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D'abord un avertissement : je n'ai absolument aucune connaissance en art ni en histoire de l'art. Vous trouverez donc ci-dessous l'avis d'une ignorante de base.

Voilà un autre livre qui trainait dans ma bibliothèque, pensez donc : je l'ai reçu à la naissance de mon deuxième fils, qui est désormais adulte … Un livre donc qui sommeillait sur les étagères car il m'impressionnait : vais-je seulement y comprendre quelque chose ? Certes j'aime beaucoup visiter les musées de temps à autre, je pousse des ah et des oh d'admiration devant certaines oeuvres, j'en ressors parfois émue, mais de là à dire que j'y comprends quelque chose, il y a un monde.

Et donc j'ai franchi le pas, décidement la vieillesse m'autorise beaucoup de choses, beaucoup de transgressions (euh enfin à mon niveau bien sûr), allez expliquer ça, Messieurs les psy (même si j'ai ma petite idée). Et donc j'ai saisi ce livre qui me snobait depuis des années et je m'y suis plongée. Enfin.

Bien sûr, il fallait s'y attendre, j'ai appris beaucoup de choses : la première moitié du bouquin est consacrée à la perspective italienne et à la Renaissance italienne. J'en retiendrai qu'il faut avoir une sérieuse connaissance de la religion (et là aussi je n'y connais que dalle) pour vraiment apprécier ces tableaux. Sinon l'auteur replace bien les oeuvres dans le contexte historique (c'est son métier, me direz-vous) et c'est très intéressant de voir que les chef-d'oeuvres sont en fait des enfants de leur temps et des oeuvres qui les précédent. Dans l'autre moitié du bouquin Daniel Arasse nous parle de l'anachronisme, du détail en peinture, de la restauration …

Énormément d'informations donc … et je referme ce livre, un peu sonnée, un peu naze (comme dirait Michel Jonaz), avec ces questions qui me taraudent : qu'est-ce que je vais en retenir ? que va-t-il en rester d'ici un mois, d'ici un an ?
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Daniel Arase, je l'ai écouté et réécouté, lu et relu à chaque fois avec un bonheur tout neuf qui venait s'ajouter à la découverte, l'émerveillement, la connaissance et la richesse dont l'historien faisait cadeau à ses lecteurs et auditeurs. Passion, érudition, honnêteté intellectuelle, curiosité, humour, générosité et transmission, un regard et une voix, inoubliables, sans pareil, c'était Daniel Arasse.
Vingt-cinq émissions sur France Culture en 2003, vingt-cinq regards qui traversent l'histoire de l'art depuis l'invention de la perspective jusqu'à la disparition de la figure.
Guide, compagnon et complice, Daniel Arasse accompagne le lecteur-auditeur, lui fait découvrir quelques secrets et paradoxes des peintres, l'emmène vers une compréhension des époques et de la création.
Devant la peinture, l'historien nous fait part de sa double émotion : "l'émotion choc devant le coloris et l'émotion de la densité de pensée qui est confiée à la peinture. Et c'est d'ailleurs ce qui me gêne dans la peinture : à travers ses matières, ses formes, il y a quelque chose qui pense et je n'ai que des mots pour en rendre compte, en sachant pertinemment que mes mots ne couvrent pas l'émotion dégagée. Donc c'est le tonneau des Danaïdes. Je pourrai toujours remplir par des mots et des mots, je n'atteindrai jamais la qualité spécifique de l'émotion d'un tableau de peinture. Même quand un tableau, ou une fresque, a été compris, y revenir c'est affronter de nouveau le silence de la peinture."
Dans les 25 émissions/chapitres Daniel Arasse invite au rendez-vous les siècles témoins de la Joconde, d'une petite Dentellière ou d'une Jeune fille à la perle de Vermeer, ou d'un Verrou immortalisé par Fragonard, témoins des Ménines, de Manet, de Titien, et aussi des artistes majeurs des XXe et XXIe siècles comme Rothko, Anselm Kiefer, Andres Serrano. Il se demande "dans quelle mesure les concepts classiques d'imitation, d'expression et de style sont encore opératoires dans la pratique d'aujourd'hui", comment joue cet anachronisme, et aussi "sur le processus de disparition de la figure dans l'abstraction.
Les précisions autant amusantes que très intéressantes abondent, sur l'accrochage et certaines expositions, sur une thèse volée, la sienne, sur les détails de quelques peintures qui l'ont attiré et lui ont parlé.
Les propres mots de Daniel Arasse expriment mieux que tout autre commentaire ce que c'est un historien d'art : "Un passeur sans prétention, une deuxième main qui passe après l'artiste. Tenter d'être un passeur entre le travail de l'artiste et les contemporains. Car la contemporanéité n'est pas la simultanéité... Pour qu'il y ait contemporanéité, il faut qu'il y ait interaction entre ces deux choses. Je veux dire que dans l'art contemporain, tout n'est pas contemporain, et pour qu'il y ait contemporanéité, il faut qu'il y ait partage des temps entre l'oeuvre et ceux qui la regardent."
Regarder un tableau, l'observer, de près et de loin, y revenir pour saisir son mystère, s'en imprégner, et après, de ces moments d'étonnement de surprise et d'émerveillement, Daniel Arasse a fait des analyses, des commentaires, des recherches où le dogmatisme n'a jamais trouvé sa place.
Le livre, dense et riche est un énorme plaisir de lecture, le don de Daniel Arasse, héritage pour des générations à venir.
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Au sommaire de Histoires de peintures, qui se compose de vingt-cinq propositions, se tient en position vingt-quatre "Le rien est l'objet du désir". L'historien d'art, Daniel Arasse, éclaire le tableau de Fragonard, le Verrou.

