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EAN : 9782296554771
118 pages
Editions L'Harmattan (29/06/2011)
3.62/5   34 notes
Résumé :
Une fille. Une mère. La cruauté de l'attente. Un récit au jour le jour d'un combat inégal, écrit pour être plus forte et rendre l'autre plus forte peut-être. Un dialogue qui n'a pas eu lieu, qui ne le pouvait d'ailleurs pas, poignant, unique et ordinaire à la fois, cathartique - une lettre d'amour et de douleur impossible à envoyer, la mise en mots d'une blessure à mesure qu'elle s'est creusée, jusqu'à l'inéluctable et inacceptable dénouement. " Nous sommes aujourd'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Il y a deux mois environ, une douleur à la poitrine m'a inquiété. Comme ça n'était pas cardiaque, mon médecin m'a envoyé passer une radio des poumons.
Depuis ce jour-là, je n'ai pas retouché à une cigarette.
Parce que quand on fume plus ou moins un paquet par jour depuis vingt-cinq ans et qu'on nous envoie passer ce genre d'examens, on imagine rapidement le pire.
Les résultats n'auront révélé aucune anomalie réellement inquiétante, pour autant y aller n'a pas été inutile.
Puisque cette terreur que j'ai ressentie en allant chercher les résultats a semble-t-il enfin produit l'électrochoc dont j'avais besoin.

La mère d'Amélie Antoine n'a quant à elle pas passé de radio tout de suite. Peut-être que les choses auraient été différentes si son généraliste, son époux ou elle-même s'était davantage inquiété de cette toux persistante. Mais six mois après, les premiers examens dévoileront une tumeur. Elle a alors cinquante ans.
"Ma mère a fumé pendant plus de trente ans, et son cancer du poumon n'a aucun rapport ..."
La métastase au poumon sera soignée : chimiothérapie et opération.
Lors du suivi, le scan montrera une nouvelle masse inquiétante, au niveau du rein cette fois.

Combien de temps n'est pas un roman. Considéré comme un récit autobiographique, je l'ai quant à moi perçu davantage comme un journal intime dans lequel Amélie Antoine a écrit épisodiquement ses ressentis face à la maladie de sa mère.
Sans connaître la fin quand elle a commencé à prendre la plume.
Elle y décrit aussi bien la progression du cancer et ses différents traitements que les comportements ou réactions des principaux intéressés, le tout entrecoupé de réflexions personnelles sur l'existence, la fatalité, la mort.
"Je crois que l'être humain vit et meurt. Point. Qu'il n'y a rien après."
Ces mots ont été couchés sur le papier comme un besoin. Exprimer sa souffrance comme pour lui donner corps et pouvoir l'extirper.
Concrétiser l'innommable pour en alléger la douleur.

Le combat qui se déroule sous nos yeux n'est pas uniquement celui d'une femme contre la maladie, c'est celui de toute une famille qui doit affronter ses angoisses et son sentiment d'injustice sans se plaindre. Amélie a endossé le rôle de la fille qui se doit de garder le moral en amusant la galerie.
"Faire le clown, ça devient un peu difficile au bout d'un an."
Elle simule une confiance qu'elle n'a plus, instaurant un climat de gaieté et de normalité qu'elle est loin de ressentir.
Et pourtant le dialogue est souvent compliqué, simuler encore et toujours sans pouvoir évoquer ses pires peurs est usant, et l'envie de fuir ce très long cauchemar parfois très tentante.
D'autant plus que la malade n'est pas une patiente facile.

La vérité n'est pas embellie pour donner à tout prix une auréole à une mère idéalisée. Elle souffre. Les effets secondaires des différentes chimiothérapies entraînent une multitude de complications. Et elle a certainement conscience que cette douleur ne fait que lui offrir un petit sursis supplémentaire. Alors une forme d'aigreur l'emporte. Elle a l'impression d'être passée à côté de sa propre vie, et il lui faut trouver des coupables. Comme par besoin d'identifier la cause de cette injustice. Ingrate ? Non, juste humaine. Tout le monde ne peut pas toujours tendre l'autre joue et peu sont capables d'allier maladie et sourire.
A part Gudule peut-être, dans le bel été.
Mais pour Amélie, son père et sa jeune soeur, le temps s'est arrêté, comme mis entre parenthèses. Il y a eu le choc initial, puis l'espoir ... puis l'attente de l'inéluctable.
Les amis laissent à désirer. Des réactions maladroites sont à déplorer, et il ne faut surtout pas répondre franchement à la question "Et ta mère, comment va-t-elle ?" pour ne pas les mettre mal à l'aise ...
Et puis il y a ceux qui ont étrangement disparu de la circulation.

