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Jean Arcelin a été de nombreuses années responsable d'une succursale de voitures de luxe avant de se reconvertir au service de l'humain en tant que directeur d'EHPAD. Bon nombre de ces personnes de la santé se penchent vers ces professions liées à l'humain comme une façon de s'occuper également d'eux mêmes. le bien apporté aux autres ricoche toujours d'une façon ou d'une autre jusqu'à soi. C'est du moins la conviction de Jean Arcelin.

Ce récit à la fois « tendre et glaçant » est un condensé immersif dans le quotidien d'une maison de retraite. Tendre car il évoque avec pudeur les confidences des pensionnaires et glaçant car il montre, chiffres à l'appui, l'hécatombe des maisons de retraite.

Quand Jean Arcelin prend ses fonctions dans un EHPAD, il était à cent lieues d'imaginer les lacunes et la détresse en ces lieux. Ça crie pour être lavé le matin, ça crie pour être enlevé de la chaise percée, ça crie même au loup et ce constat se heurte au manque d'effectif qui se heurte à son tour aux restrictions budgétaires. L'homme sera aussi confronté aux frontières de l'humain, jusqu'où donner de soi. Il se montrera directeur respectueux et bienveillant, présent pour son personnel comme pour ses pensionnaires.

Beaucoup de choses passent dans ce récit. La fatigue des aides-soignants, le burn out, l'absentéisme, la maltraitance, les limites de la liberté d'action, les exigences externes, les visites trop rares,...
Le tout dans un style fluide et sensible parsemé de réflexions dignes d'intérêt. Un ouvrage immersif et très ludique ! Tout en étant tendre et rempli d'empathie.

Le récit est d'autant plus agréable qu'il nous sert des anecdotes sur l'un et l'autre pensionnaire, parfois drôles et souvent très émouvantes.

Jean Arcelin écrira que nous avons beaucoup à gagner à passer un peu de notre temps avec la personne âgée, qu'il faut endiguer cette vague qui semble vouloir engloutir la dernière vie avant la mort.

Je lui donne raison et le remercie vivement d'avoir écrit ce très beau récit qui devrait avoir le mérite de réveiller les consciences et d'y voir plus clair sur les coulisses d'une maison de retraite.

Merci à Babelio et aux éditions XO pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de la dernière masse critique.
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Un aïeul qu'on a chéri, son décès, son souvenir, et la révélation : changer de vie pour s'occuper des vieux.
« Vieux » n'est pas un terme péjoratif. Il ne doit pas effrayer, et Jean Arcelin nous dit même qu'il contient le mot « vie ». La Vie-Eux, ils l'ont aimée, mais ils l'aiment un peu moins en Ehpad privés, ceux détenus par les grands groupes. L'auteur fut directeur de deux d'entre eux. Il témoigne aujourd'hui de son impuissance face à un système redoutable qui ne vise que le profit sur le dos de nos aînés.

Quand les fonds de pension font du mal aux pensionnaires.

Ce livre, récit autobiographique d'un homme ayant opéré un virage radical dans sa carrière, est un plaidoyer pour la bientraitance des personnes âgées, et une dénonciation réaliste d'un système qui l'a mené au « Burn out ». Il fut victime lui aussi d'un fonctionnement dont il ne se voulait pas complice. Après avoir été l'un des magnats du secteur automobile de luxe, il avait choisi de s'intéresser de très près aux anciens, et son CV le lui permettant, complété par les formations ad hoc, il avait accédé à ce poste de Directeur.

C'est avec réalisme que cet homme très empathique nous conte son expérience, précisant cependant qu'il n'en fait pas une généralité, mais nous alerte. Il n'est pas le premier à tirer la sonnette d'alarme et il ne sera pas le dernier. Il jette l'opprobre sur ces grands groupes privés qui avalent de plus en plus d'Ehpad et se targuent d'offrir des prestations de qualité là où en réalité tout n'est que profit à coups de malbouffe à bas prix (Hoki et Panga à volonté), de rationnement des couches par exemple (indispensables souvent) et du personnel.
Il semble avoir fait preuve d'une grande humanité, que ce fût vis-à-vis des résidents ou du personnel, et son récit est étayé de mille exemples en ce sens.

Il conclut par des conseils pour choisir du mieux possible un Ehpad pour son parent âgé, puisque la réalité est telle que nous ne pouvons pas toujours les accueillir chez nous ni les maintenir à domicile.
Cela m'a intéressée de passer de l'autre côté du miroir, moi qui ai travaillé en Ehpad, et ai pesté plus d'une fois contre les directeurs.
Je remercie XO éditions et la plateforme NetGalley pour l'accès à ce document.

