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EAN : 9782073063816
Gallimard (18/04/2024)
3.32/5   73 notes
Résumé :
Écrites pendant la guerre et publiées clandestinement dans le recueil 'Servitude et grandeur des Français', ces trois nouvelles donnent la parole à «l'adversaire», qu'il soit un journaliste hostile à la Résistance et aux communistes, réparateur de radios et collaborateur, ou une jeune Allemande qui a suivi les soldats à Paris. Mais les situations changent, les idées évoluent et peu à peu les adversaires basculent dans le camp des alliés...

-Les Renco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ces trois nouvelles publiées dans la clandestinité dans le recueil « Servitudes et Grandeurs des Français », Louis Aragon, chantre de la résistance, donne la parole à l'adversaire, ennemi de la patrie et de la démocratie.
Dans « Les rencontres » Pierre-Vandermeulen alias Julep, journaliste, est farouchement anticommuniste et condamne la résistance. Il ne peut concevoir ces actes « terroristes » qu'il juge antipatriotes.
Dans «Le collaborateur », on part à la rencontre de Grégoire Picot, réparateur de radios, qui croit bec et ongles à la collaboration. Pour lui, tout n'est que question de logique et les Allemands ne font que leur devoir.
Dans « le droit romain n'est plus », on suit un commandant juge allemand qui envoie chaque jour des résistants à la mort, parfois aussi des Allemands, ceux qui ont fait le « mauvais choix ». Il fait son devoir, est aux ordres du parti, et n'a pas mauvaise conscience. Ceux qu'il condamne sont des « terroristes » et pour lui, "la guerre est la guerre" et elle justifie les moyens.
Ces personnages, anti-communistes et anti-résistants, ne doutent pas d'être du bon côté et détenir la vérité. Ils n'ont donc pas mauvaise conscience. le résistant est un terroriste, c'est lui le mauvais Français. Depuis l'armistice de 1940, le gouvernement français n'est plus en guerre contre l'Allemagne et on se doit d'obéir à l'ordre établi. Mais le temps passe, les horreurs de la guerre sont de plus en plus intolérables et la cruauté gratuite est inconcevable. Ce qui leur semblait au départ évident ne l'est plus et ils finissent par se demander s'ils ont vraiment choisi le bon côté.
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Après l'invasion de la zone libre en 1942 le quotidien c'est l'Occupation, les miliciens et les terribles représailles, mais c'est aussi la Résistance, les francs-tireurs, les communistes, les gaullistes, le maquis, les "terroristes".
Les 3 nouvelles du recueil suivent un juge militaire allemand, un réparateur de radios collaborateur ou un simple journaliste indécis et égoïste;  des personnages  qui s'étaient jusqu'ici trop bien accommodés du régime de Vichy. Mais les temps changent, le doute s'installe subrepticement. Sous le poids des événements extérieurs chaque personnage en vient à remettre en cause ses anciennes certitudes. Malaise, peur, agacement s'invitent dans leur vie. Ainsi  dans la seconde nouvelle  « Le collaborateur », la plus percutante des trois , Grégoire Picot, le réparateur de radios, mû par un besoin incessant de se rassurer, de se prouver qu'il est dans le vrai,  proclame à tout-va que tout ce qui arrive "C'est juste une question de logique".
Et puis soudain en un instant, comme souvent dans les nouvelles, la situation  bascule. L'issue sera pour chacun à la hauteur de son "crime".
Guidé par le monologue sans fin  du héros avec lui même, on suit le cours perturbé de ses tourments. le lecteur, lui, animé  de sentiments contradictoires condamne les choix des  3 personnages, leur passivité, leur violence ou leur haine. Pourtant  leur angoisse l'envahit et, quelque part, il en vient à redouter la suite sans souhaiter ou cautionner le sort qui leur sera réservé. Ce message est probablement le plus intéressant des nouvelles.
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Ces nouvelles ne font pas partie des oeuvres en prose les plus connues d'Aragon. Ecrites au cours de la seconde guerre mondiale, elles sont complètement centrées sur la Résistance à l'occupant allemand. Mais l'écrivain se focalise sur ses ennemis (sans cacher de quel côté il se situe lui-même).
Dans la première nouvelle, un journaliste compromis avec Vichy rencontre un certain Emile à de nombreuses reprises pendant la guerre et apprend finalement son exécution. Dans la deuxième, un grand-père acquis à la cause allemande voit son petit-fils tué par la Wehrmacht. Et la dernière montre un juge militaire allemand, habitué à condamner à mort sans états d'âme, qui est fait prisonnier par un groupe de résistants.
Ces textes engagés, écrits d'une manière enlevée, ont le mérite de restituer le climat délétère de la France sous la botte nazie et, bien sûr, l'opposition frontale entre les collaborateurs et les résistants. Cette triste époque appartient à l'Histoire, mais qui peut jurer qu'on ne retombera plus jamais dans un tel cauchemar ?
