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EAN : 978B009L8LOJI
Ulan Press (20/09/2012)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Publié en 1903, Le chemin des saisons est un recueil de poésies d'Auguste Angellier.
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Promesses de mars


Quand Mars sème ses giboulées
Dont la grêle folle étincelle,
Quand, de ses blanches aiguillées,
Le givre brode de dentelle
Les noires branches des allées,

Dans les herbes renouvelées
Déjà prêtes pour l'asphodèle,
D'exquises senteurs exhalées
Annoncent le retour fidèle
Des douces brises exilées :

Et des collines aux vallées,
Le petit rouge-gorge appelle,
Secouant ses ailes mouillées,
Les jours où le bois entremêle,
Pour cacher les nids, ses feuillées.

Mais aux âmes inconsolées
Qu'importe que Juin amoncelle
Sur les vieux murs les giroflées,
Et que dans les airs bleus ruisselle
Un flot de chansons roucoulées ?

Mes espérances sont allées
Dans la froide tombe avec celle
Qui dort au champ des mausolées ;
Le Printemps est mort avec elle ;
Toutes saisons sont désolées.
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La cigogne
À Paul Vérola.


Quand la blanche cigogne, à travers le ciel bleu,
Frappant à larges coups d'air de sa puissante aile,
Le col tendu, ses pieds roses pendant sous elle,
Vole vers les climats d'or, d'azur et de feu,

Emportée à son rêve, et buvant dans l'éther
L'ivresse des éclairs, elle perçoit à peine
Le long déroulement de l'incessante plaine,
Des fleuves, des forêts, des vallons, de la mer ;

Les champs et les coteaux, sortant de l'horizon,
Disparaissent soudain dans une fuite infime ;
Et les grandes cités, comme au fond d'un abîme,
N'existent qu'un instant et s'éloignent d'un bond ;

Un jour lui fait franchir les bornes d'un pays ;
Dans les vents quelle fend ou bien qu'elle devance,
Infatigablement son fort désir la lance
Vers les cieux aux soleils toujours épanouis.

Mais soudain son regard prodigieux a vu,
Dans la fente d'un roc, sous un pied de fougère,
Ramper le glissement furtif d'une vipère ;
Son inflexible vol d'un coup s'est abattu.

Quand sa chute s'arrête et remonte en essor,
Elle emporte, dans l'air frissonnant, le reptile,
Et, dans son bec couleur d'aurore, le mutile,
Tandis qu'en noirs replis il se noue et se tord.

Alors, songeant toujours aux éclatants soleils,
Aux longues stations au bord des eaux sacrées,
Ou sur les minarets aux coupoles dorées
Où le soir lumineux ruisselle en flots vermeils,

Joyeuse, elle reprend, à la calme hauteur
D'où les terres sans fin redeviennent lointaines,
Son vol splendide, dont l'ourlet noir de ses pennes
Isole dans l'azur l'éclatante blancheur.
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La tristesse du vent.
À Gaston Stiegler.


Que veux-tu répondre au vent qui soupire,
Au vent qui te dit le chagrin des choses,
Le trépas des lis, des lilas, des roses,
Et des clairs essaims gelés dans la cire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Il dit qu'il est triste et las de conduire
Le gémissement de tout ce qui souffre,
De frôler toujours ce qui tombe au gouffre,
De passer partout où la vie expire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Lui répondras-tu qu'un cœur peut suffire.
Un seul cœur humain chantant dans la joie,
Pour le consoler de sa longue voie
Sur les champs sans fin que l'hiver déchire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Où trouveras-tu ce cœur qui désire
Rester ce qu'il est en sa calme fête,
Le cœur qui n'ait point de douleur secrète,
Pour laquelle il n'est ni baume, ni myrrhe ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Sera-ce ton cœur, et faut-il te dire
Que le vent prendrait sur tes lèvres closes
Un chagrin plus grand que celui des choses,
Et dans ton regard, un plus haut martyre ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Alors réponds-lui, de ton cher sourire,
Qu'il ne frôle pas les âmes humaines,
S'il ne veut porter de plus lourdes peines
Que celles qu'il cueille en son vaste empire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?
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Decenter mori


J'ai la mort en moi, non la mort lointaine,
Celle qu'on suppose et qui doit venir,
Mais la mort déjà fixée et prochaine,
Et je sais le point dont je vais périr.