#TuVerrasMamanTuSerasBien #NetGalleyFrance
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Livre , témoignage, réquisitoire , un peu des trois sans doute .
L'auteur dresse un beau portrait des résidents mais également des soignants .
Un livre à lire même s'il y a des passages très durs , presque insoutenables .
L'argent , le nerf de la guerre , le profit qui empêche d'embaucher du personnel supplémentaire et pourtant l'auteur le démontre si bien , le confort des résidents passe par une augmentation en nombre du personnel , plus il y a de personnel et plus on s'occupe des résidents .
Les jours où le personnel est au complet , tout le monde en bénéficie , il y a moins de stress , plus de ' bien - être ' , l'équilibre est à ce prix mais c'est sans compter sur l'odieux cercle vicieux sur le fameux taux d'occupation .
Quand les équipes s'épuisent quand il y a un absentéisme sauvage les résidents en font les frais . Et on peut vite arriver à des situations catastrophiques simplement par un nombre insuffisant de soignants.
Il est primordial de valoriser le personnel , de lui donner les moyens de faire ce si beau métier .
Tant de choses à dire sur l'administration des EHPAD , la recherche du profit à tout prix alors qu'on parle d'humains .
J'ai particulièrement apprécié le portait des résidents , ces personnes devenues âgées , parfois très dépendantes.
L'auteur explique bien que certaines situations de grande dépendance , de grande démence font peur , certaines familles redoutent les visites et parfois y renoncent .
On complexifie la vieillesse en demandant au personnel toujours plus de réunions , de
tâches administratives complexes qui éloignent du terrain et qui n'ayons pas peur de le dire , protège , protège de cette vision d'une vieillesse qu'on préfère garder à distance .
Il évoque ce difficile équilibre entre sévir quand une faute , un manquement est commis et être le plus clément possible avec le personnel dépassé par une tâche ingrate , personnel qui est toujours présent et qui voit passer les directeurs comme dans ...Tournez manège ,
J'ai hésité quelques jours avant de me lancer dans cette lecture , je ne m'attendais pas du tout à ce que le regard de l'auteur soit si juste , si nuancé .
Pour conclure , je dirai ' qu'est ce qu'une société qui ne prend pas soin des anciens ? ' , il est grand temps de former le futur personnel , de le valoriser , de continuer sans relâche les formations pour ceux qui travaillent déjà .
Notre société est confrontée depuis quelques années au très grand vieillissement pour la première fois , nous nous retrouvons devant un défi qui semble insurmontable, donnons nous les moyens de le relever , il y a urgence .
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Je tiens à remercier #NetGalley et Xo Éditions pour l'envoi du livre de Jean Arcelin en échange d'une chronique… Un titre accrocheur, Tu verras Maman, tu seras bien… pour nous donner à lire « la vérité tendre et glaçante d'un directeur de maison de retraite ».

Ce sujet me tient à coeur pour plusieurs raisons…
Sur le plan professionnel, j'ai terminé ma carrière en tant que membre de l'équipe médico-sociale chargée des personnes âgées d'un Conseil Départemental ; j'y étais plutôt spécialisée dans le maintien à domicile et j'allais sur le terrain au plus près des bénéficiaires de l'Allocation Personnalisée d'Autonomie, postures que je défends encore et toujours et que la lecture de ce livre vient, s'il était besoin, vivement conforter.
Sur le plan personnel, je soutiens l'attitude de mon père, un guerrier de 94 ans et demi qui vit seul depuis le décès de Maman, survenu en 2013, et qui estime que « l'on va en maison de retraite quand on est foutu !», pas avant… ; j'essaie aussi d'expliquer à ma belle-mère, âgée de 82 ans, qu'il vaut mieux qu'elle et son compagnon, à peine plus vieux qu'elle, restent chez eux le plus longtemps possible alors qu'ils semblent persuadés qu'ils seraient mieux en EHPAD…
Entre ces deux niveaux, j'ajoute que j'ai fait partie du Conseil d'administration d'une maison de retraite associative quelques années jusqu'à sa reprise par un grand groupe gestionnaire. Les échos que j'en ai depuis ce changement de gestion ne sont pas bons pour le bien-être des résidents : l'ambiance se dégrade entre les personnels, le fruit frais a été supprimé de la collation de l'après-midi, il n'y a plus de volières pour les oiseaux…
C'est donc à la fois avec un avis déjà tranché et un grand intérêt que je me suis plongée dans ce livre.

