C'est d'abord une version "moderne" du mythe puisque
Jean Anouilh l'a rédigée en 1946, au sortir de la seconde guerre mondiale. C'est un auteur que j'ai découvert par la lecture d'
Antigone qui m'avait vraiment chamboulée. C'est donc avec plaisir que j'ai relu pour la dixième fois sa version de
Médée. Je l'ai trouvée superbe, j'aime définitivement beaucoup cette héroïne !
Anouilh focalise une bonne partie de son texte sur la rupture entre Jason et
Médée. Effectivement, le point de départ de la douleur et de la folie de
Médée et bien celui-là. C'est cet élément qui pousse
Médée à commettre l'irréparable ! Il y a un superbe monologue de Jason (pp. 62 à 68 pour les amoureux du verbe) dans lequel il parle à
Médée : "je ne peux pas t'empêcher d'être toi. (…) Mais ce que je peux, c'est tout dire, une fois (…) Je t'ai aimée,
Médée." Et il scande son monologue de ces quelques mots "je t'ai aimée,
Médée". Jason n'est pas le même que dans les pièces antiques. Il m'a semblée moins lâche, plus humain. Il ose parler, longuement, à
Médée, lui dire l'Amour qu'il a eu pour elle.
C'est une pièce qui allie le charme du mythe en lui-même, de la tragédie et des mots d'
Anouilh. C'est ce qui fait la force de cette pièce. Anouil réussit à analyser plus en profondeur l'Amour, la Passion entre deux êtres. Dans cette version,
Médée est vraiment malade d'Amour pour Jason. Et même si elle arrive à tuer et devient donc une criminelle par Amour, on ne cesse d'être avec elle. Je ne sais pas si ceux qui ont lu cette pièce ont ressenti cela mais je me suis identifiée à
Médée. Jusqu'au bout on souffre avec elle !
Ce mythe apporte de la modernité à la pièce. Ainsi
Médée vit dans une roulotte. C'est une
Médée du vingtième siècle que nous suivons. Ce sont des personnages moins héros, plus humains. Mais c'est bien ce qui fait de ce personnage un Mythe. Il vit avec le temps et ne se démode jamais. Au contraire, la peinture des relations hommes-femmes est on ne peut plus d'actualité, je trouve !
Ces éléments modernes font que les éléments tragiques antiques sont totalement délaissés. Ainsi, pas de char qui vient sauver
Médée. Pas de Dieux qui conversent avec elle. La destinée de
Médée n'est pas l'objet de cette version.
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