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Georges Zaragoza (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080711304
286 pages
Flammarion (08/04/2002)
3.22/5   9 notes
Résumé :

En Espagne, le retour à la monarchie des Bourbons, en 1814, après le départ des armées napoléoniennes, provoque l'exil de nombreux jeunes intellectuels, parmi lesquels Àngel de Saavedra, plus connu ensuite sous le nom de duc de Rivas. Il trouve refuge en France et, alors que sur les scènes théâtrales parisiennes s'opposent classiques et modernes, il entreprend l'écriture de Don Alvaro o la Fuerza del sino... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Don Alvaro Ou La Force du Destin est une pièce en cinq actes — dénommés cinq journées, comme à la grande époque du siècle d'or espagnol — et écrite en vers et en prose par Ángel de Saavedra, devenu sur le tard duc de Rivas, éminente personnalité politique, militaire et littéraire espagnole de la première moitié du XIXème siècle.

C'est une tragédie romantique par excellence, du genre de celles qu'aurait pu nous concocter Victor Hugo, par exemple. À la différence qu'ici, derrière la fiction, on retrouve beaucoup de similitudes entre ce brave Don Alvaro et l'auteur lui-même.

Lui qui est issu de la plus pure et de la plus haute noblesse andalouse ; lui qui a aussi su faire montre de sa valeur et de sa bravoure au combat face aux armées de Napoléon ; lui encore qui est un Grand d'Espagne ; lui pourtant qui est contraint à l'exil ou à se cacher comme le dernier des malfrats ; lui enfin qui revient en grâce... comme pour mieux être disgracié de nouveau.

Eh bien il y a vraiment de cela dans cette pièce, où le bel et noble Alvaro se fait ravaler au rang des chiens, sous prétexte que toutes les branches de son arbre généalogique n'auraient pas la couleur voulue.

Il vient d'Amérique, c'est un fait. Selon la lumière, sa peau a des colorations d'un mat peu ordinaire, c'est un autre fait. Mais il a un nom, des manières, une fortune qui le rendent respectable aux yeux de tous. Aux yeux de tous, sauf du marquis de Calatrava qui lui fait l'affront de lui refuser la main de sa fille Léonore alors même que les deux jeunes gens brûlent du plus torride amour.

Non content de lui refermer la porte au nez, le marquis de Calatrava expédie sa fille pour une destination inconnue à la campagne, histoire de la soustraire aux regards et aux tentations qu'ils pourraient avoir mutuellement d'enfreindre son interdiction.

Noblesse des sentiments face aux bouillonnements de la passion, lesquels seront les plus forts ? Car on a beau être mécontent d'un verdict, le respect dû à un marquis, surtout s'il est père de celle que l'on convoite doit primer sur tout. de même, l'on a beau être rebelle, lorsqu'on est fille d'un marquis, qui plus est d'un marquis aimant, on vénère son père et l'on y réfléchit à deux fois avant de lui désobéir.

C'est pourtant, et malgré tous les obstacles, ce qu'ils sont prêts à faire, Don Alavaro et Doña Léonore, méditer un sournois enlèvement et se marier en catimini pour se réfugier ensuite sous les ailes infranchissables d'une union divine afin de vivre leur amour comme il leur convient.

Le destin. le destin, Alvaro ! La force du destin. Tu n'y avais pas pensé, malheureux ! Quand rien ne se goupille comme il le faudrait, quand un battement d'aile de papillon en Australie provoque un cyclone aux Caraïbes. Non, décidément, rien de rien ne se déroule comme tu l'aurais espéré mon pauvre don Alvaron, fier et brave Alvaro, infortuné Alvaro...

L'auteur parvient au XIXème siècle à redonner à sa pièce un souffle qu'on croyait disparu, le souffle étonnant de la littérature espagnole du fameux siècle d'or de Cervantes et Lope de Vega. Il y greffe également tout le romantisme de son époque, tel qu'auraient pu le savourer des dramaturges allemands comme Schiller ou Kleist. le produit fini ne me semble pas très éloigné d'une facture et d'un discours à la Hugo.

Si j'essaie de prélever la nature du message qui y est délivré, j'y vois tout d'abord une puissante dénonciation du préjugé en général et du préjugé raciste en particulier. J'y vois aussi un fatalisme très noir, qui prétend que quoi que vous fassiez, quand il est écrit que les choses doivent tourner mal, elles tournent mal de toute façon. Et une telle vision négative sur la force du destin peut éventuellement se comprendre dans son cas personnel, lui qui a assisté à l'effondrement de la puissance espagnole de par le monde et de sa classe dirigeante (dont il faisait partie) mais qui repose selon moi sur des prémisses fausses.

