AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 746 notes
Lorsque mes parents, voulant sans doute favoriser le développement de mon intérêt précoce pour la lecture et l'histoire, me mirent entre les mains le "Roman de Renart", j'avais une dizaine d'années et ni mon père ni ma mère ne s'étaient préparés à ce que fuse de mes lèvres juvéniles la question qui tue : "Papa, Maman, ça veut dire quoi violer ?"

Je me souviens encore de l'embarras provoqué par ma question et je me remémore encore mieux dans quel état d'abattement me plongea la réponse malhabile qui me fut donnée et qui fit naître en moi une réelle répulsion pour le rusé Goupil qui avait "violé" la femme du loup Ysengrin, devenu dès lors son ennemi juré. Du haut de mes trois pommes, je compris soudain que la "ruse" n'était pas seulement une forme de facétie et d'espièglerie sans conséquence mais qu'elle pouvait également servir de sombres desseins et être utilisée dans un contexte violent et/ou malhonnête. J'en fus vraiment choquée, comme on peut l'être à cet âge mais, quelque part, je peux aussi affirmer que ce récit m'a fait mûrir.

Quelques années plus tard, préparant une maîtrise d'histoire médiévale, j'eus l'occasion de me plonger directement dans l'étude d'un manuscrit original, enluminé à souhait. Avec la maturité acquise par mes lectures et mes études, je pus me pencher à nouveau sur ce texte fondateur qui, comme l'avait déjà fait Esope pendant l'Antiquité et comme le fera quelques siècle plus tard Jean de la Fontaine, humanise les animaux pour mieux toucher l'homme par la peinture rocambolesque de sa véritable nature, vertus et vices confondus.

"Le Roman de Renart" est une oeuvre collective à multiples voix. Selon les historiens, près d'une trentaine d'auteurs y aurait collaboré sur plus de 75 ans ! C'est pour dire combien cette oeuvre littéraire peut nous apprendre sur les mœurs médiévales. Malgré un langage quelque peu suranné, la lecture est aisée, il ne faut pas craindre de l'entreprendre. La ruse, fil rouge du récit, n'est pas l'apanage du seul Maître Renart, les auteurs eux-mêmes ne sont pas en reste. Ainsi, je me suis bien amusée en constatant que le secrétaire du roi (invariablement représenté sous les traits d'un lion) était un âne !

A part le lion, il ne faut pas s'attendre à croiser beaucoup d'animaux "exotiques", pratiquement inconnus d'un monde dont les confins méridionaux se situaient en Terre Sainte et les septentrionaux en Scanie.
Commenter  J’apprécie          803
Parmi les oeuvres les plus célères de la littérature médiévale, "Le roman de Renart" figure naturellement en bonne place. Ce classique est constitué de plusieurs récits d'auteurs différents qui racontent la lutte permanente entre Renart, joyeux et malicieux goupil et Isengrin le loup.

A la fois conte et fable populaire, cette épopée animale s'analyse cependant et principalement en une critique de la société féodale, dans laquelle les animaux jouent le rôle des hommes (ainsi, il faut entendre que ce coquin de Renart est en vérité un baron rusé et malfaisant, que le roi Noble est un lion, etc.), qui connut une bonne audience au Moyen Âge pour qu'elle parvienne jusqu'à nous.
La seule difficulté de ce récit tient à l'emploi du vieux français mais cela est marginal tant le plaisir de connaître la vie médiévale et ses principes domine.
Commenter  J’apprécie          541
Gourmandise, stupidité, ruse.

Ces trois mots définissent à eux seuls cet ouvrage que l'on ne présente plus.


Comme tout le monde, je connaissais les quelques fabliaux les plus connus extraits de cette épopée animale : l'épisode des anguilles, l'aventure de Tiecelin le corbeau à qui Renart prit son fromage, le chat Tybert grimpant sur une croix pour se délecter d'une andouille qu'il ne tient pas à partager avec Renart...
Autant d'épisodes qu'il est plaisant à lire indépendamment, qui divertissent par leur caractère très caricatural. On s'amuse des farces odieuses de ce cruel Renart, on prend pitié de ce pauvre Ysengrin...
Mais lire cet ouvrage qui reprend les soixante aventures du goupil, cela devient très fastidieux.

