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4,02

sur 307 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Plus qu'une autobiographie au sens commun ou connu du terme, c'est-à-dire une relation plus ou moins vraie de la vie de l'auteur, il s'agit plutôt de fragments de mémoire. de fragments qui lui reviennent parfois comme des coups de fouet, issus plus de sensations du corps que de la mémoire consciente. Et du coup, cela semble plus naturel. D'autant que le début de la vie de Appelfeld est pour le moins chaotique : il a 7 ans lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate. Il a vécu dans le ghetto, un camp puis une évasion de ce même camp où il vécu dans les plaines ukrainiennes, avec toujours la peur de se faire dénoncer et de mourir. Puis ensuite l'errance de camps de transit en camps de transit en Italie, puis l'arrivée en Palestine. Il est seul, orphelin depuis des années, sans aucune famille.
Son « autobiographie » reflète cette solitude, cette difficulté à trouver sa place, à oublier sa langue maternelle (l'allemand) pour l'hébreu. Rien ne fut facile. Les sensations sont encore ce à quoi il peut le plus s'attacher pour raconter : chaque mouvement ou presque lui rappelle un épisode de sa vie, les difficultés à trouver sa place et son écriture.
Histoire d'une vie est une version possible de la vie de l'auteur, celle qu'il a jugé la plus honnête pour ses lecteurs, celle dont les blancs ne sont pas comblés de manière artificielle.
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Aharon Appelfeld est l'un des plus grands écrivains juifs de notre temps. Pourtant, il a toujours refusé avec énergie le statut d'« écrivain de la Shoah » dont on a voulu l'affubler. Dans les livres sur la Shoah, « Histoire d'une vie » occupe donc une place particulière... ou aucune.
Né en 1932, à Czernovitz, en Bucovine (alors rattachée à la Roumanie) d'une famille de la petite bourgeoisie juive germanophone, l'écrivain a connu le pire : le durcissement du régime, l'exil dans le ghetto et la déportation avec son père Michaël (sa mère, Bounia, a été assassinée au tout début de la guerre en 1940) vers un camp de concentration ukrainien d'où il parvient à s'échapper quelques mois plus tard. Pendant trois ans, il va survivre dans la forêt où il se cache et trouver refuge durant l'hiver auprès de paysans à qui il dissimule ses véritables origines, gagnant de la nourriture contre un peu de travail.
Mais l'expérience traumatisante du camp, Aharon Appelfeld ne nous la décrit pas dans ce livre, contrairement à nombre d'autres rescapés de la Shoah. Lui se concentre sur l'avant et l'après : son enfance en Bucovine et sa vie d'adulte en Israël. de cette manière, le lecteur suit très clairement le long cheminement de l'écrivain, en sachant ce qu'il a perdu et comment il a dû se reconstruire une vie.

Ce qu'il a perdu tout d'abord, c'est sa famille et sa langue. L'auteur insiste longuement sur les nombreux langages qu'il pratiquait enfant : l'allemand, sa langue maternelle ; le yiddish, parlé par ses grands-parents paysans et pratiquants ; le roumain imposé par le gouvernement ; puis le ruthène suivi de l'ukrainien dans ses années de fuite. D'autres dialectes sont également mentionnés… Ce problème de la langue est un des thèmes majeurs du livre. Quand il arrive en Israël en 1946, il doit s'approprier encore une nouvelle langue, celle qui apparaît comme devant être sa nouvelle « langue maternelle » : l'hébreu. Toutes les autres, il doit les oublier : « Ce que j'avais possédé – les parents, la maison et ma langue maternelle – m'était perdu pour toujours, et cette langue [l'hébreu] qui promettait d'être une langue maternelle n'était rien d'autre qu'une mère adoptive. » En Palestine, où il passe d'un camp de jeunesse à une école agricole avant de faire son service militaire, il tient un journal qui exprime toute la difficulté et la douleur de se familiariser avec une langue « obligatoire » pour qui il ne ressent aucune affinité. Les rescapés de la Shoah doivent avant tout renaître comme Juif et cela passe tout d'abord par l'étude et le maniement de l'hébreu. Appelfeld doit surtout faire le deuil de sa langue maternelle – image même de sa mère - et pour l'écrivain, il s'agit d'un véritable déchirement. « Ma langue maternelle et ma mère ne faisaient qu'un. A présent, avec l'extinction de la langue en moi, je sentais que ma mère mourait une seconde fois." Heureusement, ses années d'étude lui permettront de renouer avec le yiddish, autrefois parlé par ses grands-parents, et de rencontrer des personnalités de la culture judaïque, écrivains et professeurs, qui l'aideront à fabriquer sa propre expression.