Au début, la démarche de Jean Arcelin m'a un peu agacée… Il venait d'un milieu professionnel tout à fait différent, animé des meilleures intentions… Sa reconversion, à presque cinquante ans avait un côté aventureux, une part d'inconnu, une idée de défi ; mais le côté personnel est émotionnel m'inquiétait un peu. Et puis, j'ai découvert une écriture très efficace et surtout très équilibrée entre le factuel et le personnel ; j'ai rapidement salué son excellente maîtrise du sujet.
Les chapitres sont courts, bien calibrés. L'auteur mêle à son parcours des bribes de vie, la sienne et celles des résidents ; l'ensemble est romancé, les noms ont été changés mais tout cela sonne très juste ; la vérité se lit et s'entend.
Il y a une réelle volonté didactique pour expliquer les sigles barbares pour le néophyte, pour schématiser les fonctionnements des grands groupes gestionnaires d'EHPAD et leurs applications dans le détail décisionnel. Jean Arcelin mêle avec brio l'indicible (certaines scènes sont insoutenables), l'humour, le réalisme, le rire et les larmes, le sentiment d'impuissance et la volonté à toute épreuve. Son récit est une succession d'observations, de réflexions, de portraits humains, de tentatives menées à bien ou pas, de victoires et de défaites, de conseils, de métaphores, de chiffres, d'interprétations… C'est aussi un bel hommage aux personnels qu'il a cotoyés.

Je vais garder en mémoire l'allégorie du colibri… Il vous faudra lire ce livre pour vous l'approprier aussi…
Je vais rêver que tous les directeurs(trices) d'EHPAD sortent de leurs bureaux et s'intéressent autant au quotidien de leurs résidents et de leurs personnels que Jean Arcelin l'a fait au cours de son expérience de ce poste au combien difficile, pris entre le marteau et l'enclume…
Ce livre est un constat, un terrible constat : « une société qui ne respecte pas ses anciens porte en elle le virus de la mort »… Ce livre peut aussi devenir un outil de travail ; tous, autant que nous sommes, allons vieillir, allons devenir dépendants. L'avenir que nous décrit ce livre n'a rien de séduisant. Une part de moi se demande si j'aurai le courage et la possibilité de mettre fin à mes jours avant de risquer de finir ma vie dans un EHPAD… Une autre part, qui croit en l'humain espère sincèrement que notre société va, enfin, se donner les moyens de réfléchir à la vieillesse et à la fin de vie en partant de valeurs humanistes et non plus financières.

Un livre démoralisant mais nécessaire…
Merci Jean Arcelin.
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Funambule marchant sur le fil de nos incertitudes, Jean ARCELIN nous invite à prendre position face à un modèle de Société qui verra de plus en plus ses vieux vivre longtemps, dans une dépendance croissante. Sommes-nous droits dans nos bottes lorsque nous leur reconnaissons de moins en moins le droit d'exister pour ce qu'ils sont et pour ce qu'ils ont déjà donné aux générations suivantes? L'Homme peut-il se regarder en face lorsqu'il ‘marchandise' ses vieux? Que dit d'elle-même une Société qui exploite la vieillesse, lui fait payer plus que son dû, lui refuse toute dignité dans le logement, les soins, l'alimentation et toute vie relationnelle?

Avec un regard tendre sur une face du miroir, glaçant sur l'autre, Jean Arcelin ose accuser un système construit sur l'appât du gain facile et les dictats des actionnaires qui serrent dans leurs griffes les responsables de la gestion des EHPAD. Il l'affirme haut et clair, en France comme ailleurs, s'il n'existe pas un sursaut citoyen réclamant du Législatif un sérieux contrôle des objectifs de rentabilité fixés par les patrons du capital et des moyens de gestion octroyés aux directions et aux équipes soignantes des EHPAD, la prise en charge de nos aînés sera un parfait modèle de non-assistance à personnes en danger, doublé d'une prise d'intérêt personnel sur bien commun appartenant à autrui!

Le document que signe Arcelin est un essai… à ce titre, il ouvre au questionnement bien plus qu'il n'apporte des solutions toutes faites. Même dans ses propositions de fin de livre (heureuse initiative!), les propos restent somme toute assez théoriques et ne règlent pas tout, loin s'en faut.