"Quelqu'un aurait-il envie de lire tout ça un jour ? Et si oui, pourquoi ? Pour savoir comment l'histoire finit, peut-être ..."
Ce qui m'a amené à lire ces pages, c'est tout simplement parce que le livre a été écrit par Amélie Antoine. Il n'y a pas cette fois le même suspense que dans Fidèle au poste, comment l'histoire se termine, on s'en doute.
Les rebondissements, c'est l'évolution imprévue de la maladie, les erreurs médicales.
"J'ai tellement l'impression que personne ne gagne contre le cancer ..."
La seule inconnue, c'est combien de temps.
Mais il ne s'agit pas d'une fiction.

C'est très difficile de donner un avis sur un tel témoignage, ce qu'Amélie partage avec ses lecteurs appartient à sa sphère intime et évoquer le combat de sa mère contre des nodules parasites nous met dans une position de voyeur, qui voudrait parfois détourner le regard.
Parce que ce livre est sans espoir. Pas même celui d'une quelconque vie après le dernier souffle. Si vous avez actuellement un proche qui se bat contre la maladie, ne vous précipitez pas sur ce récit.

Ce que j'ai apprécié en revanche c'est l'honnêteté du propos, qui ne déguise pas les faits. C'est sincère et l'émotion n'en n'est que plus grande.
On a envie d'être cet ami qui, à défaut de pouvoir la rassurer, saura au moins l'écouter.
Amélie Antoine avait besoin de parler de sa mère, et elle a probablement eu envie de partager ses doutes en prenant conscience que des millions d'autres personnes étaient concernées par la maladie, victime ou témoin impuissant.
"Impuissance face à la douleur, face au chagrin des uns et des autres, face à la peur et à l'angoisse."
Et cet hommage est susceptible de parler à tous. Parce que s'il s'agit bien de son histoire, très personnelle, chacun a déjà été confronté de près ou de loin à la maladie d'un proche et se sentira concerné, peut-être même un peu moins seul.
Et si j'ai lu en gardant quand même un certain recul ces pages à l'écriture pudique et sensible, j'ai fini par m'identifier à notre jeune narratrice dans la dernière partie. Elle décrit son deuil avec une telle justesse que j'ai reconnu mes propres gestes, réactions et pensées.
Comme percé à jour dans la plus universelle des intimités.

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C'est toujours difficile pour moi de rédiger la critique d'un témoignage surtout lorsqu'il est aussi sincère, aussi franc que celui-ci.

Amélie Antoine, que je ne connaissais pas auparavant, a partagé avec nous sa souffrance, ses émotions, ses peurs et angoisses, ses petits moments de bonheur que la maladie de sa mère rattrapait très vite et surtout ses regrets par rapport à un passé qu'elle ne pouvait pas rattraper et un futur très flou et incertain .. le tout, elle l'a fait avec tant de courage et de limpidité qu'on se croirait avec elle dans la même maison, attendant la fin fatale qui finit hélas par frapper à la porte ..

Je n'ai pas grand-chose à dire mis-à-part l'envie de découvrir davantage d'ouvrages de cette femme forte qui n'a pas hésité à mettre à nu son vécu aussi intime qu'il fut ..
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Combien de temps d' Amélie Antoine

✔️Mon ressenti : Je suis tombée sur ce livre par hasard et depuis que j'ai lu Raisons Obscures, je fais totalement confiance à l'auteure. J'ai donc débuté la lecture sans savoir le thème abordé.

Amélie dans ce petit roman nous offre un douloureux témoignage. le diagnostic puis le combat de sa mère contre le cancer. le bouleversement de leurs vies.

Un récit à fleur de peau bourré d'émotions, le tout raconté sans détour, sans filtres et sans mensonges. Il raconte aussi sa colère, son espoir, son impuissance, sa culpabilité, le tout écrit à la façon d'un journal de bord.

Elle m'a pris aux tripes ! Je suis toujours curieuse de connaitre les émotions des personnes dans ces moments, parce que j'aimerai les soutenir au mieux, même si chaque personne est différente, le témoignage d'Amélie est précieux, et apporte un éclairage sur le ressenti et la prise en charge de le personne malade mais aussi de l'entourage.