Certes, cela peut donner à réfléchir sur la façon dont les auteurs médiévaux se sont emparés des fables d'Esope pour en faire à leur propre compte une satire sociale des moeurs aristocratiques de l'époque. Dans cet ouvrage là, sous couvert d'un anthropomorphisme enfantin, on se gausse ouvertement des seigneurs, tout comme La Fontaine le fera en son temps. Mais, quitte à comparer, je préfère nettement les fables de Jean de la Fontaine aux fabliaux de cette oeuvre médiévale ; celles de notre célèbre auteur classique sont beaucoup plus subtiles, plus étayées et plus variées.
Le roman de Renart a tendance, lui, à se répéter. On lit mille fois ( bon un peu moins..d'accord..) comment Renart imagine des tours pour trouver sa nourriture et comment il dupe les animaux de la ferme et de la forêt. Au début ça amuse puis ça lasse. Surtout lorsque les mêmes compères du malin goupil ( Ysengrin, Tybert ou encore l'ours Brun) se font avoir plusieurs fois de la même façon ! Finalement, on en vient à se dire que ce n'est pas Renart qui est rusé mais plutôt les autres qui sont d'une telle naïveté qu'ils tombent à chaque fois dans le piège énorme du goupil.


L'ouvrage que j'ai lu date de 1982. Il provient des éditions Gallimard de la collection mille soleils qui s'adresse aux jeunes lecteurs. Je ne crois pas que ce genre d'ouvrage fasse le bonheur des enfants ou ados..Il est à mon avis trop dense et trop répétitif pour attiser leur envie de le lire.

Il peut, par contre, faire le "bonheur" des médiévistes qui y trouveront sans doute matière pour illustrer leurs connaissances sur les moeurs et les rouages de la société médiévale. La place de la femme au Moyen-Âge, par exemple, s'y révèle très justement : femme au foyer douce et obéissante, dont l'avis importe peu mais aussi considérée par les hommes comme étant le fruit de leur discorde quand elle n'était pas tout simplement jugée comme créature du démon. Ici, Ysengrin se brouillera définitivement avec Renart en raison d'un outrage que ce dernier fit subir à dame Hersent, son épouse.


En guise de conclusion, je tiens tout de même à préciser que même si cette lecture m' a parue ennuyeuse à bien des égards, je suis tout de même satisfaite d'avoir lu cet ouvrage de la littérature médiévale. Je peux maintenant en parler en connaissance de cause !
Commenter  J’apprécie          504
Oyez, oyez, mes amis ! En ce beau jour, Noble le lion, roi de toutes les bêtes, a décrété une grande paix réunissant les animaux ! Que la poule ponde en paix sur son perchoir, que le lapin dorme tranquillement au fond de son terrier et que les agneaux s'ébattent dans les près, nul mal ne leur sera fait, car toutes les bêtes sont frères aux yeux de sa Seigneurie. Las, parmi les barons de la forêt, un triste sire ne semble guère enclin à respecter les ordres royaux : ce cuistre, c'est Renart le goupil, jamais à court de manigances et d'intrigues sournoises pour se remplir la panse et apporter le malheur chez autrui. Non seulement il a égorgé la malheureuse poule Copette, mais il a également tranché par ruse la queue d'Ysengrin le loup et, dans son immonde malveillance, a violenté l'épouse de celui-ci, la digne dame Hersent. Les grands seigneurs de la Cour s'en indignent et ils ont bien raison, car la longue carrière criminelle de Renart n'a que trop duré… Mais qui saura y mettre fin ? Car le goupil est perfide, son esprit est aussi agile qu'un oiseau et sa langue plus douce que le miel. Malheur à qui s'approchera de lui sans user de toute sa prudence, car il pourrait bien y laisser ses oreilles, son oeil, ses griffes ou quelque autre partie encore plus embarrassante de son anatomie !

Qui n'a jamais entendu parler de Renart ? Héros du petit peuple du Moyen-Âge, ce redoutable bandit au poil roux a été l'objet d'un nombre incalculable de récits, dont beaucoup ne sont jamais parvenus jusqu'à nous. Bien avant les fameuses fables de la Fontaine, ces contes joyeusement amoraux décrivaient la société humaine par le biais d'animaux parlants et pensants : le lion Noble roi des animaux, le loup Ysengrin son connétable, l'âne Bernart son secrétaire, le bélier Belin son confesseur… Et, bien entendu, l'impayable Renart dont les aventures truculentes sont toutes prétexte à une critique en règle des grandes institutions médiévales, qu'elles soient laïques ou religieuses. Cet aspect satirique du « Roman de Renart » a un peu rouillé avec le temps, mais les vices qui y sont fustigés – l'avarice, l'orgueil imbécile, la jalousie, la paresse, la gloutonnerie, etc. – restent intemporels et, malgré les siècles écoulés, il est difficile de ne pas sourire face à tant d'humour et d'esprit corrosifs.

