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Critique de Basilio


La Saga de Njáll le Brûlé est l'une des plus belles de ces sagas scandinaves appelées "sagas des Islandais". Ce sont des récits des Vikings d'Islande, en prose, qui relatent un haut fait d'armes, une expédition nautique ou tout autre exploit d'autrefois ayant établi la renommée d'un ancêtre. Rédigée au XIIIe siècle, celle de Njáll retrace une querelle historique entre plusieurs familles, advenue deux siècles plus tôt, vers l'an mil.

Ses principaux protagonistes, Njàll Thorgeirsson et Gunnar Hamundarson sont voisins et amis. Chacun dirige une riche ferme en Islande, mais Njàll est surtout réputé en tant qu'homme de loi avisé et Gunnar pour son courage une arme à la main. L'affaire à proprement parler commence lorsque Gunnar, malgré des avertissements répétés, se marie avec la belle Hallgerdur. L'esprit venimeux de sa femme, ses accointances douteuses seront à l'origine d'une série de disputes qui dégénèreront, en meurtres puis en vendetta. Dans la première partie, on assiste à l'aggravation de la querelle, lentement, année après année, rythmée par les tentatives successives de réparation devant l'Althing - le parlement islandais où s'administre la justice. Dans la seconde, c'est l'éclatement : les armes sont sorties, les guet-apens sont tendus, la mort est versée.

On reste frappé par la modernité du texte. La narration est simple, dépouillée, proche des faits. Pas de magie, pas d'intervention divine, pas d'interprétation surnaturelle des choses. Les gens, les événements, les combats sont présentés comme de nos jours. Les dialogues sont percutants. Deux répliques de Gunnar au moins sont d'anthologie - la première lorsqu'il doute de son courage après un combat, la seconde lorsque Hallgerdur lui refuse son aide à un moment crucial. le ton général de l'oeuvre évoque celui du western - une sorte d'OK Corral, de dispute entre éleveurs au fin fond d'une contrée sauvage, conclue dans un bain de sang.

L'objectif d'une telle saga était immortaliser la mémoire des protagonistes. Il est magistralement atteint. Une fois ces pages lues, les personnages qui les habitent, Gunnar, Njàll, Hallgerdur, Kári, et Björn l'anti-héros qui l'aide dans sa vengeance, restent inoubliables.

Pour compléter ce tableau évocateur des conditions de vie difficiles et de l'organisation de l'ancienne société scandinave, on regrette que le rôle des femmes, ou que la description de la vie quotidienne, ne soit pas plus développés. C'est que la saga de Njáll n'est pas un roman : c'est de l'Histoire, avec les intérêts et les coutumes de ceux qui l'ont vécue.
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