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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Née pendant le festival des Utopiales en 2018, l'anthologie Nos Futurs des éditions ActuSF se propose de réunir scientifiques et auteurs/autrices atour d'un sujet brûlant d'actualité : le dérèglement climatique.
En se basant sur le rapport spécial du GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1.5 °C et en demandant à un panel de 800 lecteurs de choisir dix thèmes liés aux ODDs (Objectifs de Développement Durable) dudit rapport, l'anthologie dresse non seulement un état des lieux de la situation climatique actuelle mais s'intéresse également aux perspectives d'avenir et aux solutions à explorer tous ensemble pour un futur meilleur (et vivable).
Plus important encore, Nos Futurs forme dix « binômes » comprenant chacun un/des scientifiques et un/une auteur/autrice. Une façon ludique de parler de la science ou, à l'inverse, une façon documentée de produire de la fiction.
Il est, comme vous vous en doutez, fort ennuyeux et hors de propos de passer au crible les différents articles scientifiques (surtout lorsque l'on n'est pas spécialiste du domaine) et il ne sera donc question ici que de la forme et de la capacité de vulgarisation des articles de cette anthologie.
Nous nous pencherons davantage sur les textes de fiction qui relèvent tous, bien évidemment, de la science-fiction dans son sens premier, celui qui veut unir science et fiction.

Lutte contre la faim
C'est Claire Chenu et Sylvain Pellerin qui ouvrent le bal avec un article sur la faim dans le monde et une vulgarisation du principe de rendement des sols. Comme nombre d'articles par la suite, les deux auteurs tentent ici à la fois de faire le point sur la situation actuelle (qui fait froid dans le dos) et d'envisager des améliorations pour le futur. Sur ces entrefaites, Raphaël Granier de Cassagnac, l'auteur de Eternity Incorporated, nous offre un prolongement de cette réflexion sur les sols et l'agriculture grâce à La faim justifie les moyens. Ambélé, l'un des derniers êtres humains ayant survécu à une catastrophe climatique mondiale, raconte comment le monde a changé et comment l'homme a tenté de verdir le Sahara pour combler le déficit en sols cultivables. À la fois récit post-apocalyptique et réflexion dystopique sur le pouvoir des sociétats (aka les grands consortiums qui régissent le monde), la nouvelle exploite parfaitement l'une des idées de l'article scientifique attenant sur le colossal effort que demanderait la culture du Sahara. C'est aussi le récit d'une utopie naissante et, plus surprenant, une réflexion sur la surpopulation, fléau-tabou dont personne ne souhaite parler et qui, pourtant, semble la cause de la quasi-totalité des problématiques liées aux ravages climatiques entraînés par l'homme. Un texte excellent mais certainement trop didactique dans sa démarche (ce sera un défaut récurrent d'ailleurs de toutes les fictions de ce volume ou presque) qui dévoile facilement sa structure et liste les problèmes de la thématiques abordée à la queue leu-leu. Autre reproche mineur, la nouvelle s'inscrit dans l'univers de Thinking Eternity et semble jouer la carte de l'amuse-gueule pour attirer le lecteur vers le reste de l'oeuvre de l'auteur au lieu de pleinement assumer une histoire originale pour l'occasion. Cela reste néanmoins une solide introduction pour la suite.

Bonne Santé et Bien-Être
Pour cette seconde partie, le vétérinaire François Mouton vous explique le monde des microbes par le détail et en quoi le changement climatique bouleverse notre écosystème commun. Érudit, passionnant, parfaitement accessible pour le profane tout en arrivant à dégager d'importants éléments vis-à-vis de la récente épidémie du CoVid-19, l'article se lit d'une traite… tout comme la nouvelle de Claude Ecken, Toxiques dans les prés. Reprenant à son compte le rôle du système immunitaire naturel produit par la flore, Claude Ecken raconte l'histoire d'une agronome d'un futur dévasté par le réchauffement climatique et où les agriculteurs du monde entier peinent à sortir d'une agriculture intensive pourtant au bout du rouleau. Aila, agronome et victime collatérale du bouleversement climatique, voyage de pays en pays pour reconstruire les cultures une à une en prenant en compte la singularité de chaque environnement et de chaque plantation. Malheureusement, ce genre de choses n'est pas du goût de tout le monde et notamment des grandes sociétés agraires. Même s'il nous rejoue encore le couplet du vilain ogre industriel, Claude Ecken crée un figure magnifique et attachant en la pataude personne d'Aila. L'entrelacement entre son amour de la musique et son métier de chef d'orchestre agricole offre une dimension rafraîchissante, exotique et artistique au texte. Ou comment dépeindre l'acte de planter comme un art à part entière. Fort et parfois même émouvant, l'histoire d'Aila appelle à la raison et à l'harmonie… mais aussi au combat. Impeccable.

