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Critique de Melopee


Inspiré d'un fait réel qui a défrayé la chronique à Taïwan, une femme de boucher à tué et dépecé son mari dans les années 80. En apparence inoffensive et craintive, la jeune femme était décriée dans le village au point qu'elle était mise à part et considérée comme une bête curieuse. Être boucher en ce temps-là c'est être destiné à la damnation car la mort est le lot commun de ces gens un peu marginaux.
Un couple infernal en somme qui cèle un pacte dans le malsain, dans un quotidien fait de violence, d'alcool et de misère.
C'est une histoire bien prenante car la petite population gravite autour de ces deux là, chacun jase sur ce qui se passe dans le foyer, chacun pense que c'est Lin Shi, l'épouse, qui attire les foudres de tous.
Quant au boucher, Chen-le-tueur-de-porcs, il accumule tous les vices : brutal, sanguinaire, sadique... Il fait de la vie de sa femme un enfer et provoque celle-ci pour que le démon s'empare d'elle. A son détriment, à lui !

Li Ang a obtenu avec La femme du boucher (repris sous le titre plus provocateur de Tuer son mari) le plus prestigieux prix littéraire là-bas, le Lianhe bao (L'union), à sa sortie. Pour un premier roman c'est une consécration qui place sur cette jeune auteur tous les espoirs. Effectivement le livre est d'une force assez extraordinaire dans le vocabulaire et la fluidité du style. Entre violence, sexe et tourments réguliers et séquencés on s'attendrait à un roman écrit par un homme dans la force de l'âge.
Mais c'est une jeune femme iconoclaste d'une trentaine d'années qui fige ce faits divers et le romance. La fiction est troublante et la valeur de cette oeuvre est indéniable.

Le roman commence avec l'article relatant les faits réels dans un journal national de l'époque. On part donc du fait tel qu'il a eu lieu pour revenir sur les mécanismes qui ont conduit à un tel drame au sein d'une famille qui paraissait, si ce n'est pas banale, du moins sans histoire. Et la découverte du schéma en place révèle son lot de surprises pour nous conduire au dénouement tant attendu rendu avec un sang froid qui nous laisse coi. Mais le plus étrange c'est qu'on ne parvient pas à s'apitoyer sur le sort de la femme et encore moins sur celui du mari. Malgré les privations qu'il lui astreignait, elle a acquis au fil du roman une légitimité et un pouvoir de manipulation qui la rend indépendante et libre d'agir. Résultat assez surprenant !

Un livre prenant qui incite à se procurer d'autres livres de Li Ang. le jardin des égarements risque d'être une de mes prochaines lectures.
Je vous avais présenté hier Essais de micro d'un autre auteur taïwanais et j'ai voulu continuer sur cette lignée d'auteurs un peu atypiques sur leur île isolée.
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