L'autre thème majeur de ce livre est bien sûr la mémoire. A travers la volonté de préserver sa langue originelle, on comprend bien qu'Aharon Appelfeld veut conserver la mémoire des siens. Mais au-delà de la langue, ce sont de simples sensations qui le transportent des années en arrière. Une odeur ou un bruit, tout est propice pour le ramener dans le ghetto, le camp ou la forêt. Menus détails ou lambeaux de souvenirs nous font partager son périple où les anecdotes sont nombreuses.

C'est enfin dans un style épuré et posé, dans une écriture simple, que l'écrivain évoque ces années de souffrance et de reconstruction. Entre sa nouvelle vie en Israël et son passé d'enfant juif rescapé des camps, il tente d'établir un lien que la réflexion sur la (ou les) langue(s) peut lui procurer. Allemand, yiddish, hébreu,… l'important pour lui est de trouver son identité et préserver son histoire personnelle. Avec « Histoire d'une vie », nous ne lisons pas un livre sur la Shoah mais un livre tout en retenu sur l'histoire d'un homme, Aharon Appelfeld.

Un très beau livre qui offre une belle réflexion sur le lien qui unit langue et identité.
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Ce texte, disons ces mémoires de Aharon Appelfeld ne m'ont pas plu. Il n'y avait aucune note positive dans le texte. J'étaie mon propos. Il n'aimait pas les gens qu'il rencontrait, n'aimait pas la fonction qui lui était attribuée à l'armée, n'aimait pas l'hébreux, souffrait de solitude, se faisait agresser par quelqu'un qui disait l'avoir connu mais de qui il n'obtenait aucune explication sur la cause de ses reproches… Il aimait cependant cultiver la terre et méditer lui apportait un plus. Il était très centré sur le passé.

Compte tenu des propos plutôt élogieux sur Babelio, je me suis posé des question et me suis remis à deux reprises à cette lecture qui me mettait en souffrance tant elle ne me convenait pas. J'ai 'été dérangé par de fréquents retour en arrière dans la chronologie, un ton insistant, redondant.

Pourtant, j'aime les livres descriptifs de personnes marquées par l'épreuve, pauvreté, handicap physique, environnement nauséabond, de personne écrasées par le pouvoir mais bien souvent l'histoire triste connait un happy end absent dans ce livre. J'aime quand les personnes s'en sorte par leur attitude personnelle ou une aide extérieure, ou qu'un contexte extérieur s'améliore et constitue des ressources. J'aime l'image de l'amitié, qu'un lien soit clairement établi entre les déboires d'un protagoniste et son environnement, son pays, son époque.

Dans histoire d'une vie, je ne rencontre pas ces éléments. La lecture pour moi a été extrêmement pénible. L'histoire, le contenu, je n'en parlerai pas. D'autres l'ont fort bien exprimé.

Je passe à une autre lecture qui je l'espère rencontrera plus mes attentes.

Ah oui, j'allais oublier. J'ai lu : « Une vie » de Simone Veil et c'est dans ce livre que l'auteur invitait à la lecture de « Histoire d'une vie » de Aharon Appelfeld et j'ai suivi le conseil ce cette dame pour laquelle j'ai une grande admiration.

