En 1978, la Coupe du monde de football se déroule en Argentine. La Albiceleste est pour la première fois de son histoire sacrée championne du monde en battant les Pays-Bas 3-1. le général Videla, chef de la junte militaire et de la "guerre sale" remet la coupe au capitaine Daniel Passarella, « El Pistolero ».
Alors que l'excitation d'avant-match bat son plein dans la capitale, un homme n'a pas le coeur à la fête. Pablo, journaliste à Buenos Aires, vient de remarquer la présence de deux hommes assis dans une voiture garée en face de son immeuble. Sont-ils en planque? Et si oui, qui surveillent-ils? S'assurent-ils du bon déroulement des festivités pour tranquilliser les touristes ou sont-ils en train de noter les faits et gestes d'un opposant vivant dans la rue? Et si cet homme, c'était lui, Pablo?
Aux simples interrogations vont succéder les crises d'angoisse, jusqu'à la paranoïa la plus aigüe. Pablo observe, s'interroge, erre, fuit, alors que la liesse de la victoire l'enveloppe.
Panem et circenses pour les Argentins.
Hay unos tipos abajo,
Deux hommes à l'affût, est un roman percutant sur la dictature militaire.
Avec une grande économie de moyens, quelques personnages, et deux journées dans la vie d'un homme,
Antonio Dal Masetto représente la terreur derrière le spectacle, le basculement d'une existence noyé dans la joie collective. le romancier argentin distille la peur, goutte à goutte, entraîne son personnage d'abord en marge des festivités, puis en marge de la société pendant que le pouvoir lui se dissimule derrière une fête gigantesque et mondiale dont, qui sait, Pablo pourrait être la victime sacrificielle.
Antonio Dal Masetto fait mouche en ancrant l'intrigue de
Deux hommes à l'affût au coeur de la grande messe footballistique. En effet, les matches se déroulaient au moment même où les militaires pratiquaient tortures et assassinats dans les sous-sols de l'ESMA, l'École supérieure de mécanique de la Marine, située à proximité des stades de Buenos Aires. En sous-sol, les hurlements, et dans les complexes sportifs, l'euphorie. Ce roman trouve un écho particulier 24 ans après sa publication alors que le monde s'apprête à célébrer le même évènement organisé dans des conditions humaines et environnementales détestables.