une contrée qui a subit une histoire des plus mouvementée. Malgré une forme qui apparaît parcellaire au début, la lecture bénéficie d'un regain d'intérêt dans le dernier tiers du volume avec l'évocation des aspirations qui se faisaient jour à l'orée du premier conflit mondial.
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Le pont sur la Drina, par Ivo Andric. La rivière Drina, qui se jette dans le Danube par l'intermédiaire d'un autre cours d'eau, la Save, se situe près de la frontière serbo-bosniaque. le pont sur la Drina a été bâti à la fin du XVIe siècle, sous l'impulsion du vizir Mehmet Pacha Sokolovic, Turc d'origine serbe, et illustre l'apogée de l'architecture ottomane. Avec ses onze arches, long de 180 mètres, doté d'une certaine élégance, il possède une petite extension en son centre, nommée kapia, qui l'élargit et constitue un lieu où les habitants se retrouvent, s'assoient et boivent de la rakia ou du café. Les habitants sont ceux de la ville de Visegrad, des Serbes chrétiens, des Juifs, et des Musulmans qui sont majoritaires. L'Empire Ottoman qui a administré la région pendant quatre siècles, a imprimé sa marque, en islamisant la Bosnie-Herzégovine. En 1878, c'est l'Empire Austro-Hongrois qui prend la relève, et occidentalise la population jusqu'à la fin de la première guerre mondiale.
Ce n'est pas mon goût de l'Histoire qui s'exprime là, c'est que le pont sur la Drina, le roman est une sorte de chronique qui s'étale sur plus de trois siècles et a pour début et pour centre ce pont, aujourd'hui vieux de plus de 400 ans. C'est une chronique romancée qui mêle savamment le vrai, L Histoire, et l'imaginé, le roman et, au fil des pages, c'est finalement le talent du romancier que l'on ressent. Si le pont a une vie, et même une âme (d'essence divine, dit Ali Hodja), ce sont les gens, leurs parcours, leurs destins qui intéressent l'auteur, ainsi que l'ambiance dans laquelle ils évoluent, et les changements survenus au cours des ans dans une région ballottée entre l'Orient et l'Occident. Andric s'en sort fort bien en mêlant humour et sens du tragique, voire un penchant à l'occasion pour l'horreur.
Les anecdotes au long des siècles, les portraits de personnages marquent la lecture avec force. J'ai retenu, au cours de l'Occupation turque, émaillée de guérillas ou d'escarmouches entre Serbes et Ottomans, la mise à mort par empalement et l'agonie atroce aux yeux de tous de Radisav, accusé d'entraver la construction du pont, scène d'une cruauté à peine soutenable, le mariage forcé de la belle Fata, qui finit par y échapper en se jetant du pont dans la rivière. Sous l'occupation austro-hongroise, un moment fort est le suicide du soldat Gregor Fédoune qui ne se pardonnait pas de s'être laissé prendre au piège d'une jeune femme enjôleuse qui avait réussi, au prix d'une promesse fallacieuse, à faire passer par le pont un rebelle recherché partout. Les personnages les plus marquants sont Lotika, belle juive qui tient son hôtel avec une grande autorité et une magnifique générosité, Le Borgne, tsigane, fils de rien, amoureux malheureux moqué par tout le monde et qui aura son heure de gloire, Ali Hodja, musulman traditionnaliste, qui n'accepte pas l'agitation qui secoue le monde d'alors et voue au pont un culte sacré.
Ivo Andric, croate catholique d'origine et serbe d'adoption, traverse les siècles, évoque les périodes de solidarité entre chrétiens et musulmans, et celles de conflit ethnique, sans parti pris, avec un fort esprit de tolérance. Cela étant, il fut lui-même un nationaliste engagé dans sa jeunesse, et il décrit en connaissance quelques scènes de controverses entre étudiants, les uns partisans d'une Serbie libre et forte, les autres en quête de révolution sociale. Cela à la veille de le Première Guerre mondiale, quand le déclencheur du conflit fut l'assassinat de l'héritier du trône austro-hongrois par un serbe nationaliste. Innocent, le pont sur la Drina en paya le prix…
Ivo Andric obtint le prix Nobel de littérature en 1961.
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Belle écriture, j'ai apprécié cette lecture sur l'histoire d'une région que personnellement je connais(sais) peu. Nombreux personnages et au final, difficile de s'attacher à un en particulier. Sans doute normal quand le principal est tout simplement...
...le pont sur la Drina.
Ne ressortant pas transcendé, j'ai le sentiment d'être passé à coté de quelque chose. Pourrais avoir envie de le relire d'ici quelques mois....
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le pont sur la Drina relie la Serbie et la Bosnie, l'orient et l'occident. C'est un lieu de vie pour le village de Visegrad. Construit au 16e siècle par le vizir Mehmet, le pont sera témoin de l'histoire du lieu, de ses liens avec la Turquie puis l'Occident. la narration alterne entre le résumé de longues périodes synthétisées, pour comprendre l'évolution de la façon de vivre des habitants, et concentration sur un personnage au destin particulier: Radisav le Serbe est empalé sur le pont car il a essayé d'en saboter la construction; la jeune FAta se noie pour éviter le mariage; le Turc Ali Hodja se fait clouer par l'oreille par ses compatriotes qui le croient à la solde de l'occupant austro-hongrois. le roman se finit avec les bombardements de la 1ère guerre mondiale qui endommagent le pont. J'aurais du consulter l'histoire de la Serbie avant de lire ce roman ! le style est très agréable mais j'ai préféré la première partie, moins la fin qui fait de longs développements sur le contexte de 1914. Il m'a fait penser à "cent ans de solitude" où le romancier prend aussi un lieu et y fait défiler des personnages souvent hauts en couleurs...
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