Mais Jean Arcelin a le mérite de crier « Aux loups! » Il tire une sonnette d'alarme qu'il est grand temps d'actionner et il peut le faire même si son expérience à la direction d'une EHPAD n'est guère plus dense qu'à peine trois ans et quelque passés dans ce milieu. Il est néanmoins crédible parce qu'il ne jette pas l'opprobre sur tous les acteurs du système. Il nuance. S'il dénonce la cupidité humaine des actionnaires, il reconnaît les trésors de patience et de passion, d'attention et de soin, d'inventivité et de combativité offertes aux résidents par des hommes et femmes de terrain qui tentent l'impossible pour améliorer l'alimentation, l'encadrement, le cadre et les soins que peuvent offrir ces lieux de vie à nos aînés, nos anciens, nos vieux.

Ces derniers ont droit au respect, le nôtre comme celui de la Société toute entière. Jean Arcelin ne cesse de le crier sur tous les tons tout au long de cet essai qui mérite d'être lu, relu et réfléchi!

Merci à NetGalley France et aux Editions XO pour leur confiance et le cadeau qu'ils m'ont fait en permettant l'accès à ce livre.
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Après avoir été directeur régional dans les voitures de luxe, Jean Arcelin veut changer de voie. Il se rend alors compte que ses diplômes lui permettent d'être directeur d'un EHPAD (Etablissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). Ni une, ni deux, il saute le pas et est bientôt à la tête d'un établissement plutôt bien géré, ce qui l'arrange puisqu'il débute dans le milieu et qu'il lui faut tout apprendre de A à Z. On ne gère pas une société de voitures de luxe comme on gère un établissement de personnes âgées.

Quand il intègre ses fonctions, Jean Arcelin se rend compte que ses supérieurs attendent de lui qu'il fasse du chiffre, qu'il rogne sur les dépenses, que l'humain n'est pas au coeur des préoccupations. Il est juste question de budget et de remplir les chambres pour atteindre son objectif.
Et parce qu'il décide de ne pas rester confiné dans son bureau, il se rend vite compte de la difficulté de ses employés à effectuer correctement leur travail. Elles doivent veiller au bien-être des résidents alors qu'elles sont faibles en effectifs. Il est difficile pour ce nouveau directeur de voir des personnes âgées attendre pour des soins, pour être emmené aux toilettes, … Pourtant c'est la réalité du métier !

Ayant travaillé en EHPAD il y a quelques années, ce livre m'a ramené des années en arrière. Quand tu veux bien faire mais que tu manques cruellement de temps. Quand on est 2 dans une aile d'un étage pour une vingtaine de résidents et qu'on attend de nous d'être efficace au lieu de privilégier la complicité, l'affection avec les résidents. Tout est fait dans l'urgence. A la chaîne.
Car il faut servir les petit-déjeuner puis les débarrasser, faire les toilettes tout en nettoyant un minimum, retourner auprès des résidents qui appellent, et rapidement vient l'heure du déjeuner puis les changes des protections puis les activités (quand il y en a). Et on court toute la journée sans vraiment s'arrêter et passer du temps qui soit bénéfique pour les résidents. Ca en devient une usine et il n'y a plus d'humanité.
Je me suis retrouvée plongé dans un quotidien que j'ai préféré oublier et que j'ai vite quitté en me promettant que mes parents n'iraient jamais croupir dans l'un de ces établissements.

L'auteur nous fait part de sa stupéfaction lorsqu'il se rend compte que les personnes âgées ne reçoivent quasiment plus de visite. Les êtres aimés sont délaissés car on ne veut pas les voir se dégrader, devenir dépendant. Et pourtant, elle les abandonnant à leur triste sort, n'accélère-t-on pas cette dégradation ? Qui ne se laisserait pas mourir en se sentant inutile ? Plus aimé ?

C'est un livre qui énonce des vérités dérangeantes qu'il faut lire pour ouvrir les yeux et les consciences !

Lien : https://livreoumourir.blogsp..
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Suite au décès de sa grand-mère adorée, Jean Arcelin devient bénévole en maison de retraite.
Quelques années plus tard, il décide à 43 ans de mettre fin à sa carrière commerciale dans le secteur de l'automobile de luxe et reprend des études de psychologie. À presque 50 ans, Jean découvre que ses diplômes lui permettraient de diriger un EHPAD.

