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Critique de Madamedub


Avec ce premier roman, Éric Anglade rejoint la grande famille des écrivains-médecins (Céline, Tchékhov, Aragon…) et nous plonge dans un univers à la fois impitoyable et fascinant. Impitoyable car le héros, Lucien, se voit broyé par les rouages du milieu hospitalier dans lequel il essaye d'évoluer en tant qu'interne en psychiatrie, et fascinant par la mythologie qui se dévoile progressivement à lui. Sous la plume méticuleuse d'Éric Anglade, le professeur responsable de service au CHU devient une espèce de sanglier d'Érymanthe, dont les visites relèvent presque de séances de sortilèges sur les patients, et dont les travaux sont érigés en Nouveau Testament que les seuls initiés peuvent s'échanger sous le manteau. On retrouve cette dualité entre le principe de réalité crue et l'idéalisation du monde médical dans le discours de Lucien, déplorant que « par paresse ou souci de préserver une carrière, les médecins eux-mêmes se couchent et collaborent à une approche gestionnaire », mais également dans la construction même du roman divisé en « anamnèses », au sens à la fois médical et liturgique. Cette dichotomie apparente révèle en réalité une multiplicité de strates, car jusqu'à la fin du roman, Éric Anglade manie avec brio les effets de surprise : les choses ne sont jamais vraiment telles qu'on le croit, et il s'agit de poursuivre sa lecture en toute fluidité pour savoir où il veut vraiment nous emmener. Cette façon de procéder purement littéraire et maîtrisée fait de ce premier roman une réussite.

Romain Ternaux
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