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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Onzième roman de l'autrice d'origine mauricienne Nathacha Appanah, « Rien ne t'appartient » dévoile le passé tragique d'une femme qui croyait pourtant l'avoir bien enfoui !

Depuis la mort de son mari Emmanuel, il y a de cela trois mois, Tara ne va pas bien du tout. Outre cet appartement qui ressemble de plus en plus à une décharge et une hygiène de vie qui commence à sérieusement inquiéter son beau-fils Eli, ce sont surtout ses visions qui la troublent le plus. Un jeune garçon qui la fixe en silence, les pas de danse d'une gamine insouciante, de très lointains souvenirs qui viennent subitement fracasser les parois d'une amnésie volontaire, un tsunami d'émotions qui risque bien de tout ravager…même sa nouvelle vie !

___« Elle ne se contente plus d'habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que bientôt, je n'aurais plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C'est elle qui envoie le garçon, c'est elle qui me fait oublier les mots, les événements, c'est elle qui me fait danser nue. »

Construit en deux parties, « Rien ne t'appartient » partage deux destins. Tout d'abord celui d'une femme endeuillée, qui vient de perdre son sauveur, celui qui l'avait extirpée des décombres d'une vie antérieure… qui vient brusquement la rattraper. Ensuite, celui d'une fillette pleine de vie, élevée dans la lumière, puis subitement privée de tout… venant éclairer la folie qui s'est emparée de Tara à la mort de son mari.

« Rien ne t'appartient » est l'histoire d'une enfance brisée dans un pays que l'autrice ne nommera pas. le récit d'une gamine a qui l'on avait d'abord donné des ailes, mais que la bêtise des hommes a privé de tout envol. Peu importe le nom, ils sont encore beaucoup trop nombreux ces pays qui vous privent de tout lorsque vous naissez fille, créant des blessures indélébiles…

« Rien ne t'appartient » c'est surtout une plume délicate, poétique et sensorielle qui fait non seulement danser son personnage principal, mais également les mots, tournant les phrases dans une beauté qui vient envelopper un récit pourtant douloureux et empli de désespoir. Une narration lumineuse venu éclairer la destinée tragique d'une femme endeuillée…

Me voilà fan de la plume de Nathacha Appanah !
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Depuis la mort d'Emmanuel, son mari, avec qui elle était mariée depuis quinze ans, Tara est oppressée par le chagrin et la solitude, et de plus elle est hantée par des visions et des fantômes. Une fille s'immisce dans ses rêves et Tara pense que c'est elle qui lui fait oublier les mots, les événements, elle, qui lui envoie ce garçon qu'elle voit sur le fauteuil, elle qui lui fait danser nue la bharatanatyam. Des souvenirs clignotent. Elle sent qu'elle n'aura bientôt plus la force de retenir en elle ce qui gronde et menace de ressurgir, c'est-à-dire la réapparition de celle qu'elle a été avant, une fille avec un autre prénom qui aimait rire et danser, qui croyait en l'éternelle enfance avec un appétit de vie immense comme si elle se doutait que cela n'allait pas durer.
Elle s'accroche tout en pensant à Emmanuel et se disant que « lui seul pouvait me maintenir debout, me garder intacte et préservée de ma vie d'avant, mais il n'existe plus ».
Quand elle apprend que Eli, le fils d'Emmanuel, inquiet pour sa santé, a pris pour elle un rendez-vous chez le neurologue, qu'étant allé dans sa chambre lui chercher une couverture, il revient en lui demandant « C'est qui, Vijaya ? », Tara pense qu'il faut que ça s'arrête et qu'il est temps d'en finir.
Rien ne t'appartient est construit en deux parties. le roman commence par la voix de Tara puis vient ensuite celle de Vijaya, une voix qui vient du passé, celle de cette petite fille à la vie délicieuse et sans entraves, éveillée à la beauté, à la sensualité, à la danse et à la connaissance par ses parents mais à qui « jamais personne n'a expliqué ce que c'est qu'être une fille dans ce pays ».
Aussi tout bascule lorsque des militaires forcent l'entrée de la propriété. Vijaya sera enfermée et comme d'autres fillettes heureuses, transformée en esclave silencieuse. Ce qui signera la fin de son insouciance sera cette phrase que lui jette à la figure la directrice du lieu où elle va être enfermée « Rien ne t'appartient » et fera dire à Vijaya « En vérité, plus rien ne m'appartient, ni ici, ni ailleurs, ni jamais. Mon nom, mon histoire, ma mémoire s'effacent. Je m'endors comme on tombe dans un puits noir ». Ce sera son premier tsunami !
Rien ne t'appartient s'attache à montrer que cette dépossession ne peut être totale pour Vijaya et qu'avec beaucoup de courage, en apprenant à mentir, elle gardera son coeur pour aider ses consoeurs dans la détresse et parviendra à une sorte de renaissance. En allant au bout d'elle-même, elle parvient à garder son intégrité. La perte et la reconquête, la condition féminine de même que le deuil, la mémoire, le corps, le désir et la mort sont les thèmes abordés dans ce magnifique roman.
J'ai été une nouvelle fois émerveillée par l'écriture à la fois tellement sensible, poétique, délicate, élégante, sensuelle et rythmée de Nathacha Appanah, une écriture charnelle, véritable immersion sensorielle dans un monde fait pourtant de tant de douleur, de brutalité et de ténèbres mais aussi de tant de douceur, de beauté et de sensualité et d'où finalement surgit la lumière…
Quel moment sublime lorsque Tara se remémore une séance de danse et se met à l'exécuter ! La description est telle que son souffle m'a enveloppée et que j'ai cru la voir et la sentir danser.
Rien ne t'appartient, ce roman bouleversant tout en sobriété, en suggestions et d'une extrême sensibilité m'a vraiment touchée et enthousiasmée.