Égalité entre les sexes
Anne Barre et Véronique Moreira ont la difficile tâche d'expliquer en quoi le genre et l'environnement entretiennent des liens intimes trop souvent méconnus. Pas la peine d'en dire plus et l'on vous réserve la surprise mais cet article permet de découvrir un combat primordial à mener et qui, de par le monde, change la donne pour des milliers voir des millions de femmes (et de communautés). le texte qui y fait suite est signé Sylvie Laîné, certainement l'une des plus talentueuse nouvellistes françaises de l'imaginaire à l'heure actuelle. Normal donc que son récit, Au pied du manguier, soit le plus réussi de cette anthologie. Sylvie imagine une société post-climatique et nous emmène (principalement) au Congo. Ici, les hommes et les femmes font un choix qui détermine leur genre, celui de procréer ou non, faisant d'eux des Proc ou des non-Proc. Un non-Proc, femme ou homme, devient dès lors un « il » / un genre neutre. Sylvie explique de façon extrêmement intelligente le poids principal qui pèse sur les femmes partout dans le monde : l'enfantement. le fait d'avoir un enfant entraîne des responsabilités et la seule idée d'être mère devient une pression sociale pour la femme. Libérée de cette contrainte (qui reflète aussi ici un choix écologique en rejoignant l'idée du texte de Raphaël Granier de Cassagnac), la femme apparaît plus libre et indépendante qu'elle ne l'a jamais été. S'amusant et tançant l'écriture inclusive avec sa forme inverse, l'écriture exclusive, Sylvie s'interroge sur la pertinences des combats et ose poser la question, elle aussi, de la surpopulation effrénée et de l'épée de Damoclès reproductive qui pèse au-dessus des têtes féminines à travers le globe. Et si la femme veut tout de même un enfant ? Oui, pourquoi pas. Mais dans ce monde, elle a le droit de choisir et de ne plus subir les attentes tout en mesurant l'impact écologique de la procréation. Un grand texte.

Accès à l'eau salubre et à l'assainissement
Pour le volet « eau », c'est Pascal Maugis qui prend le relais avec un long article un poil trop wikipedia-statistiques mais toujours aussi fouillé et passionnant dans le fond. En face, c'est Estelle Faye, l'autrice des Seigneurs de Bohen, qui se charge de la problématique fictive avec Conte de la pluie qui n'est pas venue. Dans un monde encore une fois sous le choc des catastrophes climatiques, Lena, une tueuse russe, est envoyé pour mettre fin au règle d'un oligarque sibérien qui règne en maître sur une vaste terre préservée du ravage des hommes. En quête de territoires cultivables pour nourrir ce qu'il reste de l'humanité, le gouvernement a chargé Lena de reprendre ce qui revient de droit aux habitants alentour. Estelle Faye joue ici sur un dilemme moral finement choisi : doit-on sacrifier le dernier territoire salubre et sain, la dernière rivière non polluée… pour une population qui finira par tout détruire ? Ou doit-on au contraire préserver jusqu'au bout ce qu'il reste en laissant le monde humain à l'agonie derrière soi ?
La réponse est plus difficile qu'il n'y paraît mais aide le lecteur à s'interroger sur sa vie actuelle : et si la solution à ce problème se posait dans le présent et non dans le futur ? Passionnant.

