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EAN : 9782070367597
218 pages
Gallimard (09/06/1972)
3.75/5   577 notes
Résumé :
Je ne suis pas Jacques Renaud ; je ne reconnais rien ici de ce qui a été à lui. Un moment, oui, en vous écoutant parler, je me suis confondu avec lui. Je vous demande pardon. Mais, voyez-vous pour un homme sans mémoire, un passé tout entier, c'est trop lourd à endosser en une seule fois. Si vous voulez me faire plaisir, pas seulement me faire plaisir, me faire du bien, vous me permettriez de retourner à l'asile. Je plantais des salades, je cirais les parquets. Les j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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« le Voyageur sans bagage » est une pièce de théâtre en 5 tableaux de Jean Anouilh. Créée au théâtre des Mathurins en 1937, cette pièce fait partie des Pièces Noires de l'auteur.

Résumé de la pièce : À la fin de la Première Guerre mondiale, Gaston est retrouvé amnésique, errant dans une gare, au milieu de soldats français. Recueilli par le directeur d'un asile, qui l'emploie pendant dix-huit ans comme jardinier, Gaston est ensuite réclamé par plusieurs familles, dont la famille Renaud, à laquelle il est présenté : c'est que l'homme, qui est pensionné depuis dix-huit ans et qui ne dépensait pratiquement rien, est à la tête de deux cent cinquante mille francs or, une petite fortune qui suscite des convoitises ! Car, oui, plusieurs familles réclament Gaston, ce cher disparu ! D'un caractère doux et gentil, Gaston découvre avec horreur -lors d'une conversation avec la famille Renaud- l'identité qu'on lui attribue : de son vrai prénom Jacques, Gaston serait un personnage violent (il prenait plaisir à tuer des oiseaux alors qu'il n'était qu'un enfant) et sans scrupule (il aurait été l'amant de Valentine, la femme de son frère présumé, frère qu'il aurait fait dégringoler du haut d'un escalier et qui en serait devenu infirme) ! Gaston ne se reconnaît pas dans ce portrait terrible, mais, quand il découvre sur lui la cicatrice d'une blessure infligée par l'aiguille à chapeau de Valentine, il n'a plus aucun doute sur sa famille d'origine. Abasourdi, inconsolable, décidé à ne pas endosser des habits de scélérat, prêt à fuir les méfaits dont on lui rebat les oreilles, voulant refaire sa vie coûte que coûte, Gaston va prendre une décision de la plus haute importance : je ne vous en dis pas plus !

Dans cette histoire de soldat amnésique, Jean Anouilh –qui s'est basé sur la vie d'Anthelme Mangin, dit « l'amnésique de Rodez »- met en scène la douloureuse servitude de la mémoire. Gaston a perdu son identité et oublié l'ensemble de ses souvenirs personnels (son nom de famille, les membres de sa famille, sa profession, etc.). Aujourd'hui, on sait que même les malades atteints d'Alzheimer à un stade avancé se souviennent de leur nom et du métier qu'ils ont exercé. La perte d'une information aussi fondamentale que l'identité est très frappante, car cette information –qui compte parmi les souvenirs les plus anciens d'un individu- est ordinairement préservée, dans la mesure où elle est consolidée de longue date dans le cerveau de l'individu. Les grands amnésiques ont souvent connu des chocs émotionnels traumatiques, et c'est évidemment le cas de Gaston qui a été témoin de scène de guerre et de morts violentes (ah les joies de la baïonnette et du gaz moutarde !). Normalement, ces malades peuvent se reconstruire, et c'est ce qui arrivera à Gaston (je vous renvoie au 5ème et dernier tableau de la pièce). Gaston choisira peut-être la fuite en avant, mais ça n'est pas de la lâcheté : il refusera d'endosser un passé, un milieu et des relations faites de faux-semblant et pleines de zones d'ombre. L'oubli, au lieu d'être subi, se transformera en une énergie que Gaston mettra au service de sa propre reconstruction.

