TRÈS TRÈS BON LIVRE J'AIME LES LIVRES QUI PARLE DE QUEUX
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"Celui qui se croit l’ami d’un homme vit de jugements comme de chardons l’âne. Tout ce qui vient de moi, il le mâche, il broie les piquants, il égalise. Et quand ça ne passe pas, capable avec ça de me le reprocher. Je suis sa pâture, son aliment mental, son aliment sentimental. Dans l’immense ennui généralisé où il baigne, il se trompe à tout coup sur l’intérêt qu’il me porte. Il a tellement peur d’être seul. Et l’insuffisance à tout coup de la matière pensable, donc. Il se crée un monde, dans lequel je lui importe. Dans lequel il faut me juger. Dans lequel, d’ailleurs, il me juge. Un goût des complications qui ne s’explique guère que par l’atroce banalité de la pensée. A quoi voulez-vous qu’un homme vraiment s’attache ? Qu’est-ce qui mérite l’attention ? Alors il se retourne contre soi, avec ses chimères, et un ami, n’est-ce pas un peu soi-même ? Voilà qu’il n’y a plus de limites véritables à ses investigations. L’âpreté qu’il apporte à l’examen de mes actes, ne prouve-t-elle pas un sentiment sincère ? Elle le prouve, je vous dis. Il se plait à classer en moi les tendances, à les reconnaître, à déplorer. Le pire est qu’il fasse parfois la part des choses. Quand il ne la fait pas, cela ne va pas mieux. J’ai horreur de cette familiarité nécessaire".
Mais bien sûr si ce n'est par enchantement veuillez m'expliquer comment il se pourrait faire que tout le monde ait trouvé naturel, absolument pas remarquable, de voir une énorme bite, atteignant en hauteur la taille d'un homme moyen, je veux dire avec ses autres membres, marchant je ne sais comment, une sorte de foulard au-dessous du gland, et les couilles drapées dans un plaid écossais de teintes sombres, rapiécé en plus d'un endroit ? Or personne ne regardait cette apparition singulière dans l'ascenseur, ni sur le quai du métro Cité où elle se dandinait avec une suffisance, une assurance inconcevable. Juste un coup d’œil indifférent, au passage, un pardon-excuses si on l'avait heurtée. Evidemment il y avait de la magie là-dessous.
"Puissance du regard, même abstrait il pose, il pèse sur moi. Cet extraordinaire chemin ordinaire de la langueur a toujours défié les pinces précises, les compas des physiologistes et des cartographes. Et tant de regards ne sont que des coups d’épée dans l’eau que lorsque enfin l’un d’eux perce l’air, et le cœur, alors une NOUVEAUTE sans nom se fait jour par cette déchirure et c’est une vie qui commence dans un corps qui semblait avoir oublié jusqu’à l’existence de la vie".
"L’homme fait des enfants par orgueil. Et par une sorte d’orgueil d’une imbécillité remarquable, un vrai sentiment de sauvage, une obscurité incroyable de jugement. Il fait des enfants pour apporter la preuve de sa virilité. Puis cette preuve donnée, il se promène avec elle, il en devient épris. Imaginez un bachelier amoureux de son diplôme. Dans le fond de son cœur, il y a l’ambition sombre des fondateurs de tribus. Ce sont ses couilles que le père adore dans ses enfants. Voilà bien pourquoi il entend que ses enfants lui demeurent. A l’hypocrisie sociale il joint l’hypocrisie érotique. Sa famille est une symbolique et le seul langage sexuel qu’il puisse aujourd’hui supporter".
"Comme une vie se dépayse ! Les années fuient et laissent l’homme après tant de pérégrinations et de métamorphoses, absolument semblable, soi-même, à l’occasion d’une petite similitude morale, d’une circonstance qui fait qu’on se souvient. Est-il vrai qu’on aime qu’une fois dans sa vie ? J’ai rencontré des êtres qui le pensaient. Je l’ai cru parfois. Maintenant je m’oppose avec violence à cette conception inhumaine. L’amour est pourtant aussi haut pour moi. Il est resté tout ce que j’aime. Ce qui fait tout plier. Ce qui fait abandonner tout au monde, et c’est très bien ainsi".
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