Ce n’est pas la peine de parler, disaient ceux qui avaient été dans les camps. La parole ne permettra pas de mieux comprendre.
Cela faisait des années qu’il n’avait pas vu un tel crépuscule. Parfois, une teinte violacée s’infiltrait un instant dans la cour du camp, avant d’être engloutie par l’obscurité.
À présent, le ciel s’ouvrait devant lui dans une limpidité bleutée, et la lumière se déversait à l’intérieur de son corps comme dans un récipient vide.
Rien ne vaut le premier café de la journée, il nous restitue quelque chose de perdu et de précieux.
On peut assassiner les corps mais pas l'âme, voilà ce que nous avons appris dans les camps.
Désormais, les prisonniers libérés se définiraient en fonction du camp où ils avaient été, et plus de leur ville natale.
Puis le commandant lui lança : "Que tes bien-aimés soient toujours avec toi. Marche tout droit, franchis le pont, et tu arriveras chez toi avec la dernière obscurité de la nuit."
Theo resta assis un long moment près Madeleine, silencieux, et Madeleine, dans son lit se taisait aussi, comme si un accord tacite avait été scellé entre eux : moins ils parleraient, mieux ils se sentiraient.
"Tu as raison, plus on a des biens, plus on a d'ennuis, c'est ainsi qu'on disait à une époque, non? Nous sommes un peu esclaves de ces biens que nous avons emportés."
Chacun d’entre nous a éprouvé le Mal dans sa chair. Nous avons surmonté la peur et nous avons des valeurs. Nous savons ce qui est important et ce qui est dérisoire. Ce ne sera pas facile de transmettre notre expérience aux autres, mais nous en serons les gardiens, jusqu’au moindre détail. Prions pour ne pas échouer.
"Les choses se déroulent parfois différemment de ce que nous avons imaginé, et il nous est difficile de comprendre leur sens.......
Nous devons accepter l'incompréhensible comme une part de nous-mêmes."
"Sans le remettre en question?" s'était étonné Theo.
"L'incompréhensible est plus fort que nous. On doit l'accepter, comme l'on accepte sa propre mort."