AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782232147074
160 pages
Editions Seghers (08/06/2023)
4.35/5   20 notes
Résumé :
"Avec le temps, l'œuvre d'Aragon a pris la forme d'une ville. Quand on la regarde de loin, des monuments se détachent, plus imposants, plus hauts, plus connus. Entre ces chef-d'œuvre que mentionnent les tables panoramiques, des édifices se serrent, les uns reconnaissables, les autres à peine perceptibles... " Tels sont les mots par lesquels l'écrivain Michel Besnier nous propose de découvrir, ou redécouvrir, Le Voyage de Hollande. Ce recueil, qui fait partie des qua... >Voir plus
Que lire après Le Voyage de Hollande et Autres poèmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Plutôt qu'en Suisse entre le 29 juillet et le 26 août 1963, le couple Louis Aragon et Elsa Triolet a trouvé le repos en Hollande. 

Le temps des vacances, Louis Aragon note ses impressions sous forme de poèmes qui furent publiés chez Seghers dès le 12 février 1964.

On y retrouve des quatrains violentant la syntaxe comme Aragon en a le goût ( Il est interdit blasphémer / Pour pénétrer dans mon domaine / Entre toutes choses humaines / Ce qui porte le nom aimer).

J'ai découvert cette semaine les poèmes de ce livre, puis relu pour moi et relu plusieurs fois à voix haute. le sens qui peut-être si différent selon qu'on ait pris en compte l'orthographe ou le mot accolé à un autre et le son / mot qu'en définitive ils forment. 

Les vacances en Hollande n'ont pas atteint l'ensoleillement et la diversité imaginés avant le départ : dans le poème AMSTERDAM (...) Ainsi va-t-il de toute chose / Dans les canaux les pieds en haut/ Où les passants tremblent dans l'eau / Tout paraît suicide qui n'ose (...)

Aragon nous restitue une Hollande sous la grisaille, telle qu'elle est pendant cet été 1963, avec ce qu'elle montre et donne, ses profondeurs et les mouvements intérieurs qu'elle impose à ceux qui la foule. À Louis et Elsa, deux sexagénaires entre leurs espérances et leurs déceptions, dans un rythme d'une forte puissance. 

"Dans ce pays blond

Comme un violon 

La nuit est étroite 

Si bien que l'on n'y

Trouve qu'insomnie

à gauche et à droite. "

J'ai aimé chaque poème du voyage en Hollande, le labyrinthe bleue et blanc notamment qui est d'une profondeur infinie. 

La messe d'Elsa "Je dirai la messe d'essayer sur les marchés du soir profond / Quand les oiseaux quittent le ciel où la fin du jour se confond / Comme un acteur qui ne sait pas trouver les mots de son rôle / du jardin sombre à ma narine ô le parfum coupé des buis / À peine entend-on sur les toits le piano lointain des pluies / Et la chasubles de la nuit se prépare pour mes épaules (...)"

Ce recueil de poèmes est un pur chef-d'oeuvre ! Moi qui ai comme habitude de dévorer les livres, je n'en ai ouvert aucun depuis la fin de celui-ci tant j'ai besoin de m'en imprégner encore. Je partirai comme prévu en Hollande cet été avec ce recueil, sous le bras les yeux d'Aragon

Commenter  J’apprécie          70
Partant en vacances en Hollande cet été, j'ai été attirée par le titre de ce recueil d'Aragon que je ne connaissais pas.
La Hollande est "ce pays de jardins et de peintes fenetres", de moulins, de canaux, de canards et de parcs. Oui, on pourrait croire lire un recueil inspiré d'impressions de voyage touristique.
Mais la Hollande est aussi ce pays "entre la pluie et le vent". Comme la maîtrise de la umière de Vermeer vient de sa maîtrise des reflets sur l'eau et des jeux d'ombre, l'écriture d'Aragon suggère par petites touches subtiles plus qu'elle ne montre. La couleur dominante est le gris, le paysage est noyé dans "un brouillard de regret", le ciel est immense et "frisonne de nuées". Oui, c'est un "été nuageux et profond", comme le Poète plongé dans la douleur de ne pas être assez aimé ; Aragon nous l'a déjà dit : " Il n'y a pas d'amour heureux". L'Aimée est là, Elsa est là, mais le Poète peut-il vraiment être sûre de son amour ? Ce n'est donc pas une Hollande touristique, mais une Hollande "prise comme un pays de contrebande" pour symboliser le couple et la difficulté de faire de deux individualités un Nous.
J'ai en revanche eu plus de mal à apprécier la dernière partie, "Poèmes divers", notamment "Enfer", très crépusculaire.
Commenter  J’apprécie          71
Je suis comme ces femmes qui aiment les mauvais garçons : j'aime Louis Aragon.
Ce poète au verbe envoûtant, irrésistible.
Cet homme qui toute sa vie a joué avec tout le monde, peut être, avec soi-même aussi.
Tantôt un veuf flamboyant, tantôt un dandy maquillé et masqué.
Qui affrontait les femmes par le double jeu de la rouerie et l'ironie, le lyrisme en décore théâtral, le savant dosage de la sincérité et du mensonge.
Qui avouait que
« Si l'on voudrait élever une statue à la mobilité des idées, le sculpteur ne trouverait pas de meilleur modèle que moi ».
….Finalement , peut être, je ne l'aime pas tant que ça ….