Jean Anouilh utilise dans cette pièce différents registres émotionnels : l'indifférence, la résignation, la culpabilité, le malaise, l'angoisse, la curiosité, le désespoir, la fuite et l'espoir. Les neuf personnages de la pièce sont incroyablement typés (Valentine, Monsieur Renaud père, etc.), le suspense va grandissant et conduit au surprenant retournement de situation initié au 4ème tableau. L'écriture est finement ciselée, empreinte d'un profond réalisme, et l'humour ne manque pas. L'ouvrage se lit d'une seule traite. L'auteur nous chante un hymne à la liberté, glorifiant –face à la dure loi du destin- le libre arbitre de l'individu. Je mets 4 étoiles !
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le voyageur sans bagage.

Un soldat, de retour du front en 1918, retrouvé amnésique dans une gare de triage, se trouve dans l'impossibilité de choisir quelle voie il doit prendre.
Interné dans un asile, il y mène une vie paisible. Pourtant on ne le laisse pas tranquille, plusieurs familles semblent reconnaître en lui l'un des membres de sa famille.
La première famille rencontrée fait de lui un portrait auquel il ne s'attendait pas, il ne l'accepte pas. Il ne se reconnaît pas dans ce jeune-homme antipathique, cruel, léger, inconstant.
Pourquoi ne pas saisir cette chance de l'amnésie, la chance d'être un homme sans bagage, sans passé, pour ainsi se retrouver tout neuf face à la vie qui se présente à lui.
Et puis, pourquoi ne pas choisir lui-même, en se débarrassant du fantôme de son passé, la voie qui lui sied le mieux. Pourquoi ne pas écouter son coeur en suivant un petit garçon qui lui montre le chemin…en se choisissant une famille de coeur.

Le bal des voleurs.

Une comédie qui met en scène une famille aristocratique qui s'ennuie, et dont l'intrusion de voleurs dans leur vie apparaît comme une distraction. Des mensonges, des masques, un histoire d'amour naïve, qui font vibrer pour un moment cette famille riche en leur donnant un peu de fantaisie, de gaité et d'émotion. Finalement la vie nous confronte bien souvent à ce genre de "masque ou mensonge", que l'on soit face à de vrais voleurs ou non. Il faut se méfier des apparences.


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Une babelionaute me disait que les classiques ne déçoivent jamais. le voyageur sans bagage et le bal des voleurs, les deux pièces de Jean Anouilh regroupées dans ce livre le confirment. J'ai passé un bon moment dans un passé pas si lointain, à la langue française dont la lecture a provoqué beaucoup de plaisir. de la curiosité également s'agissant de la construction de la pièce et de sa dramaturgie et comme une envie d'affronter l'épreuve de ce format d'écriture encore inexploré dans ma brève carrière d'apprenti auteur.
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J'ai lu avec passion les deux pièces de ce recueil.
Pour le voyageur sans bagage, il s'agit d'un superbe texte dont le sujet est très grave. Cette pièce est un drame qui conte le sort d'un amnésique, ancien soldat de la première guerre mondiale, en quête d'une famille. Celle qu'on lui présente, lui donne de lui l'image d'un monstre, et il ne veut pas se reconnaître dans le portrait qui lui est brossé. Très belle oeuvre.
Quant au Bal des voleurs, cette comédie est un délice. le style est alerte. Les personnages sont souvent cocasses, et se mettent dans des situations qui offrent des rebondissements. Jean Anouilh nous met en présence de riches aristocrates anglais accompagnés de jeunes femmes à marier, de deux coureurs de dots financiers proches de la banqueroute et de voleurs grotesques, maladroits, ridicules. Cela donne une pièce savoureuse et pleine d'esprit. Cette lecture n'apporte que du bonheur.
Un recueil regroupant donc une pièce noire et une comédie, mais deux oeuvres d'une très grande qualité.
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"Le Voyageur sans Bagage" est une courte pièce de 1958 que j'ai pris un grand plaisir à redécouvrir après une première lecture déjà plaisante pendant mon adolescence.

