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EAN : 9782070367917
438 pages
Gallimard (08/12/1972)
3.65/5   124 notes
Résumé :
Les Cloches de Bâle constituent le premier volume de la grande entreprise romanesque, Le Monde Réel.
Trois femmes en sont les figures dominantes : Diane, la demi-mondaine ; Catherine Simonidzé, jeune Géorgienne qui finit par abandonner les idées de l'anarchie pour se rapprocher du socialisme ; Clara Zetkin, la femme nouvelle.
L'ouvrage doit son titre au célèbre congrès socialiste de Bâle qui s'est tenu presque à la veille de la première guerre mondiale... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Pour qui ne connait Aragon qu'à travers ses poèmes mis en musique et merveilleusement interprétés par Jean Ferrat, la découverte du romancier est une expérience étonnante.

Ne serait qu'en ce qui concerne l'écriture : grammaire approximative et tournures lourdes, à la limite du compréhensible côtoient de belles envolées lyriques, le tout constituant un ensemble assez déroutant.

C'est en 1912, en France qu'évoluent les personnages qui vont donner vie au roman. L'Europe ne sait pas encore que la guerre viendra faucher des millions de vie :

«Le carillon de Bâle n'est pas joyeux : c'est une voix d'alarme qui a retenti depuis le Moyen Âge pour annoncer bien des dangers et des guerres … Une voix de désespoir et de panique»

Et c'est par l'intermédiaire de Catherine, une jeune émigrée d'origine russe, que l'auteur analyse avec une précision diabolique le fonctionnement de la société française, voire parisienne de l'époque. Catherine, du fait de ses origines n'a pas de liens d'appartenance clairs. Sa curiosité et son indépendance, alliées à sa beauté, lui font côtoyer la haute bourgeoisie, et tout ce qui compte parmi les «people» de l'époque, ceux qui dictent les règles pour l'ensemble des anonymes. Mais on la retrouvera aussi parmi les anarchistes et les grévistes des taxis parisiens, ou mêlée à des émeutes ouvrières. Mêlant la réalité et la fiction, et quelques données autobiographiques, l'ensemble est dense et je dois avouer avoir survolé certains passages trop abscons.

L'ensemble pourrait être passionnant, si ce n'était autant daté, et cela même si ce roman écrit en 1934 a été remanié 30 ans plus tard. Impossible pour le lecteur non spécialiste de cette époque de l'histoire de s'y retrouver parmi les nombreux acteurs de la vie politique et économique de ce début de vingtième siècle. La renommée est éphémère.

Pour finir sur une note positive, Aragon clame haut et fort au cours de ces 430 pages ses convictions quant à l'injustice faite aux femmes, qui sont comme l'affirmera l'un de ses plus beaux poèmes : « l'avenir de l'homme».
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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« Et tu vas continuer longtemps comme ça ? » : tel fut le commentaire d'Elsa Triolet lorsque Louis Aragon finit de lui lire « Diane », la première de ce qui devint ensuite les Cloches de Bâle. Loin de couper court à son élan, cette remarque lança Louis Aragon sur la piste de l'écriture plus acharnée. Vrai, il ne voulait pas se contenter de raconter l'histoire d'une bourgeoise inconsistante, tournant en rond dans l'espace étriqué d'une existence désoeuvrée lorsque la grande Histoire semble s'éveiller une nouvelle fois. D'ailleurs, la critique est facile et ne suffit pas. En 1934, alors que Louis Aragon est encore partagé entre la défense des causes surréaliste et communiste, il lui apparaît comme fondamental de retracer le parcours d'apprentissage conduisant du paradigme individualiste au paradigme collectif. Alors que la première partie de son roman est un creuset sans fond au sein duquel les titres, les noms, les relations et les lieux s'égrènent dans l'indifférence la plus totale, les événements insignifiants se succédant à un rythme frénétique pour tomber dans l'oubli aussitôt, la deuxième partie amorce un changement d'orientation avec le personnage de « Catherine ». Alors que les détails absurdes de la vie de Diane nous avaient vidés d'une grande partie de notre patience, on découvre avec un regain d'intérêt le personnage plus complexe de Catherine. Plus proche aussi de Louis Aragon lui-même, la vie de désoeuvrée mondaine de cette dernière traduit un malaise existentiel qui souligne également l'horizon sans perspectives de la société au début du 20e siècle.