🗣Citation : « Cette impression, depuis plus d'un an que cette putain de maladie est entrée dans nos vies, d'être tous entre parenthèses, immobiles. A retenir notre souffle, à attendre. »

🎯Mots Clefs : Cancer / Mère / Colère / Fille / Douleur

🏆Ma note : 17/20
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J'ai lu d'une traite ce premier roman d'Amélie Antoine, autobiographie de 80 pages où elle raconte le combat de sa mère contre le cancer qui l'a emportée. L'autrice se dévoile dans ce récit difficile, sous forme de journal qu'elle a tenu au fil des mois où sa mère s'est battue contre la maladie et de ceux qui ont suivi sa disparition. Amélie Antoine décrit sans détours la violence de la maladie, la souffrance psychologique du malade et de ses proches, le sentiment d'impuissance, la difficulté à exprimer ses sentiments, le long travail de deuil.
C'est un livre d'une infinie tristesse, mais magnifique.
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J'avais tellement apprécié "Fidèle au poste" lorsqu'il est sorti que j'avais eu la curiosité de découvrir si cette auteure avait écrit d'autres livres. Je suis alors "tombée" sur ce récit autobiographique, aux antipodes du thriller psychologique que je venais de terminer. Aussitôt découvert, aussitôt acheté... et aussitôt dévoré (avec une boule à l'estomac qui ne m'a pas quittée au fil des pages).
Ce texte a malheureusement une résonance très forte pour moi. L'auteure retranscrit parfaitement les sentiments, les réactions, les espoirs et les colères que l'on peut ressentir lorsqu'on est confronté à la même situation. L'écriture est sans concession ni tabou et ce récit (très intime sans pour autant être "impudique") est d'une justesse remarquable.
Il faut une certaine dose de courage pour écrire un texte aussi fort et douloureux ; il en faut aussi (dans une moindre mesure !) pour le lire. Ce ne fut pas facile pour moi mais si le sujet vous intéresse ou vous concerne, je ne peux que vous conseiller cet ouvrage.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
La vie n’a de valeur que parce qu’il y a la mort au bout… Si l’être humain était immortel, qu’aurait-il à construire, à conquérir ?
Si l’homme a inventé les voitures, les trains, les avions, les autoroutes, c’est bien parce qu’il est mortel, et qu’il veut faire et voir le plus de choses avant de ne plus être. Si l’homme a inventé le téléphone, le courrier, et internet, c’est parce qu’il est mortel. S’il cherche des vaccins, des traitements, et des médicaments, c’est parce qu’il est mortel.
Et comme l’être humain est mortel, ce qui a finalement le plus de valeur, c’est le temps.
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On ne peut pas dire à quelqu’un qu’on pense qu’il est condamné. Ça ne se dit pas, et surtout ça n’a absolument aucune utilité.
Car comment se battre si on pense que tout est joué d’avance ? Et comment se battre si l’on sait que les autres nous pensent condamné ?
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Je pense même que j'ai du vrai mépris pour tous ceux qui ne savent pas cacher leurs sentiments et qui se laissent aller face à ma mère, comme si elle avait besoin de ça.
Oui, je les méprise.
Ceux qui, implicitement, lui demandent à elle de les rassurer, de les réconforter, parce que l'horreur de la situation les paralyse.
Ceux qui ont l'air d'attendre désespérément que ma mère leur dise qu'en fait c'était juste une mauvaise blague et qu'elle n'a jamais été malade.
Ceux qui demandent comment elle va, en croisant les doigts pour qu'elle réponde "bien".
Ceux qui osent dire qu'ils sont tellement inquiets qu'ils ont du mal à dormir, la nuit.
Et ceux qui disparaissent de la circulation, bien sûr. Ceux qui ne savent pas quoi dire, qui préfèrent se taire et rester loin de tout ça. Ceux qui n'appellent plus, parce qu'ils ne veulent pas savoir, parce qu'ils ont peur que tout ça leur arrive, à eux.
Peur que le malheur soit contagieux.
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Dans la vie, on est seul responsable des choix que l’on fait. Et encore plus des mauvais. On ne peut pas émerger après trente ans de possibles mauvaises décisions et clamer que l’on n’y est pour rien, que ce sont les autres qui ont choisi pour nous.
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Quand on est seul (ou avec des personnes non « impactées »), on peut douter. On peut laisser l’inquiétude s’immiscer, on peut laisser les larmes monter. Mais très vite, on remet son masque d’insouciant. Parce qu’il rend les autres plus forts (du moins on l’espère), et aussi parce qu’au fond, se donner l’apparence d’être fort, c’est le devenir un peu plus chaque jour.
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