L'histoire. Gaston, amnésique rescapé de la Grande Guerre, héritier d'une rente d'invalidité coquette, devient l'objet de convoitise de bien des familles ayant perdu l'un des leurs sur le front. Animées par l'envie de faire main basse sur le pactole ou par la volonté sincère de retrouver un être cher, ces familles revendiquent toutes le droit de "reconnaître" Gaston. Parmi elles, la famille Renaud. Pour ses membres, pas de doute : sous les traits de Gaston se cache Jacques, le fils, le frère, l'amant terrible disparu presque vingt ans plus tôt...

Pour Gaston et pour le lecteur/spectateur, la boîte de Pandore est ouverte, découvrant, tel un diable qui sort de ladite boîte, un Jacques Renaud cruel et égoïste, être solitaire et mauvais, responsable d'un nombre appréciable d'incidents, de sales coups voire de crimes... Vous vous doutez comme la découverte d'un tel passé et d'une telle identité enchante Gaston qui vivait, quant à lui, bien heureux dans son asile à biner des laitues ! Quel homme souhaiterait intégrer la carapace délaissée d'un tel individu ? En un instant le voilà donc "voyageur sans bagage", sans souvenir, sans conscience, sans connaissance de tout ce qui l'entoure, rejetant à toute force le rôle qu'on veut lui faire endosser, cherchant désespérément une voie qui lui soit propre, celle de sa liberté ou tout au moins de son libre-arbitre.

Cette pièce est superbement écrite et mêle avec génie le drame et la comédie. En cela, elle est à mes yeux extraordinairement originale. Les thèmes abordés sont graves mais la pièce ne tombe jamais dans la tragédie, s'y tenant en marge, notamment grâce aux personnages secondaires très convaincants : la Duchesse, Me Huspar et les domestiques qui contrebalancent à merveille les tristes âmes guère franches du collier qui constituent la famille Renaud, candidate à "l'adoption" de Gaston.

J'aime particulièrement le dénouement qu'aurait très bien pu inspirer Saint-Exupéry et son Petit Prince mais je n'en dirai pas plus...
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
GASTON : Qu'en savez-vous ? Vous m'agacez à la fin. Vous avez l'air d'insinuer que vous me connaissez mieux que moi.
VALENTINE : Mais bien sûr ! ... Écoute, Jacques, écoute. Il y a une preuve décisive que je n'ai jamais pu dire aux autres ! ...
GASTON recule.
Je ne vous crois pas !
VALENTINE sourit.
Attends, je ne l'ai pas encore dite.
GASTON crie.
Je ne veux pas vous croire, je ne veux croire personne. Je ne veux plus que personne me parle de mon passé ! [...] Vous avez tous des preuves, des photographies ressemblantes, des souvenirs précis comme des crimes ... [...] Moi. Moi. J'existe, moi, malgré toutes vos histoires ... [...]
VALENTINE : Ton lot va être beaucoup plus simple si tu veux m'écouter une minute seulement, Jacques. Je t'offre une succession un peu chargée, sans doute, mais qui te paraîtra légère puisqu'elle va te délivrer de toutes les autres. Veux-tu m'écouter ?
GASTON : Je vous écoute.
VALENTINE : Je ne t'ai jamais vu nu, n'est-ce pas ? Eh bien, tu as une cicatrice, une toute petite cicatrice qu'aucun des médecins qui t'ont examiné n'a découverte, j'en suis sûre, à deux centimètres sous l'omoplate gauche. C'est un coup d'épingle à chapeau - crois-tu qu'on était affublée en 1915 ! - je te l'ai donné un jour où j'ai cru que tu m'avais trompée.

Elle sort. Il reste abasourdi un instant, puis il commence à enlever sa veste.

LE RIDEAU TOMBE (page 82)
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Foutriquet. Quand Albert est venu m'annoncer ce résultat inespéré, il m'a crié en entrant : " Tante, mon malade a dit un mot de son passé : c'est un juron ! " Je tremblais, mon cher. J'appréhendais une ordure. Un garçon qui a l'air si charmant, je serais désolée qu'il fût d'extraction basse. Cela serait bien la peine que mon petit Albert ait passé ses nuits - il en a maigri, le cher enfant - à l'interroger et à lui faire des abcès à la fesse, si le gaillard retrouve sa mémoire pour nous dire qu'avant la guerre il était ouvrier maçon ! Mais quelque chose me dit le contraire. Je suis une romanesque, mon cher Maître. Quelque chose me dit que le malade de mon neveu était un homme extrêmement connu. J'aimerais un auteur dramatique. Un grand auteur dramatique.
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EVA

Oh! l'amour...