Énergies Durables
On s'intéresse à l'énergie avec Matthieu Auzanneau et à la dépendance humaine aux énergies fossiles dans un article toujours aussi alarmant sur la situation présente et qui remet en place comme il faut croissance, capitalisme et politique. Pour Laurent Genefort, l'heure est à l'éco-politique et au terrorisme mâtiné de fake news dans Home. À travers l'opposition politique et idéologique d'une mère et de son fils, l'auteur présente une société où le citoyen est responsabilisé dans sa consommation énergétique par une application appelée Home qui régule l'empreinte carbone de chacun. Pourtant, cette intrusion n'est pas du goût de tous qui y voit une dictature nouvelle. En parodiant Fox News et en tirant à boulet rouge sur les fake news et complotistes de tous poils, Laurent Genefort aurait pu en devenir pataud. Mais c'est tout le contraire puisque le désaccord entre Carmela et Vincent ne se résout pas par une rupture nette mais par un lent revirement de la conscience symbolisé par un fait simple mais essentiel : personne ne devrait être obligé à être responsable, nous devrions l'être naturellement pour la planète, pour les autres et pour nous-mêmes. Un texte fort, à la fois dystopique et utopique, à moins que ce ne soit l'inverse ?

Réduire les inégalités
Et voici, de loin la meilleure partie de cette anthologie avec Audrey Berry d'un côté et Chloé Chevalier du Demi-Loup de l'autre. La question centrale : les transports, la consommation carbone et les conséquences environnementales. L'article scientifique d'Audrey Berry imagine la création d'une carte carbone individuelle, ses tenants et aboutissants mais aussi ses dangers et ses limites. C'est fichtrement passionnant et prospectivement fascinant tout en trouvant une illustration littérale dans l'excellent texte de Chloé Chevalier qui suit : Trois Poneys Morts. Si l'intrigue policière initiale fait plop, c'est pour mieux se voir remplacer par l'application fictionnelle de la fameuse carte carbone individuelle, qui comme dans le texte de Laurent Genefort, cumule des aspects dystopique et utopique. C'est d'ailleurs le cas de l'histoire de Chloé Chevalier elle-même et du retour sans fin à travers l'Europe de Katia, son personnage principal privé de transport par l'absence de point carbone sur son compte. La nouvelle illustre à la fois notre folie actuelle en mettant en exergue ce que peut coûter un voyage en avion par exemple (à la manière d'un Cela aussi sera réinventé et sa dynamo 3.0), tout en montrant l'aspect d'un monde qui serait revenu en arrière sur le plan des transports et qui, de prime abord, semble bien déprimant (et qui a bien du mal à empêcher la persistance des inégalités sociales). L'espèce de révélation pédestre de l'héroïne ramène à la beauté fondamentale de la Nature et boucle la boucle. Et si nous prenions le temps au lieu de foncer ? Malin, ludique, intelligent.

Villes et Communautés Durables
Pour le duo Vincent Viguié/Catherine Dufour, les choses se complètent également entre l'article de fond à propos l'impact du changement climatique sur les villes de par le monde (et brillamment exposé par Vincent Vuguié) et le récit d'exploration d'un Paris transfiguré sous la plume de Catherine Dufour dans La Chute de la Défense. Ici, l'autrice raconte le nouveau visage d'une capitale où l'on doit vivre en sous-sol pour s'abriter de la chaleur et des inondations (sans parler des rixes et des rats)… à moins d'être plein aux as au dernier étage d'un luxueux appartement de la Défense où les riches continuent encore et toujours à empoisonner les autres. Ce texte aux allures sociales vaut avant tout pour la transformation radicale de Paris qu'il offre et pour les trois personnages étranges qui le parcourent, Raksha la cyberféline en tête. L'univers semble si fascinant qu'on se prend à espérer d'autres histoires voire un roman pour prolonger l'expérience. Catherine Dufour n'a pas perdu la main, loin de là.