Au final, une bonne pièce, solide mais pas incontournable selon moi. Ceci n'est bien entendu qu'un avis, c'est-à-dire, très peu de chose.
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Cette tragédie ressemble énormément à celle intitulée Hernani de Victor Hugo. Les retournements de situation sont multiples et nous laissent constamment espérer une fin heureuse. J'ai bien aimé cette pièce sans toutefois avoir été transportée par la tragédie.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'AUBERGISTE : Colasa, dans notre métier
pour réussir, il faut
que la maison soit en repos
et qu'aucun ne soit incommodé.
Jamais se mettre à renifler
qui peuvent être les voyageurs ;
ni se répandre en conversations
lorsqu'ils arrivent ici ;
bien servir, dire " non " ou " oui ",
empocher l'argent et motus.

(MESONERO : Colasa, para medrar
en nuestro oficio, es forzoso
que haya en la casa reposo
y a ninguno incomodar.
Nunca meterse a oliscar
quiénes los huéspedes son ;
no gastar conversación
con cuantos llegan aquí ;
servir bien, decir " no " o " sí ",
cobrar la mosca, y chitón.)

Deuxième journée, Scène II.
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LE CHANOINE : Les pères ont le droit de marier leur fille avec qui leur convient.
L'OFFICIER : Et pourquoi don Alvaro ne lui convient-il pas ? Parce qu'il n'est pas natif de Séville ? Des gentilshommes naissent également en dehors de Séville.
LE CHANOINE : Des gentilshommes naissent en dehors de Séville, c'est vrai, monsieur : mais don Alvaro l'est-il ? Nous savons seulement qu'il est venu des Indes, il y a deux mois, et qu'il a ramené deux Noirs et beaucoup d'argent... Mais qui est-il ?

(CANÓNIGO : Los padres tienen derecho de casar a sus hijas con quien les convenga.
OFICIAL : ¿ Y por qué no le ha de convenir don Álvaro ? ¿ Porque no ha nacido en Sevilla ?... Fuera de Sevilla nacen también caballeros.
CANÓNIGO : Fuera de Sevilla nacen también caballeros, sí, señor ; pero... ¿ lo es don Álvaro ?... Sólo sabemos que ha venido de Indias hace dos meses y que ha traído dos negros y mucho dinero... Pero ¿ quién es ?...)

Première journée, Scène II.
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DON ALVARO : Il semble, oui, qu'à mesure
qu'elle est plus amère et plus dure,
le destin allonge
et prolonge notre vie.
Si elle ne nous est accordée
que pour souffrir
et que celle de l'homme heureux
ne peut être que brève, puisque de chagrin
elle ne comble pas sa victime,
qu'il est terrible de naître !

(DON ÁLVARO : Perece, sí, que a medida
que es más dura y más amarga,
más extiende, más alarga
el destino nuestra vida.
Si nos está concedida
sólo para padecer,
y debe muy breve ser
la del feliz, como en pena
de que su objeto no llena,
¡ terrible cosa es nacer !)

Troisième journée, Scène III.
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MÉLITON : Qui est-ce ?
LÉONORE : Une personne qui désire vivement, très vivement rencontrer tout de suite le révérend père supérieur. [...] C'est quelque chose de très important.
MÉLITON : Mais pour qui ?
LÉONORE : Pour la créature la plus malheureuse du monde.
MÉLITON : Mauvaise recommandation !

(MELITÓN : ¿ Quién es ?
LEONOR : Una persona a quien le interesa mucho, mucho, ver al instante al reverendo padre guardián. [...] Es una cosa muy interesante.
MELITÓN : Pero ¿ para quién ?
LEONOR : Para la criatura más infeliz del mundo.
MELITÓN : ¡ Mala recomendación !)

Deuxième journée, Scène IV.


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DON CARLOS : Sauvez sa vie, sauvez-le ;
tentez tous les remèdes
de l'art et je vous promets
une récompense...
LE CHIRURGIEN : Je vous en sais gré.
Pour accomplir mon devoir
il n'est point besoin de don.
Sauver la vie de ce brave
est pour moi du plus grand intérêt.

(DON CARLOS : Salvad su vida, salvadle ;
apurad todos los medios
del arte, y os aseguro
tal galardón...
CIRUJANO : Lo agradezco.
Para cumplir con mi oficio
no necesito de cebo,
que en salvar a este valiente
interés muy grande tengo.)

Troisième journée, Scène VII.
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