Renart lui-même est un curieux personnage, bien difficile à cerner. Père attentionné et mari aimant, il est également – si vous voulez bien me passer l'expression – un sacré petit salopard psychotique à fourrure ! Méchant comme une teigne, il ne semble avoir que deux grandes priorités dans la vie : se gorger de nourriture et nuire à autrui autant qu'il en est capable. Certes, ses nombreux crimes ne sont pas complétement dépourvus de circonstances atténuantes, dont la principale est la bêtise confondante de ses victimes. Non content de gober tous les mensonges du goupil, malgré la réputation de celui-ci, elles s'empressent également de lui pardonner ses actions passées dès que celui-ci fait hypocritement pénitence. Tant de naïveté mériterait bien un coup de pied au derrière, mais pas forcément d'être écorché vif ou énucléé, non ? Et dire que l'on classe généralement cela dans la littérature enfantine ! M'enfin, ça ne m'étonne guère, tout compte fait : j'ai toujours su que les gosses étaient des petits monstres sanguinaires…
Commenter  J’apprécie          327
Il n'existe pas, à proprement parler, de Roman de Renart, au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Il n'a jamais été une oeuvre unique et cohérente avec un seul auteur mais une série de "branches" ou de contes où le goupil jouait le rôle principal.

La plus ancienne de ces branches, composée par un poète du nom de Pierre de Saint-Cloud, date du début du XII° siècle. Elle retrace la "grande guerre" qui opposa Renart à son compère, le loup Ysengrin. Elle connut un immense succès et suscita très vite de nombreuses imitations et additions. Dès la première moitié du XII°s, une quinzaine de branches s'ajoutent à celle de Pierre de Saint-Cloud. Cette vogue dura jusqu'au XIII°s où le poète Rutebeuf et d'autres moins connus composèrent de longs poèmes à la gloire du goupil.

Les auteurs des branches les plus anciennes s'étaient contentés de relater les exploits de Renart et les mésaventures d'Ysengrin sans leur donner de conclusion définitive. le récit prenait fin sur la scène où l'on voit Renart violer Hersent, la femme d'Ysengrin, sous les propres yeux de celui-ci. Les auteurs postérieurs reprirent le récit en faisant comparaître Renart devant toute l'assemblée des animaux pour y être jugé de son crime.
Lien : http://promenades-culture.fo..
Commenter  J’apprécie          310
Il aura fallu que je participe au CHALLENGE ABC 2020/2021 et que j'aie des difficultés à remplir la lettre X pour que je redécouvre et que je relise le Roman de Renart qui traine dans ma classe depuis plusieurs décennies. Oeuvre classique et célèbre de la littérature médiévale, "Le roman de Renart" nous conte les aventures de Goupil le renart/d et son ennemi juré le loup Ysengrin ou Isengrin selon les versions. Beaucoup de ruses contre et de mépris pour le loup dans ce livre et une fascination pour le personnage de Goupil, qui pourtant est insupportable... Un peu surranné , un peu désuet, un écrit qui a un certain intérêt linguistique et qui peut renvoyer à d'autres textes classiques comme les fables d'Esope ou celles de Lafontaine dans lesquels les figures animalières personnifiées permettent de critiquer leurs "équivalents" humains.
Commenter  J’apprécie          250
De petit maladroit moqué par les poules, Renard deviendra animal aguerri. Il devra en passer par quelques malheurs et un long apprentissage, au cours duquel il aura l'occasion de rouler dans la farine animaux bien plus impressionnant que lui. La queue de l'ours Brun et celle de Tybert le chat sauvage s'en souviendront. Mais le clou du spectacle est sans conteste la manière dont il se sortira du combat l'opposant à Isengrin le loup, dans la troisième et dernière partie du Roman.

Enfin, j'ai lu le fameux Roman de Renart. Il semblerait que ce volume, trouvé dans le grenier de ma grand-mère, soit la version revisitée par Maurice Genevoix de cette série d'histoires du Moyen-Âge.
Le ton est à la fois terrible et léger et, en fin de compte, on sourit souvent des aventures de ces drôles de personnages.

