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Critique de finitysend


Le Beowulf est un poème en prose dans sa traduction française .
Le rythme de la restitution française , est fondamentalement agréable et les images foisonnent avec un texte , qui de plus est très dans l'action et donc assez facile à suivre de ce fait . Il est doté d'un plan en trois parties qui est très clair .
Il y a des films tirés du texte , mais en toute franchise le texte est mieux encore que ses adaptations . le langage peut désarçonner mais les images sont évocatrices et les détails gratifiants foisonnent et abondent , le texte date au moins du Xe siècle .

Disons que c'est le plus vieux texte anglo-saxon conservé et qu'il est à la croisée des genres littéraires .
D'une part de celui de la Saga scandinave et d'autre part , de la Vita de saint , ainsi que du poème épique issue des traditions épiques en général ( germanique ou autres ) ...

Le fond : le texte raconte les trois combats héroïques de Beowulf qui au grès de ces étapes , se mettra finalement au service de son roi , pour devenir lui-même souverain et mourir de cette responsabilité bien lourde d'implications et d'exigences surhumaines .
Dans le premier combat le héros élimine l'ogre mangeur d'hommes Grendel , dans le second il tue la mère de Grendel et dans le troisième , il libère son pays des agissements d'un dragon . Bien que désormais roi du pays , il laisse la vie dans ce combat héroïque dont il sort vainqueur .

Il y a un débat qui est de savoir à quel point le Beowulf est issu de , et originellement structuré dans , la tradition orale scandinave .
Personnellement , je pense que c'est douteux de le penser pour ce qui est de la totalité du texte , mais il y a bien une inspiration unique et centrale pour venir donner au poème une unité de rythme aussi unifiée et qui respecte aussi indéniablement , une forme orale et déclamatoire ( en VO je veux dire ) .

Mais fondamentalement le Beowulf à mon humble avis , retient principalement l'attention car il affecte une manière élégante , pour imbriquer des éléments culturels dissonants . Des éléments qui sont parfaitement compris par le ou les créateurs du poème , qui les mêlent tout en restant cohérents entre eux , sans venir se contredire et sans contredire pour autant les traditions diverses dont ils sont issus ( ce qui est quand même très important à noter ) .

Le monstre Grendel et sa mère viennent du bestiaire fantastique germanique , mais l'auteur leur donnera des circonstances atténuantes qui ne manqueront pas de conférer à leur mort un côté tragique et émouvant , en même temps qu'une personnalité très accentuée . Surtout pour Grendel qui est presque une victime exemplaire . C'est un jeux assez subtile car l'ogre confine ici , presque à la victime expiatoire et il vient poser des questions ( chrétiennes ) , telles que la responsabilité morale individuelle et la culpabilité , d'un point de vue chrétien .
Dans le récit la christianisation est timide et simplement en route , le christianisme est une option parmi d'autres ... une simple option ...
Lorsque Beowulf décède et lorsqu'il est placé dans un tumulus avec l'or du dragon , on croit vivre les funérailles d'un grand seigneur germanique continental et protohistorique et il y a aussi en même temps , l'absurde tragique ironie de la situation qui elle , est bien d'origine scandinave , Islandaise même à mon humble avis ...

Il y a aussi cette idée que la royauté possède un fondement initiatique et une légitimité héroïque , par ailleurs le roi du pays est le garant de la prospérité . Il est le responsable direct des calamités , de la météo aux monstruosités qui peuvent venir battre la campagne ...
Là aussi la christianisation , vient ici encore insister sur la responsabilité de l'homme ( roi ou autre ) dans le déclanchement des calamités ( surnaturelles ou autres ) , mais le texte respecte aussi l'héroïsme absurde typique des sagas islandaise ( assez souvent ) . Le topos , de la monarchie inter-germanique general , est respecté lui aussi .
Le Beowulf mélange habilement et très consciemment , des traditions tragiques d'origines variées . Ce gout du tragique lui donne d'ailleurs régulièrement une pompe grandiose et émouvante .

Le récit est donc antérieur au Xe siècle apparemment . Il fut rédigé une époque où toutes ses traditions de références , étaient encore comprises , mais où le contexte culturel dominant était celui d'une culture germanique anglo-saxonne dominante .
Il me semble que dans son ensemble , il est plus une création , qu'une reprise .
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