AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de karmax211


"Je pourrais vous décrire la beauté du monde si je savais la voir, mais je suis trop occupée à mourir". Voilà ce qu'écrivait et nous disait Nelly Arcan, que nous avons regardé sans la voir, trop occupés que nous étions à mater "sa" vie qui nous faisait "bander".
Lorsqu'est sorti - Putain - est né le paradoxe, la schizophrénie qui n'ont cessé d'entourer, d'étouffer l'oeuvre littéraire d'Isabelle Fortier.
Cette Canadienne francophone avait un talent littéraire énorme... qu'elle a juste eu le temps de commencer à nous montrer, et des pulsions suicidaires, une impossibilité à "vivre son mal de vivre"... qui ont eu raison trop tôt (? ) de la femme et de l'écrivaine surdouée.
- Putain - sort donc en 2001 ( Nelly Arcan a envoyé le manuscrit au Seuil... ne s'attendant à rien et n'attendant rien... au bout de 15 jours la maison d'édition parisienne la réveille à 6 heures du matin... on ne fait pas attendre le talent !). Elle est aussitôt en lice pour le Médicis et le Femina ( quelle reconnaissance !)... et la proie des vautours médiatiques, qui ont flairé en bons charognards, le parfum du sulfureux et du scandale.
Or si - Putain - fait référence "au plus vieux métier du monde", que son auteure dit avoir exercé pendant plusieurs années, son livre n'est pas "une putasserie" qui racole des lecteurs... c'est de la Littérature... avec un grand L.
C'est une souffrance impudique mais digne, un pathos étouffant et flamboyant, que nous offre sa plume exceptionnelle à travers des phrases fleuves où elle joue avec les mots et les figures, se joue des mots et des figures comme le ferait un acrobate funambulant d'étoile en étoile, partagé entre une inexorable assomption et l'attrait du vide et de la chute.
On connaît tous la fin de l'histoire et il serait bête et indécent de jouer les Sherlock Freud alors que l'assassin a été identifié.
Je ne me livrerai donc pas à une analyse de supermarché. Je me contenterai de souligner que Nelly avait semé sur son trajet littéraire suffisamment de petits cailloux pour qu'on comprenne que seule la mort pouvait soulager sa souffrance, et que si nous n'avons pas vu les petits cailloux, c'est que nous n'avons pas voulu les voir... parce que ce monde qu'elle détestait était peuplé de trop de "larves".
On commence enfin à vraiment s'intéresser à l'écrivaine. Des lieux de culture ont été baptisés Nelly Arcan. Un Prix littéraire portant son nom a été créé. Un film lui a été consacré.
Naissance d'un mythe ? Cette Princesse déchue, rachetée par la littérature concentre autour de sa vie et de son oeuvre tous les éléments pour qu'il en soit ainsi.
Commenter  J’apprécie          441



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}