Un autre de mes poèmes pour résumer mon histoire de vie:
Enfant de cinq ans, enfant du tourment
J'ai grandi en oubliant pourquoi
Je m'étais autant accrochée à toi
Fondue dans tes pas, ma si fragile maman
Ils ont pillé mon enfance, saccagé mon innocence
Ils ont fait du petit être insouciant que j'étais
Une vraie sale gosse comme il en existe tant
N'ont laissé dans leur sillage que les ravages
D'un petit corps maintes et maintes fois torturé
De mains en mains si souvent passé et profané
Qu'une terre dévastée, des lambeaux de vie gangrénés
Des petits bouts de moi à tout va déchiquetés, éparpillés,
Que je me tue désespérément depuis en vain à rafistoler
Comme je peux, si je peux….mais parfois
Ne crois pas que je ne fais que m'apitoyer sur moi
C'est simplement que j'y arrive pas, j'y arrive pas….
Comment pouvoir leur pardonner, maman, arriver à oublier.
Les graines de haine que dans mes entrailles, ils ont semé
La semence même de leur démence qu'ils m'ont forcé à avaler
N'engendrent en moi rien que la désespérance et la souffrance
Combien d'autres tendres peaux d'enfants ont-ils ainsi exacerbés
Avant que leurs instincts les plus bas ne soient enfin rassasiés.
Nul ne sait…..nul ne sait….
Après s'être délecté de notre chair de bébé,
J'ai bien peur que jamais…..j'ai bien peur que jamais….
Combien d'autres petits corps d'enfants se sont-ils ainsi appropriés
Avant d'être repus de la jouissance du chaos qu'ils ont engendré
J'ai trop peur que jamais….j'ai trop peur que jamais...
Si tu savais maman, combien depuis je maudis ce foutu instinct de survie qui m'a fait déjouer leurs stratégies de m'éliminer quand ils ont cru que j'allais les dénoncer, car je crève un peu plus chaque jour de cette non-vie qui a pris racine dans mon ventre d'enfant devenu femme et s'est immiscée depuis dans chaque fibre de mon être fissuré.
Souvent j'ai envie d'en hurler, tu sais, mais j'ai retenu la leçon, ne crains rien, ce relent de peur, cette odeur de mort, je les garde à l'intérieur.
Et oui, maman, il y a bien des années, j'ai failli faire la une du quotidien du matin : Une fillette de huit ans retrouvée sans vie droguée, alcoolisée dans une cave de la citée HLM de….violée, aucunes trace de sang entre les cuisses…sans que personne jamais ne puisse soupçonner le calvaire que m'avait infligé durant presque trois ans le si gentil monsieur de l'appartement d'en face et ses sbires.
Pourtant en même temps que du poids, enfant, j'ai perdu mes cheveux, souviens-t'en, maman. Les yeux troubles, l'haleine alcoolisée, simple crise d'acétone, rien ou si peu en vérité à côté de la réalité, et puis tellement d'autres choses encore. Mais rassure toi, j'étouT..fais pour que tu ne vois rien. Tu n'es pas la seule, d'ailleurs, papa n'a rien perçu non plus, bien trop occupé à vouloir asseoir son autorité plutôt que sa progéniture protéger.
Alors à l'approche de Noël, je donnerais sans hésiter, de l'enfant terrifié que j'étais, tous mes joujoux, mes poupées pour revenir au jour d'avant, celui où tout a basculé et redevenir ne serait-ce qu'un instant une sale gosse au figuré plutôt qu'une Vraie sale gosse au sens propre…..Petite larme.
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