« Elle ne pouvait rien imaginer de sa vie future, rien. Un autre appartement, qui sait ? Jean était effacé, mais alors totalement, de cette perspective. Des conversations avec des hommes plus ou moins intelligents. Des concerts. le vide. Voyons, dans dix ans, nous serons en juillet 1914… Que se sera-t-il passé ? »


Se présente alors le mouvement anarchiste, auquel Catherine adhère d'abord par antimilitarisme et parce qu'elle refuse que le pouvoir soit laissé aux hommes, mais aussi parce qu'elle cherche avidement à se cramponner à une cause qui puisse la guérir de son désabusement. Et si tous les mouvements politiques ne représentaient rien de plus que l'union d'individus fragilisés par l'inconsistance de leur existence ? Catherine saute d'une cause à une autre et se détourne bientôt du mouvement anarchiste pour participer au mouvement ouvrier, collaborant à une grève des taxis fictive inspirée de celle qui eut véritablement lieu à Paris dans les années 1930. La bourgeoise qui n'a jamais travaillé s'enthousiasme d'abord à l'idée de se rendre quotidiennement au bureau pour taper des rapports et puis, elle finit par s'en lasser, comme elle s'est lassée de tout le reste. Serait-ce donc ça l'engagement politique ? Un horizon bâti sur des fantasmes collectifs que propagent les discours, les affiches et les rassemblements ?


« Les femmes socialistes de Russie… Au-delà des mots, ce fut l'instant le plus émouvant de la journée pour Catherine. Les femmes socialistes de la Russie… Ces mots étaient pour elle un alcool véritable. Ce n'était pas un rêve, il y avait là une femme qui parlait en leur nom. Toutes les images russes feuilletées chez elle, contredites. Les paysannes inclinées devant le barine. Les femmes agenouillées devant les icônes. Les femmes socialistes de la Russie… »