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Il n'y a que trois courtes nouvelles à ce recueil, mais enrichies de nombreux compléments pour accompagner le lecteur, dont un grand groupement de textes, une interview imaginaire d'Aragon, un dossier historique, des exercices pour accompagner la lecture en classe...
Trois nouvelles, cela semble peu pour un recueil mais celles-ci sont denses et une certaine progression entre elles les rassemblent. La première se concentre sur un personnage de collaborateur non délateur, qui se marmonne à lui-même une litanie lui permettant de donner un sens à sa vie et aux événements, la question que pose Aragon étant : est-ce que tout peut faire sens? Une pensée politique juste doit-elle est "logique"? Ce qui est logique en politique est-il nécessaire raisonnable ?
Il s'agit également de comprendre ici la psychologie d'un homme sur lequel la propagande a étendu son emprise, et son isolement du reste du monde, qui semble une issue fatale de ses choix.
La seconde nouvelle permet de comprendre à la fois l'évolution du contexte politique des années 1930 à la guerre et si la nouvelle appelle à dépasser la critique des communistes pour s'unir contre Hitler, elle est clairement une nouvelle qui défend l'analyse communiste des événements.
La dernière évoque directement le poème d'Aragon "La rose et le réséda", dans une atmosphère qui offre davantage d'espoir.
Bref un recueil riche et original pour un travail commun en français et en histoire en classe de 3e.
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Ces trois nouvelles ayant pour thème l'occupation, la collaboration et la résistance et qui toutes trois se déroulent dans le Dauphiné, à Grenoble ou bien dans les alentours, sont d'un intérêt très inégal : autant je me suis ennuyé à la lecture des deux premières dont le style m'a paru gauche et l'histoire très convenue, autant j'ai pris du plaisir à lire la troisième dont le curieux titre "Le droit romain n'est plus" annonce bien l'originalité du récit, qui met en scène un juge et officier allemand, en charge des affaires terroristes dans la ville de Grenoble et une "Fraülein" chargée de distraire la soldatesque allemande. Pour tous les deux, l'histoire prendra un tour qu'ils n'avaient pas prévu.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"C'est terrible... aussi est-ce raisonnable de faire grève ?" Emile d'abord ne répondit pas. Puis il me regarda bien : "Monsieur Julep, dit, on est pas des Boches.... Raisonnable ? S'agit pas d''etre raisonnable... Faut chasser les Boches... vous vous souvenez de 36 ? Alors, vous m'avez demandé puirquoi je faisais grève... Eh bien ! aujourd'hui non plus on ne peut pas trahir les copains... Et quand un tombe, il faut qu'il y en ait dix autres qui se lèvent". C'était un énorme feldwebel qui passait entre nous, sentant cette odeur paticulière de la soldatesque allemande, avec un de ces visages sans expression dont ils ont le secret. "Ils sont bien habillés", dit Emile, et il parla d'autre chose."
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M. Picot, lui, pensait qu'on pouvait être anglophile et bon père de famille et même il n'aurait pas fallu le pousser beaucoup pour lui faire dire qu'il y avait des braves gens chez le francs-maçons. Partout d'ailleurs. Enfin, il ne faut rien exagérer, parce que... Les communistes... mais qui est-ce qui parle des communistes ? Les salauds sont les salauds.
(...)
Maintenant, être gaulliste et intelligent, ça, non, ce n'était pas Dieu possible. Vous me couperiez la langue, plutôt que me le faire dire.
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C'était vrai que, dans le quartier, des tas de gens avaient varié d'opinion, depuis le 11 novembre. Grégoire Picot n'était pas comme ça, lui : il ne tournait pas sa veste toutes les cinq minutes. Une occupation, c'est une occupation, ça ne peut pas aller sans inconvénients, il fallait s'y attendre.
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"Le Commandant n'est pas très drôle, mais on voit du monde au tribunal, des gens qu'on ne verrait pas sans ça. Des Français, des communistes, des assassins. Aussi des soldats à nous, qu'on a pris à faire ce qu'il ne faut pas, les déserteurs. C'est curieux, je déteste les déserteurs, mais ils m'intéressent".
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Mais tout ici manque terriblement de musique. Musique, musique, musique ! Peut-être que l'Amérique serait mieux dans mon genre. Le jazz, c'est tout-à-fait dégénéré, négroïde : Dommage que notre armée n'aille pas jusque-là. On nous avait tant parlé de la France. Ce n'est pas du tout mon genre. Enfin j'espère que la guerre durera assez longtemps pour que nos savants inventent un moyen de transporter notre armée en Amérique. En attendant ...
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