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Critique de le_Bison


Welcome to Farrago,
Far away, long ago
Farrago
Far away, long ago
I'll be missin' Farrago
Somethin's a' singin'
Somethin's a' cryin'
Somethin's a' callin'
Far away, long ago...

Je débarque à Farrago, en cette année 1973, triste bourgade de Californie du Nord, avec cette musique qui vole dans ma tête comme un air des Doors ou des Rolling Stones. Voulant rejoindre la côte, j'ai atterri dans ce trou perdu d'une Amérique pas si profonde à quelques tournants de la côte bourgeoise et cossu du Pacifique. Je suis entré dans un bar comme souvent dans mes histoires, me suis accoudé au comptoir comme toujours, l'esprit embrumé par ce type Nixon qui se prend pour le président, cette guerre du Vietnam qui n'en finit pas, et ce camion-citerne qui a déchargé sauvagement son liquide visqueux et marronnasse dans la rivière avant d'entrer dans la ville. Diabolus in Musica dans le jukebox, et un gars du coin, pas franchement des plus finauds mais dont je perçois sa sympathie, son honnêteté et son humanisme. Homer Idlewide. Il me rappelle un autre Homer, pas celui de l'Iliade, non celui qui travaille dans une centrale nucléaire dans une ville voisine. Homer et ses vrais amis, Faust, Duke, Elijah. Une bande de pieds-nickelés, ni propres ni méchants, à qui le burlesque et le rocambolesque troublent la quiétude trop imparfaite de cette petite bourgade.

L'odyssée d'Homer s'apparente à une vaste promenade à travers les montagnes et les hauts plateaux, pour philosopher de l'écologie, de la justice, de la politique ou tout autre sujet de société qui a amené ses compagnons à fonder une sorte de club des 5 pour les laissés-pour-compte et les paumés. 5 ? Oui, tu sais encore compter, puisqu'au milieu de ces types farfelus, Homer, Duke, Elijah et Faust, s'invite l'amour d'Homer, Ophelia, une pute qui travaille dans la maison de joie de la ville, avec des seins si spirituels que les caresser apporte autant de joie et de sérénité qu'une confession et un Je-vous-salue-Marie-pleine-de-Grâce-et-bla-bla-bla. Une prostituée qui, par amour pour Homer ou pour l'enfant qu'elle porte en elle, serait prête à envisager une reconversion, voir à épouser ce bon-à-rien d'Homer pour peu qu'il arrête un peu ses conneries et qu'il pense à autre chose que de glander avec ses potes ou de se masturber les méninges avec les autres filles du bordel.

Si les catastrophes s'avèrent presque prévisibles, comme pour un épisode des Simpson, suivre les errements de ces doux dingues à travers les montagnes les hauts plateaux la décharge le bordel permet de s'interroger sur la nature de l'âme humaine. Et sur les choix à faire. Celui de rester un oublié de la vie, ou celui de se construire sa vie – certains diraient sa légende personnelle mais je ne suis pas dans un roman de Paulo Coelho – d'en devenir l'acteur principal, le héros même, tout en gardant les pieds sur Terre – même si on a déjà marché sur la lune.

La lune, les étoiles qui scintillent dans le ciel. Soudain une étoile filante a zébré les ténèbres. Je fais un voeu et sors de ce bar où je perds mon temps à m'abreuver d'un whisky qui me déconnecte certains neurones, ceux de l'intelligence et de la subtilité en particulier. « Je souhaite avoir un destin, j'ai murmuré. Je souhaite vivre une histoire qui fasse de ma vie un destin. »

« Farrago », far away, long ago.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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