Elle est là, je sens son travail paisible
Qui jusqu'à présent n'est pas douloureux,
Mais dans quelques mois deviendra terrible ;
J'en ai vu mourir, je mourrai comme eux !

C'est un peu de poids, de tension, de gène,
Une peine brève, un tiraillement,
Un peu de douleur sourde et souterraine,
Suivie aussitôt d'assoupissement ;

C'est peu, ce n'est rien, pas même une entrave,
Pourtant cette peine a je ne sais quoi
De dominateur, de vital, de grave,
En quoi se pressent le grand désarroi ;

Un outil mortel en moi fait son oeuvre,
Et je sais le temps que prend pour finir
La main qui le tient et qui le manœuvre ;
J'ai quatre ou cinq mois encor pour mourir ;

J'ai quatre ou cinq mois à pouvoir encore
Entendre le rire et les mots humains ;
Je pourrais compter ce que chaque aurore
Me laisse de jours vivants dans les mains.

Déjà l'Univers s'éloigne et recule,
Je le vois confus comme un fond de mer ;
C'est moi qui répands le lourd crépuscule
Où l'immensité des choses se perd.

Je porte en moi-même une nuit profonde,
Qui sera sans fin, et dans peu de temps
Débordant de moi couvrira le monde ;
Je la sens emplir mon être : j'attends !

Non pas sans révolte et sans amertume
Je mourrai ; j'aimais la lumière, l'art,
Les hommes auxquels le cœur s'accoutume,
Les fêtes toujours neuves du regard ;

J'avais essayé de me faire une âme
D'un peu de bonté, d'un peu de savoir ;
C'était, je le veux, une pauvre flamme
Mais où s'épurait l'éclat du Devoir.

Redoutable instant ! Tomber de la cime
Où le Je se sait, et crée un vouloir
Ainsi qu'un cristal, dans l'ignoble abîme
De l'inconscient et du néant noir !

Surtout, je ressens la sombre colère
Du forfait par qui périt emporté
L'être qu'a sacré l'auguste mystère,
Le sublime effort d'avoir existé !

Je ne souffre encor que par la pensée
De l'adieu prochain qui va s'accomplir ;
Mais dans quelques jours sera commencée
L'agonie affreuse où je dois finir.

Je sais ce qu'elle est ; elle est effroyable ;
Le plus long supplice et le plus cruel
Auprès d'elle est doux ; je ne suis coupable
Que d'être né homme et d'être mortel.

J'essaierai pourtant d'avoir du courage,
De serrer les dents, de garder mes cris,
Je suivrai la mort à son sombre ouvrée,
Cachant ma défaite avec mon mépris.

Si je meurs ainsi que je le souhaite,
J'aurai sur ma lèvre un rictus d'orgueil,
Quand le menuisier clouera sur ma tête
Le couvercle obscur et lourd du cercueil.
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In pejus ruit


À Lucien Marcheix.

Je porte des douleurs plus vieilles que moi-même,
Mon cœur est encombré de chagrins hérités,
Et je sens quelquefois mon front devenir blême
De remords que je sais n'avoir pas mérités ;

L'angoisse, les regrets, les tares, les faiblesses
De ceux d'où nous sortons roulent à travers nous,
Pour passer, augmentés de nos propres détresses,
Par le cœur des enfants bercés sur nos genoux ;

Un fleuve plus chargé de hontes et d alarmes
Descend en emportant dans ses érosions
Des opprobres nouveaux et de nouvelles larmes,
Et grossit à travers les générations ;

Jusqu'à ce qu'entraînant toujours plus de misère,
Il charrie, en ses flots sans cesse plus malsains,
Un poison si puissant de mal héréditaire,
Qu'il tue, en y passant, les derniers cœurs humains ;

Et qu'épuisant enfin dans des êtres étranges
Son onde d'amertume en un dernier effort,
Il aille déposer ses limons et ses fanges
Dans l'estuaire immense et morne de la Mort.
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