Consommation et production responsables
Situation plus épineuse pour le volet consommation où Philippe Bihioux vient causer de recyclage et de production durable tout en repensant économie capitaliste et croissance à la façon de Matthieu Auzanneau.
Dès après, c'est Jeanne A. Debats qui accompagne ce volet scientifique avec le Monde d'Aubin. On y suit Aubin (justement) qui habite une Terre post-apocalyptique partagée entre plusieurs clans et entre plusieurs formes de vie/existence. D'un côté, ceux qui ont choisi la vraievie et de l'autres les Pixels qui ont choisi un monde numérico-robotisé saupoudré de transhumanisme. Un monde cruel, désespérant et patriarcal. Aubin tombe sur Vibora, une solitaire qui n'a pas sa langue dans sa poche et il découvre que le changement a un prix qu'il faut assumer malgré la radicalité brutale de celui-ci.
En soi, le texte se révèle bien écrit et fluide (malgré la fabrication d'un proto-langage quelque part entre Jacquouille et le parler Ch'ti pour le moins…peu convaincant) tout en imaginant une histoire efficace mais déjà-vu (avec un zeste de Matrix en prime).
Le vrai (gros) problème là-dedans, c'est que Jeanne A. Debats offre une histoire qui n'a quasiment aucun lien avec la problématique de consommation durable sus-citée. L'autrice s'avère plus intéressée par un féminisme radical et une destruction en règle du genre masculin que par la question environnementale… Derrière, c'est même le transhumanisme et la relation humain/post-humain qui semblent plus importants encore que la question de la (sur)consommation elle-même. Si le texte n'est pas mauvais, il est simplement presque totalement hors de propos. Heureusement, ce sera le seul de l'anthologie à ne pas jouer véritablement le jeu.

Puits Carbone
Isabelle Czernichowski-Lauriol s'attaque à sa problématique carbone de la même façon qu'Audrey Berry et avec le même succès en parlant d'une solution possible à la crise des gaz à effets de serre : le puits carbone. C'est passionnant et cela redonne un peu d'espoir après l'état des lieux dressé par le GIEC. Derrière, Jean-Marc Ligny, auteur bien connu pour sa SF-climatique avec Exodes ou aqua™, illustre l'article de son binôme avec 2030/2300. En alternant blog fictif et récit oral, le français imagine les conséquences à très long terme d'un puits carbone qui se fissure. On pense, forcément, au fabuleux documentaire Into Eternity et à la problématique de prévenir les générations futures d'un endroit de stockage dangereux pour eux. Jean-Marc parvient à la fois à illustrer l'opportunité offerte par le puits carbone mais aussi les précautions nécessaires à très long terme pour ceux qui survivront à la catastrophe car, ici aussi, la Terre n'a pas échappé au désastre…du moins si vous lisez bien entre les lignes. Classique mais efficace.

Biodiversité
Enfin, pour conclure, il fallait bien revenir aux fondamentaux et boucler la boucle avec… la biodiversité (marine et terrestre). Jane Lecomte et François Sarrazin s'en chargent brillamment tout en faisant la lumière sur des solutions trop hâtives pour rétablir la faune et la flore avant d'en venir à la fiction avec l'immense Pierre Bordage dans Sanctuaires.
Marie et Paulin vivent sur l'île de Bordeaux ceinturée par des régions marécageuses. Par effronterie et par curiosité, les deux adolescents décident de partir à la recherche des légendaires Sanctuaires où, paraît-il, la Nature a survécu et où l'homme a tenté un autre mode de vie. En rencontrant Gaspard, l'un des habitants du Sanctuaire de l'Occitan, le lecteur comprend qu'il existe en effet une autre voie pour l'homme mais que cela implique un changement radical de la consommation pour pouvoir préserver les espèces et la biodiversité. Si le combat est omniprésent dans le texte de Bordage, c'est aussi la rencontre entre deux mondes qui permet de faire évoluer les mentalités, notamment pour les jeunes générations qui n'ont connu que l'univers de la surconsommation. Comme Jean-Marc Ligny, Pierre Bordage offre un texte de facture classique mais en phase avec la thématique et qui tente d'imaginer un moyen de lutte pour conserver la Nature. le contrat est donc rempli.

De façon globale, et malgré quelques textes moins forts, l'anthologie Nos Futurs tient toutes ses promesses. C'est intelligent et ludique, éducatif et passionnant, pessimiste et optimiste à la fois. D'un côté, le lecteur profitera d'informations scientifiques solides et sourcées avec une vulgarisation à la hauteur, et de l'autre il visite des univers science-fictifs qui illustrent les thématiques proposées. Une façon également tout à fait salutaire de démontrer encore une fois que la science-fiction est la littérature d'aujourd'hui et de demain. Bravo.
Lien : https://justaword.fr/nos-fut..
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Une anthologie qui marie habilement des textes scientifiques et des nouvelles qui permettent de les illustrer, voilà ce qu'est "No(s) futur(s)". Je trouve ce titre, en passant, très bien trouvé, jouant sur le : si rien ne change tu vires les s, par contre des solutions existent qui peuvent tout changer et là vive les s.