LADY HURF

Quel soupir! Depuis ton veuvage, tu as eu des amants?

EVA

Je n'en ai pas rencontré qui m'ait aimée.

LADY HURF

Tu demandes trop. Si tes amants t'ennuient, marie-toi, cela leur donnera du piquant.

EVA

Avec qui?

LADY HURF

Bien entendu, ces Dupont-Dufort t'excèdent comme moi. Et les Espagnols?

EVA

Le prince Hector me poursuit en changeant de moustaches dans l'espoir de retrouver l'aspect sous lequel il m'avait plu.

LADY HURF

Vraiment plu?

EVA, sourit

Je ne sais plus.

LADY HURF

Ce sont d'étranges personnages.

EVA

Pourquoi?

LADY HURF

Pour rien. Je te l'ai dit, je suis une vieille carcasse qui s'ennuie. J'ai eu tout ce qu'une femme peut raisonnablement et même déraisonnablement souhaiter. L'argent, la puissance, les amants. Maintenant que je suis vieille, je me retrouve autour de mes os aussi seule que lorsque j'étais une petite fille qu'on faisait tourner en pénitence contre le mur. Et ce qui est plus grave, je me rends compte qu'entre cette petite fille et cette vieille femme, il n'y a eu, avec beaucoup de bruit, qu'une solitude pire encore.

EVA

Je vous croyais heureuse.

LADY HURF

Tu n'as pas de bons yeux. Je joue un rôle. Je le joue bien comme tout ce que je fais, voilà tout. Toi, tu joues mal le tien!

(Le bal des voleurs)
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UN MONSIEUR A BARBE, entrant
Je suis le détective de l'agence Scottyard.

LORD EDGARD pousse un rugissement, lui saute dessus et lui tire la barbe.
Ah! non, Monsieur! Cela ne prend plus!

LE DETECTIVE
Arrêtez! vous êtes fou! Vous me faites mal!

LORD EDGARD, très étonné.
Comment, elle est à vous?

LE DETECTIVE
Mais bien sûr qu'elle est à moi!

LORD EDGARD
Vous êtes vraiment le détective que j'avais demandé à l'agence Scottyard?

LE DETECTIVE
Puisque je viens de vous le dire!

LORD EDGARD
Alors on n'a plus besoin de vous : la pièce est finie.

LE DETECTIVE, débonnaire.
Dans ce cas...

Il tire sa clarinette de sa poche - car c'était aussi le musicien - et commence à jouer un petit pas redoublé qui sert de finale et que les personnages de la pièce, entrés par toutes les portes, dansent en échangeant leurs barbes.

(Le bal des voleurs)
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Vous n'avez jamais rêvé d'un ami qui aurait été d'abord un petit garçon que vous auriez promené par la main? Vous qui aimez l'amitié, songez quelle aubaine cela peut-être pour elle un ami assez neuf pour qu'il doive tenir de vous le secret des premières lettres de l'alphabet, des premiers coups de pédale à bicyclette, des première brasses dans l'eau. Un ami assez fragile pour qu'il ait tout le temps besoin de vous pour le défendre...
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Vidéo de Jean Anouilh
Le voici, le deuxième épisode de notre série Dans Les Pages avec le grand romancier et journaliste Sorj Chalandon.
Merci à lui d'être venu nous parler de ses livres préférés, de G. Simenon, de F. Aubenas, De W.B. Yeats, d'Anouilh et de J. Vallès.
Tous les livres sont disponibles à la librairie et "l'enragé", le dernier roman de Sorj Chalandon est édité @editionsgrasset7893!
Bon épisode !
Arthur Scanu à la réalisation au montage et à la prise de son et Antoine Daviaud au mastering
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