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Ce commentaire est très difficile à écrire en raison du sujet évoqué par l'auteur. En aucun cas, je ne minimise les souffrances vécues mais en toute honnêteté, j'ai eu du mal à apprécier cet ouvrage.
Je me suis sentie mal à l'aise, parce que l'auteur adopte un style simple, épuré et neutre qui ne cadre pas avec le thème principal. Je ne demande ni du pathétique ni de la colère ; je ne suis pas friande de récits pleins de détails et de faits mais voilà, je n'ai pas accroché.
Il n'y a pas vraiment de descriptions, juste des sensations brutes de ce qu'il a vécu. La chronologie m'a paru décousue, et j'ai eu du mal à me retrouver.
Il s'agit ici de l'autobiographie d'un enfant rescapé de la Shoah. Après une enfance heureuse et simple auprès de sa famille, la montée du nazisme va bouleverser leur existence : parqué dans le ghetto puis envoyé dans un camp, il réussit à s'enfuir et ne doit sa survie qu'à une longue errance dans les plaines d'Ukraine.
L'auteur évoque aussi son départ pour la Palestine et sa vie dans un camp. le rapport qu'il entretien avec son nouveau pays d'adoption est difficile car la solitude, les nouvelles valeurs inculquées, l'appropriation d'une nouvelle langue et l'oubli progressif de ses langues natales (allemand, roumain, ukrainien) le pèsent.
Toutefois, certains passages sont un peu longs notamment sur ses études de yiddish à l'université et sur le comité des survivants de la Shoah qui a lentement disparu.
Je pense que ce roman reste incontournable, mais si vous avez le blues, mettez-le de côté pour une prochaine fois.
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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D'emblée, l'auteur de cette autobiographie parle de la mémoire, de l'imagination et de l'oubli.
A cause des souffrances engendrées par cette période de l'histoire, il est difficile de critiquer cette « histoire d'une vie ». le malaise que l'on ressent tient tout autant de l'horreur vécue lorsqu'il était enfant que de la froideur de l'écriture.
On suit Aharon Appelfeld depuis le ghetto de Czernowitz, dans le camp en Transnistrie, puis tout au long de son errance dans la forêt d'Ukraine jusqu'à son arrivée en Palestine. Ces moments sont reconstruits avec des fragments d'images qui reviennent de façon désordonnée dans sa mémoire.
Le ton du récit est dérangeant et parfois ennuyeux et souvent les périodes se mélangent. L'écrivain, que nous avons entendu lors de table-ronde avec d'autres auteurs, n'est jamais apparu très sympathique, ni ouvert sur les autres. Il dit qu'il a été mutique, mais comment le croire lorsqu'il écrit : « Au temps du ghetto, j'avais huit ans et je ne pensais pas, et si j'avais de pensées, elles concernaient des besoins vitaux. » Un enfant peut-il ne pas penser ?
Hélas, ce récit manque de souffle vital.
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J'ai reçu ce livre lors de la tombola du pique-nique Babelio. Merci à Babelio pour cette initiative annuelle !

J'ai apprécié la lecture de ce livre, la sincérité de l'auteur dans la description des événements et de leur portée, la pureté des sentiments de l'enfant, même si certains éléments m'ont gênée car j'y ai vu des contradictions. L'auteur dit qu'il n'aime pas s'étendre sur ses sentiments, c'est pourtant ce que j'ai ressenti longuement dans plusieurs passages, et ceci a malheureusement pour moi rendu son histoire moins personnelle, moins "unique" (si j'ose dire), en faisant parfois "un récit de plus" sur le sujet.

Au final, malgré les passages trop insistants, il est pour moi important que ces récits personnels et vrais existent et soient diffusés largement, pour ne jamais oublier et espérer que le monde ne revivra jamais cela. Et pourtant, l'enfant survivant dans les forêts ukrainiennes a un goût amer d'histoire qui se répète...
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J'ai bien aimé connaître l'histoire de l'auteur que je ne connaissais pas.
Ce roman plutôt court raconte des bribes de sa vie, et on passe d'une histoire à une autre, sans vraiment de transition, c'est un peu ce qui m'a gênée.
Par ailleurs, j'ai trouvé quelques longueurs vers le milieu du roman, où je me suis un peu ennuyée, notamment les parties concernant sa volonté de devenir écrivain et de ses difficultés.
En revanche, j'ai trouvé dans l'écriture de l'auteur beaucoup de maturité et une écriture sans animosité par rapport à son enfance, la vie au ghetto.
L'auteur nous raconte un peu comme des flashs, des souvenirs de cette période et ce que j'ai trouvé intéressant c'est finalement le regard de l'enfant de cette période, qui est différent des adultes.
J'ai trouvé intéressant les passages aussi à la sortie de la guerre et ce qui s'est passé pour lui, on n'a finalement pas toujours de récit sur ces moments-là.
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Ce livre retrace la vie de l'auteur pas de façon chronologique mais sur les souvenirs qui ressurgissent de son enfance, au ghetto de Varsovie de son évasion et de son errance dans les fôrets et les plaines de l'Est, son arrivée en Israël. le style d'Appelfeld est un peu déroutant il met une certaine distance par rapport à sa propre histoire comme s'il était un observateur et pas acteur de sa propre vie. Il faut plutôt lire ses romans
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