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Une histoire tragique mais tellement belle par l'écriture poétique de Nathacha Appanah.
Je suis subjuguée par cette poésie que nous offre l'auteur.
Et pourtant rien n'est vraiment gai dans cette histoire. On y découvre une femme qui ne se relève pas de la mort de son mari, et apparait peu à peu sa vie passée, qu'on devine, qu'on découvre par petites touches. Rien n'est vraiment révélé, rien n'est posé cartes sur table, il s'agit de miettes déposées qui forment son histoire.
Nathacha Appanah a vraiment un talent rare, celui de nous emporter...
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J'avais déjà lu quelques-uns des romans de Nathacha Appanah comme « le ciel par-dessus le toit » ou encore « En attendant demain » et apprécié l'écriture singulière et intimiste de cette autrice mauricienne. Je remercie les éditions Gallimard et Babelio pour la découverte de son dernier roman.
Depuis la mort d'Emmanuel son mari, Tara se laisse engloutir par la tristesse et la solitude au milieu d'un appartement qu'elle n'a plus le courage de tenir en ordre. Et puis il y a cet étrange garçon qui s'invite chez elle, réminiscence d'un passé qu'elle croyait à jamais enfoui dans les tréfonds de sa mémoire.
« Est-ce possible que ce ne soit pas de lui que j'ai peur mais de ce qui va surgir, tout à l'heure, ce soir, cette nuit ? »
Elle pensait pourtant l'avoir oubliée cette fille qui se nommait alors Vijaya et apprenait à danser le bharatanatyam, c'était un autre temps, celui de l'enfance et de l'insouciance. Et puis il y a tous ces drames qui la rendent muette et sauvage, elle est celle que les enfants appellent » chien méchant ».
« Elle pointe un doigt vers moi et dit, Rien ne t'appartient ici » C'est ainsi qu'Amma accueille la fille gâchée au refuge des filles abandonnées. La vie y est rude et sans tendresse. Sauf peut-être l'amour confiant que lui porte cette nouvelle pensionnaire si frêle.
Il faudra un tsunami pour que la vie de l'héroïne bascule et qu'elle devienne Tara après sa rencontre avec Emmanuel, le médecin qui la soigne.
Avec ses ellipses narratives, ce récit est d'une grande sensibilité. le deuil sera ce catalyseur pour que Tara retrouve soudain son histoire et son ancien nom : Vijaya. On recueille ses confidences et, peu à peu, on voit apparaitre la fille d'autrefois. Tara affronte avec obstination les ombres de son passé et revit les drames qui ont saccagé son enfance heureuse et jalonné son existence.
J'ai été littéralement agrippée par cette histoire touchante et violente, histoire intime d'une femme courageuse, histoire magnifiée par l'écriture sobre et poétique de Nathacha Appanah.