"Le tableau est de dimension moyenne. Sur la droite, le jeune homme enlace la jeune femme, et de la main droite pousse le verrou du bout du doigt, ce qui est assez irréaliste. La jeune femme serrée contre lui se pâme et le repousse. Toute la partie gauche du tableau est occupée par un lit dans un extraordinaire désordre : les oreillers épars, les draps défaits, le baldaquin qui pend..."

Arasse s'amuse des propos d'un des spécialistes du peintre, qui dit : "À droite le couple, et à gauche, rien" !... " Or, remarque Arasse, « ce rien représente quand même la moitié du tableau" !
La proposition vingt-quatre illustre particulièrement finement l'ensemble des analyses rassemblées dans ce livre. Devant chaque oeuvre, on est invité à regarder. À regarder plus. Plus en détail, plus en profondeur, plus en soi-même.
Grâce à ce regard accru, augmenté si je puis dire, nous sommes surpris des mutations de notre propre perception, quand le secret de telle ou telle oeuvre se révèle à nous. le secret de l'auteur, quant à lui, consiste à faire parler sa pensée en mouvement, laquelle semble aussi illimitée que son extraordinaire érudition, comme si nous nous trouvions en face à face avec lui, dans une conversation entre amis.
« Ce rien représente quand même la moitié du tableau », dit-il, espiègle… « mais ce spécialiste avait tout à fait raison, car ce rien correspond au « res » que j'évoquais il y a quelques temps, et qui est la chose elle-même. Effectivement, il n'y a pas de sujet dans cette partie du tableau, juste des drapés, des plis, donc finalement de la peinture. »

Ce livre, qui traverse six siècles de peinture, est la transcription de vingt-cinq émissions proposées par l'auteur sur France Culture en 2003. On peut toujours les écouter sur le site.
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Avant de le lire, il m'a été offert de l'entendre, puis de l'écouter avec une passion dont je ne me lasse pas. de la voix de Daniel Arasse on sent une énergie et une passion perceptibles à l'intensité de son discours, imaginant la lumière de son regard. Découvert sur France Culture, un livre a été édité, reprenant le contenu de ces émissions, et enrichi d'un DVD, qu'on peut savourer en regardant les planches des tableaux évoqués." Histoires de peintures" raconte en 25 chapitres l'histoire de la peinture sur 6 siècles, de l'invention de la perspective à la disparition de la figure, ce qu'est le maniérisme, le Vermeer fin et flou, la peinture du détail... Passionnant parce que son enthousiasme et son érudition rendent accessibles des oeuvres plus ou moins connues, mettant en valeur ce qui est visible par tous.



Ses châpitres sur l'invention, et non la découverte, de la perspective, furent pour moi une révélation. Daniel Arasse explique comment et pourquoi elle fut inventée à la Renaissance en Italie, en utilisant comme exemples des tableaux représentant l'Annonciation, dont Saint Bernardin disait qu'elle était l'instant où l'infini vient dans le fini, l'incommensurable dans la mesure. Ses explications sont tellement bien faites qu'elles en sont évidentes, reprenant la construction du tableau dans chaque détail, nous montrant ce qu'on avait pas vu, et qui pourtant est là depuis toujours.

Les chapitres suivants parlent de l'apparition du maniérisme, de l'importance de l'anachronisme, du mystère de Vermeer, des Ménines, et de tant d'autres choses, qu'il est presque déplacé d'énumérer, si l'on veut éviter de rompre la continuité de son discours.
"Il n'allait jamais voir un tableau, mais le revoir" disait un peintre de lui. Il avait cette obsession du détail, dont il a fait un livre d'ailleurs. Cette attention au détail et au fonctionnement figuratif des images jouait en contrepoint avec sa connaissance de la culture artistique et religieuse, littéraire et philosophique. J'insiste sur l'accessibilité de ce livre, pourtant écrit par un homme, dont les connaissances sont inépuisables. On pourrait passer des heures à l'écouter ou le lire tant cet homme passionné déborde de cette générosité, propre aux gens brillants. de ces textes "on sort grandi et comme lavé des bêtises de la journée".
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Histoires de peintures: ce sont effectivement des histoires auxquelles nous convie Daniel Arasse, à travers cette retranscription d'une série d'émissions radio.

