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EAN : 9782226191199
201 pages
Albin Michel (03/06/2009)
5/5   1 notes
Résumé :
Le sacré n'a jamais cessé de s'exprimer dans l'art. La poésie persane dit l'amour mystique et l'impossible union. Les miniatures médiévales occidentales révèlent le secret des âmes. Les statues du Bouddha portent les signes de la perfection divine. Jusqu'aux figurations plus abstraites de l'art moderne où le spirituel se fait éclat.

Philosophes, artistes, écrivains, historiens de l'art analysent ici les diverses formes du sacré au fil des âges. Et leu... >Voir plus
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
La poésie d'amour de Hâfez se distingue de la conception platonicienne. Elle substitue à la notion de dialectique un autre mode d'accés à l'objet de l'amour: la science du regard ('elm-e nazar) ou le jeu du regard (nazar-bâzi), qui est l'action par excellence de l'amour. Celui qui s'adonne aux jeux du regard prend l'habitude de contempler les êtres beaux. Hâfez, comme Platon, reconnaît à la beauté sensible une fonction médiatrice. Mais si pour Platon la beauté est le point de départ d'une ascension qu doit ouvrir sur un au-delà de la beauté et s'achever dans la contemplation d'un pur intelligible, la situation est différente chez Hâfez. Pour le poète, la beauté que captent les jeux du regard n'ouvre pas sur un autre ordre de réalité. Elle doit être contemplée incessamment, en sa texture visible, de manière qu'en son creux se manifeste la beauté divine. La beauté n'est pas une étape dans un chemin qui tend vers son dépassement. Elle est le lieu indépassable en lequel il faut séjourner pour éprouver l'objet de l'amour.
Entre Hâfez et Platon, il y a toute la différence qui existe entre le schème théophanique de la manifestation et le modèle dialectique de l'ascension.
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La montagne des récits islamiques est souvent décrite comme une île mystérieuse dressée dans l'océan. Son redoutable pouvoir magnétique aspire les clous des navires et les disloque, provoquant des naufrages: autre image de la Mort. Mais certains naufragés gagnent sa rive en nageant: épreuve des âmes au seuil de l'Au-delà.
Car les cosmographes musulmans médiévaux s'accordent à voir en cette montagne une image de la montée de l'âme jusqu'au ciel. La cité de l'enfer, emblème de ce bas monde trompeur, flamboie d'un faux éclat à ses pieds. Mais au flac de la première pente sourd la fontaine de la Vie éternelle, gardée par al-Khadir, le prophète "verdoyant" immortel. Toute âme admise à boire de cette source pourra gravir la montagne, mais celles refusées d'accès à cette même source magique seront impitoyablement rejetées dans l'abîme par les zobâniyya, les huissiers infernaux du mont. Au sommet de ce mont, enfin, l'âme atteint les sphères du ciel.
Bien des contes des Mille et Une Nuits -comme les récits de Sindbâd le Marin- livrent leur secret si l'on déchiffre cette imagerie traditionnelle, colportée jusque dans les milieux populaires par les narrateurs en place publique.
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Théophanie, l'amour ne peut s'éprouver que dans les formes sensibles de son apparition. Nous ne pouvons aimer que ce qui s'offre à nous comme miroitement du Réel divin. L'amour est rencontre d'une forme sensible qui est celle d'une créature. Il naît en nous d'une vision, celle qui, depuis Diotime, éveille tout amour: la vision de la beauté. La poésie de l'Islam, d'inspiration platonicienne, soutient un "sens prophétique de la beauté" qui lui assigne une puissance de révélation et d'éducation.(...). La beauté sensible est l'épiphanie d'un attribut et d'un nom de Dieu. Elle est la trace évanescente de la beauté suprême, qu'aucun oeil ne saurait voir, qu'aucun poète ne saurait décrire. Les formes de beauté ne recueillent que quelques éclats de la beauté éternelle. De là que leur contemplation, loin de nous mettre en joie, nous plonge dans la mélancolie et nous affronte à quelque chose d'intolérable. La beauté, nous dit Hâfez, est ce qui fait souffrir. C'est aussi, par l'indicible qu'elle laisse miroiter, ce qui justifie l'acte poétique.
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"Je le dis en toute sincérité et suis content de ce que je dis
Etant esclave de l'Amour, des deux mondes suis-je affranchi. (...)
Partout est la demeure de l'Ami, la synagogue aussi bien que la mosquée."

Cette liberté à l'égard des deux mondes fait de Hâfez un des dénonciateurs les plus acharnés, les plus hardis de ces formes de pensée intolérantes, fanatiques, qui, à notre époque, deviendront les idéologies des talibans et des plus radicaux des islamistes. D'où cet accent militant qui fait de lui un contestataire avant la lettre, s'opposant ainsi à toute croyance qui se voudrait exclusive, à tout comportement qui réduirait une des dimensions de l'homme, fût-elle la plus inadmissible. Car la vérité, selon Hâfez, est trop paradoxale pour être contenue dans nos catégories de bien et de mal, trop criarde pour s'accommoder des sermons creux des prédicateurs, trop rebelle pour être réduite aux plates prohibitions des inquisiteurs.
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La lyrique persane renoue avec des thèmes philosophiques de tonalité platonicienne, bien connus du lecteur du Banquet et du Phèdre: l'amour médiateur et pédagogique, l'amour démon qui élève les âmes et les restitue à leur véritable patrie. Cependant, elle inscrit la psychologie de l'amour fondée par Platon dans une perspective différente, qui substitue au schéma de la médiation dialectique un autre modèle, celui de l'unité duelle fondée sur une ontologie de la théophanie.
Pour Hâfez, l'amour (...) se manifeste dans l'élément de ce que l'autre grande figure de Shiraz -Rûzbehân Baqlî- a appelé al-iltibâs: l'amphibolie du réel où chaque terme échange son rôle, prend le vêtement de l'autre en un processus essentiel. L'Incrée apparaît et se dissimule dans le crée. Le poète rend visible l'opération de l'iltibâs telle qu'elle affecte l'amour: l'amour divin prend l'apparence de l'amour humain, lequel atteste l'amour divin.
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