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Critique de Fisheye


Si vous aimez les rêves, les imparfaits du subjonctif, la tendre ironie, la violente diatribe, les coqs et les ânes, les sociétés secrètes, l'amour quand il est fou, les passages, les passantes, les passeurs, les frères sans soeurs, la nuit mystérieuse, les baisers de cinéma, les poisons d'eau douce, les planchers qui craquent, les miroirs qui réfléchissent, les tables de bistrots, les changements de décors à vue, les masques insignes, les fils indignes, les parents éplorés, les parapluies dorés, les tables de dissection, les machines à coudre, les gros bras avec qui en découdre, les boules de cristal, les patronymes grotesques, les grottes pas trop mesquines, les disparitions, les réapparitions,les illuminations, les caprices, les chevelures noires comme l'encre, l'encre déliée comme une chevelure, les tragédies inutiles, les comédies un peu tristes, les marquis et les filles de joie, oui si vous aimez tout ça, ruez-vous sur Anicet et le panorama.

Roman inaugural d'un jeune Aragon encore dada, on dirait un manifeste à rebours de ce que finalement le surréalisme ne sera pas. Comme si la lutte entre Anicet et Baptiste Ajamais (André a dû apprécier !) n'était qu'un entraînement à vide, ou une fulgurante prémonition des impasses dans lesquelles le despotisme hystérique de Breton conduirait le petit groupe de la rue du Château. On dit "Mouvement" littéraire, voilà un substantif bien choisi, et à vouloir à tout prix conserver l'Immobilisme, pétrifier la création dans des dogmes froids comme la mort, le Surréalisme en tant que tel ne passa pas l'hiver. Aragon, à l'image de son jeune héros qui va toujours tout droit, se dépouillant de ses oripeaux clinquants mais encombrants, évoluera vite vers d'autres horizons romanesques, comprenant qu'aucune forme figée ne pourra jamais rendre compte de la ductilité du Réel. Quand on aime, il faut partir...
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