Et pourtant :
"Pourquoi ce jour-ci, pourquoi ce moment leur est-il le dernier.
Quelle est cette fatigue subite et quel est ce renoncement.
Ils n'ont pas voulu, ils n'ont pas pu marcher plus loin disant qu'après tout
Après eux le futur commence.
Et vais-je aussi comme eux m'asseoir tout d'un coup
Voyant devant moi l'immensité de l'étendue.
Désespérant de l'effort si grand pour avancer si peu.
Pourtant donne-moi ta main qu'ensemble
Allons veux-tu bien jusqu'au tournant .
Peut- être après
Le paysage change-t-il et ce serait bien assez
De voir qu'il change."
Aragon

Commenter  J’apprécie          51
Au début de ma lecture, je dois avouer que j'étais sceptique : je ne comprenais pas bien les poèmes et l'écriture me paraissait obscure. Puis au fil de la lecture, j'ai eu une sorte de déclic. D'un coup, la porte d'Aragon m'a été ouverte. Cette manière étrange de déformer la grammaire pour y mettre de la poésie est exactement la cause de ma première incompréhension puis de mon engouement. Admirable Aragon, que de beaux textes as-tu produit !
Commenter  J’apprécie          40
Accompagné par Elsa Triolet, Louis Aragon devait initialement s'accorder quelques jours de villégiatures en Suisse. Ils ont finalement fait le choix audacieux de poser leurs valises en Hollande.

Dans ce recueil de poèmes, Louis Aragon nous partage ses impressions de voyages. Si le séjour reste pluvieux, Louis Aragon parvient à décrire les paysages hollandais et nous le suivons dans sa découverte mélancolique et colorée d'Amsterdam.

D'autres poèmes sont rassemblés dans cet ouvrage et j'ai découvert avec délice « la messe d'Elsa », des poèmes ardents et irrésistibles qui parviennent à nous partager tout l'absolu du sentiment amoureux

Je ne peux que vous inciter à lire et (re)lire ces poèmes à voix hautes pour que leur force lyrique puisse définitivement vous imprégner. Un incontournable moment de poésie avec Louis Aragon.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
LeMonde
26 juin 2023
C’est entendu : apparatchik communiste, épurateur inflexible, stalinien tardivement repenti, homme retors et contradictoire, Louis Aragon (1897-1982) a tout fait pour être détesté. Quel poète, pourtant ! La preuve avec ce Voyage de Hollande, recueil méconnu, republié aujourd’hui par les éditions Seghers. Une gerbe de textes d’une très grande beauté.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
C’est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C’est comme une eau froide qui monte
C’est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu’on corroie
C’est long d’être un homme une chose
C’est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
O mer amère ô mer profonde
Quelle est l’heure de tes marées
Combien faut-il d’années-secondes
A l’homme pour l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées ?
Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
Commenter  J’apprécie          640
Sans fleurs l'ombre est veuve / Et le vent léger / Comment porter preuve / De l'amour que j'ai /// Le temps m'est écharde / Il pleut il a plu / L'aube tant me tarde / Le temps ne bat plus /// Le cœur se partage / Comme un pain d'oiseaux / Au huitième étage / Au-dessus des eaux /// De soudains cytises / De brusques lilas / Bruyamment balisent / L'air de leur éclats /// A ce golf miget / Quel demi-dieu joue / Ou si c'est un jet / Qui s'en va sais-je où /// Ou quelqu'un peut-être / A qui tu manquais / Devant ta fenêtre / Qui t'offre un bouquet /// Mauves chrysanthèmes / Comme un fait exprès / Pour rimer Je t'aime / Et Mille regrets /// Est-ce toux ou tôle / Ce bruit insensé / Sur le toit qu'il frôle / Qui donc a passé /// Dont les pas se meurent / Par le ciel frayé / Et moi je demeure / Dans les oreillers /// Qu'il vente ou qu'il pleuve / C'est toujours neiger / Sans fleurs à quoi peuvent / Les amours songer
Commenter  J’apprécie          100
Je suis venu par à travers le pays de nulle part
Je suis venu par un chemin de vent vide et glacé
De fatigue d'appels sans réponse et de pas effacés
De fondrières comme une étoffe tout à coup qui part

