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Critique de Yaena


La famille d'Abad a fuit le Liban et tente de se construire une vie dans le quartier de la Goutte d'or à Paris. C'est là qu'Abad traîne ses baskets sur le bitume couleur désespoir de la rue Léon. Rue Léon… c'est pas une rue ! C'est la cour des miracles ! Elle est peuplée d'oubliés et de petites gens qui vivotent. A croire qu'on les a tous stockés au même endroit. Comme pour ne pas gêner les bourgeois avec la misère… Des personnages meurtris par la vie, malmenés, fatigués et pourtant salvateurs pour Abad. Des bouées de sauvetage qui lui permettront de se construire, de ne pas sombrer et de continuer à croire que la vie ce n'est pas que la misère. Les oubliés d'Abad, c'est une bande d'estropiés qui s'appuient les uns sur les autres dans l'espoir de continuer à avancer.
Il y a Gervaise, la pute Camerounaise, belle à se damner et qui s'accroche à son rêve d'une vie simple et rangée. Et puis « pute » c'est pas une insulte ! « Les putes aussi c'est des mères » alors Abad il s'en fout bien de savoir comment elle gagne sa vie Gervaise. Il l'aime parce qu'elle est belle. Surtout son coeur. Il y a aussi Odette, la vieille d'à côté, qu'Abad aime comme sa grand-mère, même quand elle attrape « la maladie qui sonne comme un gros mot craché par un allemand en colère ». Odette c'est les livres, la musique, les vieux films et les tartes aux pommes. Elle est vieille mais pas comme la dame d'ouvrir dedans, la psy qu'Abad est obligé de voir et qui ressemble à Schreck. Avec elle c'est compliqué, c'est un peu je t'aime moi non plus mais finalement Abad l'aime bien, même s'il lui en veut de le faire parler de ces choses qui lui font mal. Mais il lui pardonne parce qu'elle aussi elle en trimballe des casseroles, même si maintenant elle vit dans les quartiers chics.
Et puis à 13 ans on a des potes. Pour Abad ce sont les 4 fantastiques dont la principale occupation sont les « nichons Yougo » et autres conneries du même genre qui leur attireront bien des ennuis.

Sofia Aouine nous parle de ces invisibles sans misérabilisme, et sans fard dans une langue crue et rythmée pleine de gros mots et sans aucun égard pour le politiquement correcte. Condition féminine, sexe, religion, misère sociale… elle se saisit des sujets qui fâchent avec un humour grinçant et sous couvert de la franchise d'un gosse de 13 ans en pleine rébellion.

Certains peuvent être choqués par le vocabulaire d'Abad, personnellement je trouve que ce parti pris de l'auteur rend son personnage crédible. Employer un autre langage ç'aurait été travestir Abad. Dans la rue Léon un langage soutenu serait tombé comme un cheveu sur la soupe et puisque c'est Abad qui raconte et qu'il vit rue Léon... Et puis malgré son langage outrancier, il en dit de belles choses Abad. Tout ce qu'il nous raconte c'est beau, c'est triste et c'est criant de vérité !

Merci beaucoup à Babelio et audiolib pour la découverte.
Ce fut ma première expérience de « lecture audio » et si j'ai apprécié l'écoute de ce livre je reste une inconditionnelle du papier. En ce qui me concerne l'immersion dans l'histoire et le travail d'imagination m'est beaucoup plus agréable avec un livre entre les mains.
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