Cela commence par un questionnement: qu'est ce qui me touche dans un tableau? Réponse: " je dirais que c'est le sentiment que dans cette oeuvre là, il y a quelque chose qui pense, et qui pense sans mots".
Il précise peu après l'émotion provoquée par une oeuvre: "j'ai constaté que l'émotion pouvait se produire de deux façons:
- le choc, la surprise, un choc visuel colorisé...
- l'émotion de la densité de la pensée qui est confiée à la peinture" qui apparaît avec le temps, qui permet d'accumuler des "couches de sens"

L'inverse d'une approche ésotérique, et de ce fait une invitation à se plonger dans les chapitres suivants.

En fait, les thèmes choisis sont des prétextes à décliner cette "manière de voir" la peinture, à travers quelques exemples:  recherche de la cause de l'émotion soulevée par le sourire de la Joconde via Ovide et ses Métamorphoses, du trouble et du plaisir gourmand de relier le rouge d'une annonciation aux débats du XVII ème siècle quant à la Vierge,  joie d'identifier un détail d'une oeuvre pourtant vue maintes fois auparavant, qui va susciter recherches, hypothèses...et progression dans l'intimité du peintre, dans l'appréhension du sens de sa peinture.

Le ton alerte d'une retranscription littérale en fait un texte un peu décousu. Mais il a l'avantage de restituer une approche simple mais profonde, d'être en phase avec des partis pris affirmés et assumés comme tels comme par exemple sa fascination pour le maniérisme: " une forme d'apothéose de la renaissance".
Un bonbon pour conclure (sous forme du titre d'un chapitre: "la peinture comme pensée non verbale"...
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Aïe, aïe, aïe... On m'a très longtemps conseillé cet essai et je n'ai pas franchement apprécié. Commençons par les points positifs, si vous êtes un néophyte intéressé par l'histoire de l'art, ce livre est fait pour vous. de surcroît, il est très facile et rapide à lire. MAIS, Daniel Arasse nous dit que son sujet d'étude va de la Renaissance à Claude Monet, hors il sort trop peu de la Renaissance italienne. En réalité, cet essai aurait dû s'intituler histoire de la perspective. Et enfin, quand il parle d'anachronisme, il passe complètement à côté des théories de Roland Barthes surtout celle sur la mort de l'artiste.
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Quand un livre au programme se transforme en émerveillement...

25 études, dans une langue limpide, qui introduit le néophyte dans les questions les plus pointues de l'histoire de l'art. En quelques mots, il introduit l'intégralité de ses travaux, de la question du détail à celle de l'écart.
Ce n'est pas une voix que l'on suit, c'est un regard... Un regard affûté, un regard qui voit beaucoup plus de choses que le nôtre, mais qui, au lieu d'imposer son observation propre, guide celui de ses auditeurs/lecteurs.
C'est un merveilleux voyage à travers l'espace, le temps et les oeuvres, c'est la vision de l'art comme intermédiaire entre trois temporalités (le temps de l'artiste, celui de l'observateur, et celui qui s'est écoulé entre les deux), qui ne seront jamais condensées en une. C'est le respect de ces trois temps qui fait toute la richesse des analyses de Daniel Arasse.
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J'ai lu ce livre comme on lit les livres d'images, avec ravissement. Les photos des tableaux décrits sont insérés au milieu du bouquin. On passe des explications aux images et on comprend tout !! C'est simple et bien expliqué. Les choses s'éclaircissent au fur et à mesure.
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Les analyses fouillées et claires de Daniel Arasse m' ont permis une relecture différente de certains tableaux. Ce livre est destiné à un public amateur d'Histoire de la Peinture.
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Lecture requise dans le cadre de mes études sur "l'espace", cet ouvrage a l'avantage de proposer un parcours rapide de l'histoire de l'art, plus particulièrement de l'histoire de la perspective, de son invention jusqu'à sa déconstruction.

Proposé en 25 courtes leçons diffusées et lues sur France Culture (sauf erreur de ma part), Histoire de peintures se veut non pas un ouvrage de spécialiste mais plutôt ouvert à tout public ; les termes utilisés sont simples et expliqués de manière pédagogique ; les remarques et observations sont accompagnées d'un dossier comportant les principaux tableaux dont il est question.

Un admirable petit bouquin donc, mais dont je regrette le passage de la conférence radio à un texte publié sans remaniement du langage, qui est parfois un lourd et plombe les propos de Daniel Arasse...

À lire pour quiconque porte un intérêt nouveau à la peinture !
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