Le processus de création de cette anthologie est aussi intéressant que son contenu. L'idée de donner le choix aux futurs lecteurs de choisir les 10 objectifs de développement durable (ODD), ainsi que les leviers à utiliser, qui suscitaient leur intérêt et d'ensuite une fois ceux ci "élus", de former des binômes (voir plus parfois) scientifiques + auteurs pour donner du grain à moudre à notre réflexion est tout simplement géniale.

La liste des ODDs abordés dans ce recueil comprend des enjeux de nature très diverse, la lutte contre la faim, bonne santé et bien être, égalité entre sexe, accès à l'eau salubre et à l'assainissement, énergies fiables durables et modernes à un coût abordable, réductions des inégalités, villes et communautés durables, consommation et production responsables, lutte contre le changement climatique, vie terrestre. Ceci permet d'avoir une vision assez large des enjeux qui nous attendent et de diversifier les contenus scientifiques. Et je dois bien avouer que je manquais incroyablement d'informations sur beaucoup de sujets abordés.
Le niveau scientifique requis pour comprendre les articles est variable, je ne suis pas du tout dans le domaine et seul 1 texte m'a vraiment posé soucis, celui sur les puits de carbone où j'ai terriblement ramé. Pour le reste avec de la concentration, ça passe sans trop de soucis. Si parfois les solutions aux problèmes peuvent faire tiquer, elles ont le mérite de faire réfléchir à tout les coups, et souvent donnent l'envie d'approfondir le sujet.

Les nouvelles sont au minimum intéressantes et certaines de grande qualité , "Toxiques dans les prés" de Claude Ecken, "Conte de la pluie qui n'est pas venue" d'Estelle Faye, "Home" de Laurent Genefort et "Trois Poney Morts" de Chloé Chevalier sont celles qui vont rester gravées dans ma mémoire un moment. Globalement tout les auteurs ont joué le jeu et on retrouve bien le lien avec les articles. On sent bien un peu de militantisme poindre son nez parfois, mais c'est de bonne guerre et ça reste dans des limites très acceptables. Certaines d'entre elles se permettent d'aborder ou d'évoquer des problématiques non présentes dans les articles (la surpopulation par exemple) et j'ai trouvé ça très intelligent de nous donner encore plus de pistes de réflexion.

Par contre moi qui m'attendais à un peu de lumière au bout du tunnel dans les nouvelles, j'en suis pour mes frais. Les avenirs entraperçus sont plutôt assez noirs, parfois à la limite du post apo et aucun auteur ne s'est projeté vers un avenir un peu plus radieux, c'est mon seul petit regret (j'aimerai tellement un peu plus de sf utopique en France).
Donc un grand bravo pour cette anthologie, à mettre entre toutes les mains, en tout cas le plus possible pour éclairer un maximum de gens.
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Quand des scientifiques et des raconteurs d'histoires se mettent au service des enjeux du développement durable, on trouve ce bouquin, mélange de science et de fiction.
Ça fout les chocottes autant que ça aide à réfléchir.
Plus qu'un mode d'emploi, on découvre tous les enjeux, thème par thème :
- Lutte contre la faim
- Bonne santé et bien être
- Égalité entre les sexes
- Accès à l'eau salubre et l'assainissement
- Énergies fiables, durables et modernes à un coût abordable
- Réduction des inégalités
- Villes et communautés durables
- Consommation et production responsables
- Lutte contre les changements climatiques
- Vie terrestre

