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Critique de Flaubauski


Du haut de ses dix-sept ans, Maya affronte, juste après la Seconde Guerre Mondiale, entre Californie et Arkansas, entre famille et amours illusoires, l'adversité faite de petits boulots – cuisine, danse, « taxi » -, de débrouilles, de combines plus ou moins morales, pour subvenir tant bien que mal à ses besoins et à ceux de son fils, Guy, né il y a peu. Car non seulement Maya est une jeune femme noire qui a dû quitter le Sud au ségrégationnisme toujours virulent pour un Ouest plus progressiste, mais néanmoins pas totalement dénué de racisme, mais elle est aussi une fille-mère qui doit se battre au quotidien, et pour elle-même, et pour son enfant, qu'elle élève par procuration pour diverses raisons. Au fil de ses rencontres, synonymes souvent de déboires, parfois heureusement d'espoirs, jusqu'à la rencontre finale qui lui fera prendre conscience de ce qu'elle veut, l'on la suit de ses moments d'aplomb à ses moments de doute, jusqu'à l'intensité de ses questionnements quant à son rôle de mère ou à son statut de femme.

Dans ce deuxième volet du cycle autobiographique de Maya Angelou – qui est le premier que je lis -, se retrouvent les ressorts classiques de l'écriture de soi : récit qui se veut au plus proche de la réalité de l'époque racontée, – environ trente ans séparent ici l'époque d'écriture de celle-ci -, et donc de la plus grande sincérité possible ; regard attendri de la presque quinquagénaire sur la toute jeune adulte qui sort juste de l'adolescence, sur ses erreurs, sur ses apprentissages du fait de ces erreurs, peu importe leur gravité ; regard aussi réflexif, qui insiste sur la naïveté, souvent avec beaucoup d'humour malgré la violence de certaines situations, de la jeune maman qui cherche avant tout un homme pour devenir quelqu'un, et qui décrit avec une grande lucidité à quel point il est difficile d'être une mère noire célibataire, et même plus encore d'être noir, aux États-Unis. Écriture de soi qui rejoint ainsi, avec une fluidité remarquable, écriture sociale et mémorielle, concernant non plus seulement la jeune femme, mais tout un pan d'une population majoritairement infériorisée, à qui l'on donne vraiment la parole par son intermédiaire.

Rassemblez-vous en mon nom est en somme une autobiographie comme je les apprécie particulièrement : sans complaisance, non dénuée de dérision et d'humour, même dans les coups durs, montrant qui plus est la condition des noirs aux États-Unis à la fin des années 1940 dans toute sa terrible banalité, qui indigne et touche en plein coeur, et plus encore lorsque l'on sait qu'elle est encore bien trop d'actualité. M'est avis que je vais continuer de lire sous peu le cycle autobiographique de Maya Angelou, et je pense aussi, m'atteler à la lecture de sa poésie en anglais : j'ai en effet vraiment apprécié et la femme, et l'écrivaine, j'ai de fait envie d'en découvrir encore plus.

Je remercie les éditions Noir sur Blanc et NetGalley de m'avoir permis de lire cet ouvrage.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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