L’ANOREXIE DE L’EXISTENCE
Je n’ai pas faim, pas mal, je sens bon
si je souffre au fond de moi je n’en sais rien
je fais semblant de rire
je ne désire ni l’impossible
ni le possible, les corps
qui me sont interdits ne rassasient pas
mon regard. Parfois je lève les yeux
vers le ciel ardemment
à l’heure où l’éclat du soleil s’efface
et l’amant d’azur s’abandonne
au charme de la nuit.
Ma seule participation
au tournoiement du monde
est mon souffle régulier toujours.
Mais je me sens participer
d’une autre façon, étrange :
soudain m’angoisse
la souffrance humaine.
Elle s’étend sur la terre
telle une nappe rituelle
trempée de sang
qui recouvrant dieux et mythes
renaît éternellement
et s’identifie à la vie.
Oui, je voudrais pleurer
mais tout est sec, la source de mes larmes
aussi.
/Traduit du grec par Michel Volkovitch