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Critique de Nastasia-B


La lecture d'une saga islandaise (peu importe laquelle, celle d'Eirík le Rouge, celle de Gísli Súrsson ou toute autre) est toujours une expérience littéraire étonnante et enrichissante. Issues de la tradition orale, elles ne sont ni un conte comme ont pu en fixer les frères Grimm, ni un récit mythique à la Homère.

Il s'agirait plutôt ici d'une volonté de conserver la mémoire d'événements anciens à une époque où l'écriture n'était pas courante. Donc, ni plus ni moins qu'une chronique historique plus ou moins romancée. Ainsi, dans la Saga de Njáll le Brûlé, nous avons affaire à une tradition orale, mise par écrit autour du XIIème siècle mais relatant des événements survenus un peu avant et un peu après l'an mil, c'est-à-dire quasi contemporains de la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant.

C'est l'une des plus fameuses sagas islandaises et j'y ai été enthousiasmée au départ par cette surprenante façon de présenter les personnages, par le détail de leur généalogie, ainsi que d'embrasser, d'un coup, l'intimité d'un mode de vie et de pensée aujourd'hui disparus depuis des lustres, notamment les dettes d'honneur. (Je tiens à préciser au passage que ce côté généalogique de la présentation des personnages peut en rebuter certains qui ne seraient pas familier avec la façon très moyenâgeuse de faire des portraits.)

Ce n'est pas la qualité littéraire qui m'a séduite, mais bien plutôt la valeur du témoignage ethnographique, l'importance accordée de la justice (au sens d'un système judiciaire) à cette époque, le fait que chaque jeune noble, en guise de rite de passage, doive aller se faire la main en faisant une petite razzia sanguinaire en pays étranger (ces fameuses descentes de Vikings qui terrorisaient nos " paisibles " populations) presque comme on fait un échange Erasmus aujourd'hui, comment le christianisme s'est implanté en Islande autour de l'an mil, etc.

Par contre, au bout d'un moment, je ne vous cache pas que pour moi, les querelles, batailles, vengeances puis contre vengeances sont un peu lassantes...

Deux personnages ressortent de cette saga, évidemment, le sage et malicieux Njáll (surnommé, vous saurez pourquoi " le brûlé ") qui brille plus par son cerveau que par ses muscles et le flamboyant Gunnar, qui lui brille plus par ses muscles que son cerveau.

Pourtant, à choisir, en femme béate du XXIème siècle, j'aurais tendance à préférer Gunnar, une manière de Cyrano viking, plutôt que Njáll, manière de sage, très sage, trop sage politicien bienveillant. Bref, une lecture exotique sans soleil ni cocotier qui a le don de nous transporter très loin de notre quotidien. Mais ce que j'exprime ici, n'est évidemment que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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