Ce serait l'aveu de la faiblesse humaine et de la vacuité de tout mouvement politique, l'impossibilité de rendre la moindre cause durable. C'est peut-être aussi une tentation contre laquelle Louis Aragon réagit brutalement en nous proposant un épilogue qui met Clara Zetkins à l'honneur, prototype de la femme future, mieux que cela : prototype de l'être humain à venir, transcendé par l'accomplissement des valeurs communistes prises dans leur sens le plus individualiste. le mouvement opéré par Louis Aragon ne va pas d'une réflexion du collectif vers l'individu mais de l'individu vers le collectif. Ce mouvement achevé, Louis Aragon décide qu'il peut enfin s'arrêter d'écrire, à la plus grande satisfaction d'Elsa Triolet et de la nôtre. Louis Aragon est un idéaliste et parce qu'il ne voulait pas croire que tous les événements sont destinés à l'oubli et à la répétition, son roman, trop ancré dans l'actualité d'une certaine époque, se perd en digressions vaines et dans un militantisme qui ne réussit pas à véhiculer ses espérances –sans doute aussi parce que la suite de l'Histoire nous a démontré que ses convictions étaient surtout des illusions.
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1er volume dans l'oeuvre d'Aragon , de son cycle romanesque intitulé " le monde réel" , les cloches de Bale à la différence d'Aurélien (avant dernier de la série et lu récemment) , parvient souvent à trouver un véritable équilibre.
Autant "Aurélien " échouait clairement à incarner la singularité de ses personnages, délaissés et dilués dans le passage en revue attendu d'une bourgeoisie d'affaires par ailleurs d'avantage épinglée que crucifiée, autant les Cloches de Bale parvient à superposer, juxtaposer un co ntexte historique, celui du tournant du siècle avec ses scandales financiers et grandes grèves ouvrières, et des personnages qu'il réussit à faire exister dans leur singularité. C'est notamment le cas avec Catherine, belle figure romanesque de jeune aristocrate russe exilée et ruinée convertie aux idéaux révolutionnaires . La dernière partie du livre cependant abandonne cette tension entre ces 2 lignes de force du récit pour ne privilégier que celui de l'Histoire en train de s'écrire avec ses acteurs réels et emblématiques et les tensions sociales qui l'innervent telle la grande grève des taxis de 1911-1912. Mais si les personnages de sa fiction prennent alors un tour par trop fantomatique , Aragon documente parfaitement en revanche le processus et les enjeux du conflit. , le Monde Réel en fait.
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Voilà un étrange roman, avec sa construction coupée. Nous avons là le portait de la société d'avant la Première guerre mondiale, cette société violente pour les femmes, les enfants et les pauvres, une société corsetée où Oscar Wilde n'est pas une lecture pour jeunes filles. La description des cercles du pouvoir et de l'argent prend volontiers des accents complotistes, ces gens veulent mater les anarchistes, faire tirer sur les grévistes et aller à la guerre sans aucune conscience. Les grèves ont lieu aussi bien à Paris qu'en province, c'est toute l'Europe qui est agitée par les revendications sociales. On soupçonne la police d'être complice des criminels. Aragon précise en préface s'être servi de son expérience de journaliste des années 30 pour raconter la grande grève des taxis de 1911 (d'ailleurs la condition professionnelle de ces chauffeurs ressemble beaucoup à celle des Uber d'aujourd'hui). En arrière-plan, il y a la colonisation du Maroc. Je me dis que je ne lis pas tout à fait le roman qu'a écrit Aragon : je ne reconnais pas tous les personnages historiques et je ne perçois pas toujours la dimension de reconstitution du récit, alors que les lecteurs de 1934 devaient se rappeler cette époque troublée.Ce récit est en effet très précis et fourmille de dates, de noms de personne et de lieu. de façon plus générale, Aragon se sert de ses souvenirs de l'Entre-deux-guerres pour nourrir son évocation des années 1911 et 1912. Les personnages vont à la guerre, ils sont plein d'espoir et de vie, ils pensent que la solidarité entre les travailleurs sera la plus forte, mais ils ignorent que tout est sur le point de s'effondrer et de mourir, alors que l'auteur et le lecteur en sont tristement conscients.
C'est une construction brillante pour faire le portrait des derniers feux de la Belle époque, qui n'est belle que pour quelques-uns. Les bouleversements de la société sont vécus différemment par les personnages qui sont plus ou moins acteurs, poussés par le courant, relégués dans le passé ou décidés à se faire une place. Une place particulière est accordée aux femmes dans cette évolution, elles qui dépendent financièrement des hommes et meurent toujours en couche.
Ce n'est pas un roman facile, il très dense (tout cela tient en 400 pages), mais il très intéressant dans sa volonté de raconter une époque à travers le portrait de différentes femmes, entre Diane qui semble accepter son rôle et Catherine, qui ne souhaite être la propriété de personne – Aragon n'écrit que pour être lu par Elsa Triolet.
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Aragon aime raconter des personnages comme tout le monde (ou presque) dans un monde qui n'est pas commun, en pleine mutation. Il place ses personnages au coeur de l'histoire, ce qui se faisait beaucoup à l'époque. Ici ce sont trois femmes qui vont vivre leur aventure dans un monde en mouvement et elles vont devoir appliquer leurs idées face aux événements. Ca part un peu dans tous les sens, ça peut intéresser ceux qui aiment les années 10 et ceux qui aiment la Franche-Comté.
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Bataille maintenant parlait de lui-même.
« Oui, j’ai vécu longtemps dans l’idée de ma mort. J’ai considéré ce monde qui m’entoure comme un feu brillant qui va s’éteindre. Cette certitude n’est point disparue avec la certitude revenue de vivre encore, quand on m’a tenu pour guéri d’un mal qui avait été si longtemps l’ossature même de ma vie. Je sais que tout ceci doit périr, qui m’entoure. Le mal n’est pas dans moi, mais dans ce monde auquel j’appartiens, qui tourne et qui m’entraîne. Et c’est ce monde qui va disparaître. Et c’est ce drame que j’exprime, et c’est ce drame qui est mon théâtre et ma vie. »
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Le mépris de Catherine pour la politique lui rendait ces batailles murales tout à fait incompréhensibles, d’autant qu’elle ignorait ce que représentaient les étiquettes des partis : Républicain progressif, Socialiste indépendant, Gauche démocratique, qu’est-ce que tout cela voulait dire ?
Ce qu’il y avait de certain dans cette période où jusqu’à la campagne était empoisonnée, c’étaient la relégation des femmes, l’importance accrue des hommes paradant sur les places, pérorant aux cafés, soûls tous les soirs, fiers de leur bulletin de vote, les imbéciles !
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Londres est plein de souvenirs, non seulement des souvenirs de l’histoire sanglante de ses rois, de l’histoire de ses fêtes, mais aussi des vies de ceux qui s’y sont cachés. Et ces souvenirs-là que personne ne fait revivre y attendaient Catherine avec un charme plus fort que le brouillard. Londres est la ville des émigrés politiques. Leurs ombres dans Covent-Garden, dans l’East End plein de juifs et de romances, avaient pour elle un chatoiement de moire.
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Plaire ! C’était presque son seul désir maintenant que la vie s’enfuyait d’elle. Plaire, et à n’importe qui, à tous. Le désir des hommes lui semblait une espèce de victoire sur la mort. Elle n’était ni une prude ni une vierge. Elle ne se suffisait pas de le susciter. Elle eut tous les amants qu’il lui chanta.
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«Je vous assure, mademoiselle, que Diane Brunel m'est pas intéressante. D'abord, elle est blonde, et puis on dit qu'à part son mari (et Dorsch à en croire le commandant) elle couche avec le Wisner des autos...
- Et alors? voilà bien des propos d'hommes! Wisner, lui, est-il moins intéressant parce qu'il a couché avec Mme Brunel? Monstrueuse inégalité! Tenez, on voit bien que vous n'êtes que des soudards!»
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