Une vaine forêt d'hiver un silence absent d'oiseaux
Un tournant après l'autre et ce n'est jamais le bout du songe
Les poumons brûlés par la peur les yeux que ne pas voir ronge
Le sang seul qui fait au fond de l'oreille un bruit de ciseaux

Je suis venu vers toi trébuchant de calvaire en calvaire Avec des bras d'aiguilles de verre et des genoux qui crient
Colin-maillard perpétuel univers de tromperie
Où manquera toujours une marche à l'escalier pervers

Quel labyrinthe où c'est moi sans cesse par moi poursuivi Comme un acteur qui ne sait que les premiers mots de son drame
Je suis venu vers toi dans la nuit sans lumière que l'âme Sur cette scène où sans fin je crois recommencer ma vie

Je suis venu par les brouillards intérieurs les secrets
Les faux pas le doute qui retourne à soi-même l'angoisse Je suis venu vers toi dans ces joncs coupants à qui les froisse
Par la traîtrise de la terre et l'eau morte des marais

Je suis venu vers toi comme à l'aimant la sombre limaille Comme la pierre qui n'a de loi divine que son poids
Ou ce vers ne frappant sa rime qu'à la quinzième fois
Le poisson dans le filet qui se débat contre les mailles

Le monde n'est qu'un lit immense et pour nous deux trop étroit
Où ne me guide vaguement que le gémir de ta bouche
Ah tu vas m'échapper par le rêve avant que je te touche
Et pourtant plus que tout je crains de t'éveiller ô ma proie

Le Labyrinthe bleu et blanc
1ère partie
Commenter  J’apprécie          50
"Au bout de mon âge
Qu'aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j'ai mal rêvé"

L'été pourri III

Je me sens pareil
Au premier lourdeau
Qu'encore émerveille
Le moindre jet d'eau

Les gens de ma sorte
Il en est beaucoup
Savent-ils qu'ils portent
Une pierre au cou

Un destin banal
Une âme blessée
Comme un vieux journal
Un veston Froissé

Pour eux les miroirs
C'est le plus souvent
Sans même s'y voir
Qu'ils passent devant

Ils n'ont pas le sens
De ce qu'est leur vie
C'est une innocence
Que je leur envie

Il m'a fallu naître
Et mourir s'en suit
J'étais fait pour n'être
Que ce que je suis

Une saison d'homme
Entre deux marées
Quelque chose comme
Un chant égaré

O vague aventure
Par hasard courue
Un bruit de voiture
Au bout d'une rue

Tant pour le plaisir
Que la poésie
Je croyais choisir
Et j'étais choisi

Je me croyais libre
Sur un fil d'acier
Quand tout équilibre
Vient du balancier

Au bout de mon âge
Qu'aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j'ai mal rêvé
Commenter  J’apprécie          50
Chanson pour Fougère

Que sais-tu des plus simples choses
Les jours sont des soleils grimés
De quoi la nuit rêvent les roses
Tous les feux s'en vont en fumée
Que sais-tu du malheur d'aimer

Je t'ai cherchée au bout des chambres
Où la lampe était allumée
Nos pas n'y sonnaient pas ensemble
Ni nos bras sur nous refermés
Que sais-tu du malheur d'aimer

Je t'ai cherchée à la fenêtre
Les parcs en vain sont parfumés
Où peux-tu où peux-tu bien être
A quoi bon vivre au mois de mai
Que sais-tu du malheur d'aimer

Que sais-tu de la longue attente
Et ne vivre qu'à te nommer
Dieu toujours même et différente
Et de toi moi seul à blâmer
Que sais-tu du malheur d'aimer

Que je m'oublie et je demeure
Comme le rameur sans ramer
Sais-tu ce qu'il est long qu'on meure
A s'écouter se consumer
Connais-tu le malheur d'aimer
Commenter  J’apprécie          51

Videos de Louis Aragon (146) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louis Aragon
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Savez-vous quel écrivain a rédigé son autobiographie entièrement en vers ? Romancier et poète…
« le roman inachevé » de Louis Aragon, c'est à lire en pochez chez Poésie/Gallimard.
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (38) Voir plus



Quiz Voir plus

Aragon (difficulté moyenne)

Aragon a été journaliste dans un de ces journaux. Lequel ?

Minute
Le Figaro
Libération
L'Humanité

10 questions
143 lecteurs ont répondu
Thème : Louis AragonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..