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Tara est en état de sidération. Son mari Emmanuel est mort et depuis elle n'arrive plus à faire face. La pluie tombe sans discontinuer et elle passe ses journées dans une sorte de léthargie avec des visions qui l'empêchent de faire face au quotidien. Son appartement devient un cloaque, sent mauvais et Tara oublie les notions d'hygiène y compris pour elle-même. Elle ne vit qu'avec ce garçon qui apparaît, ombre d'un autre temps, qu'elle ne reconnaît pas. Elle sent la fureur dans son corps mais les souvenirs ne viennent pas. Eli, le fils d'Emmanuel, va essayer de l'aider, en vain. Fin de la première partie.

Vijaya est une petite fille docile, vivant confortablement avec ses parents. Heureuse, éduquée par son père qui ne veut pas qu'elle aille à l'école du village, elle grandit dans une famille atypique et dangereuse sans le savoir. Sa mère possède des pouvoirs de sorcière et Vijaya est éloignée quand cela arrive. Son père est un opposant politique. Elle est également maternée par deux domestiques, Aya et Roy. La vie est douce jusqu'au drame. Ensuite rien ne sera pareil. de la douceur de la vie aux drames successifs, Vijaya va tenter de survivre sans trop se poser de questions.

Pourquoi n'apprend-on pas aux filles qu'on peut devenir une fille gâchée par trop de sensualité ?

Cette lecture est déroutante, sensuelle, bouleversante. La première partie est écrite dans une violence retenue qui explose dans la deuxième partie, l'autrice maîtrise très bien l'art de cette violence avec les mots choisis, les ambiances troublantes. Un être humain est capable d'enfouir n'importe quel choc émotionnel violent, pendant des années, des décennies. Puis le traumatisme revient, vomi, dans des spasmes insurmontables et il faut lui survivre… ou pas.

Du grand art.


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« Personne ne m'a dit : profite de ce ciel, de cette terre, de cette eau pendant qu'il est encore temps. Vautre-toi dedans, plonge, avale, étouffe-toi avec un peu, bientôt ce sera fini, bientôt tu sauras ce que c'est, une fille de ce pays »
Entre la femme endeuillée du début du livre et la fille de ce pays, il y a 20 ans et toute une vie, un continent et des souvenirs. Trop de souvenirs que Tara ne veut pas voir remonter à la surface. Trop de pensées qui l'accaparent. Un passé qu'elle ne veut pas voir refluer. Mais comment lutter ?
Un magnifique roman sur le deuil, l'oubli, l'enfance, porté par une plume charnelle, dansante, comme la petite fille de l'histoire. Un texte qui vous emporte. bouleverse. révolte. submerge. Un texte terriblement poignant. Tout simplement superbe !
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Comme un mantra je m'appelle Tara
Pour conjurer tous ces noirs souvenirs
Pour réinventer une vie possible
N'invoquez pas la tendre Vijaya
Sinon mon esprit s'enfuit meurt déjà
Rejoint l'enfance sensuelle au loin
Je danse je vogue je suis Tara

Nathacha Appanah sait nous rendre terriblement attachants ces êtres en errance, en souffrance qui prennent chair dans ses romans. Comment ne pas compatir au destin de Tara, ayant choisi l'amnésie volontaire pour survivre, pour effacer le passé traumatisant, l'enfance asiatique à jamais déchirée?

Mais maintenant qu'Emmanuel, son sauveur, est mort, la folie affleure, les souvenirs veulent l'engloutir...