C'est tout simplement passionnant, et même si le bouquin dépasse les 500 pages, cela se lit assez vite, les chapitres étant courts.
Je vous conseille ce recueil si l'avenir de notre espèce dans un environnement apaisé vous intéresse.
Mention spéciale à Pierre Bordage qui m'a fait acquérir ce livre, et dont j'ai adoré la nouvelle !
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Un superbe ouvrage mêlant à la fois essais et nouvelles de fictions avec tous comme points communs de s'attarder sur des sujets environnementaux.
Aurons-nous un avenir dans le monde que nous avons détruit ? Existe-t-il des solutions pour réparer nos erreurs ?
Souvent nous n'y croyons plus... No(s) futurs nous montre qu'un avenir reste possible, seulement prendrons nous les bonnes décisions ?
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C'est un livre nécessaire, que je partage avec mon entourage ! Rien que partager certaines intrigues a déjà permis d'ouvrir des débats intéressants (notamment sur le quota carbone et le contrôle des naissances).
Effectivement, appuyer les récits de fiction par des rappels factuels donne plus de poids au discours qu'une simple anthologie façon "Autres mondes" (collection de SF que j'ai dévorée étant ado). On constate une diversité de profils dans les auteurs des textes scientifiques, tous ne sont pas des chercheurs académiques, mais les textes sont bien construits.
Dans les fictions, j'apprécie la variété de thèmes et de projections proposées, qui permet de faire surgir différentes conséquences des choix des prochaines décennies. La brièveté des textes ne permet pas toujours de faire paraître des conséquences imprévues des mesures à l'image du retour des chevaux en ville dans "Trois poneys morts".
On peut contester certaines visions, par exemple La Défense comme refuge des riches : d'où tireraient-ils nourriture et énergie ? les îlots de verdure loin des villes sont plus crédibles... Mais cette critique même fait émerger des réflexions pertinentes pour notre vie de demain et d'après-demain.
Même si l'avenir est assez sombre, y tracer des chemins permet de l'éclairer un petit peu pour sortir du déni trop partagé et faire évoluer nos pratiques individuelles et surtout collectives.
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Face à toutes les profondes modifications que subit notre environnement, et la prise de conscience jamais assez rapide ou partagée par les décideurs, Actu SF a édité en juin 2020 une anthologie tout à fait singulière, dans la forme comme dans son contenu. le livre propose le pari de nous faire à la fois réfléchir autour de textes d'anticipation, tout en nous présentant l'état de l'art concernant 10 thématiques touchant au changement climatique et au développement durable. Les textes de l'imaginaire ayant pour thème l'écologie sont assez nombreux, mais ici pour la première fois on voit se répondre des scientifiques et des écrivains, ce qui donne une cohérence solide à l'ensemble. Chacun des 10 sujets du livre est présenté sous le nom d'un ODD, pour Objectif de Développement Durable, et 1 levier est présenté pour répondre à cet objectif.

Les présentations scientifiques de toutes les thématiques sont intéressantes, dressant un portrait sans fard de nombreux problèmes et défis à relever pour l'humanité. Les auteurs de ces textes sont des scientifiques, professeurs, économistes, ingénieurs, dont le sujet de recherche ou le métier touche de très près à chaque thématique. Il s'agit de présentations grand public, qui rentrent parfois un peu plus dans les détails et pourront perdre (un peu) leur lecteur s'il n'est pas suffisamment préparé ou n'a pas de bagage suffisant. Agronome de formation, la plupart des textes m'ont paru très clairs, et j'ai appris des choses, des ordres de grandeur, des techniques. Au final un contenu bienvenu, mais qui avait surtout pour but de présenter un point de départ pour un texte.

J'ai déjà lu la plupart des auteurs de cette anthologie, et j'ai retrouvé dans l'ensemble des textes une grande qualité d'écriture, et une pâte reconnaissable aisément pour certains d'entre eux. Je ne vais pas parler de tous les textes mais de ceux qui m'ont le plus parlé :

Toxiques dans les prés de Claude Ecken m'a beaucoup intéressé au niveau technique, car il développe des idées et des concepts que j'essaye d'approcher et de mettre en oeuvre avec mes clients viticulteurs. C'est un texte sur la compréhension des mécanismes intervenant entre les plantes, lorgnant fort du côté de l'agroforesterie et de la permaculture, tout en posant très clairement le problème de la sélection des semences et de la propriété du vivant. Un texte fort, très humain

Home de Laurent Genefort est une nouvelle très originale, dans laquelle un réseau plus vertueux que nos actuels Facebook et autre Instagram permet de calculer un crédit environnement. Une idée originale, pour un réseau qui nous asservi d'une autre façon que les actuels. Au secours…

Trois poneys Morts de Chloé Chevalier est un texte très fort sur le « crédit carbone », un système en réflexion, qui allouerait à chacun une certaine quantité de carbone à dépenser pour se loger et une autre pour le transport chaque mois. On y retrouve tout un tas de questionnement sur la distance entre les membres d'une famille, les voyages, la vie à l'étranger, mais aussi la fraternité. J'ai beaucoup apprécié.

