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Citations sur Histoires diplomatiques : Leçons d'hier pour le monde d.. (14)

Il n’est donc de bonne diplomatie sans l’empathie pour l’interlocuteur et même l’adversaire. L’empathie – et non la sympathie – vise à comprendre de l’intérieur ce que peut ressentir, vouloir, savoir et donc faire l’autre côté de la table. Essayons de comprendre non seulement ce que cherche celui-ci mais pourquoi il le cherche. Ne projetons pas sur lui nos préjugés, nos espérances ou nos opinions mais écoutons-le. C’est cette empathie qui peut-être nous manque le plus aujourd’hui. Au nom de l’universalisme de nos valeurs – qui ne sont universelles que dans notre esprit – et dans la conviction que notre modèle de société est le meilleur auquel le monde entier doit aspirer, nous ne parvenons pas à comprendre les autres ou nous rejetons les raisons qu’ils invoquent dans l’enfer des erreurs ou de l’obscurantisme. Notre bonne conscience nous aveugle sur la vision qu’a le reste du monde d’un Occident qui se veut porteur de valeurs et qui est accusé, non sans raison, de double standard, d’hypocrisie et de brutalité et dont on n’oublie pas le colonialisme.
page 193
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Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l'endroit même où a été proclamé l'Empire allemand en 1871, Hermann Müller, ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports de la république de Weimar, signent le traité de Versailles. Une foule se presse pour assister à l'évènement ; on monte sur les chaises ; on se bouscule. La France a invité des mutilés de guerre pour rappeler l'horreur du conflit ; le train qui amène les plénipotentiaires allemands a été détourné pour traverser à petite vitesse les zones des combats qui témoignent des dévastations qu'a subies le pays. Le matin même, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont signé le traité par lequel ils accordent leur garantie à la France en cas d'agression allemande, contrepartie de la renonciation par Clemenceau à la revendication d'une séparation de la Rhénanie de l'Allemagne. Cent et un coups de canon concluent la courte cérémonie.
Le maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, est absent. Le 4 mai, lorsque le traité a été rendu public devant les alliés, il a protesté en réclamant de faire du Rhin la frontière entre l'Allemagne et ses voisins. En vain. Il explique au New York Times : "La prochaine fois, les Allemands ne commettront pas d'erreur. Ils envahiront le nord de la France et se saisiront des ports sur la Manche pour lancer des opérations contre l'Angleterre", en concluant : "Quand on est pas sur le Rhin, on a tout perdu."
Que l'Histoire ait prouvé, en mai-juin 1940, que Foch avait raison devrait justifier que personne aujourd'hui n'ose défendre le traité de Versailles parce qu'il n'accordait pas assez de garanties aux voisins de l'Allemagne, mais, paradoxalement, il est critiqué - et il l'a été quasiment depuis sa signature - au contraire pour avoir été trop dur.
La cause semble entendue : les alliés auraient imposé à l'Allemagne une "paix carthaginoise" qui aurait nourri le ressentiment durable de la population, affaibli la république de Weimar et ouvert la voie à Hitler. Dès 1919, Keynes s'insurge contre les clauses économiques du traité et annonce la ruine de l'Allemagne dans son best-seller Les Conséquences économiques de la paix. Que toutes ses prévisions soient démenties par le redressement rapide de l'économie allemande, qui retrouve dès 1925 le PIB de 1914 sur un territoire plus petit, n'a étrangement pas affaibli la portée de son argumentation qu'on répète encore aujourd'hui.

Chapitre VII, Le traité de Versailles.
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L’entre-deux-guerres offrira donc le spectacle surréaliste des Etats-Unis qui exigent âprement le paiement des dettes interalliées tout en se faisant l’avocat de la réduction des réparations allemandes et en imposant des droits de douane en moyenne de 59% ce qui empêche la France d’obtenir les devises nécessaires au remboursement qu’ils attendent.
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En 1945, Washington, prenant acte que le Royaume-Uni et la France sont trop faibles pour assurer La Défense de l’Europe occidentale face à l’URSS, prend la décision de rester engagé sur notre continent pour prendre leur relève. La question aurait dû se poser en 1991 du maintien de cette présence après l’effondrement du bloc communiste…C’était une solution provisoire puisqu’elle ne reposait pas sur une nécessité géopolitique…aujourd’hui, alors que les environs de notre continent sont en flammes, de l’Ukraine au Sahel en passant par la Syrie, les Etats-Unis nous font savoir qu’ils n’ont pas l’intention d’y intervenir puisque leurs intérêts essentiels n’y sont pas en jeu. L’administration Biden s’en tient strictement à la garantie de l’Otan. La force des choses que représente ce retrait partiel des Etats-Unis réussira-t-ila convaincre les européens de sortir de leur apathie géopolitique pour prendre en main leur destin?
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Le recours à la force est un instrument primitif qui permet rarement d'atteindre des objectifs politiques complexes.

p264
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En démocratie, on ne fait pas la guerre contre la volonté de son peuple.

p226
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(…) on n'envahit pas tous les jours la Syrie ou la Chine; à défaut, on se rabat alors sur les sanctions, panacée des démocraties qui n'ont ni les moyens militaires de leurs bonnes intentions ni la moindre volonté d'y recourir. À l'exception de l'Afrique du Sud de l'apartheid, qui était isolée du monde entier, aucun pays n'a jamais cédé à la pression des sanctions mais qu'importe puisque leur objet réel est de donner satisfaction à moindre coût aux opinions publiques et non de changer les choses.
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Méfions-nous de la militarisation de la politique étrangère. Le Royaume-Uni et la France en ont fait l'expérience à Suez; les États-Unis en sont aujourd'hui la preuve, de l'Irak à l'Afghanistan ; dans le Sahel, la France était en voie de le devenir. Espérons qu'elle se tire au mieux du piège. Le recours à la force est un instrument primitif qui permet rarement d'atteindre des objectifs politiques complexes.
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C'est la roulette parfois russe plus que les échecs qui offre la meilleure métaphore des relations internationales.
La première conclusion à en tirer est la prudence, la modestie et la retenue que doit manifester toute politique étrangère. Les incertitudes sont trop grandes et les risques trop élevés pour tout jouer sur un coup de dés. Toute décision doit être prise avec la conviction que les informations qui la fondent, les instincts qui la guident et le raisonnement qui la justifie peuvent être erronés et qu'en tout état de cause, au moins une partie le sera. En théorie des jeux, on dirait qu'il s'agit de minimiser les pertes potentielles plutôt que de maximiser les gains hypothétiques.
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Ce livre se propose de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française face au renouveau de la politique de puissance qu'entraînent le retrait américain et l'émergence de nouvelles puissances à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière les contraintes qui pèsent sur la politique étrangère aujourd'hui, une histoire dont ne nous sépare aucune solution de continuité malgré les apparences et qui donc peut transmettre ses enseignements sur la conduite de la politique étrangère.
Les exemples de ce livre présentent toute la gamme des obstacles que le praticien des relations internationales peut rencontrer lorsqu'il analyse une situation et propose une politique dans un système d'États concurrents qui est désormais le nôtre. C'est, à chaque fois, un rappel historique des faits, mais c'est aussi la vision d'un diplomate pour expliquer les choix qui ont été faits et leurs conséquences.
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