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Critique de kielosa


C'est en lisant et préparant une critique de l'ouvrage de Sohaila Abdulali sur le viol, que je suis tombé sur le billet de "antorelcorinne" du livre de Samira Bellil "Dans l'enfer des tournantes" et ainsi sur le propre témoignage de Corinne Antorel elle-même "Je n'étais qu'une enfant".

Notre amie sur Babelio est née en 1961 dans l'Aisne, s'est mariée relativement jeune d'amour et a eu 3 enfants : Ambre en 1986, Gaëlle en 1988 et un fils, Florian, en 1994. Elle est esthéticienne de formation. Et a eu une chance inouïe de tomber sur l'oiseau rare comme mari. Voilà pour les "faits" de sa vie.

Le psychanalyste franco-libanais, Nazir Hamad, qui a écrit une brève mais remarquable préface à son ouvrage la termine avec une conclusion que nous pouvons tous, je présume, souscrire sans la moindre hésitation. Il note, en effet (à la page 13) : "L'auteur mérite notre respect pour le témoignage qu'elle donne et surtout pour la qualité de réflexion qu'elle suscite chez le lecteur."

Notre amie donne l'impression de regretter que son ouvrage ne soit pas littéraire. Je crois qu'elle a tort, sa langue est très claire, précise et parfois même recherchée. N'oublions pas non plus que Corinne Antorel n'a pas fait des hautes études et que de toute façon son oeuvre est avant tout un témoignage et que pour ce genre de livres la qualité première est l'honnêteté plus que les trouvailles de style et sur ce point elle ne doit craindre personne. J'ai rarement lu un témoignage personnel plus honnête et authentique. J'admire son courage d'admettre certains faits qui ne soient pas évidents pour un être humain : chez elle, point d'embellissements, de faux-fuyants et d'auto-illusions sophistiqués. Je lui tire ma révérence et regrette que personne n'ait daigné laisser une critique de son ouvrage, sorti il y a quand même déjà 6 ans.

Outre la préface du psy, le livre comporte un prologue, un épilogue et 9 chapitres et compte en tout 265 pages.

En découvrant et lisant son ouvrage, j'ai eu des doutes sur l'opportunité d'en faire une critique, vu le caractère particulier du livre. Je lui ai envoyé 2 messages, stipulant que j'ai l'habitude de chroniquer les ouvrages lus, surtout ceux des babéliotes, mais que si elle préférait oublier que je comprendrais bien sûr et respecterais son choix. le problème est que l'auteure n'est que très rarement sur notre site et que je ne souhaite pas ouvrir un compte sur Facebook pour la contacter. En ayant référé avec une très bonne amie de Marseille, je pense aussi qu'une chronique bien-intentionnée ne ferait aucun tort ni à l'ouvrage, ni à son auteure.

Le suicide étrange du milliardaire Jeffrey Epstein dans sa cellule de prison à New York, le 10 août dernier, a provoqué de graves remous, mais plutôt politiques, ce qui est bien dommage. Car, le fait qu'il ait été un bon pote du Donald et Melania Trump, ainsi que du fils de la reine Elisabeth II, le prince Andrew, est une chose, qu'il avait un faible pour les mineures depuis belle lurette sans être pour autant pendant longtemps juridiquement inquiété, en est une autre.
En d'autres mots, le fléau de la pédophilie est d'actualité, ce qui est bien entendu dommage, mais d'un autre côté positif puisque ce problème se heurte hélas trop souvent au silence et donc au détriment des victimes.

Honnêtement, je dois dire que la lecture de cet ouvrage ne constitue pas une partie de plaisir. Corinne Antorel nous entraîne dans les méandres ou peut-être conviendrait-il mieux d'écrire l'enfer du désespoir, d'insomnie maladive, d'affectations psychosomatiques (telle la chute des cheveux en plaques) et finalement la séduction du suicide. Bref, un glissement progressif dans l'horreur.

Les malheurs de l'auteure trouvent leur origine dans un abus sexuel lorsqu'elle n'était qu'une enfant de 5 ans.
Si le livre n'a rien d'exhibitionnisme, il décrit la variété et l'ampleur des turpitudes psychologiques qui peuvent en découler pour la victime à court, moyen et même à long terme. En l'occurrence, chez notre amie jusqu'à ses 42 ans et jusqu'à sa guérison grâce à l'aide et au soutien d'un psychothérapeute patient et compétent.

Dans sa conclusion, Corinne Antorel plaide pour que les crimes contre l'enfance soient imprescriptibles et elle rejoint sur ce point la revendication des organisations et associations d'aide à l'enfant.

Je termine mon billet par la citation du terrible poème de notre Corinne (à la page 186) :
" Il a volé mon enfance
Piétiné mon insouciance
Il a en toute indécence
Anéanti mon innocence
Il m'a sacrifiée en toute impunité
Sur l'autel de la perversité.... "
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