Le monde d'Aubin, de Jeanne-A Debats, est le plus long texte de l'anthologie. L'auteure propose un futur post-apo comme on en voit souvent, mais lui donne une cohérence et le démarque de beaucoup de choses déjà vues. On y suit Aubin, membre d'une colonie vivant sous terre à l'abri des conditions quasi invivables en extérieur, rencontrant une solitaire du monde extérieur. Un texte parfois très cash, intéressant, avec des faux airs de matrix par moment.

2030/2300 de Jean-Marc Ligny est un texte assez glaçant, que j'ai pris comme une allégorie des industriels actuels de l'atome (mais je n'espère pas) pour la partie technique initiale : des spécialistes pensent bien faire, sauver le monde du réchauffement avec une technique séduisante, pour se retrouver avec une catastrophe ingérable 270 ans plus tard. Ou comment faire pire et inattendu que ce qui est déjà un problème colossal. Avec une idée à réfléchir mais qui pourrait bien justifier l'ensemble du livre : »… pour tenter de pallier la plus grosse erreur que l'humanité ait jamais commise : la découverte et l'exploitation des énergies fossiles ».

Sanctuaires de Pierre Bordage, est un texte parfait pour boucler le livre : un des plus légers, tout en restant sérieux, plaidoyer pour un retour à la nature. Une des seules notes positives parmi toutes les nouvelles pour la plupart très sombres et défaitistes.

La faim justifie les moyens de Raphaël Granier de Cassagnac m'a plu, mais est un peu trop court à mon gout. J'ai eu un peu de mal avec le texte Au pied du manguier de Sylvie Lainé, qui m'a très peu parlé. Conte de la pluie qui n'est pas venue est une nouvelle d'Estelle Faye, dépaysante et brumeuse, très réussie mais moins percutante que d'autres du recueil. La chute de la défense est un texte de Catherine Dufour, assez réussi, dans une sorte de Fallout se situant dans un Paris végétalisé.

Nos Futurs est une anthologie qui m'a beaucoup parlé, et plu. Dix futurs imaginés, mais toujours très crédibles répondent à des articles de vulgarisation scientifique sur des sujets liés au réchauffement climatique et le développement durable. Autant le dire, beaucoup de guerres, de morts, de vies de merde dans ces textes, mais aussi beaucoup de réflexions, d'idées, et parfois d'espoir. Un peu trop de « No futur » à mon goût, mais ainsi va la vie comme on dit.
Lien : http://aupaysdescavetrolls.f..
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Un excellent ouvrage qui devrait être entre beaucoup de mains. Bien au-delà de l'essai scientifique et du recueil de nouvelles de SF, ce livre est une lecture nécessaire, à la portée de tous.tes pour connaître, comprendre, analyser et maîtriser les 10 enjeux écologiques qui gouverneront bien trop tôt notre quotidien. La course au -2°C d'ici 2050 a commencé !

Soutenus par de nombreux partenaires actifs dans le domaine du Développement Durable (La Diagonale de Paris-Saclay, le Collectif Citoyen pour le climat), ces 20 essais scientifiques sont décryptés et représentés via des récits romanesques de science fiction à travers de grands noms du genre : Laurent Genefort, Sylvie Lainé, Jeanne-A Debats ou encore Pierre Bordage. Dans le monde de la fiction-fantasy nous retrouvons la plume d'Estelle Faye, Chloé Chevalier et bien d'autres encore !

Les 10 sujets abordés sont les suivants : la lutte contre la faim, l'étude des sols et de l'agriculture, la place du genre dans la société et l'égalité des sexes, l'accès à l'eau salubre, la longévité des énergies renouvelables, la limitation de l'empreinte carbone, la vie des villes après 2050, la consommation et la production durable, la lutte contre le réchauffement climatique, la place de l'environnement dans notre quotidien et sa protection.

