Yannick est un anesthésiste au chômage spécialisé en « mutation sanitaire ». Sa spécialité ? Les
Bucksons ; des êtres vivants issus de mutations génétiques (sortent de grosses tiques) qui permettent de filtrer et purifier le sang. Contacté par un de ses anciens professeurs, il accepte de travailler à ses côtés pour la mafia locale.
Mais ce milieu violent et sans pitié ne laisse aucun droit à l'erreur. Ne serait-ce pas là la pire décision de sa vie ?
Buckson est un polar futuriste surprenant, parfois dérangeant, au scénario inventif et original. Comme Yannick, on se retrouve pris entre les jeux de pouvoirs, les nouvelles technologies, les blessures par balles, les trafics de toutes sortes… le rythme est prenant, sans le moindre temps mort. Tout s'enchaîne à toute vitesse au fil des pages. C'est presque dommage d'ailleurs que le rythme soit si précipité ; j'aurais aimé entrer plus en profondeur dans cet univers pour découvrir les
Bucksons et leur utilisation. Là, on passe rapidement sur l'environnement et le contexte pour se concentrer uniquement sur l'action et deux ou trois personnages phares. Ça décoiffe c'est sûr, mais ça manque un poil de profondeur, du coup. Surtout que le sujet est pertinent et dérangeant à souhait, il mériterait donc, à mon sens, un traitement plus approfondi sur le côté éthique et moral d'une telle pratique, notamment.
Mais ce manque de profondeur est contrebalancé par l'ambiance générale, fort bien gérée grâce au graphisme et aux couleurs. du début à la fin, le lecteur n'est pas épargné et se retrouve pris à la gorge par cette atmosphère glauque et sanglante.
Le personnage de Yannick est très intéressant : un jeune paumé naïf, un peu looser qui se retrouve embrigadé dans une affaire qui le dépasse… et qui risque bien de lui coûter la vie ! Mais à l'image d'une tique (ou de ses
Bucksons), c'est un personnage revanchard qui s'accroche, prêt à tout pour s'en sortir vivant (ou le moins endommagé possible). On l'apprécie tout de suite avec sa fragilité et son côté monsieur-tout-le-monde dépassé. Les autres personnages sont traités plus rapidement, on retrouve le mafieux ambitieux écrasé par l'ombre de son père, les acolytes près à retourner leurs vestes dès qu'une belle occasion s'offre à eux, le vieux professeur un peu paternel… du classique dans le choix des personnages secondaires donc, mais du classique efficace, qui fonctionne, bien tenu tout du long de la BD.
Une bonne surprise, donc, à réserver à un public averti qui ne craint pas l'hémoglobine !