À l'automne 2014, Jean est recruté par un grand groupe. Il assumera les fonctions de directeur dans deux EHPAD de la côte d'Azur, à Bandol puis à Cannes. Début 2017, un burn-out aura raison de cette mission que Jean Arcelin s'était assignée : privilégier le bien-être des résidents, en faisant fi des préconisations et de la théorisation des décideurs « en haut lieu ».

Car Jean Arcelin n'est pas l'un de ces directeurs qui se cachent dans le confort de leur bureau pour concocter de jolis rapports d'activité. Ses rapports, Jean les fabrique en deux temps, trois mouvements, copiés-collés d'anciens compte-rendus…
Du matin jusqu'au soir et même la nuit, puisqu'à Bandol il dort sur place, Jean Arcelin est « sur le pont » avec ses équipes.
Le directeur est confronté au manque de moyens, financiers et humains. Aux exigences du groupe, qui ne parle que « profit » alors qu'il s'agit de préserver le bien-être, la sécurité et la dignité de femmes et d'hommes trop souvent oubliés par leurs proches. À l'absentéisme, aux manquements de certains employés, et à la difficulté de sanctionner, tant les bras viennent à manquer. À la grande dépendance, voire la démence de certains résidents.
Mais aussi à l'humanité de ces soignants au grand coeur, à la reconnaissance de « seniors » sensibles aux sourires, à l'empathie et à la douceur bien trop rares dans ce type d'établissements.

Jeunes et moins jeunes, n'hésitez pas à lire ce livre qui vous aidera à vous poser les « bonnes » questions quand vous serez confronté.e à une décision concernant vos parents vieillissants.

Et vivent les directeurs de la trempe de Jean Arcelin
…qui feront qu'un jour EHPAD deviendra peut-être l'acronyme de
Empathie
Humanité
Philanthropie
Altruisme
Douceur
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Lorsque le site Babelio a proposé sa nouvelle Masse Critique " Spéciale Documents", j'ai jeté mon dévolu sur l'ouvrage de Jean Arcelin "Tu verras maman, tu seras bien". Je n'en connaissais rien mais en subodorais le thème. Je ne m'étais pas trompée.

L'auteur, à la cinquantaine et après le décès de sa grand-mère adorée décide de troquer son uniforme chic et classe de directeur d'une grande concession d'automobiles de luxe pour celui de directeur d'EHPAD (Etablissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes). Il raconte son épopée dans un pavé de plus de cinq cents pages. Je l'ai lu très vite grâce à sa fluidité et sa simplicité d'écriture. L'écriture, le style, la narration ne sont pas, en l'espèce, le plus important même s'ils sont de qualité. Non, ici, c'est le fond et seulement lui qui ont été de nature à retenir mon attention.

"La vérité tendre et glaçante d'un directeur de maison de retraite" annonce le bandeau rouge qui entoure le livre. Beau résumé du récit qui oscille entre le sérieux des chiffres annoncés, des actions menées, des problèmes rencontrés et la drôlerie, parfois, de certaines anecdotes rapportées. A aucun moment je ne me suis ennuyée. L'auteur dit les heurs et malheurs de son nouveau métier, la hantise des TO (Taux d'Occupation) insuffisants, l'insuffisance du CRS (Coût des Repas Journaliers), la surveillance constante des résidents, difficile faute de personnels en nombre et de moyens à la hauteur. Il déplore les difficultés à organiser des animations de qualité tellement utiles et pourtant mises en place avec parcimonie pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut. Malgré les belles histoires, certaines d'amour entre résidents, et autres moments de bonheur, le tableau est sombre qui se termine par un burn-out de l'auteur, après un EIG (Evènement Indésirable Grave), la hantise de tout directeur d'EHPAD.
Incapable de mener à bien la mission qu'il s'était fixée, il n'a pu s'en relever.

Il est terrible de constater que les grands groupes à la tête de ces maisons d'accueil pour personnes âgées, la plupart du temps délaissées par leur famille, ne sont intéressés que par les chiffres et préfèrent dédier les bénéfices au plaisir de leurs actionnaires plutôt qu'à celui des personnels ou résidents. Ce plaidoyer m'a paru d'une grande objectivité, Jean Arcelin fait toujours la part des choses, apporte des arguments à charge, certes, mais aussi à décharge, et salue régulièrement le courage et l'abnégation des aides soignant-e-s et autres personnels des deux établissements qu'il a dirigés. Et last but not least, les chapitres de fin m'ont particulièrement séduite. L'auteur y explique son "Plan d'action", fort bien pensé mais sans doute, hélas utopique si l'on pense "profit" et le presque dernier, fort utile "Comment bien choisir son EHPAD (et négocier ses tarifs !)". J'y penserai le moment venu, si je suis encore lucide.