Chaque thème est abordé avec clarté, faits et réflexion sur l'avenir. Il n'est pas question de culpabilisation ni de recherche de coupable mais bien d'étude comparative schématisée très souvent, et de proposition de solution à grande échelle. Il est également question de faire un constat sur ce qui a été perdu mais surtout ce qui peut être sauvé par de simples gestes quotidiens, peu onéreux et clairement moins individualiste...

Les récits permettent de mettre en exergue les points forts de chaque étude et de sensibiliser son lecteur, sa lectrice au changement inéluctable de demain mais surtout de ce que nous pouvons tous.tes faire dès aujourd'hui : le zéro déchet, que j'applique depuis 2 ans maintenant après avoir fait des économies considérables sans parler des réductions conséquentes de mes déchets ! En sus, vous pourrez vous rendre compte des inégalités croissantes entre pays en développement et pays trop développés peut-être ? La place de la politique, des lobbies de chaque puissance dans ce changement climatique inévitable certes mais qui pourrait s'avérer beaucoup moins pénible si les pays possédant la puissance financière et numérique y mettaient du leur plutôt que de courir à l'armement.

De quelques pages à une cinquantaine, vous ne risquez pas de vous ennuyer dans ces 10 univers lointains et certains beaucoup trop proches très effrayants par leur réalité. Vous pourrez toujours vous dire que Snowpiercer n'est pas si réel. Rire de 2012, pleurer devant The Road. Mais tout cette imagination pourrait devenir réelle et bien trop vite.

Bonne lecture !

Un grand merci à ActuSF et à Babelio pour cette passionnante lecture !
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Passionnante anthologie dédiée au changement climatique. L'association des articles et des nouvelles se révèle très brillante : les premiers permettent d'acquérir des connaissances très concrètes sur le sujet, tandis que les secondes nous projettent dans ces futurs possibles, les rendant à la fois proches et vivants. Si les textes scientifiques ne sont pas tous aussi accessibles les uns que les autres, ils restent malgré tout lisibles par le grand public (la preuve, j'ai pu les lire, moi, la littéraire jusqu'au bout des ongles ;) ). Quant aux nouvelles, elles mettent en scène des univers variés, parfois éloignés dans le temps, parfois proches, sombres et durs pour certains ou apportant une lueur d'espoir pour d'autres. Je retiens plus particulièrement "Conte de la pluie" d'Estelle Faye, "Home" de Laurent Genefort, "Trois poneys morts" de Chloé Chevalier et "La chute de la Défense" de Catherine Dufour, qui m'ont particulièrement marquée par leurs histoires, leurs univers et leurs ambiances.
Agriculture, lutte contre la faim, consommation durable, égalité des sexes, accès à l'eau, respect de la biodiversité... L'anthologie aborde une grande diversité de sujets, dressant un panorama des enjeux écologiques, sociétaux, économiques qui accompagnent les questions climatiques. Elle délivre un message d'espoir en montrant qu'il est encore possible d'agir pour enrayer la catastrophe. Mais elle lève également de nombreuses alarmes quand on sait à quel point l'humanité a plus tendance à réagir aux drames qu'à agir en amont. L'heure tourne, la société se rapproche du gouffre et il serait temps que nous décidions de changer si nous ne voulons pas que nos futurs se transforment en no futur.
Un ouvrage indispensable qui devrait être lu par tous pour éveiller les consciences.
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Une lecture que j'ai démarrée par curiosité et que je termine avec le sentiment de quelque-chose d'indispensable. Inspirée par les rapports du GIEC, l'anthologie Nos Futurs, éditée par ActuSF, réunit 10 scientifiques et 10 auteurs de l'imaginaire français autour de 10 thèmes liés au changement climatique et tirés de la liste des objectifs de développement durable élaborés par l'ONU en 2015. Chaque sujet est évoqué au travers d'un texte de vulgarisation scientifique, puis illustré par une nouvelle de SF.
Le résultat est stimulant: on apprend beaucoup, on découvre des facettes du changement en cours que l'on n'envisageait pas forcément; puis les nouvelles dessinent une SF loin des voyages spatiaux mais proche de notre actualité, où l'utopie et la dystopie se rejoignent parfois.
Passionnant.
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