L'écriture est vibrante d'émotion, de poésie, alors que le propos même est si criant de désespérance. Dans ce monde cruel où rien ne t'appartient, Tara, tu auras laissé cependant ton empreinte au coeur du lecteur...

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« Parce que c'était un homme qui était amoureux de moi, il croyait en la douceur de ce que je lui racontais, il ne remettait jamais en question les couleurs, les parfums, les images et à le sentir apaisé tel un enfant à qui on raconte une histoire merveilleuse, j'oubliais aussi que mes mots étaient fabrication, que la tendresse de ce paysage que je lui dessinais était un leurre. »

Tara est une jeune femme asiatique qui a épousé un européen, Emmanuel, un médecin beaucoup plus âgé qu'elle. le début du roman la voit perdre complètement pied, entre hallucinations et angoisses. Emmanuel est mort depuis trois mois. Ses vestiges de souvenirs la ramènent à une époque où, jeune fille, elle portait un autre prénom. Son histoire, que le lecteur découvrira peu à peu, est terrible et son sentiment de culpabilité écrasant.

Nathacha Appanah m'a une fois de plus convaincu de son grand talent de romancière dans ce nouveau livre. Son écriture est magnifique, elle demande de l'attention mais reste toujours intelligible malgré ses ellipses. Patience : tout sera révélé en temps et heure…
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J'ai failli abandonner ce roman au vu des premières pages: un style, une entrée en matière sur une femme en état de choc qui ont agi sur moi comme un repoussoir.
Et puis vient l'histoire de Tara, la femme traumatisée. Et là l'écriture que je trouvais repoussante fait son travail d'envoûtement, là la posture que j'avais trouvée outrancière trouve son sens, le personnage se met à vivre dans une réalité d'un autre monde, traumatique, avilissante, désespérée, et je n'ai plus lâché le livre jusqu'à la libération finale.
Une belle surprise, en somme, qui m'a fait dérailler de mon confort de lecture et découvrir une auteure à relire, peut-être.
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Tara perd pied. Elle a des hallucinations : « le garçon », toujours le même, lui apparaît régulièrement, dans la rue, chez elle. Il ne semble pas menaçant, mais elle a peur. Elle ne s'occupe plus de l'appartement ni d'elle-même. Emmanuel, son mari, médecin, est mort depuis trois mois, subitement, sur le canapé. Rien ne va plus pour Tara qui se laisse submerger, et pas seulement par le chagrin. Eli, son beau-fils, pas beaucoup plus jeune qu'elle, panique quand, prévenu de l'absence de Tara par son employeur, il lui rend visite et constate le chaos.
***
Natacha Appanah divise ce beau et bref roman en deux parties, on pourrait sans doute dire trois, en fait. La première partie est intitulée Tara et raconte en quatre chapitres la perte de repères de la jeune femme dont le mari vient de mourir et qui, dans une grande confusion, commence à subir les assauts d'un passé occulté. La deuxième partie, titrée Vijaya, nous transporte dans un pays d'Asie, pendant sa jeunesse, des chapitres 5 à 16, et raconte la genèse de cette histoire. Un dernier bref chapitre non numéroté et titré Eli clôt ce tragique récit. Bizarrement, je voulais absolument savoir d'où était originaire cette femme, où elle avait bien pu traverser ces épreuves. J'ai pensé au Sri Lanka, pas en raison des répressions politiques, mais à cause du supplice du pneu puisque cette ignominie y a été pratiquée. le lieu n'a bien sûr aucune importance. J'ai trouvé particulièrement réussie la première partie de ce roman et j'ai apprécié de nombreux passages de la deuxième. L'affolement de Tara, ses hésitations, la naïveté de l'adolescente, la confiance qu'elle continue à accorder avant de se protéger m'ont touchée. le style de l'autrice, à la fois simple, précis, musical et parfois poétique m'a, par moment, comblée. Mais rien ne sera épargné à l'enfant, à l'adolescente, ni à la jeune femme jusqu'à sa rencontre avec Emmanuel. Et même là, ce sera un répit de courte durée. Cette surenchère dans le drame a fini par me le rendre surfait ; ce ne sera pas un de mes coups de coeur…
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