Un document riche en informations et très nécessaire, même s'il fait parfois frémir, pour quiconque est touché par cette perspective de placement.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Avec le battement médiatique engendré par la parution du livre «  les fossoyeurs » j'ai eu envie de m'intéresser au sujet mais en lieu et place des «  fossoyeurs » j'ai choisi de lire le témoignage de cet ancien directeur d'Ehpad qui n'est autre que Jean Arcelin dont j'avais adoré l'écriture dans « L'ange de Pigalle »
Il nous livre ici un témoignage à la fois lucide et bienveillant sur le fonctionnement des Ehpad, ces établissements qui, dans la pratique, ne sont pas exactement ce que promettent les dépliants commerciaux.
Jean Arcelin dénonce des dysfonctionnements certes mais pas seulement.
Il rend également hommage à tous ces hommes et femmes de petites mains, qui, de par leur implication, font de leur mieux pour égayer le quotidien des personnes âgées qui y résident.
Portrait de la vieillesse fait au scalpel, ce livre qui dénonce vise à faire prendre conscience que nous sommes tous concernés.
Aujourd'hui ce sont nos parents, nos grands-parents et demain ce sera nous.
Il serait donc temps de faire bouger les choses.
Ce genre de témoignage est essentiel pour une prise de conscience rapide en espérant que ces dirigeants assoiffés de profit se projettent un peu et s'imaginent à leur tour finir leur vie dans les conditions que les restrictions d'aujourd'hui permettent. Dans un premier temps, revoir les budgets.
Puis revoir également les conditions de travail des soignants et Ash pour leur donner l'envie de rester, limiter les turnover et favoriser l'intégration de vrais « professionnels vieillesse » via la formation pour les aider à mieux comprendre la dégénérescence liée à l'âge comme cela est fait dans le domaine de la petite enfance.
Un livre indispensable selon moi pour développer l'empathie la bienveillance et le respect.
À lire absolument.
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Ce livre, je l'ai lu l'an dernier, peu de temps avant le premier confinement. Autant dire que je n'ai pas été surprise de ce qui s'est passé ensuite dans les Ehpad.
L'auteur, Jean Arcelin, n'a été directeur d'Ehpad que pendant trois ans, suite à une reconversion. Avant il travaillait dans un tout autre secteur : responsable de succursale de voitures de luxe. Au bout de ces trois ans il a fait un burn out et écrit ce livre. La démarche aurait pu être agaçante, le titre a un petit côté racoleur mais ce récit autobiographique est avant tout un appel au secours : il tire une sonnette d'alarme qu'il était urgent de tirer. Il y a beaucoup de choses à la fois dans ce livre. L'auteur découvre et constate la détresse dans laquelle se trouvent les personnes en Ehpad. Les pensionnaires qui crient pour être lavés, pour aller aux toilettes, pour être changés… le manque d'effectif… Et il s'agit d'Ehpad privés, d'un grand groupe. le personnel qui fatigue, et du coup absentéisme et maltraitance ne sont guère évitables. le personnel à qui on demande de plus en plus de réunions et de tâches administratives qui les éloignent de l'humain. le directeur qui se sent impuissant, sa liberté d'action étant limitée, essentiellement par des contraintes budgétaires. L'auteur nous explique bien le fonctionnement administratif et financier de ses Ehpad privés, et c'est un bon vulgarisateur, la lecture n'est pas rébarbative, mais bien plutôt révoltante, chiffres à l'appui. le but premier d'un fonds de pension est de faire du profit, et la recherche du profit à tout prix conduit, quand il s'agit d'humains à la malbouffe et au rationnement des couches.
Ce récit nous immerge dans les maisons de retraite, il est rempli d'anecdotes, tendres, parfois drôles, et en tout cas humaines et émouvantes. le style de l'auteur est fluide, avec un bon équilibre entre les informations et les anecdotes, ce qui rend le récit efficace pour dénoncer ce système dont il ne se voulait pas complice. le ton est juste et nuancé, entre humour et indicible. L'auteur dresse un constat glaçant et démoralisant mais indispensable.
A la fin il donne quelques conseils pour choisir du mieux possible un Ehpad pour ses proches.
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