Challenge ABC 2018/2019
Commenter  J’apprécie          220
Ne nous y trompons pas, à la lecture du titre moderne : ce récit composé de 80 000 vers par des dizaines d'auteurs différents en vue d'être récité par les saltimbanques du XIIème siècle n'a rien d'un roman. Il est roman par sa langue, romane vulgaire, et non latine. Il ne s'agit pas d'un gentil conte pour enfants, mais d'une critique sociale, à qui l'imagerie animalière autorise un langage cru et réaliste, avec une liberté de ton qui peut étonner nos contemporains. Enfin, on y découvre que les aventures de Renart furent à ce point célèbres qu'il éradiqua le goupil comme nom commun désignant l'animal.
L'introduction de Maurice Genevoix, lui-même conteur de talent, est d'un grand intérêt pour comprendre le contexte historique, et la présence du vieux françois est plutôt enrichissante. Sans nécessiter de lecture exhaustive, elle permet de s'imprégner du langage du temps.
Outre l'intérêt historique, je conserve de cette lecture de jeunesse (ado, pas enfant) la marque d'une satyre sociale sans concession, brute et sans filtre, dont on retrouve l'esprit de manière plus visuelle dans les bd Jhen de Jacques Martin et Jean Pleyers. le moyen-âge , c'est aussi ça, et sous des apparences plus policées, c'est aussi une image de notre société moderne et, finalement des travers assez intemporels de l'être humain... si souvent animalisé à raison.
On peut aussi en faire une lecture plus psychanalytique : se rappelant que, s'agissant d'un spectacle de ménestrels, ces récits avaient aussi une fonction -tout comme le fou du Roy et les carnavals- de catharsis face au poids de la religion et des hiérarchies féodales, pour exprimer les pulsions, de mort et de sexe notamment... Renart est un sale type, mais, avec humour, et parfois poésie, il offre à nos plus bas instincts un exutoire, au même titre (en plus féminin) qu'un Christian Grey, un psycho call of duty, ou qu'une série comme black mirror.
Bref, ça secoue la morale, chrétienne et générale, ça sort de la naïveté manichéenne,...et ça fait du bien ; encore aujourd'hui.
Je recommande donc. On peut le lire assez vite, en profitant simplement des farces rocambolesques et ricanantes du goupil. Toutefois, un deuxième niveau de lecture est possible. Dfficile de pleinement profiter de l'écriture en vers, et ça nécessite un effort de lecture certain. Pour ma part, j'ai renoncé pour l'instant à attaquer le volume 2.
Commenter  J’apprécie          221
Renart est un goupil bien malicieux !! Dans ce recueil d'histoires, il est au centre de toutes les aventures, qu'elles soient heureuses ou pas. Toujours à la recherche d'une bonne poulette à manger, il contourne toutes les règles pour arriver à ses fins.
Lu avec mon fils dans le cadre de sa lecture de classe, nous avons eu beaucoup de mal à nous prendre au jeu de ce goupil peu respectueux... L'écriture est difficile et les personnages manquent cruellement de profondeur.
Pas le meilleur moment d'échanges littéraires !!!
Commenter  J’apprécie          183
Qui n'a pas entendu parler du Roman de Renart ?
Un classique, regroupement de plusieurs textes pour la plupart d'auteurs anonymes, qui dateraient du XII ème siècle pour les plus anciens.
Les animaux sont les héros de ces textes, en particulier Renart et Ysengrin.
La première partie nous conte les fourberies de Renart envers les autres animaux, la plupart du temps pour arriver à se nourrir. C'est un peu redondant, sans doute dû aux différentes versions, à lire à petites doses pour ne pas frôler l'indigestion. On peut y voir les prémices de la fable de Jean de la Fontaine, "Le Corbeau et le Renard". le goupil ne sort pas toujours gagnant mais l'on peut voir combien sa faconde peut le servir pour arriver à ses fins.
J'ai trouvé la seconde partie mieux construite et plus intéressante. Il y est question du procès de Renart, il devra répondre de ses actes devant le roi et sa cour.
La plongée dans ces textes reste très intéressante d'un point de vue historique. Les auteurs se servaient déjà d'animaux pour moquer les humains et la société de l'époque. Un passage est tout de même plus dur que les autres : .
À lire donc pour un retour aux sources de la littérature et du roman médiéval.
Commenter  J’apprécie          157




Lecteurs (2383) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz fun n°3 : Le Roman de Renart

Une seule de ces propositions est correcte. Laquelle ? "Le Roman de Renart" est une œuvre composée de courts récits indépendants en ...

vers octosyllabiques
vers solitaires
verres à pied
verres progressifs

10 questions
108 lecteurs ont répondu
Thème : Le Roman de Renart de AnonymeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..